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être était-ce pour les mieux faire saillir entre les mains des clercs qui les portaient et élever ainsi davantage le cierge destiné à éclairer la croix processionnelle? Peutêtre aussi était-ce que, n'étant pas toujours tenus à la main, il fallait, à certains moments, les déposer, soit sur le sol, soit sur la balustrade? Dans l'une et l'autre hypothèse, on songeait à les faire voir.

Les chandeliers que j'ai nommés de pavé, parce qu'ils reposaient directement sur le sol, ont été constamment de haute taille. Les plus anciens exemples se rencontrent à l'arc triomphal des mosaïques romaines, du vi au 1x siècle. Ce sont des tiges sveltes, composées d'une succession de petites boules superposées. Comme ces chandeliers étaient placés là pour honorer l'autel du saint sacrifice ou un corps saint, il était naturel qu'ils atteignissent en hauteur ou même dépassassent l'autel ou la chasse.

Suivons l'évolution de la tige du chandelier. Cette tige s'allonge, plus on s'avance dans le cours des siècles. Mais une tige droite et longue serait disgracieuse à l'œil; les artistes ont donc pris le parti de la couper par un nœud, puis par deux, et enfin par trois. Le nœud interrompt agréablement la monotonie de la surface et. devient de la sorte un ornement, car le génie artistique sait toujours tirer avantage d'une nécessité imposéc.

Inutile de multiplier les exemples de chandeliers à un nœud (1): ils abondent, et tout le monde les connaît. En général, leur date de confection est le XII et le XIIIe siècle. J'appellerai l'attention seulement sur deux, qui sont en cuivre émaillé et remontent à cette dernière époque l'un est au musée du Vatican et l'autre, pro

(1) Annales arch., t. XIX, p. 51, 52, 53, 54.

venant de la paroisse de Saint-Georges-sur-Loire, appartient au musée de la ville d'Angers. La bobèche est étoilée, pour faire penser au ciel, d'où vient la lumière et à son Créateur, qui est la lumière incréée, suivant la liturgie. En effet, saint Grégoire le Grand, dans l'hymne de l'Avent, salue ainsi le Christ:

« Conditor alme siderum,

Eterna lux credentium,

Christe, redemptor omnium. »

Or le Christ est lumière procédant de la lumière, <«<lumen de lumine; » il éclaire tout homme venant en ce monde : <«< Erat lux vera quæ illuminat omnem hominem venientem in hunc mundum; » l'homme racheté, il le placera près de lui dans sa demeure étoilée « Rex regum stellato sedet solio. » Voilà le symbolisme qui ressort manifestement de ces deux chandeliers, probablement fabriqués en Limousin et qui étaient évidemment destinés à des autels.

Ce sont encore souvent des chandeliers d'autels que les chandeliers à deux nœuds. Les Nouveaux mélanges d'archéologie, décoration d'églises, offrent plusieurs représentations de ces sortes de chandeliers : un, au Louvre, XIIe siècle (p. 207); deux, également romans, à l'évêché de Munster (p. 208, 209); un, de style roman avancé, en Hesse (p. 210); enfin, deux chandeliers émaillés, de la collection Soltikoff, XIIIe siècle (p. 220) (1). Le chandelier de saint Bern

(1) A l'exposition du Trocadéro, en 1878, M. de Barthélemy avait exposé un petit chandelier émaillé et à deux nœuds, du XIIe siècle. M. Darcel a signalé à l'Exposition d'art et d'archéologie de Rouen, en 1861, p. 6, « les deux chandeliers à trois nœuds

ward, à Hildesheim, x11° siècle, a même trois nœuds (p. 211).

A Anagni, une fresque de la crypte (xII° siècle) représente l'achat du corps de saint Magne, évêque faute de monnaie suffisante, le chapitre se défit d'un

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or,

envoyés par M. Germeau, » et qui sont en émail champlevé de Limoges. Chandeliers émaillés, à deux nœuds et du xe siècle, collection du prince Soltikoff (Mél. d'arch., t. IV, pl. XXXI) : les nœuds sont égayés de rinceaux.

chandelier d'or, au pied évasé, à la tige renforcée de deux boules, la plus grosse à la partie inférieure, et à la bobèche étroite, à rebord plat et creusée en cuvette. J'estime que cet objet de prix devait être un chandelier d'autel (1).

Le Magasin pittoresque (1873, p. 201) a donné la gravure de deux chandeliers du xiie siècle. Les deux nœuds sont placés aux extrémités, c'est-à-dire juste au-dessous de la bobèche et au-dessus du pied triangulaire. La tige, assez longue, est ajourée de fenêtres cintrées. A en juger par le dessin, nous aurions là des chandeliers d'acolytes. Tels sont indubitablement ceux à trois nœuds que montre, à une procession, la fresque de la crypte d'Anagni. Didron qualifiait « vrai chandelier d'autel », un chandelier émaillé et à trois nœuds, dont il publie la gravure (Annales arch., t. XIX, p. 55); je ne suis pas de son avis, et je tiens plutôt pour un chandelier d'acolyte.

J'ai découvert, dans une paroisse rurale du diocèse de Moulins, à Meillers (Allier), un chandelier qui mérite d'autant plus d'être signalé que je le crois complètement inédit et peut-être même inconnu des archéologues. Il est encore en usage au maître-autel et sert pour le cierge du Sanctus. Je n'oserais affirmer qu'il a toujours été unique. Je l'attribue au XIVe siècle, toutefois avec un point d'interrogation, car si le pied dénote plutôt le xi, l'ajourage des noeuds semble beaucoup plus récent la bobèche aussi n'est plus celle du xìío.

Une tige de fer a remplacé, au XVIe siècle, celle en cuivre, lorsque le pied se brisa. La pointe terminale,

(1) Les nobles de la ville offrent au roi Muca, outre un coffret plein d'or, quatre encensoirs, deux gémellions et un chandelier. (La cathédrale d'Anagni, p. 45.)

fort longue, comme on le pratiquait au moyen âge, est en fer ce prolongement est appelé dans les inventaires indifféremment pointe (1380, 1599) et broche (1380), comme il résulte des textes cités par le comte de Laborde dans son Glossaire, p. 203, 204.

La bobèche est en cuivre, évasée comme un enton

noir son galbe extérieur affecte une doucine. Le rebord droit est agrémenté de quatre petites dents qui saillissent à la circonférence.

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