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Aridée; mais l'un et l'autre n'en avaient que le nom 1. L'autorité était tout entière entre les mains des grands seigneurs et des généraux, qui avaient partagé entre eux les provinces.

En Europe, la Thrace et les régions voisines furent confiées à Lysimaque ; la Macédoine, l'Épire et la Grèce, à Antipater et

à Cratère.

En Afrique, l'Égypte et les autres conquêtes d'Alexandre dans la Libye et la Cyrénaïque furent laissées à Ptolémée, fils de Lagus, avec la partie de l'Arabie qui avoisine l'Égypte. Et c'est de ce temps, vers l'automne, au mois de Thot 2, qu'on commence à compter les années de l'empire des Lagides en Égypte, quoique Ptolémée n'ait pris le nom de roi qu'environ dix-sept ans après, conjointement avec les autres successeurs d'Alexandre.

Dans l'Asie Mineure, la Lycie, la Pamphylie et la grande Phrygie furent données à Antigone; la Carie, à Cassandre; la Lydie, à Ménandre; la petite Phrygie, à Léonat; l'Arménie, à Néoptolème; la Cappadoce et la Paphlagonie, à Eumène. Ces deux provinces n'avaient jamais été bien soumises aux Macédoniens. Ariarathe, roi de Cappadoce, continuait à les gouverner comme auparavant, Alexandre ayant passé avec tant de rapidité à ses autres conquêtes, qu'il ne voulut pas s'amuser à le réduire tout à fait, et se contenta d'une légère soumission.

La Syrie et la Phénicie échurent à Laomédon; des deux Médies, l'une à Atropate, et l'autre à Perdiccas; la Perse, à Peuceste; la Babylonie, à Archon; la Mésopotamie, à Arcésilas; la Parthie et l'Hyrcanie, à Phratapherne; la Bactriane et la Sogdiane, à Philippe; et d'autres régions, à des généraux dont les noms sont peu connus.

Séleucus, fils d'Antiochus, fut mis à la tête de toute la cavalerie des alliés, ce qui était une place considérable; et Cassandre, fils d'Antipater, à la tête des compagnies des gardes. La haute Asie qui approche des Indes et les Indes mêmes furent laissées entre les mains de ceux qu'Alexandre y avait établis pour gouverneurs.

Diod. 1, 18, p. 587, 588. Justin. 1. 13, cap. 4. Q. Curt. 1, 10, cap. 10. 3 En novembre 323 av. J. C.-L.

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Il en fut de même presque généralement pour toutes les provinces que je viens de nommer ; et c'est dans ce sens que la plupart des interprètes expliquent l'endroit des Machabées 1 où il est dit qu'Alexandre, ayant appelé les grands de sa cour qui avaient été nourris avec lui, leur partagea son royaume de son vivant. En effet, il est assez vraisemblable que ce prince, se voyant près de mourir, et ne voulant pas se désigner lui-même parmi eux un successeur unique, se contenta de les confirmer tous dans les gouvernements qu'il leur avait donnés; ce qui suffit pour dire qu'il leur partagea son royaume lorsqu'il vivait encore.

Ce partage n'était que l'ouvrage des hommes, et il ne sera pas de longue durée. Celui qui règne seul et qui est seul roi des siècles en avait fait un autre ; il avait assigné à chacun sa portion, et en avait marqué l'étendue et les bornes. Il n'y aura que cette disposition qui subsistera.

Le partage arrêté dans l'assemblée fut la source et la cause de bien des divisions et des guerres, comme la suite nous le fera connaître, chacun des gouverneurs prétendant exercer dans son département une autorité souveraine et indépendante 2. Aucun pourtant, par respect pour la mémoire d'Alexandre, ne prit le nom de roi, tant que ceux de sa race qui avaient été placés sur le trône demeurèrent en vie.

Parmi les gouverneurs de province que j'ai nommés, quelques-uns se distinguèrent au-dessus de tous les autres par leur crédit, leur mérite, leurs cabales, et formèrent différents partis, auxquels les autres s'attachèrent, chacun selon ses vues particulières d'intérêt et d'ambition; car il ne faut pas s'attendre que, dans un tel mouvement, les motifs du bien public aient beaucoup de part aux résolutions qui s'y prennent.

J'en excepte pourtant Eumène3, le plus vertueux sans contredit de tous ces gouverneurs, et qui ne leur cédait point en bravoure; lequel, par principe de probité, demeura toujours constamment attaché au parti des deux rois. Il était de Cardie, ville de Thrace, et d'une naissance fort obscure. Philippe, qui avait

1 Machab. 1. 1, n. 6 et 7. `

2 Justin. 1. 15, cap. 2.

3 Plut, in Eumen, p. 583. Cornel. Nep. in Eumen, cap. 1.

remarqué en lui, dès sa jeunesse, de rares qualités, se l'était attaché en qualité de secrétaire, et avait pris en lui une grande confiance. Il en fut pas moins en crédit sous Alexandre, qui lui donna une grande marque d'estime et de considération. Barsine, la première personne que ce prince aima en Asie, et dont il eut un fils nommé Hercule, avait une sœur de même il la fit épouser à Eumène 1. Nous verrons que ce sage favori répondit dignement à l'affection de ces deux princes, même après leur mort. Ses sentiments et ses actions nous montreront qu'on peut être roturier par la naissance et très-noble par le cœur.

nom;

J'ai rapporté dans ce même volume que Sysigambis, qui avait supporté avec patience la mort de son père, de son mari et de son fils, ne put survivre à celle d'Alexandre2. La mort de cette princesse fut suivie de près de celle de ses deux petites-filles, Statira, veuve d'Alexandre, et Drypétis, veuve d'Éphestion. Roxane, qui appréhendait que Statira ne se trouvât enceinte d'Alexandre aussi-bien qu'elle, et que la naissance d'un garçon ne dérangeât les mesures prises pour assurer la succession au fils dont elle espérait être grosse, engagea les deux sœurs à la venir voir; et elle s'en défit secrètement par le secours de Perdiccas, seul confident d'un si noir attentat.

Il est temps d'entrer dans le détail des actions des successeurs d'Alexandre. Je commencerai par la révolte des Grecs dans l'Asie supérieure, et par la guerre qu'Antipater eut à soutenir contre la Grèce, parce que ces matières sont plus isolées et presque entièrement séparées des autres.

§ II. Révolte des Grecs, dans l'Asie supérieure. Mouvements à Athènes sur la nouvelle de la mort d'Alexandre. Expédition d'Antipater dans la Grèce. Il est d'abord vaincu, puis vainqueur. Il se rend maître d'Athènes, et y laisse garnison. Fuite et mort de Démosthène.

Les Grecs qu'Alexandre avait établis 3 en forme de colonies dans les provinces de l'Asie supérieure n'y demeuraient qu'a

Arrien lui donne une autre femme. lib. 7, p. 278.

2Q Curt. 1. 10, cap. 5. Plut in Alex.

pag. 707,

3 AN. M. 3681. Av. J. C. 323, Diod. 1. 18, p. 591, 592.

vec regret, parce qu'ils n'y trouvaient pas les douceurs et les agréments dont ils s'étaient flattés, et ils conservaient dans leur cœur depuis longtemps un vif désir de retourner dans leur patrie. Ils n'avaient pas osě témoigner leur mécontentement du vivant d'Alexandre; mais dès qu'ils eurent appris la nouvelle de sa mort, ils se déclarèrent ouvertement. Ayant armé vingt mille hommes d'infanterie, tous gens aguerris et expérimentés, avec trois mille chevaux, ils mirent à leur tête Philon, se préparèrent au départ, sans prendre de conseil ni recevoir d'ordre que d'eux-mêmes, comme s'ils n'eussent plus été soumis à aucune autorité, et qu'ils n'eussent plus reconnu de maître ni de supérieur.

et

Perdiccas, qui prévoyait les conséquences d'une telle entreprise dans un temps où tout était en mouvement et où les troupes, aussi bien que la plupart des officiers, ne respiraient que l'indépendance, envoya contre eux Pithon, officier d'un mérite généralement reconnu. Celui-ci se chargea volontiers de cette commission, dans l'espérance de gagner ces Grecs, et de se procurer par leur moyen un établissement considérable dans l'Asie supérieure. Perdiccas, averti de son dessein, donna un étrange ordre aux Macédoniens qu'il envoyait avec lui, qui était d'exterminer généralement tous les révoltés. Quand Pithon fut arrivé, il gagna par argent trois mille des Grecs, qui, ayant lâché pied dans le combat, lui procurèrent une pleine victoire. Les vaincus se rendirent, à condition qu'on leur conserverait la liberté et la vie, et c'était l'intention de Pithon. Mais il n'en fut pas le maître.Les Macédoniens, se croyant obligés d'exécuter les or dres de Perdiccas, égorgèrent sans pitié tous ces Grecs, avoir égard à la parole qu'ils leur avaient donnée. Pithon, frustré de son espérance, retourna avec les Macédoniens vers Perdiccas. Cette expédition fut suivie de près de la guerre de Grèce1. La nouvelle de la mort d'Alexandre étant arrivée à Athènes y avait excité de grandes rumeurs et causé une joie presque universelle. Le peuple, qui depuis longtemps portait avec peine le joug que la Macédoine avait imposé à la Grèce, ne parlait que de liberté, ne respirait que guerre, et se livrait sans mesure

Plut. in Phoc. p. 751, 752.

sans

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aux emportements d'une joie folle et excessive. Phocion, qui était d'un caractère sage et modéré, et qui craignait que la nouvelle ne se trouvât pas véritable, tâchait de caliner les esprits, et d'arrêter ces saillies fougueuses qui ne laissaient point de lieu à la réflexion et au conseil. Comme, malgré ses efforts, la plupart des orateurs criaient que la nouvelle était véritable, et qu'Alexandre était certainement mort, Phocion se leva, et leur dit : « Mais s'il est mort aujourd'hui, il le sera encore demain, et encore après demain, de sorte que nous aurons tout le temps de délibérer en repos et avec plus de sûreté. »

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Léosthène, qui le premier avait répandu cette nouvelle à Athènes, ne cessait de parler devant le peuple avec beaucoup d'arrogance et de vanité. Phocion, las de l'entendre, lui dit : « Jeune homme, vos discours ressemblent à des cyprès; ils sont grands et hauts, mais ne portent point de fruit. » On lui savait mauvais gré de s'opposer si fortement aux volontés du peuple. Hypéride, s'étant levé, lui demanda : « Quand sera-ce << donc que vous conseillerez aux Athéniens de faire la guerre ? « Ce sera, lui répondit Phocion, quand je verrai les jeunes gens prendre une ferme résolution de garder une exacte discipline, << les riches contribuer selon leur pouvoir aux frais de la guerre, << et les orateurs s'abstenir de voler les deniers publics.

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Les remontrances de Phocion furent inutiles. La guerre fut résolue, et il fut arrêté qu'on députerait vers tous les peuples de la Grèce pour les exhorter à entrer dans la ligue. C'est la guerre que tous les Grecs, excepté les Thébains, unis ensemble pour la liberté de la Grèce, firent sous la conduite de Léosthène contre Antipater, et qui fut appelée la guerre Lamiaque, du nom d'une ville où ce dernier fut défait dans une première bataille.

Démosthène, qui était alors en exil à Mégare, mais qui dans son malheur-conservait toujours un zèle vif et ardent pour les intérêts de sa patrie et pour la défense de la liberté commune, se joignit aux ambassadeurs d'Athènes envoyés vers le Péloponnèse, et, les ayant merveilleusement secondés par la force de son éloquence, il engagea dans la ligue Sicyone, Argos, Corinthe, et les autres villes du Péloponnèse.

Plut. in Demosth. p. 858, Justin, 1. 13, cap. 5.

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