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mussten SICH still halten; mein Schweherfatter und ich bedankten SICH; ich kam über SICH. Cette particularité du langage populaire ne nous étonnera point, si nous voulons bien considérer qu'aujourd'hui encore on dit en Provence : « nous se reverrons», et que, en latin, la voie passive ou moyenne se forme en ajoutant comme suffixe à l'actif, à toutes les personnes, le pronom réfléchi de la 3° se; amor vient, en effet, de amo-se, amaris de amas-i-se, amatur de amat-u-se etc.

Par contre, un archaïsme très curieux à observer, c'est qu'au datif le pronom réfléchi sich est remplacé par le pronom personnel ordinaire ihm, ihr, ihnen: Ex: manche bildet IHR ein, au lieu de bildet sich (se figure). Cet emploi du datif ihm, ihr remonte au gothique et au moyen haut-allemand im, ir, in; et cette construction se retrouve encore dans les premiers ouvrages en prose du haut-allemand moderne et chez les poètes: Ex: << Gott schuf den Menschen ihm zum Bilde.» (Luther) « Da schnitt er vom eignen Leibe ihm Glied für Glied und briet es ihm zum Mal. » (Bürger).

Il n'est pas rare de rencontrer une tournure qui correspond à l'emploi de l'accusatif avec l'infinitif, tournure latine transplantée arbitrairement dans la langue allemande; c'est un héritage du moyen haut-allemand. On le trouve encore dans les conteurs du XV et du XVIe siècle, comme Niklas von Wyle, Fischart et autres (1); ex..: « Mein Knän schätzte billig seyn, » au lieu de : << dass es billig sey » (pater meus æstimabat æquum esse...)

On trouve aussi, mais cette tournure est peu fréquente, le temps simple d'un verbe changé en une périphrase composée de l'auxiliaire sein et de l'infinitif du verbe ; ex: er war schlaffen

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(1) Voyez, par exemple: Die ailft translation, wie Hieronymus imm Concilio zuo Constantz verbrennt », de Niclas von Vyle, où cette tournure est particulièrement fréquente, (dans le recueil de Wackermagel). Voy. Gervinus, II, p. 357.

er schlief. Cette tournure a quelque analogie avec une autre tournure populaire, qui consiste à remplacer les temps simples, l'imparfait surtout, par une périphrase composée de l'infinitif du verbe et de l'auxiliaire thun: ex: « Gar schöne that er singen » (Wunderhorn).

Remarquons enfin que Grimmelshausen emploie, après la préposition in marquant la direction vers un objet, le substantif sans article « in Rhein, in Grund», ce qui est encore une réminiscence de l'ancien et du moyen haut-allemand, qui supprimait volontiers l'article, surtout devant les noms propres : bî Rine, ze Rine (= am Rhein.)

Enfin il nous reste un mot à dire sur les crudités de langage que l'on rencontre en assez grand nombre dans le Simplicissimus. Grimmelshausen en effet offense souvent la décence par de grossières obscénités. Gervinus dit de lui: «Tout en flétrissant les mœurs impures de son temps, il a bien de la peine en maintes circonstances à dérober à nos yeux les malpropretés de son imagination (« seine unsaubere Einbildungskraft. ») » Ce n'est peut-être pas à nous à lui faire son procès. Si nous reprochons à l'Allemagne l'obscénité triviale et les nudités d'image du Simplicissimus, les Allemands n'auront pas de peine à trouver dans notre littérature bien d'autres hardiesses d'expression et de peinture. D'ailleurs une certaine licence, un peu de grossièreté même dans la grivoiserie était de mise, et même de rigueur dans la bouche d'un mousquetaire qui raconte ses aventures. J'avoue cependant qu'il y a dans Simplicissimus, et en assez grand nombre, des expressions choquantes, qui rappellent un peu trop le style d'Eulenspiegel. Il faut, pour les expliquer, se rappeler dans quel excès de trivialité maipropre était tombée la littérature allemande au XVe siècle. Eulenspiegel nous donne une idée du genre. On sait quelle était sa plaisanterie la plus spirituelle et la plus fréquente, et le bon tour qu'il jouait à ses hôtes avant de les quitter. Qu'on lise aussi les Fastnachstpielc ou Jeux du Mardi-gras: la seule nomenclature des person

nages fera reculer d'horreur un lecteur délicat. La grivoiserie allemande, au XV et au XVI siècle, est crue et grossière; la grivoiseric française est légère et spirituelle, presque toujours acceptable. Les Allemands d'ailleurs se rendent justice et sont les premiers à déplorer cette triste tendance de leur littérature. Ce que nous rencontrons de choquant, de grossier et d'obscène dans certains chapitres de notre roman est donc un reste et comme un héritage des siècles précédents. Le goût public ne s'épure que lentement, et Grimmelshausen était bien sûr de ne pas choquer les lecteurs auxquels son livre s'adressait. D'ailleurs, nous le répètons, la société dans laquelle son héros et lui-même avaient vécu n'était pas de nature à inspirer le goût du langage choisi et des expressions toujours élégantes et irréprochables. Nous devons même croire qu'il a été très modéré et que son style, dans ce qu'il a de plus osé, est loin d'être la fidèle expression de la réalité.

Passons donc condamnation. Ces taches légères ne peuvent nous empêcher de reconnaître les grandes et solides qualités du style de Grimmelshausen: la simplicité, la clarté et le naturel, la rare vigueur de l'expression, la richesse de la pensée, la netteté et la vivacité du récit, qualités rares pour l'époque et qui mettent hors de pair au milieu de son siècle ce livre étonnant.

CHAPITRE VI.

Caractère de Simplicissimus et moralité de son histoire.

Quoique le Simplicissimus procède des romans picaresques espagnols et qu'il ait été inspiré par Lazarillo et Guzman d'Alfarache, le personnage allemand vaut mieux que ses tristes modèles. Dès les premières pages d'ailleurs, Grimmelshausen, par la bouche de son héros, affirme la moralité de son livre.

Simplicissimus a appris à tirer le mal du bien, et il reconnaît dans tout ce qui lui arrive l'action bienfaisante de la Providence. Les cruautés exercées par les soldats dans la maison de ses parents ont été le moyen dont Dieu s'est servi pour le tirer de l'ignorance grossière dans laquelle il vivait. « J'appris bientôt après, dit-il, d'où et comment les hommes étaient venus en ce monde. J'appris qu'ils n'avaient pas de demeure stable sur cette terre, mais que souvent, avant même d'y avoir songé, ils étaient obligés de s'en aller. Je n'avais de l'homme que la forme, du chrétien que le nom; du reste j'étais une véritable bète. Mais le Très-Haut regarda mon innocence d'un œil miséricordieux, et il voulut m'apprendre à me connaître moi-même et à le connaître. Et quoiqu'il eût mille autres moyens de le faire, il voulut sans doute se servir de celui par lequel mon père et ma mère devaient ètre punis pour la mauvaise éducation qu'ils m'avaient donnée, et servir d'exemple aux autres. » (Liv. I, chap. 4). On ne peut affirmer plus nettement l'idée de la divine Providence. Cette disposition d'esprit, ce sentiment religieux, acquis et développé par la société et les enseignements de l'ermite du Spessart, Simplicius le conservera jusqu'à la fin, à travers les malheurs et

les cruels revirements de la fortune. C'est cette conviction religieuse, fortifiée et ravivée par le malheur, qui l'amènera à renoncer à sa vie aventureuse et à mettre à profit les leçons de l'expérience, en se vouant aux saintes pratiques du christianisme et au culte de la vertu. Grimmelshausen a donc voulu faire, non-seulement un livre honnête, mais encore un livre d'une moralité chrétienne.

Lorsque Simplicius entre dans le monde, il n'est ni bon ni mauvais sa conscience morale n'est pas éveillée encore, il n'a pas l'idée du bien et du mal. « J'étais du reste une véritable bête. » Malheureusement, quand il est sorti de l'état de bête pour aller chez les hommes, « unter die Menschen, » et devenir homme lui-même, cette évolution s'est accomplie au milieu de circonstances peu faites pour développer les germes jetés dans sa bonne et simple nature par le pieux ermite. Il part d'une grande simplicité pour arriver très vite à un certain degré de perversité, qui fait rentrer l'histoire de sa vie dans la catégorie des << Schelmenromanen ». Simplicius n'est pas foncièrement mauvais; il est même naturellement bon et honnête. S'il tombe dans le vice et le dévergondage, sa responsabilité morale est singulièrement atténuée par les circonstances, dont l'influence pernicieuse était irrésistible. On peut bien dire, sans porter atteinte au principe de la liberté humaine, qu'il était à peu près impossible de servir dans la Guerre de Trente ans et de rester absolument honnête. Les plus grandes âmes, le rigide et catholique Tilly lui-même, ne sont pas sortis indemnes de ce chaos moral. Tous, chefs et soldats, prêtres et laïques, sont emportés dans ce violent tourbillon. Comment une âme simple et désarmée comme celle du pauvre Simplex aurait-elle pu se maintenir dans les limites de la stricte moralité? Jeté par les évènements dans le pire de tous les mondes, le monde soldatesque, il voit le vice dans sa nudité. Sa jeune âme s'étonne d'abord et se révolte, et par là il se distingue, dès le début, des Lazarillo et des Guzman. Ceux-ci, en effet, prennent vite leur parti et s'enrôlent de gaîté

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