empêcheront l'arche de la civilisation, c'est-à-dire la barque de saint Pierre, toujours battue par les flots, d'être submergée; la foi est un flambeau qu'on se passe de main en main, comme dans les courses d'Athènes, et qui arrive au but, malgré le vent et l'orage. Il n'y a pas plus de perfection à rêver pour le passé que de millénarisme à placer dans l'avenir. Mais, pour en revenir au second point de ma thèse, où sont les maîtres qui pourront tirer parti de la lecture des auteurs profanes au profit des mœurs et de la foi? Et croyez-vous donc aussi que les maîtres se fassent tous seuls, et que, sans un véritable enseignement. supérieur, il soit possible d'en former pour les études préparatoires? La France est le seul pays où l'on se soit jamais avisé de constituer ce qu'on nomme l'enseignement secondaire indépendamment du dégré supérieur, et la nouvelle loi n'a remédié à rien sous ce rapport. Je sens bien que je n'en finirais pas si j'entamais, sur ce point et sur bien d'autres, le chapitre des reproches. A chacun sa conscience; la mienne du moins n'est point chargée de cette responsabilité. Mes paroles, je le sais, pourront paraître importunes: mais à une autre époque, on a trouvé bon que j'entrasse dans la lutte. Il semble donc juste que l'on m'entende encore; car, depuis ces premiers combats, mes convictions n'ont fait que s'accroître, et malgré des améliorations dont je tiens compte, je ne vois rien qui me rassure pleinement sur l'avenir. Un mot des faits de la quinzaine deux événements ont occupé l'attention publique, un petit et un grand; le petit, c'est la mise en état de siége du département de l'Ardèche, le grand, c'est la tentative d'invasion de l'île de Cuba par les Anglo-Américains. Ce qui est notable, quant au fait intérieur, c'est que l'extension de l'état de siége à un département de plus ait paru toute naturelle, et que tous les partis qui forment le parti de l'ordre en aient félicité le gouvernement. On peut croire qu'à l'approche de 1852, le régime exceptionnel gagnera tout le centre de la France, où le socialisme a si déplorablement accru la brutalité des populations, et il faut bien qu'on en vienne à ces mesures dictatoriales, puisque nos législateurs s'obstinent à ne pas proportionner, dans la constitution régulière de la société, la sévérité de la répression à la gravité des délits; nous sommes de ceux qui ne désespèrent nullement du rétablissement de l'ordre légal; mais en même temps nous sommes profondément convaincus qu'on ne parviendra à le reconstituer qu'avec une législation formidable en matière de crimes politiques, lex immanis, comme disait M. de Châteaubriand dans la Monarchie selon la Charte. L'invasion de Cuba par les aventuriers des États-Unis nous occupera plus d'une fois, car c'est un incendie qui commence. Pour le moment, après avoir félicité les loyaux Espagnols de l'énergique unanimité avec laquelle ils ont repoussé Lopez et ses soldats, je me bornerai à une seule réflexion. Les rapports qui sont arrivés en Europe sont unanimes pour déclarer que c'est au dévouement des nègres esclaves que la perle des colonies espagnoles doit son salut; et pourtant on s'accorde à reconnaître que l'administration de la mère-patrie s'est montrée peu intelligente et médiocrement généreuse à l'égard de ce précieux reste de ses possessions transatlantiques. Mais les colons ont trouvé une force inattendue dans le dévouement des noirs, à côté d'Haïti et des colonies anglaises et françaises récemment émancipées. Ainsi il a suffi aux noirs, dont on rabat si injustement l'intelligence, de comparer leur sort sous la domination espagnole à celui de leurs compagnons d'esclavage dans les États du sud de l'Union, pour faire cause commune avec leurs maîtres; et quant à l'espérance qu'ils auraient pu concevoir de conquérir leur liberté à la faveur du désordre d'une invasion, l'émancipation elle-même n'a pas eu l'air de les tenter. Qu'on ne s'attende pas à nous voir tirer de la circonstance actuelle une de ces conclusions si rebattues et si démenties : les noirs ne sont pas faits pour la liberté; ils préfèrent l'esclavage à la liberté. - On sait que pour les nègres, comme pour les autres hommes, une liberté misérable semble plus douce que l'esclavage dans l'abondance. Mais, parmi les nations modernes, les Espagnols ont toujours été les maîtres les plus humains; et de même que dans la partie dominicaine d'Haïti, ils recueillent aujourd'hui le fruit de ce respect de leurs semblables, inspiré par le catholicisme. La préservation des races indigènes, le bien-être de la race importée, seront un éternel honneur pour la nation espagnole, et donnent la preuve de la supériorité des doctrines catholiques. P. FAUGÈRE. A. DE METZ-NOBLAT. Exposition du système de M. Worms sur la De la propagande musulmane en Afrique et dans ....... 86 129, 229 385 F. DE CHAMPAGNY. Histoire de la Grèce, par George Grote........ Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de 513 425 |