certain que celle de 1862 doit être plus complète et rétablir les textes que les précédentes éditions avaient altérés par décence. Et c'est une belle chose que cette décence... pour les libraires! Grâce à elle, voilà que, pour avoir vraiment un livre, il faut l'acheter trois fois! Mais elle s'humanise et permet, en 1862, ce qu'elle défendait encore en 1840, où déjà elle avait permis ce qu'elle avait défendu en 1834. (La marquise de Rambouillet s'appelait donc aussi Rozelinde, et ne se contentait pas de cet illustre nom d'Arthénice (anagramme de Catherine), que Malherbe réclamait la gloire d'avoir trouvé, et que Fléchier devait introduire dans son oraison funèbre? O. D. - Vie de Bayard (X, 262). Jusqu'à ce jour on ne connaissait que deux anciennes biographies du Chevalier sans peur et sans reproche; l'une intitulée : « Les Gestes, ensemble la vie du preulx chevalier Bayard », par Simphorien Champier; et l'autre « La très-joyeuse, plaisante et recreative histoire, composée par le Loyal Serviteur, des faitz, gestes, triumphes et promesses du Bon Chevalier sans paour et sans reproche, le gentil seigneur de Bayart, etc. >> Le nom de l'auteur qui s'est caché sous le pseudonyme du Loyal Serviteur est demeuré jusqu'ici inconnu. Le P. Lelong prétend que cet écrivain était secrétaire de Bayart; l'abbé Ladvocat le nomme Jacde Mailles, et Gilles Corrozet l'apques pelle De Meun. Le regretté M. de Terrehasse, dans la dernière édition de son Histoire du seigneur de Bayart, dit que, si l'on s'en rapporte à une note d'une vieille écriture, apposée sur le titre d'un exemplaire de l'édition originale de l'histoire de Bayart, le Loyal Serviteur serait un gentilhomme du Graisivaudan, nommé Jacques de Mailles. L'exemplaire ainsi annoté pourrait bien être le même que celui décrit dans l'ancien Catalogue de la Bibliothèque Mazarine. 402 Adrienne Lecouvreur vint à Strasbourg deux ou trois ans avant ses débuts à la Comédie française, et fit dans cette ville partie de la troupe de maître Jean Guignol, qui a exploité la scène strasbourgeoise, avec les comédiens de S. A. S. le duc de Lorraine, de 1709 à 1723. Elle devint la maîtresse de M. de Klinglin (François-Joseph), qui succéda, en 1725, à son père dans la charge de prêteur royal. Ce M. de Klinglin était alors célibataire; il ne se maria qu'en 1718, un an environ après le retour de l'illustre actrice à Paris. C'est le même qui se signala beaucoup plus tard par son faste et ses dilapidations dans l'exercice de ses fonctions. Pour répondre à la question posée par A. D. (X, 343), j'ajouterai que Barbier raconte ainsi les circonstances de la mort d'Adrienne Lecouvreur : « Il y a << 3 ou 4 mois qu'on conte une histoire « dans Paris, qu'un abbé (Bouret) avoit écrit « à la Lecouvreur qu'il étoit chargé de l'empoisonner et que la pitié lui faisoit donner « cet avertissement. Les uns ont dit que « c'étoit avec un bouquet, les autres que << c'étoient des biscuits. On réveille à pré<< sent cette histoire, et l'on ne soupçonne « pas moins que Mme la duchesse de B... « (Bouillon), fille du prince de Sobieski, « qui est folle de Tribou, acteur de l'O« péra, quoiqu'elle ait pour amant M. le « comte de C... (Clermont), mais il faut « qu'il souffre cela. On dit que Tribou ai« moit beaucoup la Lecouvreur, et que « voilà la querelle. Ce fait une jolie scène. »> UN LISEUR. · Remerciements au collabo H. L. P. de B. Ce 109 de la rue de Bourgogne m'inquiétait, par la bonne raison que je végète en province, et que, vérifiant par habitude tout ce qui m'arrive... de ci, de là, j'avais eu le tort de ne pas songer au contrôle possible par le Bottin. Le fait est acquis c'est le 51 de la rue de Bourgogne qui sera près du 115 de la rue de Grenelle; mais M. H. L. P. de B. voudra bien reconnaître qu'en disant que cette inhumation d'Adrienne avait occupé les chercheurs de l'Intermédiaire, je renvoyais les curieux à notre tome VII, 65, et mieux encore à VI, 448?— On y trouve un extrait caractéristique du livre de M. J. Bonnassies, que l'on promettait alors pour 1870. H. DE S. Je me hâte de me reconnaître coupable d'un oubli, d'autant plus impardonnable que je suis un ami de la première heure, à propos de ma réponse-question (X, 143). Le fait de l'empoisonnement de la grande actrice, ainsi que celui de sa mort et de son inhumation, ont été traités et même résolus, III, 325, 414; VI, 448, et VII, 65. Nouvelle preuve qu'avant de poser une question, il est indispensable 403 de consulter non-seulement les ouvrages que tout chercheur-curieux doit posséder, mais encore et surtout notre Intermédiaire qui a réuni déjà tant de renseignements dans son utile et modeste carrière. A. D. Travailler pour le roi de Prusse (X, 319, 348). O. D. aurait trouvé sur ce proverbe, dans l'ouvrage souvent cité de Ch. Rozan, des indications très-détaillées et préférables à celles extraites du Magasin pittoresque, quoique les deux recueils soient d'accord pour en attribuer l'origine à l'avarice dé Frédéric le Grand. D'autres, et je suis du nombre, la font remonter plus haut, c'est-à-dire à son prédécesseur, le gros Frédéric-Guillaume Ler, d'après ce passage de Voltaire : « C'était un véritable Vandale qui, dans tout son règne, ne songea qu'à amasser de l'argent; jamais sujets ne furent plus pauvres que les siens. Il avait acheté à vil prix une partie des terres de la noblesse, laquelle avait mangé bien vite le peu d'argent qu'elle en avait tiré, et la moitié de cet argent était rentrée encore dans les coffres du roi par les impôts sur la consommation. Toutes les terres royales étaient affermées à des receveurs qui étaient en Imême temps exécuteurs et juges, de façon que, quand un cultivateur n'avait pas payé au fermier à jour nommé, ce fermier prenait son habit de juge et condamnait le délinquant au double. Il faut observer que, quand ce même juge ne payait pas le roi le dernier du mois, il était lui-même taxé au double le 1er du mois suivant. >> Au père et au fils de se disputer l'honneur d'avoir donné naissance à ce proverbe! A. D. Au mois d'Avril (X, 321, 369). — Cedicton est usité aussi dans les Bouches-duRhône, l'Hérault, le Lot-et-Garonne et le Vaucluse. Au mois d'Avril, Ne t'allége pas d'un fil. Au mois de Mai, Fais comme il te plaît. La variante du dernier vers, quoique légère, laisse cependant entrevoir que le mois de Mai peut ne pas être clément. Quant à ceux qui tiennent les dictons agricoles pour parole d'évangile, ils ne sauraient assez demander, chaque année, un joli mois de Mai semblable au dernier. En voici les raisons : En Mai froid, élargis ton grenier. Mai pluvieux rend le laboureur heureux! Le mois de Mai a trente et un jours: quand il en pleuvrait trente, personne n'en souffrirait. (Basses-Alpes.) 404 Boue en Mai,-épis en Août. (Ain, Gers, Nièvre.) Pluie en Mai -vaut chariot de roy. (Nièvre.) Quand il tonne en Mai les vaches ont du lait. (Haute-Saône.) Mai froid et Juin chaud - remplissent le grenier jusqu'en haut. (Ille-et-Vilaine.) Frais Mai, chaud Juin, amènent pain et vin. (Ardennes, Calvados, Oise, Eure, Manche, Haute-Loire et Seine-et-Oise.) Nous avons eu, en Mai dernier, le froid, le tonnerre, la pluie, et en Juin la chaleur, le tout en abondance. Très-chers Intermédiairistes, réjouissez-vous, les dictons sont les échos de l'expérience, a dit Bernardin de Saint-Pierre. UN LISEUR. << Villageois » dans Shakespeare (X, 321, 371). Ce n'est pas le mot « Villageois » qui se trouve dans l'édition originale de 1623. On y lit « Villiago », ou « Viliaco »>, c'est-à-dire l'italien Vigliacco, lâche, poltron, dérivé du latin Vilis, vil, bas, et bien distinct de « Villico », i.-e. villicus, rustique, villageois. Selon Schlegel et Tieck, les traductions modernes, que j'avais sous les yeux (celle de Bodenstedt, en allemand, et de Hagberg, en suédois), ont adopté le texte altéré : « Villageois ». (Oxford.) H. K. Pain bénit (X, 321, 370). Dans cette discussion entre béni et bénit, il faut faire aussi la part des coquilles et des nécessités de la versification. D'après la distinction établie, il est clair qu'en appliquant cette épithète à la pierre philosophale, il fallait écrire bénie. Et pourtant Molière ne s'est pas fait scrupule, pour gagner un pied, de dire: Vous avez fait, monsieur, cette bénite pierre, Qui peut seule enrichir tous les rois de la terre. O. D. Notre co-abo nous fait savoir qu'il écrit et prononce pain béni, mais il néglige de nous apprendre s'il prononce également eau bénie. Je ne croirais jamais cela de lui, qu'il me permette de l'en avertir. Le fameux distinguo de maître Thomas Diafoirus est ici de mise. Les Arbres de liberté de 1848 furent arrosés avec de l'eau bénite ils n'en crevèrent pas moins (peutêtre d'autant mieux!), tandis que si l'on s'en fût tenu à l'eau bénie, et qu'on les en eût aspergés abondamment, lesdits peupliers (arbres du peuple) se porteraient encore comme des charmes, à l'heure qu'il est. On voit la nuance, n'est-il pas vrai? Sur ce, je signe et je me signe (comme on dit au Théâtre-Français), mais tout simplement avec de l'eau bénie. JACQUES D. 405 Le collabo H. T. ne prend-il pas ici Pierre-Jacques Brillon (dont la question est un texte cité et guillemetté à dessein) pour un co-collabo, vivant en chair et en os?.. Ce brave contemporain et émule (!) de La Bruyère, estant trépassé le 29 juillet 1736, fut bien et dûment enterré le lendemain, et j'ai tout lieu de croire que, depuis lors, requiescit in pace, expectans Judicium ultimum et Vitam æternam. H. I. Le co-co-abo Jacques D. semble avoir fait fait la même méprise. Il y a eu faute de correction en première, car la copie de notre excellent collabo (en chair et en os) portait bien P.-J. BRILLON. » avec des guillemets, [Réd.] qu'on a omis. Sainte-Menehould (X, 323, 374). — En remerciant l'auteur de la réponse à ma question, je lui ferai quelques observations. La pièce que j'ai citée, et qui est signée P. M. J. M. A., est bien de M.DCC.VI; de plus elle renferme cinq fois le nom de la ville, écrit Sainte-Manehould; ce n'est donc pas une faute d'impression. Je trouve la même orthographe, répétée deux fois, à la p. 361 du Quatriesme tome du Mercure François (Paris, 1617), et trois fois p. 362, au sujet de la prise de la ville par le sieur de Praslin. P. CLAUER. - Mal La maladie bavaroise (X, 324). Napolitain, mal Français et maladie Bavaroise, c'est tout un. La première expression est historique et savante; la seconde... galante; quant à la troisième, c'est tout simplement un horrible calembour, dont la seule excuse est de remonter à la gauloise époque de Rabelais et de Montaigne, où l'on ne s'effarouchait pas pour si peu! On connaît l'un des effets les plus certains des traitements internes au mercure, que (le premier, dit-on) appliqua à la guérison de ce mal le fameux alchimiste et médecin Paracelse (1493-1541), qui dira illa insanabilia corporis contagia mirificâ arte subtulit, comme porte l'inscription que j'ai jadis copiée sur sa tombe, dans l'église St-Sébastien de Salzbourg. Saliver, baver, Bavière, être en Bavière, avoir le mal de Bavière, la maladie bavaroise,... la filiation, je pense, n'a pas besoin d'être plus amplement démontrée. Mais voici autre chose: La coiffure mili. taire d'alors était le casque (sous ses diverses variantes), muni dans sa partie inférieure d'une mentonnière, destinée à protéger le menton et le cou, et qui se rattachait au hausse-col. Or, cet appendice s'appelle indifféremment mentonnière ou bavière. Ce détail de linguistique fournit, ce me semble, un aperçu effrayant de la quantité de préparations mercurielles absorbées par les armées du XVIe siècle, à moins d'admettre (ce qui n'a rien d'abso 406 lument impossible) que, dès avant l'expédition de Naples sous Charles VIII et l'importation du mal Français, les mentonnières des casques ne servissent également de... crachoirs. PEPH. P.-S. L'expression cracher au bacinet viendrait-elle de là? Mais par quelle voie? L'explication, prévue par la question, doit être la ponne. On lit dans un glossaire spécial, compris dans un Rabelais (édit. compacte de 1837): « Aller en Bavière passer par les grands remèdes, parce que le mercure fait baver. » Le même glossaire donne aussi : « Aller en Suède, suer la v.... >> O. D. Un Wurtembergeois, que je viens de consulter, proteste avec énergie contre toute assimilation avec le mal de Naples, au nom de la continence « bien connue >> des vertueux Germains. Il prétend que ce ne peut être qu'une allusion à l'habitude invétérée des Bavarois de se gorger de bière sans modération. A quoi se prête, ajoute-t-il, la vaste capacité de leur abdomen; mais cette opinion semble n'être que la manifestation de l'envie que portent les autres Allemands aux Bavarois, si bien partagés pour la bière. G. G. Procès du général Moreau (X, 326, 377). Peut-être ne lira-t-on pas sans intérêt, sur le procès de Moreau, les lignes suivantes tirées de mémoires inédits qui ont été écrits par un membre de ma famille : « Lès formes du jury furent abolies dans cette circonstance, et un tribunal spécial-c'està-dire des gens vendus au pouvoir fut constitué. J'assistai, un jour, à une séance, et ce fut avec une respectueuse compassion que je vis, un à un, défiler tous les prévenus. Mes yeux se fixèrent surtout sur Georges (Cadoudal), que je vois encore, la poitrine saillante, la tête haute, le corps robuste, les bras rejetés en arrière, bravant les bourreaux auxquels il était livré, et sur Moreau que j'avais appris à vénérer quand j'étais sous les drapeaux de l'émigration. Son air était calme et modeste, il ressemblait plus à un bon bourgeois paisible qu'à un illustre général. Il était vêtu d'un habit bleu et de culottes de nankin, et paraissait le troisième. A son aspect, il se fit dans les assistants un trépignement d'applaudissements et une bruyante manifestation d'intérêt, que les gendarmes eurent de la peine à comprimer. On voyait ensuite le duc de Rivière, qui est mort depuis, justement honoré de la confiance du roi, sinon pour ses grands moyens, du moins pour son dévouement à toute épreuve. Les frères Polignac, dont l'un, Jules, serait mort alors avec une réputation de courage... Le public nombreux, et de toutes les classes, qui assistait à ce procès, témoignait assez 407 d'intérêt aux accusés pour que la police s'en montrât inquiète, et des manifestations analogues avaient lieu aux différents théâtres de Paris. Je me souviens que j'étais un soir aux Français,et que quelques jeunes gens applaudirent à outrance des vers qui pouvaient s'appliquer au général Moreau, mais la police vint arrêter cet enthousiasme. J'entendis, à la séance dont je parlais tout à l'heure, Georges interpeller du nom de Tueroi le régicide Thuriot, chargé de soutenir l'accusation, et sa réponse à une question au moins fort sotte qui lui fut faite (Siles marques qui se trouvaient sur son poignard n'étaient pas d'origine anglaise): - «Tout ce que je puis vous dire (répliqua le chef des chouans), c'est que si mon poignard porte des marques, je ne l'ai pas fait contrôler en France! >> -- POGGIARIDO. Marcadet (X, 327). Cette rue de Paris doit peut-être son nom à Guillaume Marcadé, docteur en théologie, qui fit partie pendant une vingtaine d'années d'une congrégation de prêtres. Cette congrégation occupait, au XVIIe siècle, la partie du Mont-Valérien appelée le Calvaire. Elle avait obtenu des lettres patentes de Louis XIII, en 1633, et de Louis XIV, en juin 1650 (voir l'Hist. de la Ville de Paris de Félibien, t. II, p. 1472). UN LISEUR. La doctrine de l'amour libre et du mariage collectif (X, 317). Le 9 juin 1871, j'ai fait connaître à la « Société havraise d'Etudes » les théories et les pratiques des Perfectionnistes d'Oneida. J'avais alors à ma disposition le journal publié, par les Perfectionnistes eux-mêmes, sous ce titre: Oneida circular, a weekly journal of home, science and general intelligence, published by the Oneida and Wallingford Communities. Cette publication était arrivée, le 20 mars 1871, à son 1346e numéro, qui était le 12e du VIIIe volume. Je ne crois pas que ce journal ait cessé de paraître, et, comme les Perfectionnistes sont animés d'un ardent prosélytisme, je pense que M. V. se procurerait facilement des renseignements complets en écrivant à l'éditeur de l'Oneida circular, Oneida, New-York, United States. En cas de nonréussite, je communiquerais volontiers les notes qui me restent. La communauté d'Oneida est une des plus curieuses expériences de sociologie qu'on ait jamais faites, et mérite à plus d'un titre l'attention de ceux mêmes qui, comme le soussigné, sont radicalement opposés à ses doctrines. 408 tionn. histor. de Prosper Marchand, art. TORRENTINUS (HERMANNUS), t. II, col. 2: « Peu après la publication des deux premiers volumes du Lexicon universale, Chapuzeau les traduisit en français sous ce titre Bibliothèque universelle ou Abrégé méthodique de l'histoire et de la géographie ancienne et moderne, et cela se devoit imprimer à Genève en 4 vol. in-fol. Mais, soit que l'auteur s'y soit opposé pour conserver le débit de son ouvrage, soit que les libraires de Lion, pour soutenir celui de leur Moreri, aient réussi à le décrier, en publiant ce qu'on va lire dans le Journal des Savants (mars 1681, p. 78), soit pour quelque autre raison, ce projet n'a point eu d'exécution. Seulement une partie de cette traduction a été de quelque utilité et le reste n'a point encore été employé (Lettres de Bayle, p. 131 et 615). Marchand rapporte aussi que la nouv. édition du Lexicon universale de Hoffmann, publiée à Leyde en 1698, « donna lieu à un procès entre l'auteur et les héritiers de Widerhold (de Genève), qui l'accusaient hautement de fraude, et prétendaient qu'il n'avait pu vendre ses augmentations à des libraires étrangers, mais ce différend fut bientôt accommodé à sa satisfaction. » (Voir la Préface de Moreri de 1740, p. XII.) UN LISEUR. La peine de mort (X, 328, 381). — Un code pénal unique est à l'étude en Italie. Le désir connu du cabinet actuel est d'y faire prévaloir l'abolition. Une enquête a été faite. Sur 119 bourreaux, 84 se sont prononcés pour l'abolition, 35 contre. Dans les réponses de la magistrature, une faible majorité paraît s'être produite pour le maintien. Sur les quatre Cours de cassation, une seule, celle de Florence, est favorable à l'abolition. G. I. Sodome (X, 348). — A. Reader dit, en parlant de la ville maudite, qu'elle a été engloutie dans les eaux de la mer Rouge. Je ne puis laisser passer sans protestation cette erreur topographique (je ne dis pas typographique), moi qui, dans mon dernier voyage en Palestine, voyage entrepris dans le but de contrôler les assertions de M. de Vogüé, ai constaté et déterminé, de la manière la plus évidente, l'emplacement où fut Sodome sur les rives de la mer Morte. J'ai pu également m'assurer, par moi-même, de la longue persistance des mœurs infâmes de la vieille Sodome, chez les rares habitants de ces lieux désolés. Baron P. J. O. F. DE VORST. 409 sitôt après la réception du no 218 de notre Intermédiaire, et qui confirme encore surabondamment ce qui a été rapporté du prince de Polignac par M. Max. Du Camp, d'après Berryer. C'est dans un livre, aussi tout récemment paru, les Souvenirs d'un homme de lettres, par A. Jal (Paris, Techener, 1877), que j'ai trouvé, p. 56, le passage que voilà: « Le prince de Polignac était plein de bon vouloir contre la Révolution; mais sa pratique du gouvernement lui manquait tout à fait. Sincèrement religieux, il avait, dans son sommeil, des visions qui le réconfortaient: «Quand je suis fatigué, disait-il, je m'assoupis sur mon canapé; alors la Vierge m'apparaît, m'encourage, me conseille; je m'éveille, et je marche, fier de ne pas m'égarer. » Ceci n'est point une moquerie, une invention du libéralisme. La chose m'a été racontée sérieusement par un homme de beaucoup d'esprit, fort royaliste, mais fort éclairé, M.le duc de Fitz-James, que j'eus l'honneur de voir souvent, en 1831, chez Mme de Mirbel. » Et voilà nos faiseurs de coup d'Etat, nos grands restaurateurs de l'ordre social et moral !... I. M. Feu grisou (X, 353). - Le mot ne serait il pas corrompu? Valmont de Bomare n'écrit jamais grisou, mais bien brisou, brissou, et il nomme encore ce gaz: feu térou, feu grieux. Il me semble que brisou s'expliquerait aisément, comme venant de briser. Pour grieux, ce mot ne s'est-il pas dit jadis pour grec? Feu grieux serait alors synonyme de feu grégeois; et l'on aurait donné aux explosions des houillères un nom qui rappelait ce qu'on connaissait alors de plus terrible en fait d'explosions. Mais si je me trompe dans cette interprétation du mot grieux, il suffirait bien encore de celle qu'en donne un Dictionn. de la langue romane, de 1768: Griez, pesant, fâcheux, malheureux ». O. D. Littré: On a fait venir grisou de grec, ce serait, dit-on, une forme wallonne du feu grégeois; cette étymologie, qui peut être fortifiée par griou, grieux, autres appellations du grisou, est bien savante. On pensera plutôt que c'est un dérivé de gris, l'arrivée du grisou donnant une teinte grisâtre aux lumières. E.-G. P. De l'épitaphe d'Isaac de la Peyrere (X, 353). On la trouve dans le Menagiana (3e édit. publiée en 1715, 4 vol. pet. in-12). Une note, placée à la fin de la préface, dit qu'on a distingué les articles de M. de La Monnoie par les lettres (D. L.M.). Ces lettres suivent, en effet, l'épitaphe. On trouve aussi cette petite pièce dans le Dictionn. de Richelet (Paris, 1769), à l'article : Pré 410 Adamite. Consulter le Dictionn. de Bayle, qui renferme un fragment d'une lettre trèscurieuse sur Isaac de La Pereire, « le meilleur homme du monde, le plus doux et qui tranquillement croyoit fort peu de chose ». UN LISEUR. Offys et Eschaques (X, 353). Il me semble, sur le premier point, que ja traduction doit être celle-ci, ou à peu près: «Et d'abord deux petits Responsiers (livre liturgique contenant les Répons) avec les Of fices doubles; il manque quelques petits Offices (ou Offices simples?)». » se Le second passage «ad eschaques pourrait traduire ainsi : «Item, une vieille chape blanche, dorée en échiquier, avec son orfroi, fourrée (c.-à.-d. doublée) de cendal (il faut lire cendali et non condali) rouge ». On met souvent dans les anciens textes trop d'accents, mais par contre on n'en met quelquefois pas assez. Ici, comme il est fréquent dans les inventaires, il y a mélange de deux langues; ad eschaques serait mieux imprimé ad eschaquès, à échiquiers, c'est-à-dire échiquetés, comme on dit en blason et comme l'avait très-bien compris le questionneur. Les Cours de l'Echiquier, en Normandie et à Londres, devaient de même leur nom au plancher ou, pour mieux dire, au pavage de la salle où elles se tenaient, qui devait être en carreaux de deux couleurs comme les cases d'un échiquier ou d'un damier. On pourrait donner des exemples trop nombreux de ce qui devient incompréhensible ou faux par manque d'accent. J'en citerai un seul. Antoine de la Salle, dans son Jehan de Saintré, énumère les blasons de ceux qui vont avec lui faire une sorte de croisade, et il blasonne, entre autres, les armes bien connues de la famille des Mailly. L'édition Guichard imprime trois mailles parce qu'il n'y a d'accent ni dans les manuscrits ni dans les éditions gothiques du XVe siècle. Les mailles, sorte de petite monnaie, sont un mot français très-connu et par là très-compréhensible. Il est pourtant question de tout autre chose; il faut imprimer maillès, puisque les Mailly ont très-naturellement pour blason trois maillets, qui sont des armes parlantes. Ad eschaques ne se comprend pas; ad eschaquès fait comprendre que l'étoffe était à échiquiers, c'est-à-dire à carrés de deux couleurs. A. DE M. Ne peut-on voir dans ce mot: avec ornements en forme d'échiquier, ou portant un blason échiqueté, c'est-à-dire en forme d'échiquier? Les détails donnés par Littré, au mot échiqueté, me semblent favoriser cette conjecture. Si quelque prélat de Lyon avait des armes pareilles vers 1448, il me semble que la difficulté serait levée. E.-G. P. |