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l'Ain, l'autre est entrée dans la collection de M. Vallentin, à Montélimar, et a été trouvée à la Laupie (Drôme), en 1858, au cours de travaux agricoles, sans que l'on ait vérifié les causes de son enfouissement. Je me suis renseigné auprès de M. Vallentin, qui m'a envoyé le dessin de son épée de bronze et de sa bouterolle, et j'ai acquis la certitude que l'un et l'autre de ces objets sont identiquement semblables; on croirait presque qu'ils sortent des mêmes moules.

Voilà donc deux épées pareilles trouvées à 50 kilomètres de distance dans le Midi de la France, associées chacune à une bouterolle identique, jusqu'ici sans analogue dans notre pays, mais se rapprochant du type signalé dans le cimetière de Halstatt. J'ai pensé que ce fait intéressant méritait de vous être signalé.

L'autre épée est en fer; elle a été trouvée dans le département de la Drôme, à la Rochette, par un propriétaire occupé à défricher un terrain inculte. Elle mesure, âme de la soie comprise, 0m 81. Elle est à soie plate, à crans encore visibles et à pointe mousse, et, comme les épées de bronze, elle présente un léger renflement vers son milieu. D'après le rapport de M. A. Bertrand, inséré dans la Revue des Sociétés savantes, le type de cette épée est en Gaule, pour les épées de fer, le type le plus ancien dérivant directement des plus belles épées de bronze. Il nous apprend que le musée de Saint-Germain possède, en moulage, onze épées en fer de type essentiellement gaulois. Jusqu'ici elles avaient été presque exclusivement recueillies en Bourgogne, en Alsace et en Franche-Comté, sans parler des premières découvertes en Autriche dans le cimetière de Halstatt.

Mais cette grande épée de fer, que l'on a toujours

rencontrée dans les tumuli, n'avait pas encore été signalée dans le Midi de la Gaule.

Celle de la Rochette, quoique bien conservée, n'est pas complète; il manque au moins la moitié de la partie supérieure de la poignée. Sur ce qui reste, on voit encore trois rivets en fer qui retenaient le manche.

La découverte de l'épée de bronze d'Orange et de sa bouterolle, celle de l'épée de fer de la Rochette, m'ont semblé présenter un véritable interêt pour l'étude de nos origines nationales.

A ce point de vue, je suis heureux d'en être possesseur et de pouvoir les soumettre à votre savante appréciation, lorsque vous viendrez voir mes collections à Carpentras.

L. MOREL.

IX

DÉCOUVERTE

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SÉPULTURES DE L'ÉPOQUE NÉOLITHIQUE

I

COMMUNE DE MIRABEL (DRÔME)

Lorsque j'habitais encore Nyons, il y a près de deux ans, j'ai fouillé l'emplacement d'anciennes sépultures de l'époque néolithique, et cette exploration méthodique a eu pour résultat de constater la présence d'armes et d'instruments en silex du plus haut intérêt au point de vue archéologique.

A 300 mètres à l'est du village de Mirabel s'élève une suite de monticules actuellement complètement dénudés. C'est sur le flanc de l'un d'eux, improprement appelé le Serre des Huguenots, mais dont le nom cadastral est La Garenne, qu'un propriétaire voulant, il y a environ cinquante ans, creuser à mi-côte une excavation ou sorte de caverne dans la roche tendre, découvrit à ses pieds une certaine épaisseur de terre noire. Il voulut utiliser cette terre vierge pour l'amendement de ses vignes, mais il dut bientôt y renoncer, à cause de la quantité d'ossements humains qu'il rencontra, et finit par jeter le tout pêle-mêle, en contre-bas du

rocher, de façon à balayer l'emplacement de l'antique cimetière.

C'est donc entre les anfractuosités des roches que j'ai fait rechercher les restes de l'industrie humaine. Là se trouvaient des ossements humains brisés, quelquefois calcinés par le feu, des débris de vases en terre grise, à pâte grossière mélangée de grains de quartz, et en morceaux trop petits pour pouvoir en reconstituer la forme. Une petite parcelle de poterie avec dessin quadrillé en creux, d'une terre grise assez fine, dénote déjà un certain art dans la céramique.

La récolte a été assez abondante. J'y ai recueilli vingttrois couteaux en silex, dont dix heureusement sont intacts, bien retouchés sur les bords et aux extrémités, le plus long mesure 0m 16; trente flèches en silex, la plupart bien conservées et d'un travail achevé, ont aussi été retrouvées; elles présentent toutes le même type de la feuille de saule, sans ailerons ni pédoncules, quatre autres en losange, d'un travail admirable, sont retouchées à petits coups; elles ont pu servir de lances, deux d'entre elles atteignant 0m 08 de longueur. J'ai trouvé une scie en silex jaspé ayant dû être emmanchée comme celles recueillies dans les palafittes. Il y avait aussi quelques grattoirs parfaitement caractérisés, portant tous le conchoïde de percussion, Les objets d'ornement consistant en deux perles en calcaire coquillier de couleur noire cacholonnées, de la grosseur d'une olive ordinaire, en trente petites rondelles plates percées, de même substance grisâtre, provenant d'un collier, et enfin en une petite pendeloque percée, en jade oriental, ayant dû servir d'amulette ou de talis

man.

Les dessins des principaux objets ayant été envoyés

à M. de Mortillet, pour qu'il détermine l'âge de cette intéressante station, le savant professeur d'archéologie préhistorique m'a répondu qu'elle devait être classée entre le Robenhausien et le Morgien, c'est-à-dire entre la fin de la pierre polie et le commencement du bronze. Il a ajouté qu'en ce qui concernait les belles pointes en losanges, il ne connaissait rien de mieux, ni même d'aussi bien, ayant été trouvé en France. C'est pourquoi j'ai pensé que la vue de ces objets pourrait vous inté

resser.

II

COMMUNE DE LA ROCHETTE (DRÔME)

Pendant mon séjour dans l'arrondissement de Nyons, j'ai pu continuer mes études archéologiques et y faire des fouilles assez intéressantes. L'abondance des découvertes semble augmenter de jour en jour, et l'on peut dire en vérité que jusqu'ici, ce sont bien moins les antiquités qui ont manqué aux archéologues que les archéologues aux antiquités.

Avant mon arrivée dans cette contrée du bas Dauphiné, si on croyait généralement qu'elle était dénuée de tous vestiges d'antiquités, c'est que jusqu'ici on avait peu cherché. Il est vrai que la science moderne voit aujourd'hui des objets précieux dans ce qui, avant elle, n'avait jamais attiré l'attention. Dans la seconde moitié de ce siècle, toute une branche nouvelle de l'archéologie a été crée. On avait passé, sans les voir, devant une quantité immense de témoins d'un âge dont l'existence n'avait pas même été soupçonnée, d'un âge où les hommes ne connaissaient ni le fer ni le bronze, et où, pour tous les besoins de la vie, pour l'attaque et

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