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on l'

tât le Nil, et ne prît Memphis, la capitale du royaume, accougore rut en diligence pour la défendre, et abandonna les passages, ice qu'il était de la dernière importance de bien garder pour fer

mer l'entrée à l'ennemi. Quand les Grecs qui défendaient Pécam luse apprirent cette retraite précipitée, ils crurent tout perdu, et Pertraitèrent avec Lacharès, à condition qu'on les renverrait en ach Grèce, avec tout ce qui leur appartenait, sans leur faire souflefrir aucun mauvais traitement.

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Mentor, qui commandait le troisième détachement, trouvant males passages débouchés et sans garde, entra dans le pays, et s'en chis rendit le maître sans aucune opposition : car, après avoir fait courir le bruit dans tout son camp qu'Ochus ordonnait de bien traiter tous ceux qui se soumettraient, et d'exterminer ceux qui feraient de la résistance, comme on avait détruit les Sidoniens, il laissa échapper tous ses prisonniers, afin qu'ils en portassent la nouvelle dans tout le pays d'alentour. Ces pauvres gens répandirent dans leurs villes et dans leurs villages ce qu'ils avaient oui dire dans le camp ennemi : la brutalité d'Ochus le fit croire; et la terreur fut si grande, que dans les garnisons de toutes les villes c'était à qui viendrait le plus tôt se soumettre, les Grecs aussi bien que les Égyptiens.

Nectanébus, désespérant de se pouvoir défendre, ramassa ses meilleurs effets, et se sauva avec ses trésors en Éthiopie, d'où il ne revint jamais. C'est le dernier roi de race égyptienne qu'ait eu l'Égypte. Elle a toujours été depuis sous une domination étrangère, selon qu'Ezéchiel l'avait prédit 2.

Ochus, ayant ainsi conquis entièrement l'Égypte, fit démanteler les villes, pilla les temples, et retourna en triomphe à Babylone, chargé des dépouilles de l'Égypte, et surtout de l'or et de l'argent, dont il emportait des sommes immenses. Il en laissa le gouvernement à Phérendate, Perse de la première qualité.

C'est ici que Manéthon finit ses Commentaires3, ou son Histoire d'Égypte. Il était prêtre d'Héliopolis en Égypte, et avait écrit en grec l'histoire des différentes dynasties, depuis le commencement de cet État jusqu'au temps où nous sommes. Son

!AN. M. 3654. Av. J. C. 350.

2 Ezech. 29, 14 et 15.

3 Syncell. pag. 256. Voss. de Ilst, græc. 1. 1, c. 14.

histoire est souvent citée par Josèphe, Eusèbe, Plutarque, Porphyre, et par d'autres encore. Cet historien vivait sous Ptolémée Philadelphe, roi d'Égypte; car c'est à lui qu'était dédié son ouvrage. Syncelus nous en a conservé l'abrégé 2.

I

Ce qui fit perdre la couronne à Nectanébus fut la trop bonne opinion qu'il avait de lui-même. Il avait été porté sur le trône par Agésilas. Il y avait été soutenu ensuite par la valeur et la prudence de Diophante, Athénien, et de Lamius, Lacédémonien, qui, tandis qu'ils avaient eu le commandement de ses armées et la direction de la guerre, avaient rendu ses armes victorieuses contre les Perses dans toutes les entreprises qui s'étaient formées contre lui. Il est fâcheux qu'on en ignore le détail, et que Diodore ne nous en apprenne rien. Ce prince, enflé de tant de succès, s'était imaginé dans la suite qu'il était devenu capable de conduire seul ses propres affaires, et avait renvoyé ceux à qui tous ces succès étaient dus. Il eut tout le temps de s'en repentir, et de reconnaître que la qualité de roi n'en donne pas le mérite.

Ochus 3 récompensa fort généreusement les services que lui avait rendus Mentor le Rhodien dans la réduction de la Phénicie et la conquête de l'Égypte. Il avait déjà renvoyé les autres Grecs comblés de présents, avant que de partir de l'Égypte. Pour Mentor, comme c'était à lui principalement qu'était dû le succès de toute l'expédition, non-seulement il lui fit présent de cent talents en argent 4, outre plusieurs bijoux de grand prix ; il le fit encore gouverneur de toute la côte d'Asie, le chargea de la guerre contre quelques provinces qui s'étaient révoltées au commencement de son règne, et le déclara généralissime de toutes les troupes de ce côté-là.

Mentor se servit de sa faveur pour remettre bien dans l'esprit du roi son frère Memnon, et Artabaze qui avait épousé leur sœur. L'un et l'autre avaient porté les armes contre Ochus. On

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a déjà vu la révolte d'Artabaze, et les victoires qu'il avait remportées sur les troupes duroi. A la fin pourtant il avait été accablé, et obligé de se réfugier auprès de Philippe, roi de Macédoine; et Memnon, qui avait eu part à ces guerres, avait aussi part à son exil. Depuis cette réconciliation, ils rendirent à Ochus et à ses successeurs des services signalés, surtout Memnon, qui était un des hommes de ce temps-là qui avaient le plus de valeur et qui entendaient le mieux l'art de la guerre. Mentor ne se démentit pas non plus, et répondit parfaitement à la confiance. que le roi avait en lui; car à peine fut-il fixé dans son gouvernement, qu'il rétablit partout l'autorité du roi, et ramena à la Soumission tout ce qui s'était révolté dans son voisinage. Il réduisit les uns par son habileté et par ses stratagèmes, et les autres par la force. En un mot, il sut si bien se servir de tous ses avantages, qu'enfin il les remit tous sous le joug, et ré. tablit les affaires du roi dans toutes ces provinces.

I

La première année de la 108 olympiade mourut Platon, le fameux philosophe d'Athènes. Je diffère à en parler ailleurs, pour ne point trop interrompre le fil de l'histoire.

SV. Mort d'Ochus. Arsès lui succède, et à celui-ci Darius Codoman.

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Ochus, après la conquête de l'Égypte et la réduction des provinces révoltées de son empire 2 s'abandonna aux plaisirs et à la mollesse; et il y passa le reste de sa vie, laissant entièrement le soin des affaires à ses ministres. Les deux principaux étaient l'eunuque Bagoas, favori du prince, et Mentor le Rhodien, qui partagèrent le pouvoir entre eux, de manière que le premier eut toutes les provinces de la haute Asie, et le deruier toutes celles de la basse.

Après un règne de vingt-trois ans 3, Ochus mourut du poison que lui donna Bagoas, son favori. Cet eunuque, étant né en Égypte, avait toujours conservé de l'amour pour sa patrie et du zèle pour sa religion. Quand son maître en fit la conquête il s'était flatté de pouvoir adoucir le sort de l'une, et de ga

IAN. M. 3656. Av. J. C. 348.

2 Diod. 1. 16, p. 490.

3 AN. M. 3666, Av. J. C. 338.

rantir l'autre d'insulte; mais il ne put retenir la brutalité de ce prince, et il se fit à l'égard de l'une et de l'autre mille choses que cet eunuque vit avec une extrême douleur, et dont le ressentiment lui resta toujours dans le cœur.

Ochus, non content d'avoir démantelé les villes, pillé les maisons et les temples, comme on l'a déjà vu, avait encore emporté toutes les archives1, qui étaient déposées et gardées religieusement dans les temples des Égyptiens ; et pour se moquer de leur religion il avait fait tuer le dieu Apis, c'est-à-dire le taureau sacré qu'ils adoraient sous ce nom 2. Ce qui donna lieu à cette dernière action, c'est qu'Ochus étant aussi paresseux et pesant qu'il était cruel, les Égyptiens, à cause de cette première qualité, lui avaient donné le surnom choquant de l'animal stupide auquel ils trouvaient qu'il ressemblait. Outré d'un tel affront, il dit qu'il leur ferait bien sentir qu'il n'était point un âne, mais un lion, et que cet âne qu'ils méprisaient tant mangerait leur bœuf. Il fit donc tirer leur dieu Apis de son temple, le fit sacrifier à un âne, et le fit apprêter ensuite par son cuisinier, et servir aux officiers de sa maison. Ce trait outra Bagoas. Pour les archives, il les racheta dans la suite, et les renvoya dans les endroits où elles avaient coutume d'être gardées; mais l'affront que l'on avait fait à sa religion ne se pouvait réparer, et l'on croit que ce fut proprement ce qui coûta la vie à son maître.

Sa vengeance ne s'en tint pas là 3. Il fit enterrer un autre corps au lieu de celui du roi; et, pour se venger de ce qu'il avait fait manger Apis par ses gens, il fit manger son corps mort par des chats, à qui il le donnait haché en petits morceaux; et pour ses os, il en fit faire des manches de couteaux ou d'épées, symboles naturels de sa cruauté. Apparemment que quelque nouveau sujet avait réveillé dans le cœur de ce monstre son ancien ressentiment, sans quoi il est inconcevable qu'il eût porté si loin la barbarie à l'égard de son maître et de son bienfaiteur.

Après la mort d'Ochus, Bagoas, entre les mains de qui était

Elian. 1. 4, cap. 8.

2 Plut. de Isid. et Osir. pag. 363.

3 Ælian. 1, 6. cap. 8.

alors tout le pouvoir, mit sur le trône Arsès, le plus jeune de tous les fils du feu roi, et fit mourir tout le reste, afin de jouir plus sûrement et sans rival de l'autorité qu'il avait usurpée. Il ne donnait à Arsès que le nom de roi, et se réservait tout le pouvoir du gouvernement. Mais, s'apercevant que ce jeune prince commençait à démêler sa scélératesse, et qu'il prenait des mesures pour le punir, il le prévint, le fit assassiner, et détruisit toute sa famille avec lui. Arsès avait régné environ deux ans.

Bagoas, après avoir rendu le trône vacant par le meurtre d'Arsès, le remplit en y mettant Darius, le troisième du nom qui ait régné en Perse. Son véritable nom était Codoman. Il sera beaucoup parlé de lui dans la suite.

Darius commença à régner la même année qu'Alexandre le Grand.

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On voit ici clairement le funeste effet de la mauvaise politique des rois de Perse, qui, pour se décharger du poids des affaires, abandonnaient toute leur autorité à un eunuque. Bagoas pouvait avoir plus d'habileté et d'intelligence que les autres, et par là mériter quelque distinction. Il est du devoir d'un prince éclairé de distinguer le mérite; mais un prince éclairé doit toujours demeurer pleinement le maître, le juge, et l'arbitre de tout. Un prince comme Ochus, à qui les plus grands crimes avaient servi de degrés pour monter sur le trône, et qui s'y était maintenu par de pareilles voies, méritait d'avoir un ministre tel que Bagoas, qui le disputait à son maître en perfidie et en cruauté. Ochus en ressentit les premiers effets. S'il voulait ne le pas craindre, il ne fallait pas avoir l'imprudence de le rendre formidable en le rendant tout-puissant.

Comme Démosthène jouera un grand rôle dans l'histoire de Philippe et d'Alexandre, qui fera la matière des deux livres suivants, il est nécessaire d'en donner par avance quelque idée aux lecteurs, et de leur faire connaître par quels moyens il cultiva et jusqu'à quel degré de perfection il porta le talent de la parole, qui le fit plus craindre de Philippe et d'Alexan

AN. M. 3668, Av. J. C. 336.

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