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nous pouvons du moins essayer de reconstituer par ses œuvres sa personnalité et son caractère. Nous en avons noté les principaux traits nous les résumons ici. C'est un homme d'un grand bon sens et d'une profonde raison, prenant son parti des hommes et des choses et les jugeant sans passion et sans colère, en philosophe et en moraliste. Il conserve au milieu des partis religieux une étonnante liberté d'esprit. Il n'est, comme Simplicissimus, ni pour Pierre ni pour Paul, et il n'a que faire des misérables querelles des théologiens. Ce qui ne l'empêche pas d'ètre profondément chrétien. La lecture de ses œuvres ne laisse aucun doute à cet égard. Son roman de Simplicissimus a une tendance religieuse fortement accusée mais sans préférence confessionnelle. On pourrait définir la religion de Grimmelshausen un christianisme raisonnable. Sur ce point encore il est vrai ent original et il devance de beaucoup ses contemporains égarés par la fanatisme.

Il ne s'est point donné la peine toutefois de s'affranchir de toutes les faiblesse de l'esprit de son siècle. Il partage, selon toute apparence, les superstitions populaires, sans chercher à en pénétrer l'origine et à en reconnaître la fausseté; mais aussi sans y mettre aucune passion. Il ne proteste point contre elles et il évite de se prononcer. A propos des sorcières et du Mummulsee, son dernier mot est que celui qui ne veut pas le croire peut y aller voir. S'il a devancé là-dessus ses contemporains, c'est par l'indifférence tolérante et non par la connaissance de la vérité.

Philosophe et moraliste, il jette sur la société un coup d'œil pénétrant. Calme et indépendant, il considère toute chose avec une grande liberté d'esprit. Ce n'est pas lui qui se laisse éblouir par la vaine grandeur et les brillantes espérances. Il nous a dit par la bouche de Simplicissimus ce qu'il pense de tous ces titres sonores dont ses compatriotes sont si avides, de cette maladie restée essentiellement allemande, die Titelsucht. A ses yeux la vertu seule est un titre au respect et à l'estime.

Stirique bienveillant, grâce à la bonté qui est le fond de son caractère, il dit la vérité avec une certaine douleur d'honnète homme, mais sans indignation et sans amertume. La vue des vices et des cxcès qu'il dépeint ne lui inspire point la tristesse du moraliste chagrin, ni le mépris des hommes. Il y a en lui un fond inaltérable d'honnêteté et de bonne humeur qui ne laisse pas de place à la mélancolie. Il déteste le vice, mais il reste bienveillant pour les hommes.

Passionné pour l'étude et la science, il cherche la raison de tout. Il se paie souvent, il est vrai, d'explications bizarres; il accepte sans les contrôler les témoignages des anciens et des modernes, et ne s'attache pas à discerner la vérité de la fantaisie. Mais on ne peut lui demander un esprit critique qui n'était pas de son temps. Il n'en est pas moins prodigieusement instruit, et l'on reste étonné de la masse de connaissances que cet enfant du peuple, sans maître et en dehors de toute école, était parvenu à entasser dans sa mémoire.

Patriote ardent, il déplore en les dépeignant dans toute leur horreur les maux qui désolent son pays. Allemand d'esprit et de cœur, il gémit de voir la langue maternelle dénaturée par les prétendus beaux esprits. Il signale le mal avec une certaine amertume, parce que l'altération de la langue entraîne fatalement l'altération des mœurs et la ruine du caractère national. Il tient sous ce rapport une place honorable dans le petit groupe des défenseurs de la vieille langue et des vieilles traditions de la patrie allemande.

Tel est l'homme, tel est l'écrivain dont nous avons essayé d'esquisser l'œuvre littéraire. La critique allemande, quand elle le met à côté de Cervantès et de Lesage, est coupable d'exagération patriotique sans doute; mais nous devons convenir que toute proportion gardée, Grimmelshausen ne fait point trop mauvaise figure à côté de ces deux représentants du roman satirique.

Il reste avec Wickram, « le fondateur du roman national alle

mand. » C'est ce que nous espérons ètre parvenu à démontrer dans l'étude que nous avons cru devoir consacrer à cet écrivain original, longtemps oublié dans son pays, et par trop méconnu de la critique littéraire française.

APPNDICEE

Extraits du Simplicissimus.

Nous avons pensé qu'il serait intéressant pour ceux qui ne voudraient ou ne pourraient lire l'ouvrage, d'ajouter aux citations que nous avons faites, en nous contentant de les traduire, quelques extraits plus étendus. La lecture en sera de quelque secours pour l'appréciation exacte du caractère de ce livre original, de sa physionomie, de son style et de la verve comique dont il est animé.

Nous empruntons ces extraits à l'édition originale de 1669, réimprimée dans la collection Niemeyer, à Halle : « Neudrucke deutscher Litteraturwerke des XVI und XVII Jahrhunderts n° 19-25.

Das erste Capitel (des ersten Buchs). Simplicii Baürisches Herkommen, und gleichmässige Auferziehung.

Es eröffnet sich zu dieser unsrer zeit (von welcher man glaubet, dass es die letzte sey) unter geringen Leuten eine Sucht, in deren die Patienten, wan sie daran krank ligen, und soviel zusammen geraspelt und erschachert haben, dass sie neben ein paar Hellern im Beutel, ein närrisches Kleid auff die neue Mode, mit tausenderley seidenen Bändern, antragen können, oder sonst

etwan durch Glücksfall mannhafft und bekant worden, gleich Rittermässige Herren, und Adeliche Personen von uralten Geschlecht, seyn wollen; da sich doch offt befindet, dass ihre Vor-Eltern Taglöhner, Karcherzieher und Lastträger ihre Vettern Eseltreiber ihre Brüder Büttel und Schergen: ihre Schwestern Hurca: ihre Mütter Kupplerinnen, oder gar Hexen: und in Summa, ihr gantzes Geschlecht von allen 32 Anichen her, also besudelt und befleckt gewesen, als dess Zuckerbastels zu Prag immer seyn mögen ; ja sie, diese neue Nobilisten, seynd offt selbst so schwartz, als wan sie in Guinea geboren und erzogen wären worden.

Solchen närrischen Leuten nun, mag ich mich nicht gleich stellen, obzwar, die Warheit zubekennen, nicht ohn ist, dass ich mir offt eingebildet, ich müsse ohnfehlbar auch von einem grossen Herrn, oder wenigst einem gemeinen Edelmann, meinen Ursprung haben, weil ich von Natur geneigt, das JunckernHandwerk zutreiben, wan ich nur den Verlag und den Werkzeug darzu hätte; Zwar ungeschertzt, mein Herkommen und Aufferziehung läst sich noch wol mit eines Fürsten vergleichen, wan man nur den grossen Unterscheid nicht ansehen wolte, was? Mein Knän (dan also nennet man die Väter im Spessert) hatte einen eignen Pallast, sowol als ein andrer, ja so artlich, dergleichen einjeder König mit eigenen Händen zubauen nicht vermag, sondern solches in Ewigkeit wol unterwegen lassen wird; er war mit Laimen gemahlet, und anstat dess unfruchtbarn Schifers, kalten Bleyes, und roten Kupffers, mit Stroh bedeckt, darauff das edel Getraid wächst; und damit er, mein Knän, mit seinem Adel und Reichthum recht prangen mögte, liess er die Maur um sein Schloss nicht mit Maursteinen, die man am Weg findet, oder an unfruchtbaren Orten auss der Erde gräbet, viel weniger mit liederlichen gebackenen Steinen, die in geringer Zeit verfertigt und gebränt werden können, wie andere grosse Herren zuthun pflegen, aufführen; sondern er nam Eichenholtz darzu, welcher nutzliche edle Baum, als worauff

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