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de se joindre à eux avec une nombreuse flotte obligea les Athéniens de rappeler Charès.

Artabaze, abandonné par ceux-ci, eut recours aux Thébains, dont il obtint cinq mille hommes qu'il prit à sa solde, avec Pammène pour les commander. Ce renfort le mit en état de remporter encore deux grandes victoires sur les troupes du roi. Ces deux actions firent beaucoup d'honneur aux troupes thébaines, et à celui qui les commandait. Il fallait que Thèbes fût bien animée contre le roi de Perse pour envoyer à ses ennemis un secours si puissant dans le temps même qu'elle était occupée à la guerre contre les Phocéens. Peut-être était-ce un effet de sa politique, pour se rendre par là plus formidable, et pour faire acheter plus cher son alliance". Ce qui est certain, c'est que peu de temps après elle se réconcilia avec le roi, qui lui fit compter trois cents talents, c'est-à-dire trois cent mille écus. Artabaze, destitué de tout secours, succomba enfin, et fut obligé de se réfugier chez Philippe, en Macédoine.

Ochus, délivré d'un si dangereux ennemi, tourna toutes ses pensées du côté de l'Égypte, qui depuis longtemps s'était révoltée. Dans le même temps, il se passa en Grèce quelques événements assez remarquables, qui ont peu de liaison avec les affaires de la Perse. Je les insérerai ici; après quoi je reviendrai au règne d'Ochus, pour ne plus interrompre le fil de son his

toire.

§ II. Guerre des alliés contre les Athéniens.

Peu d'années après les révoltes de l'Asie Mineure3 dont je viens de parler, c'est-à-dire la troisième année de la cent cinquième olympiade, Chio, Cos, Rhodes, Byzance, se soulevèrent contre Athènes, dont jusque-là elles avaient dépendu. Elle employa pour les réduire et de grandes forces et de grands capitaines, Chabrias, Iphicrate, Timothée. Ce furent les 4 derniers des généraux Athéniens qui firent honneur à leur patrie, aucun

AN. M. 3651. Av. J. C. 353.

2 Diod. ibid. p. 438.

3 AN. M. 3646. Av. J. C. 358.

« Hæc extrema fuit ætas imperatorum atheniensium, Iphicratis, Chabriæ,

Timothei neque post illorum obitum quisquam dux in illa urbe fuit dignus memoria. » CORN. NEP. in Timoth. cap. 4.)

depuis eux ne s'étant distingué par son mérite ni par sa réputation.

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Chabrias s'était déjà fait un grand nom lorsque, envoyé au secours des Thébains contre ceux de Sparte, et se voyant abandonné dans le combat par les alliés, qui avaient pris la fuite, il soutint seul le choc des ennemis, ses soldats, par son ordre, s'étant serrés l'un contre l'autre, un genou en terre, couverts de leurs boucliers, et étendant en avant leurs piques : de sorte qu'ils ne purent jamais être enfoncés ; et Agésilas, quoique vainqueur, fut obligé de se retirer. Les Athéniens érigèrent une statue à Chabrias dans l'attitude où il avait combattu.

Iphicrate était d'une fort basse naissance, ayant eu pour père un cordonnier 2. Mais dans une ville libre comme Athènes le mérite seul faisait la noblesse des citoyens. On peut dire que celui-ci fut véritablement fils de ses actions. S'étant signalé dans un combat naval où il n'était encore que simple soldat, il fut bientôt après employé avec distinction, et honoré du com mandement 3. Dans un procès qu'on lui suscita, son accusateur, l'un des descendants d'Harmodius, qui faisait valoir extrêmement le nom de ses ancêtres, lui ayant reproché la bassesse de sa naissance, Oui, répliqua-t-il, la noblesse de ma famille commence en moi, et celle de la vôtre finit en vous. Il épousa la fille de Cotys, roi de Thrace.

On le met de pair avec les plus grands hommes de la Grèce 4, surtout pour ce qui regarde la science de la guerre et la discipline militaire. Il fit plusieurs changements utiles dans l'armure des soldats 5. Avant lui les boucliers étaient fort longs et fort pesants, et par cette raison les chargeaient et les embarrassaient extrêmement ; il les rendit plus courts et plus légers, de sorte que sans découvrir le corps ils lui donnaient plus de

1 Cornel. Nep. in Chabr. c. 1.

2 Liban, in Orat. Dem. contra Mid. pag. 655.

3 Plut. in Apophtheg. pag. 87. 4 a Iphicrates, Atheniensis, non tam magnitudine rerum gestarum, quam disciplina militari nobilitatus est. Fuit

enim talis dux, ut non solum ætatis suæ cum primis compararetur, sed ne de majoribus natu quidem quisquam anteponeretur.» (CORN. NEP.)

5 Diod. 1. 15, pag. 360, Cornel, Nep in Iphicr. cap. 1.

vitesse et d'agilité. Au contraire, il allongea les piques et les épées, afin de pouvoir porter de plus loin des coups à l'ennemi; il changea aussi les cuirasses, et, au lieu qu'auparavant elles étaient de fer ou d'airain, il les fit faire de lin. On a de la peine à concevoir comment de telles cuirasses pouvaient défendre les soldats et les mettre en sûreté contre les coups qu'on leur portait. Mais ce lin, trempé dans du vinaigre mêlé de sel, était tellement préparé, qu'il se durcissait, et devenait impénétrable au fer aussi bien qu'au feu. L'usage en était commun chez plusieurs nations.

Jamais troupes ne furent ni mieux exercées ni mieux disciplinées que celles d'Iphicrate. Il les tenait toujours en haleine; et en temps de paix ou de repos il leur faisait faire toutes les évolutions nécessaires, soit pour attaquer l'ennemi, ou pour se défendre; soit pour dresser des embuscades, ou pour les éviter ; soit pour conserver leurs rangs dans la poursuite même des fuyards, et ne pas trop s'abandonner à une ardeur qui souvent devient pernicieuse, ou pour se rallier à propos après un commencement de déroute. Ainsi, quand il s'agissait de donner un combat, au premier signal tout se mettait en mouvement avec une promptitude et un ordre admirables. Les officiers et les soldats d'euxmêmes se rangeaient en bataille, et jusque dans le feu de l'action ils prenaient leur parti comme l'aurait pu ordonner le plus habile général; mérite fort rare, à ce que j'entends dire, mais bien estimable, qui contribue, plus qu'on ne peut croire, au gain d'une bataille, et qui marque dans le chef une supériorité de génie non commune.

L

Timothée était fils de Conon, si célèbre par ses grandes actions et par les services importants qu'il rendit à sa patrie. Il ne dégénéra point de la réputation de son père, soit pour le mérite guerrier, soit pour l'habileté dans le gouvernement; mais il y ajouta la gloire qui vient des talents de l'esprit, s'étant

Hic a patre acceptam gloriam multis auxit virtutibus. Fuit enim disertus, impiger, laboriosus, rei militaris peritus, neque minus civitatis regendæ,» (CORN. NEP. cap. 1.)

« Timotheus, Cononis filius, quum belli laude non inferior fuisset quam pater, ad eam laudem doctrinæ et ingenii gloriam adjecit. » (CIC, de Offic. lib. 1, n. 116.)

distingué particulièrement par le don de la parole et par le goût pour les sciences.

Aucun capitaine n'éprouva moins que lui au commencement l'inconstance du sort des armes '. Il n'avait qu'à tenter pour réussir; le succès suivait toujours ses vues et ses désirs. Un si rare bonheur ne manqua pas d'exciter la jalousie. Ses envieux, comme je l'ai déjà observé, le firent peindre dormant, tandis que la Fortune, près de lui, prenait des villes dans des filets. A cela Timothée répondit froidement : Puisque tout endormi je prends les villes, que ne ferai-je point éveillé? Il prit ensuite la chose plus sérieusement; et, indigné contre ceux qui prétendaient ainsi rabaisser la gloire de ses actions, il protesta en public qu'il ne la devait qu'à lui-même, et non à la Fortune. Cette déesse, dit Plutarque, blessée d'un orgueil si fier et si insolent, l'abandonna entièrement dans la suite, et il n'eut plus aucun heureux succès. Voilà quels chefs furent employés dans la guerre des alliés.

L'ouverture de la guerre et de la campagne se fit par le siége de Chio 2, Charrès commandait l'armée de terre, et Chabrias celle de mer. Tous les alliés s'empressèrent de porter du secours à cette île. Chabrias, ayant forcé l'entrée du port, y entra malgré l'effort des ennemis. Les autres galères n'osèrent pas l'y suivre, et l'abandonnèrent. Il fut bientôt enveloppé de toutes parts, et son vaisseau percé de coups. Il aurait pu se sauver à la nage vers la flotte athénienne, comme firent ses soldats; mais, par un principe de gloire mal entendu, il ne crut pas qu'il fût permis à un général d'abandonner ainsi son vaisseau; et il préféra une mort, glorieuse selon lui, à une fuite honteuse.

Cette première entreprise ayant mal réussi, on fit de part et d'autre de nouveaux efforts. Les Athéniens avaient équipé une flotte de soixante galères, et nommé Charès pour la commander; ils en armèrent encore soixante autres sous le commandement d'Iphicrate et de Timothée. La flotte des alliés était de cent voiles. Après avoir ravagé plusieurs îles qui appartenaient aux Athéniens, et en avoir tiré un grand butin, ils s'attachèrent au

1 Plut. in Sylla, p. 454.

2 Diod. lib. 16, pag. 412. Cornel. Nep. in Chabr. cap. 4.

siége de Samos. Les Athéniens, de leur côté, ayant réuni toutes leurs forces, assiégèrent Byzance. Les alliés accoururent aussitôt pour la défendre. Les deux flottes étant en présence, on se préparait au combat, lorsqu'il survint tout à coup une violente tempête, malgré laquelle Charès voulait qu'on s'avançât contre l'ennemi. Les deux autres chefs, plus prudents et plus expérimentés que lui, ne crurent pas que dans une telle conjoncture on dût hasarder le combat. Charès, indigné de voir qu'on ne se rendait point à son avis, prit les soldats à témoin qu'il ne tenait pas à lui qu'on ne battît les ennemis. C'était un homme naturellement vain, plein d'ostentation et d'estime de lui-même, qui exagérait ses services, méprisait ceux des autres, et rappelait à lui seul toute la gloire des bons succès. Il écrivit à Athènes contre ses deux collègues, les accusant de lâcheté et de trahison. Sur ses plaintes, le peuple 1, qui était léger, vif, soupçonneux, et naturellement jaloux à l'égard de quiconque se distinguait par un crédit et un mérite éclatant, rappelle ces deux chefs, et leur fait leur procès.

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La faction de Charès, qui était très-puissante à Athènes, s'étant déclarée contre Timothée, il fut condamné à une amende de cent talents: digne récompense du noble désintéressement qu'il avait fait paraître dans une autre occasion en rapportant à sa patrie, du butin pris sur l'ennemi, douze cents talents 3 sans en rien réserver pour lui-même. Il ne put pas soutenir plus longtemps la vue d'une ville ingrate; et, hors d'état, pauvre comme il était, de payer une si forte amende, il se retira à Chalcide. Après sa mort, le peuple, touché de repentir, réduisit l'amende à dix talents, qu'il fit payer à son fils Conon pour rétablir une certaine partie de murs. Ainsi, par un événement assez bizarre, ces mêmes murs que son grand-père avait rebâtis des dépouilles des ennemis, le petit-fils, à la honte d'Athènes, les répara en partie de son propre bien.

Iphicrate fut aussi appelé en jugement 5. Ce fut dans cette

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