CH. L. La peine de mort (X, 328). M. A. St. me paraît bien dur pour le mot d'Alph. Karr; un<«< non-sens »c'est bientôt dit! Quant à la théorie que « la peine de mort n'a jamais empêché un seul assassinat, et << que, au contraire, elle en développe l'ins«<tinct, » elle aurait peut-être besoin, pour mériter la qualification de judicieuse, que l'auteur, quoique logicien, lui donne à priori d'être justifiée par quelque commencement de preuve. Une théorie, pour être judicieuse, doit être fondée sur quelque chose, autrement ce n'est qu'une œuvre d'imagination, une hypothèse gratuite, et celles-là, on ne se prive guère d'en inventer par le temps qui court! Celle de M. A. St. semble contraire au sentiment de tous les législateurs, et j'ose dire à toute probabilité; au reste, il ne paraît pas y avoir grande confiance lui-même, puisque, ne l'appuyant sur rien, c'est à d'autres, presque tous ses adversaires, qu'il demande des arguments. Ce ne seront evidemment pas ces derniers qui lui en chercheront; eh bien! je parierais qu'il n'en cherchera pas lui-même : on pourra alors se demander si c'est par amour ou par crainte de la logique. GE. VREED'S. -En 1862, Mittermaier publia, en Allemagne, une brochure contre la peine de mort, dans laquelle il condensait le résultat des experiences faites en Toscane, dans divers Etats de l'Amérique du Nord, et dans quelques petits Etats allemands. Au point de vue de l'exemple, il citait le témoignage d'un ministre anglican de Bristol, qui avait assisté, dans sa longue carrière, 167 condamnés à mort sur lesquels 161 lui avaient déclaré qu'ils avaient vu des exécutions capitales. On pourrait consulter aussi la discussion qui a eu lieu au Congrès de Gand, en 1864, et où ont été produits des faits intéressants, notamment par M. Bury, en ce qui concerne la Belgique (Annales de l'Assoc. internat. pour le progrès des sciences sociales, t. II, p. 123152). Depuis cette époque, de nouveaux faits ont dû être recueillis et étudiés; j'ignore s'ils viennent aussi bien en aide aux abolitionistes. Il y a eu de nouvelles expériences faites dans le grand-duché de Bade, dans les cantons de Fribourg et de Neuchâtel, en Roumanie, et aussi, je crois, en Portugal. On trouverait beaucoup de documents dans les Transactions de l'Association anglaise. Je citerai notamment, dans le volume consacré au Congrès de 382 1865 (Sheffield), un mémoire signé William Tallack, dont voici le titre : « The Practical Results of the total or partial Abolition of Capital Punishment in various countries. >> - La Chambre des Communes, dans sa séance du 12 juin dernier, a discuté sur la peine de mort. G. I. Un souvenir du siége et de la Commune, 1870-71 (X, 351). Quoi! le « père Valette » a fini comme cela!..... Qui s'en serait douté, avec sa chétive apparence et son ton doucereux, qui le faisaient plutôt considérer comme un béat et un confit?... Qui de nous, collectionneurs, curieux, amateurs, fureteurs, bah! lâchons le mot toqués... ne l'a connu? Le petit bâtiment qu'il habitait, au coin des rues Saint-Sulpice et Lobineau (remplacé, à présent, par une haute maison à 4 ou 5 étages), se composait d'un rez-de-chaussée et d'un premier mansardé, où la mère Valette et son chat régnaient despotiquement! Autant que mes souvenirs peuvent me servir, il me semble que la petite maison, faisant saillie à partir du 1er, était supportée par deux piliers. En remontant encore plus haut dans lesdits souvenirs, je crois qu'il y avait eu dans cette petite maison, sous Louis-Philippe, un poste de quelques hommes de la ligne, comme il y en avait à cette époque dans tous les quartiers de Paris. Quel assemblage, quel fouillis, quel capharnaum, que cette boutique de Valette! Et (comme dit très-bien notre collabo C. R.) quels prix fabuleux il donnait à ses bibelots! Oh oui! son Collectionneur nous a bien souvent fait soupirer et rêver, a excité bien des désirs inassouvis. Je parie que bien des confrères de l'Intermédiaire se rappelleront aussi ce petit bonhomme, toujours en paletot-sac noir râpé, coiffé d'un chapeau de feutre mou, et ses deux yeux brillants: le père Valette, comme on l'appelait. voyez, cher confrère C. R., que moi aussi je l'ai connu... Et j'avais ignoré le noir destin d'une tête si chère! A, NALIS, Trouvailles et Curiosités. Vous N° 219.] L'INTERMÉDIAIRE DES CHERCHEURS ET CURIEUX. 383 - ne désirerait pas voir le roi Louis-Philippe? | Yes! répond-il.- Eh bien! si vous voulez me donner cinq francs, vous allez le voir à cette fenêtre. Very well! voici les cinq francs. Notre homme fait signe à d'autres hommes qui étaient dispersés çà et là; on se rapproche, on se groupe, on pousse des cris, des hourras : Le Roi! le Roi! Bientôt une fenêtre s'ouvre, le roi paraît et remercie avec effusion cette foule enthousiaste. Le chef de claque revient à mon Anglais, et lui tient à peu près ce langage: Vous voyez, mylord, que je ne vous ai pas trompé. Voudriez-vous à présent voir Lafayette avec le Roi? -Comment? vous pouvoir?...- Oui, mylord, garanti, mais c'est 25 francs. All right! voici les 25 francs. Même jeu de scène, nouvelles et plus bruyantes acclamations: Vive le Roi! Vive Lafayette! — La fenêtre se rouvre, le roi reparaît, amenant par la main le brave genéral. Mylord, êtesvous satisfait? va dire l'impresario en plein vent à mon Anglais. Et maintenant, plairaitil à Votre Seigneurie de voir le roi embrasser le géneral? Ah! mais, pour lors, ce serait 50 fr.! Prenez. Vous êtes donc bien sûr?... Oh! ce ne sera pas long, et vous allez en avoir pour votre argent. En effet, sur un nouveau signe, la manœuvre recommence : l'enthousiasme se propage, un tas de badauds donnent dans le panneau, et forment un chœur formidable. Pour la troisième fois, on voit se rouvrir la croisée, le roi s'avancer, entraînant le bon géneral « au balcon », et donner l'accolade à « son cher camarade. »> O coulisses de l'histoire !.. Mon Anglais, en me racontant cela, bien des années après, trouvait qu'il n'avait pas trop payé cette triple exhibition d'un monarque constitutionnel à ses debuts. Moi je pense que nous avons fini par payer trop cher toute cette triste bouffonnerie des marionnettes politiques de 1830! S. D. Petite réclame d'un Grand-Prix de l'Institut.-On sait, ou l'on ne sait pas, combien d'augustes effigies et d'illustres symboles ont, depuis trois quarts de siècle, encombré les greniers des prefectures, sous-préfectures et mairies, où on les relègue chaque fois « qu'a changé le gouvernement ». C'est, hélas! le gagne-pain de certains artistes! Voici une curieuse réclame d'un de ces fournisseurs de monarques officiels en plâtre, marbre ou bronze, au plus juste prix, dans le bon temps: Paris, 24 novembre 1824. Monsieur, j'ai eu l'honneur de vous adresser des lettres relatives au buste de Sa Majesté Charles X, dont je suis l'auteur. Vous avez pu voir, dans tous les journaux, que j'ai eu l'honneur de présenter au Roi lé buste de Sa Majesté que j'avais fait d'après nature. 384 [25 juin 1877. Vous avez pu voir également, et à plusieurs dates, dans le Moniteur et les journaux, lors des inaugurations qui en sont faites journellement, le récit que l'on faisait de ce buste, qui d'ailleurs a été préféré et dans lequel le Roi a daigné me dire qu'il se reconnaissait. J'ai l'honneur de vous prévenir qu'il n'y a que deux bustes d'après le Roi : celui de Bosio, qui est Monsieur, en garde national, fait il y a plusieurs années, et le mien qui est le Roi, fait depuis l'avénement de Sa Majesté, en grand costume royal et revêtu de tous les insignes de la Royauté. Ce buste orne déjà beaucoup de Palais, de Cours royales, de Préfectures, Sous-Préfectures, Mairies, Tribunaux, etc., et un grand nombre de maisons particulières : Le Nombre de la Bête et la Bête du Nombre. Mon journal (c est le Soleil) m'apporte une jolie anuthese, ou antiphrase, que M. Gambetta a placée dans son discours du 16 juin. En parlant du Suffrage universel, qu'il reconnaît être un obstacle à tous les bons desseins que l'on peut avoir, il a dit : « Il faudrait dompter cette bête du nombre, et elle résiste! » Ce mot anti-apocalyptique (la « bête du nombre » opposée au « nombre de la bête ») est vraiment ben trovato. Victor Hugo a dû applaudir ou rugir de jalousie, s'il était là, dans l'antre des Sénateurs. M. B. Le gérant, Fischbacher. Paris. Typ. de Ch. Noblet, 13, rue Cujas.—5234. L'Intermédiaire DES CHERCHEURS ET CURIEUX (CORRESPONDANCE littéraire, NOTES and QUERIES français.) 385 Premier... et dernier Paris. 10 juillet 1877. Il faut pourtant que l'Intermédiaire, puisqu'on le lui demande, fasse, une fois pour toutes, sa petite profession de foi... politique. La politique! Пly touche contre son gré et le moins qu'il peut, mais où ne se fourre-t-elle pas, la diablesse, surtout par le temps qui court? Hélas! ce n'est pas l'Intermédiaire, c'est« George Dandin qui l'a voulu ! » Quant à l'Intermédiaire, la politique et les politiques lui donnent des nausées, comme celles dont il a joui incessamment en 1870-71, pendant la Guerre et la Commune, de glorieuse mémoire! N'en a-t-on donc pas eu, bon Dieu, assez comme cela?... Il n'en dira pas moins carrément son opinion à ceux de ses amis qui l'en prient et à ceux qui ne l'en prient pas. Il croit que notre pauvre pays eût plus ou moins bien fait de garder chacun des gouvernements qu'il a eus à subir successivement; car, pour le profit, le plaisir et l'honneur qu'il en a tirés, ce n'était peut-être pas, ainsi que dit l'autre, la peine d'en changer. Mais, à dire vrai, est-ce donc sa faute, s'il a plu à Messers Charles X, Louis-Philippe et Napoléon III de se suicider, et de l'abandonner, lui, généreusement dans le joli gâchis fait par eux?... L'origine de tous nos gouvernements a été plus ou moins entachée de baïonnettes étrangères, de ruses et de violences coupables, et aucun de ses chefs ne pouvait même se targuer d'être « un soldat heureux »>! Toutefois, il eût mieux valu, chaque fois, garder et améliorer le fait accompli, si possible. Un statu quo patient... et progressif n'est-il pas préférable à des secousses périodiques? L'Angleterre en est là: elle marche sans soubresauts, sans révolutions. Mais, que voulez-vous? chez nous ce sont les Messers George Dandin qui se sont chargés chaque fois de démontrer leur incapacité, en faisant une culbute du haut de la corde roide, tendue par eux-mêmes jusques à casser! Il en est résulté un grand trouble dans tout le personnel politique de ce pauvre pays. Il lui faut aujourd'hui compter (soit dit sans offenser personne!) avec les « décavés » de tous les régimes: ceux de la Restauration, ceux du règne de Juillet, ceux de la République de 1848, ceux du second Empire, etc. On a affaire à des opinions toujours plus ou moins respectables, si elles sont sincères,-mais surtout à des intérêts, toujours plus ou moins intraitables quand on ne peut les réconcilier. De là, grosses difficultés, irritations excessives, pouvant aller, selon la théorie de Broussais, jusques à la folie! Il faut donc beaucoup de modération, de support mutuel et de patience, en attendant un jour Deux lettres autographes de Molière. Je suis Gaulois, je m'en flatte! et j'aime les Gaulois et la gauloiserie, mais, le Gaulois journal m'est suspect, surtout quand il m'annonce (27 juin) que « M. Hu«man, bibliophile de Paris, vient de dé« couvrir, dans un bouquin acheté 1 5 cent. « (les Consolations? de Boëce), DEUX LETTRES DE MOLIÈRE à La Fontaine, relatives, <«<l'une aux Femmes Savantes, l'autre à « l'Avare». La fortune aurait été par trop généreuse envers M. Human! J'ai peur que ce ne soit une fausse joie, et, là aussi, la joie fait peur!... Oh! ne fût-ce que par humanité, puisse notre bon et doux Intermédiaire intercéder pour nous et nous faire savoir la vraie vérité ! B. B. P. S. On m'assure que c'est le ministère du 18 mai qui a inventé une fausse 387 nouvelle dans un intérêt purement électoral. Au fait, « tout arrive en France » et le vrai peut quelquefois... Il ne faut jurer de rien, dans un pays où l'on joue avec le feu, et l'on va gaiement au-devant des révolutions de l'avenir. B. B. Les épigrammes de Carlencas. - On lit, dans les Historiettes de Tallemant des Réaux (chap. C.D.LXXXII, intitulé: Suite des naifvetez, bons mots, réparties, contes pour rire, à la p. 523 dut. VII de l'édition Paulin Paris): «Carlincas, languedochien, qui a fait de si jolies épigrammes, et qui est mort capitaine en Hollande, vint à Paris sans un sou, trouver son aisné qui estoit soldat aux gardes. Hé! luy dit l'aisné, que viens-tu faire icy? J'ay bien de la peine à vivre, je tire le diable par la queue, et tu me viens encore tomber sur les bras. Est-il possible, dit Carlincas en pleurant, qu'un garçon qui n'a que dix-huit ans, et..... [ceci est un peu par trop gaulois] ne trouve pas à gaigner sa vie dans une ville comme Paris! » Le savant commentateur des Historiettes dit à ce sujet (p. 544): «J'avoue avec quelque confusion que je n'ai pas trouvé ailleurs la trace des vers de ce galant homme; d'autres seront, et sans doute aisément, plus habiles. Il se nommoit François Juvenel de Carlencas, de la maison des Ursins, fils de Félix Juvenel et de Jeanne de Vaissiere-Carlencas. Il fut tué au siége de Namur. Son frère, Henry Juvenel, d'abord mousquetaire, puis capitaine au régiment de la marine, mourut jeune encore, en 1681. Henry eut pour fils Félix Juvenel de Carlencas, érudit, l'un des membres les plus distingués de l'Académie de Marseille, mort en 1760.» J'ai vainement cherché moi aussi les épigrammes si jolies du capitaine Carlencas, et je viens répéter, près de vingt ans après M. P. Paris: D'autres seront, et sans doute aisément, plus habiles... me contentant d'ajouter : « surtout parmi les lecteurs de l'Intermédiaire. » T. DE L. 388 (horresco referens!)... Mais les malheureux qui ont rédigé ce scandaleux article, ce blasphématoire article, n'ont donc jamais goûté l'alose chantée par Ausone, cette alose qui ressemble à la sardine, absolument comme des truffes ressemblent à des pommes de terre, ou comme les suaves sonnets de Pétrarque ressemblent à ceux de M.....! Quelqu'un pourrait-il me dire si, dans la nouvelle édition qui va paraître du Dictionnaire de l'Académie, est maintenu l'abominable rapprochement contre lequel s'élève toute l'indignation de IGNOTUS. Change. - Quelle est la signification précise de ce mot, que je trouve dans un inventaire du Trésor dé l'Eglise de Lyon au XVe siècle ? << Item unum change cum suo amictu << stola et manipulo de panno viridi; item « unum change de tele lini cum suis aua rifresiis auri batu in pectore retro et ante «<et in manibus >>... L'explication donnée par Ducange (Glossarium) n'est pas assez précise. L'un des savants ecclésiastiques, collaborateurs émérites de l'Intermédiaire, m'accordera peutêtre une réponse claire et nette dont je le remercie d'avance chaleureusement. V. DE V. 389 31 390 occasion ils se montrent si effroyablement soucieux? D'où leur vient aujourd'hui ce noir pressenti- Ces dix beaux messieurs sont-ils d'Es- Dix Jésuites en eau-forte. Mé serat-il permis de renouveler une question d'art et d'histoire, déjà posée par moi, il y a douze ans (oui, douze ans! II, 137) et qui, chose singulière, n'a pas obtenu de solution. Est-ce impuissance à répondre ou conspiration du silence?... J'aime mieux croire que, si vous voulez bien reproduire derechef ma demande, avec le fac-simileti réduit, qui l'accompagnaient, et que vous trouverez ci-joint, elle rencontrera enfin un éclaireur parmi les vétérans fidèles ou les nouvelles recrues de l'Intermédiaire. Il s'agit simplement de savoir de qui est donc l'eau-forte (H. 20 c. L. 10) qui représente ces dix Jésuites en conciliabule, et à quelle P. S. Pardon encoré pour le vers impoli mal ponctué de ce coquin de Juvénal! La virgule est de trop. Le latin, dans son humide hyperbole, n'avait pas prévu ni autorisé un pareil excès d'honneur ou d'indignité, — à moins que ce ne soit là une virgule «< maculatoire » de position (X, 101, 182, 209, 300)!!... A. M. Existe-t-il des carrières anciennes sur la rive droite de la Seine ?- J'ai ouï dire, en 1828, qu'on avait constaté l'existence d'immenses souterrains, ou carrières abandonnées, dans le terrain où était construit l'Hôtel des Fermes, situé rue du Bouloi. Les agents voyers de la Ville seraient des cendus dans ces souterrains, les auraient visités sur une certaine étendue, et auraient acquis la certitude qu'ils se prolongeaient du côté de la rivière. Mais les propriétaires de l'immeuble obtinrent que ces souterrains seraient fermés sans y laisser aucune issue. On disait même alors qu'ils avaient dû communiquer avec le vieux Louvre. Qu'en disent aujourd'hui les archéologues parisiens? X. I. La légende du cimetière Pigale. - Dans mon enfance, je demeurais dans un hôtel de fermier général, bâti entre les rues Pigale et La Rochefoucauld. Il y a de cela soixante ans sonnés, s'il vous plaît. La rue Notre-Dame de Lorette traverse le jardin de cet hôtel, pour aboutir à la rue Pigale. Je me rappelle que, sur le côté gauche de la rue Pigale, un peu au-dessus de la pointe que formait l'extrémité du jardin de mon hôtel, on voyait une enceinte fermée de vieux murs, avec une porte délabrée |