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TYPOGRAPHIE G. CRÉPIN-LEBLOND, 14, GRAND'rue.

Étude sur le Simplicissimus

DE GRIMMELSHAUSEN

INTRODUCTION

C'est par les sommets qu'il convient d'entreprendre l'étude d'une littérature. C'est, en effet, par l'étude des grands génies d'un peuple qu'on embrasse l'esprit de ce peuple dans son ensemble. Cette méthode s'impose et elle est aussi généralement suivie. C'est par ses chefs-d'œuvre que la littérature allemande a sollicité d'abord notre admiration: et ce sont les génies de ses deux grandes périodes classiques, le XIII et le XVIII' siècle, qui nous ont appris à la connaître.

Mais à côté des grands siècles littéraires, il y a, chez tous les peuples, des époques de transition qui les préparent et des époques de décadence qui les continuent; des siècles moins féconds, pendant lesquels l'esprit national paraît assoupi et fatigué de produire. Il est deux siècles surtout, dans la littéra

ture allemande, qui paraissent voués à une désolante stérilité : le XV et le XVII. Au XVe siècle, la poésie chevaleresque disparaît; les derniers échos du Minnegesang s'éteignent dans le vide pour faire place à la poésie bourgeoise du Meistergesang. Au XVII siècle, la veine populaire se perd, l'esprit national est dérouté, la muse poétique, raide et glacée. Entre la renaissance féconde du XVI siècle et la renaissance non moins féconde et plus brillante du XVIII, le XVII s'interpose avec sa stérilité, son pédantisme et ses œuvres fausses.

Aussi cette période de la littérature allemande, que Vilmaṛ appelle avec raison « le triste XVIIa siècle » (1) a généralement pour nous peu d'attrait. Attirés par les grands génies du MoyenAge et de la période moderne, nous ne nous arrêtons pas volontiers aux écrivains médiocres et aux talents superficiels qui encombrent de leurs productions sans valeur cette période caractérisée par l'abus du procédé et la pauvreté de l'inspiration.

Cependant il y aurait injustice et danger à en négliger l'étude. Il n'y a pas à proprement parler de siècle stérile. Sous le sommeil apparent du XVIIe siècle fermentent des éléments de régénération, qu'il faut aller découvrir, sous peine de ne comprendre qu'à demi le magnifique réveil du XVIIIa.

D'ailleurs, au milieu de la confusion générale, dans ce fouillis d'œuvres ennuyeuses et froides, nous rencontrerons quelques écrivains profonds, réellement puissants et originaux, qui opposent l'inspiration native à l'inspiration servile, la simplicité et le naturel à l'universel pédantisme; des prosateurs et des poètes, chez qui nous retrouverons les fortes qualités des esprits du XVIe siècle. Tels sont Andréas Gryphius, Frédéric de Logau, Paul Gerhardt, Lauremberg, Grimmelshausen, Moscherosch, Schupp, et quelques autres.

Or, parmi ces représentants du génie national allemand

(1) Vilmar, Geschichte der deutschen National-Literatur, 18e édit. p. 230.

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