Quinqu'engroigne, tel est mon plaisir (X, 354).-Abel Hugo, France pittoresque (Département de l'Allier), nomme Quincangroigne la plus grosse tour du château de Bourbon-l'Archambault. O. D. Les sires de Bourbon possédèrent deux châteaux dans le Bourbonnais : celui de Moulins, dont une haute tour existe et domine la ville; il fut détruit par un incendie en 1755; celui de Bourbon-l'Archambault, près Moulins, dont il existe des ruines considérables. Il était bâti sur un rocher, dominant de trois côtés des précipices creusés par la Burge; il possédait vingt-quatre tours, dont deux surtout remarquables, appelées l'Admirale et la Quiquengroigne. La tradition rapporte cette désignation à la fermeté ou à l'obstination d'Anne de Bourbon - Beaujeu, qui aurait bravé, par l'érection de cette tour, les manifestations d'opposition de ses vassaux. On lui prête, comme à Anne de Bretagne, son homonyme, le propos: Qui qu'en grogne, ainsi sera: c'est mon plaisir! N'y a-t-il pas un roman de Victor Hugo, Quiquengrogne? Est-ce celle de Bretagne, est-ce celle du Bourbonnais ? CH. L. Christophe Colomb ou Brunelleschi? (X, 355.) M. Soyer, auteur de l'art. Brunelleschi (Biogr. Didot), lui attribue, en effet, cette anecdote, tout en admettant que Colomb ait pu la répéter. Mais ce petit problème semble bien plus naturel à Brunelleschi, à qui on disputait de pouvoir arriver à certaines conditions de stabilité dans ses constructions. O. D. - Il y a vingt ans que M. Edouard Fournier a, d'un mot, répondu à cette question, dans la première édition de l'Esprit dans l'histoire (Paris, 1857, p. 9), en renvoyant, pour la réfutation de la fable de l'oeuf de Christophe Colomb, à un livre de Navarette et à un article de Berger de Xivrey. Ne faudrait-il pas, douce obligation! que chacun des Intermédiairistes eût, sur sa table de travail, un exemplaire de l'Esprit dans l'histoire et un exemplaire de l'Esprit des autres? Combien de questions on s'épargnerait ainsi la peine de poser! Et, à ce propos, n'auronsnous pas bientôt une nouvelle édition, fort augmentée, — de chacun de ces deux 412 excellents recueils? Portés à 500 pages l'un et l'autre, ils seraient et mériteraient de rester le Vade-Mecum de tous les chercheurs et de tous les curieux. -- JACQUES DE MONTARDIF. Sans contester précisément que Christophe Colomb ait employé le stratagème bien connu pour faire tenir un œuf sur la pointe, il est certain qu'il a été devancé dans cet ingénieux moyen par l'architecte Brunelleschi (1357-1444) qui s'en est servi, d'après Vasari, en 1419, lors de la discussion des plans qu'il avait présentés à une assemblée d'architectes et d'ingénieurs, pour la construction de la coupole de la cathédrale de Florence, alors que la hardiesse et la nouveauté de ses projets faisaient douter à ses juges qu'il pût parvenir à les faire exécuter. A. D. Et Qui était M. Miton? (X, 355.) pourquoi ne serait-ce pas du joueur qu'aurait voulu parler Ségrais? Dès lors le jeu égalisait assez les conditions. Même La Bruyère s'en plaint aigrement, mais je ne me rappelle pas qui en a parlé à peu près en ces termes : « Rien n'égale les conditions comme le jeu; et si un laquais joue avec des princes et qu'il gagne, il sera payé tout comme s'il était prince lui-même. » Bussy-Rabutin parle d'un Miton dans une lettre datée de Paris, du 25 mars 1683: « Je sors de chez Miton, tout rempli des contes qu'on y a faits. Comme ils m'ont réjoui, je suis d'avis de vous en faire part. » Suivent six anecdotes; et M. L. Lalanne met en note : « Il était probablement de la famille de Seneville, car il y a eu un Mithon de Seneville, intendant de la marine à Toulon, qui mourut en 1737. » O. D. Dans une lettre au marquis de Trichâteau du 25 mars 1683, Bussy-Rabutin lui dit : « Je sors de chez Miton tout rem« pli des contes qu'on y a faits; comme ils « m'ont réjoui, je suis d'avis de vous en « faire part. » Et le caustique écrivain raconte plusieurs anecdotes concernant le marquis de Lassey, madame Pilon, le maréchal de Vivonne, le prince de Guéménée..., etc. L'éditeur, M. L. Lalanne, ajoute en note: « Il était probablement de la famille de Seneville, car il y eut un « Mithon de Seneville, intendant de la << marine à Toulon, qui mourut en 1737.» Il me paraît résulter, de cette citation, que M. Miton avait des relations dans la haute société. Peut-être n'est-ce pas le Miton demandé, mais c'est le seul que je puisse offrir à M. T. de L. A. D. -On lit au bas de la p. 15, t. II des Causeries d'un Curieux, à propos d'un mot cité par l'auteur, le renvoi suivant : « Voir << Bons mots de feu M. *** (Miton), t. III, « p. 485 du Recueil de pièces curieuses et ་ 413 « nouvelles tant en prose qu'en vers. La Haye, Adrien Moetjens, petit in-12, 1695. Ce Miton est le même qui avait été « mis en rapport avec Pascal par le cheva«<lier de Méré, et à qui Pascal, dans ses Pensées, adresse cette apostrophe : Le « moi est haïssable: vous, Miton, le cou« vrez, vous ne l'ôtez pas pour cela ; vous « êtes donc toujours haïssable (t. I, p. 197 « de l'édition Faugère; p. 80 de l'édition « Havet). Un journaliste démasqué par M. de Villemessant (X, 357). L'interrupteur le plus forcené de la Chambre aujourd'hui dissoute a été désigné plusieurs fois par les journaux de la dernière quinzaine de la façon que voici : « Le fils de celui que M. Guizot a appelé le roi des drôles. » Je ne saurais dire à quelle époque M. de Villemessant s'est trouvé en querelle avec l'ancien rédacteur en chef de l'Epoque : cela a pu se produire plus d'une fois. Ce qui paraît certain, c'est qu'à cette heure, M. Granier de Cassagnac père écrit régulièrement au Figaro, sous le pseudonyme de Mauprat. G. I. Monita secréta Societatis Jesu (X, 358). M. le Dr L. peut se rassurer: ce pamphlet ce n'est que cela n'est pas le code de la célèbre Société. Il fut composé, en 1612, par on ne sait encore trop qui. L'opinion la plus générale l'attribue à Jérôme Zahorowski, curé de Gozdziec, qui, en 1611, avait été renvoyé de la Compagnie. Des auteurs, peu favorables aux Jésuites, ont suspecté l'authenticité des Monita. Antoine Arnauld, les Nouvelles ecclésiastiques, Barbier, se rencontrent dans la même appréciation. Il y a quelques mois, dans le procès intenté par le supérieur de l'Ecole Sainte-Geneviève à certains jour naux, on a reparlé des Monita. Le R. P. Du Lac s'est exprimé à leur égard d'une manière si explicite, que tout homme de bonne foi doit laisser à des adversaires sans vergogne l'emploi d'une pareille arme. D'ailleurs, je pourrais... mais ma parole suffira, je l'espère, à mon confrère en l'Intermédiaire. PIERRE CLAUER. 414 L'Aurore d'un beau jour (X, 359). E. T. N. n'a pas reconnu Noël Parfait, poëte dramatique et satirique, décoré de juillet, depuis homme politique. L'Aurore d'un beau jour, eut son « mauvais jour, car le 13 septembre 1833, sa destruction fut ordonnée, par arrêt de la cour d'assises de la Seine, pour offense envers la personne du roi, excitation au mépris et à la haine du gouvernement. L'auteur obtint deux ans de prison et 500 fr. d'amende. H. DE L'ISLE. L'auteur de ce poëme n'est autre que M. Noël Parfait, aujourd'hui, - pardon! hier, et demain, député de Chartres, et secrétaire général, depuis près de vingt ans, de la maison Michel-Lévy. L'Aurore d'un beau jour valut à son auteur, alors âgé de vingt ans, une condamnation en cour d'assises à deux ans de prison. Quant au degré de rareté de cet opuscule, il est difficile à préciser. Cette pièce rentre dans la grande catégorie de celles qu'on ne trouve jamais quand on les cherche, et qu'on rencontre pour quelques sous au moment où on y pense le moins. G. I. Ce poëme révolutionnaire est assez rare, les exemplaires ayant été saisis et supprimés par arrêt de la cour d'assises de la Seine, du 13 sept. 1833, qui a en outre condamné l'auteur, Noël Parfait, à deux ans de prison et 500 francs, pour offenses envers la personne du roi, et excitation à la haine et au mépris du gouvernement. M. Noël Parfait, auteur des satires politiques intitulées Philippiques, est né à Chartres en 1813, et fut longtemps le collaborateur de Théophile Gautier au journal la Presse. - En 1848, il fut élu représentant du peuple dans le département d'Eure-etLoir. Expulsé du territoire en 1852, il rentra en France en 1859 et collabora au Siècle. Elu député aux éléctions du 8 fév. 1871, il fut réélu le 21 fév. 1876; républicain des plus disciplinés, un ministériel presque ultra - en ces derniers temps. PAUL NIPONS. Trouvailles et Curiosités. Jacques Callot. Le 26 juin, grandes fêtes à Nancy, en Lorraine, pour inaugurer le monument élevé, par souscription, au plus illustre de ses enfants, à un grand artiste, poëte et moraliste le crayon à la main, à Jacques Callot! M. de Dumast, président du Comité, a eu l'honneur et la joie de faire la remise solennelle de la statue à la municipalité. La Société chorale AlsaceLorraine a exécuté une cantate, puis le maire de Nancy a, dans un discours excellent, remercié le Comité et les souscripteurs, le statuaire Laurent, l'auteur et les exécutants de la cantate, et aussi les N° 220.] L'INTERMÉDIAIRE DES CHERCHEURS ET CURIEUX. [10 juillet 1877. 415 Collectionneurs, ces chers Curieux et Chercheurs qui cultivent avec une ardeur jalouse la mémoire des grands artistes, qui la perpétuent dans leurs œuvres qu'ils recueillent, qu'ils conservent, qu'ils font valoir. Il a nommé MM. Meaume, Thiéry, Beaupré, Laprovote, Delasalle, Legay, Bretagne, Viener, qui avaient prêté leurs précieuses estampes et constitué une exposition unique, sans précédents, mettant au grand soleil de juin 1877 le grand poëte du burin de 1620. Je parierais qu'il y avait là, parmi ceux qui festoyaient ou qui étaient festoyés, plus d'un Intermédiairiste. Ces diables d'Intermédiairistes sont partout... et ne gâtent rien, tout au contraire! N. S. Le meunier de Sans-Souci. - Ce conte d'Andrieux, son chef-d'œuvre, que l'Intermédiaire vient de rappeler (X, 180) avec de justes éloges, est-il, au fond, un fait réel, ou l'histoire a-t-elle été inventée, ou du moins transposée par le poëte? Je trouve, en effet, dans Tallemant des Réaux, en général assez peu enthousiaste de Henri IV: «Il y a, à Fontainebleau, une grande marque de la bonté de ce prince. On voit, dans un des jardins, une maison qui avance dedans et y fait un coude. C'est qu'un particulier ne voulut jamais la lui vendre, quoiqu'il lui en voulût donner beaucoup plus qu'elle ne valait. Il ne vou lut point lui faire de violence. » Je suis surtout tenté de croire que c'est de ce trait de Henri IV que Florian a fait sa fable du Calife; car c'est le même sujet, et il est curieux de rapprocher cette fable du conte d'Andrieux. Jamais récits pareils ne se sont moins ressemblés, et s'il y a bien plus d'esprit dans Andrieux, il y a peutêtre plus de coeur dans Florian. Le Magasin pittoresque s'est occupé du château de Sans-Souci (1854, p. 361; 1869, p. 204, 217) et s'est posé à luimême ma question sans la résoudre catégoriquement. Il est évident toutefois qu'il regarde comme apocryphe l'anecdote attribuée à Frédéric; mais il nous apprend qu'un de ses successeurs a, pour l'accréditer, fait réparer un moulin du voisinage et en a assuré la possession à la famille du meunier. Ce roi de Prusse a dû s'inspirer de la fable de Florian: En voyant le palais, ils diront: Il fut grand; 416 me paraissaient avoir quelque valeur. Ces jours-ci je les examinai de plus près: ils sont de la moitié du XVIIe siècle. Le 1er est intitulé: Memoires servans à l'Histoire des anciens comtes de Chalon, par... (Je ne sais quel vandale a outrageusement raturé les mots qui suivent; sous cet enduit d'encre, j'ai fini par lire): de Chalon... Conseiller et aumonier du Roy. Ce manuscrit n'est pas complet; mais j'en ai un brouillon et une copie, copie beaucoup plus ample. Le brouillon est intitulé: Histoire genealogique des anciens comtes de Chalon sur Sone. ... Le 2o, de la même écriture, est recouvert d'une feuille de papier blanc, sur lequel sont écrits ces mots d'une autre main: « Ces trois cahiers sont le véritable commencement de la Bibliotheca personata. L'autheur ayant commencé de transcrire son manuscrit et de le mettre au net, mais il est demeuré à S. Athanasius, comme il est evident en conferant l'un avec l'autre. Faits et ecrits en 1667. » La première page porte au haut en titre : Bibliotheca personata, ceu Catalogus Librorum; cujuscumque Facuitatis, Eruditionis et Linguarum; Quorum Auctorum Nomina vel mutantur, vel invertuntur, vel falso supponuntur. Puis le nom de l'auteur, raturé comme plus haut. Nous voilà donc en présence du premier Dictionnaire des Anonymes et des Pseudonymes, puisque celui de Placcius. ne parut qu'en 1674. Mon manuscrit est complet, sauf, malheureusement, la lettre B, c'est le brouillon de tout l'ouvrage, et la copie de Abagarus à Athanasius. Les feuilles sont surchargées de fiches de papier collées à la marge, portant les noms des auteurs découverts depuis l'achèvement du brouillon, et placées selon l'ordre alphabétique. Eh bien! une de ces fiches a servi à me donner le nom de l'auteur de mes manuscrits. Celle qui porte le nom de Cornelius Europæus était le dos de l'enveloppe d'une lettre, dont l'adresse est ainsi conçue: Mr Jacob, conseiller et aumônier du Roy, chez Mr le Procureur général, rue près la croix du frouer, à Paris. D'autres fiches portaient au dos les noms de plusieurs auteurs de l'ordre des Carmes. J'avais la clef de l'énigme. La Biographie Didot, à l'article Jacob, cite les nombreux ouvrages, du bibliophile Jacob (Ier du nom), sa Bibliotheca Carmelitana, son Testament de Jean de Châlon (pièce que je possède aussi)..... Voilà l'histoire, trop longue peut-être, de mes manuscrits. Ces manuscrits sont-ils connus? Le gérant, FISCHBACHER. Paris. Imp. de Ch. Noblet, 13, rue Cujas. 5290. LEGENDO L'Intermédiaire DES CHERCHEURS ET CURIEUX (CORRESPONDANCE littéraire, NOTES and QUERIES français.) Dans les siècles futurs pourra-t-on bien le croire? Cette chose étonnante, c'est que la petite profession de foi politique de l'Intermédiaire (X, 385) n'a effarouché aucun de nos Intermédiairistes, voire même qu'elle semble avoir à peu près contenté tout le monde père. Il n'y a que notre petit Bonhomme pour faire de ces coups-la! >> et son On nous demande seulement un petit bout d'explication, très-facile à donner. «< N'avezvous donc pas, nous dit-on, de préférence pour telle ou telle forme de gouvernement, car là est toute la politique? Eh bien, non! -non, là n'est pas, pour nous, toute la politique, et, à l'inverse de la procédure, le fond ici, selon nous, emporte la fo-orme. Ce qui domine, c'est le self-government, le gouvernement réel du pays par le pays. On l'a en Suisse, avec une république; on peut l'avoir avec un roi, et même avec une reine, témoin messieurs les Anglais. Ce qui importe, monarchie constitutionnelle ou république, c'est que la majorité soit le gouvernement, c'est que les ressorts de la machine politique ne soient point faussés et que le pilote ne fasse pas « naviguer le char de l'Etat » sur un « volcan, » comme on l'a vu périodiquement avec tous nos malheureux Palinures, lesquels en sont quittes pour faire le plongeon, à l'instar de celui de l'Enéide, et gagner le large ! - sur Bref, sachons une bonne fois ce que nous voulons; procédons sagement, sincèrement, à l'élection d'une majorité constitutionnelle, qui ne soit pas formée d'une voix unique, tout pas de celle d'un monsieur H. Wallon! afin que la volonté manifeste de cette majorité, quelle qu'elle soit, impose à tous respect et obéissance. Là est le salut, et c'est la grâce qu'il faut nous souhaiter, N. T. C. F. Elle dépend de nous faisons-la-nous donc à nousmêmes, cette grâce, en nous rappelant certaine fable des Grenouilles qui demandent un Roi, et tenons-nous-en au Soliveau, de peur de la Grue. Notre morale est, ainsi qu'on l'a déjà vu, celle de Jupin répondant aux grenouillards, qui lui avaient demandé « un Roi qui se remue », et puis qui venaient se plaindre d'être gobés et croqués à plaisir : Que n'avez-vous premièrement L'I. DES C. ET C. 418 Questions. BELLES-LETTRES HISTOIRE PHILOLOGIE BEAUX-ARTS ARCHÉOLOGIE NUMISMATIQUE BIBLIOGRAPHIE - - EPIGRAPHIE-BIOGRAPHIE DIVERS. Langue carthaginoise. On a prétendu longtemps que cette langue était perdue depuis la chute de Carthage, mais on sait maintenant qu'elle était encore parlée sous les Empereurs (sans doute passée à l'état de patois). En effet, il devait exister à Carthage, comme à Rome, deux langues, la langue écrite et la langue parlée : la première a dû disparaître promptement, et la seconde aura survécu avec les modifications apportées par le temps. Il existe peu de documents de la langue carthaginoise, si ce n'est quelques inscriptions sur des pierres et sur des médailles, inscriptions qu'on n'a jamais pu déchiffrer convenablement. Le seul un peu important est le fameux passage de la pièce de Plaute, le Carthaginois. Dans cette comédie, Plaute fait tenir au vieil Hannon, en langue punique, un petit discours d'une quinzaine de lignes, sur lequel tous les savants se sont acharnés pour l'interpréter par le moyen des langues sémitiques, ou du basque, sans y réussir. Le général Wallancey (auteur de l'ouvrage Collectanea de rebus hibernicis), érudit très-distingué, mais celtomane enragé, appartenant à cette école qui, voyant du celtique partout, prétendait que c'était la langue primitive et qu'Adam et Eve avaient dû parler bas-breton dans le Paradis Terrestre; le général Wallan.cey, dis-je, a essayé l'interprétation de cette tirade, d'une façon assez singulière : au moyen de radicaux puisés dans les divers dialectes celtiques, il est arrivé à trouver des mots approchant du Carthaginois de Plaute, et, de ce jeu de patience, il a tiré un sens qui, bien probablement, est tout autre que celui du discours d'Han- L'idée d'employer le celtique à cette recherche était assez originale, car on ne voit pas ce que les Celtes avaient à faire avec Carthage, aucune de leurs migrations ne les ayant conduits dans le nord de l'Afrique, pour porter leur idiome aux non TOME X. - 14 419 sujets de Didon. - Le travail de ce savant a été publié en France dans une petite plaquette de 15 pages in-18, ayant pour titre : Comparaison de la langue punique et de la langue irlandaise, au moyen de la scène punique de la comédie de Plaute, intitulée le Carthaginois, par M. le colonel Wallancey. 1787. Sans nom d'imprimeur. Depuis lors, la question ne paraît pas avoir reçu la moindre solution, et l'on semble croire que la langue Punique est décidément perdue. Une langue ne disparaît jamais complétement (si ce n'est toutefois une langue secrète, réservée à une caste ou à une secte sacerdotale, et cachée avec soin au vulgaire); elle laisse toujours des traces dans la classe populaire qui habite les contrées où elle a été parlée, comme on le voit par les patois des divers pays. Bien certainement il doit rester une grande quantité de mots puniques dans les langues du nord de l'Afrique, principalement dans la Tunisie. A-t-on tenté de retrouver le Carthaginois, plus ou moins mâtiné, dans les nombreux dialectes de la langue Berbère ou Kabyle, depuis qu'il en a été publié des grammaires et des vocabulaires? Là seulement on pouvait arriver à quelque résultat. Z.A. Un distique latin du XVIe siècle. - Je trouve, écrit de la main d'un Allemand, sur la garde d'un volume qu'il possédait en 1562, ce distique non ponctué, et où le premier vers est plus que boiteux, évidemment par suite d'une mauvaise transcription: Rustica gens optima flens pessima gaudens Ungentem pungit pungentem Rusticus ungit. D'où viennent ces deux vers? A quoi peuvent-ils s'appliquer? Et, avant tout, comment convient-il de les ponctuer, lire et expliquer ? S. D. Avez-vous lu..... Habacuc?- M. SaintRené Taillandier écrit, dans la Revue des Deux Mondes du 1er juillet, à propos de la Correspondance d'Edgar Quinet: « ...Qui donc se soucie de Herder dans cette France de 1825? Herder y est encore moins connu que le prophète Habacuc. C'est Quinet lui-même qui, dans une lettre à sa mère, nous rappelle ainsi en souriant les éblouissements de La Fontaine. Avez-vous lu Habacuc? disait le Bonhomme. » Habacuc ou... Baruch? au fond, cela ne fait rien à l'affaire. Mais encore, le savant professeur de Sorbonne ne commet-il point ici quelque confusion, et la tradition ne nous montre-t-elle point le Bonhomme lisant Baruch (et non Habacuc) pendant l'office des Ténèbres, et s'en allant ensuite demander à tout venant : Avez-vous lu... Baruch? » ANNEMUNDUS. Un petit « ballinguyes ». — Je reproduis ici, en m'adressant aux nouveaux collaborateurs de l'Intermédiaire, que nous avons le bonheur de compter parmi nous, la question que j'adressai à notre cher petit journal en 1865 (II, 326), question qui, sans doute par erreur, a été signée E. Q. et à laquelle il n'a pas encore été répondu. - Une charte du 13 mai 1452 contient l'ordre, donné par les échevins et le lieutenant de la ville de Harfleur, au receveur de la ville, de payer à Roger de Vyteville 61 sols 6 deniers pour l'empraince et dommaige d'un petit « ballinguyes_». Qu'est-ce donc qu'un « ballinguyes? » Furetière, dans son Dictionnaire de la Langue française, La Curne de Ste-Palaye, dans son Dictionnaire historique de l'ancien langage françois (dont la publication a lieu en ce moment), Littré, enfin, ne peuvent m'éclairer. H. NALIS. Square et square. Ce mot anglais, qui veut dire carré, était appliqué par nos forme, généralement pourvues d'un jarvoisins aux places publiques ayant certe din occupant le milieu et entouré d'une grille. Nous avons pris le nom pour désigner nos jardins de ville, créés depuis quelques années. C'était déjà une extension passablement forcée. Mais comment expliquer qu'on donne le même nom à de vraies petites rues, n'ayant aucun rapport avec une place ni avec un jardin? Je prends pour exemples le square Clary et le square de Messine, au boulevard Haussmann. Où allons-nous avec ces absurdes confusions! S. D. Boire comme un Polonais. – Où trouvet-on pour la première fois cette comparaison flatteuse? Remonte-t-elle bien jusqu'au XVIe siècle? Montaigne, qui n'a pas manqué de nous montrer (Essais, liv. II, chap. II) les « Allemands noyez dans le vin, » n'a rien dit des libations polonaises, et Rabelais, si ma mémoire est bonne, n'en a pas parlé davantage. Nous boirons tous, n'est-ce pas ? à la santé de celui qui nous communiquera le plus ancien texte |