Trestionz, Tetir. « Unus nobilis Tres«<tionz, circumdatus et munitus intus et << extra preciosis lapidibus, infra quem est «< crux continens de ligno sancte Crucis. »> Ce trestionz est sans doute un coffret servant de reliquaire; le sens de la phrase citée indique cette acception, mais d'où vient ce mot de l'ancien idiome vulgaire, que je trouve pour la première fois dans l'inventaire du Trésor de l'Eglise de Lyon en 1448? C'est dans le même document que je lis: << Duo Tetir unacum tribus cusignetis «< cireceis. » Qu'est-ce qu'un Tetir? Rien dans les Dictionnaires. Mille remerciements aux savants collaborateurs qui ont si bien résolu (X,410) les questions que j'avais posées sur les mots Offyx et Eschaques. V. DE V. Fardistorium. « Quodam Fardisto<< rium diversis coloribus de panno albo in << medio circumdato de cindali rubeo et «< crosseaceo forato de cindali rubeo. »> Cet article est tiré d'un inventaire du Trésor de l'Eglise de Lyon, en 1448, et fait partie de la section des chasubles, tuniques, etc. Ce mot ne figure pas, comme tant d'autres, dans les Dictionnaires. Quid ? V. DE V. Inscriptions talismaniques. — J'ai vu, sur quatre bagues d'or du XIVe et du XVe siècle, l'inscription: Jesus autem transiens per medium illorum ibat ; je l'ai notée aussi sur des gantelets de la fin du XIVe siècle ; je pense qu'elle ne figure pas sur les épées. Cette inscription avait sans doute, au moyen âge, un sens talismanique. J'ai entendu suggérer que le mot transiens pouvait faire allusion à la transmutation des métaux. Pourrait-on citer, sur des bagues, sur des armes, armures, ou ailleurs, d'autres exemples de cette inscription, et en fixer le sens par des documents? Est-elle particulière à certains pays? Sur une des bagues que je viens de citer les mots Jesus autem transiens, etc., sont Les abeilles de Napoléon Ier. 1o Estce qu'il existe, imprimée au moment même, une relation quelconque, pleine et définitive, des raisons véritables qui ont amené le premier Napoléon à choisir les abeilles de Childéric, comme emblèmes de son pouvoir? 2o A l'époque de ce choix, en a-t-il été fait mention dans les journaux ou dans d'autres ouvrages imprimés? - L'Empereur a-t-il publié cela par décret, ou a-t-il tout nettement signifié de vive voix sa volonté à cet égard, sans en donner des raisons et sans débat avec ses ministres? H. P. A. (Boston, Massachusetts, U. S. A.) La maison de la Femme qu'a l'sac. Cette dénomination, en style d'habitué de l'Assommoir, s'applique à la maison qui porte le no 57 de la rue Turbigo. On voit, sur la façade, une sculpture très-légèrement travaillée, représentant de profil une Fortune qui tient une bourse. Cette figure n'occupe pas moins de quatre étages de la maison. Est-ce un caprice d'artiste, une fantaisie de propriétaire ? C'est ce qu'on pourrait savoir maintenant, et que plus tard il sera difficile de deviner. UN ANCIEN BOUQUINEUR. Lettres inédites de Mme d'Epinay. M. J. Ch. Brunet a fait paraître, en 1818, de concert avec M. Parison, son ami, une édition des Mémoires de Mme d'Epinay, publiés, ainsi que nous l'apprend l'Avertissement, sur le manuscrit acquis par M. Brunet, de Mme R..., fille d'un sieur Lecourt de Villière, qui prenait le titre d'ancien secrétaire de Grimm. Ces Mémoires sont suivis de diverses lettres de Mme d'Epinay à quelques-uns de ses amis, que M. Paul Boiteau n'a pas reproduites dans l'édition qu'il a donnée, en 1863, des Mémoires. Le manuscrit original, appartenant à M. Brunet, a passé dans la vente de ses autographes; il nous a été permis de le compulser et de constater que les lettres imprimées en 1818 n'y étaient pas 423 jointes. Parmi ces lettres, treize sont adressées à l'abbé Galiani, avec qui Mme d'Epinay eut, pendant plus de douze ans, un commerce épistolaire fort régulier. Quand même l'Avertissement des éditeurs ne nous eût pas appris qu'ils avaient fait «< un choix dans un grand nombre de lettres », il n'est pas douteux que ce choix ne représente pas la dixième partie de la correspondance de Mme d'Epinay. Je prépare depuis longtemps une édition, entin conforme aux textes autographes, des lettres de Galiani, et je voudrais y joindre les réponses de son amie. La vente de Brunet ne les renfermait pas, et il est probable qu'il s'en était défait à l'amiable depuis longtemps. Où sont ces brouillons (car les copies de ces lettres sont à Naples)? Je témoigne d'avance toute ma reconnaissance à celui qui pourra me mettre sur leur trace, et je lui en témoignerais une bien plus vive encore, si je pouvais retrouver le manuscrit d'une facétie intitulée la Bagarre, inspirée à Galiani par les accidents qui signalèrent, en mai 1770, la fête du mariage du Dauphin, et où il tournait en ridicule les théories des économistes, ses adversaires. Cette plaisanterie fut envoyée en France pour être imprimée. Il en est maintes fois question dans les lettres de Galiani et dans celles de Mme d'Epinay. Depuis, oncques n'en a-t-on entendu parler. CH. H. Le maréchal de Mac Mahon. - Le «<lion du jour », comme nous disons de l'autre côté de la Manche, c'est l'auteur du « grand acte encore problématique-du 16 mai»; c'est l'homme qui a joué de malheur en 1870, mais qui avait à son actif, outre sa chance heureuse de Magenta, deux belies et bonnes paroles et actions qui doivent y rester: 1o le mot et le fait de la tour Malakoff, en 1855 J'y suis, j'y resterai; 2o le discours, suivi d'un vote solitaire, contre certaine loi inqualifiable, présentée au Sénat de l'Empire, en 1858. On a voulu jeter des doutes sur la réalité de la bonne fortune qui, à Sedan, l'a exonéré des hontes du dernier quart d'heure de la capitulation; mais le général de Wimpfen, lui-même, n'a-t-il pas écrit ceci : « Appelé à prendre le commandement de l'armée à la bataille de Sedan, la blessure reçue par le maréchal de Mac Mahon l'ayant mis hors de cause... » (La Situation de la France, etc., par le gén. de W., Paris, 1873.) Le maréchal aurait donc dû, celá est incontestable, montrer, s'il l'avait pu, plus de haute capacité militaire dans le commandement en chef exercé par lui en 1870; mais on ne peut lui contester l'honorabilité des antécédents que j'ai rappelés. Ceci m'amène à poser les questions suivantes le maréchal Mac Mahon est-il d'origine écossaise ou irlandaise ? N'a-t-on pas imprimé, il y a quelques années, qu'il descendait des rois (lesquels?) de ce pays 424 (lequel?)? Depuis quand sa famille est-elle en France et naturalisée française? D'où est venue la particule de à ce nom étranger? H. W.-W. Halma, pseudonyme. Dans ses Mémoires (I, 192), Philarète Chasles dit : « Mon frère le musicien, pauvre chère âme, victime aussi de son temps, se laissa en effet débaptiser; il a vécu et il est mort sous le nom d'Halma, ce triste et brillant virtuose qui n'a pas laissé de traces. >> (Voir aussi p. 230: « un M. Halma, ou Chasleshalma, transformé en Chaselma ou Chaselama. ») A-t-il, au moins, laissé assez de traces pour qu'un lecteur puisse me donner sur ce nom quelques éclaircissements? BAR. -- Varia. Je connais, sous ce titre, deux volumes in-12, publies, l'un à Paris, chez Michel Lévy, juin 1861, et l'autre à Nancy, mai 1863. Pourrait-on me dire quels sont les auteurs des articles qu'ils contiennent? En a-t-il paru d'autres? S. D. « Werther », — traduit de l'allemand (de Goethe), sur la nouvelle édit. A Basle, de l'imprimerie de J. Decker, 1801, 2 vol. in-18.« Les bibliographes, dit Quérard, Fr. Litt., t. III, p. 395, s'accordent à citer une traduction de Werther par Dejaure : c'est vraisemblablement celle-ci. » — Quérard se trompe comme il en appert par le premier titre de cette édition, lequel a disparu de la plupart des exemplaires : « Werther, traduction nouvelle de l'allemand, par Hte de Salse. A Basle, de l'imprimerie de J. Decker, 1800. Aux verso des faux titres (des deux titres), on lit : « A Paris, chez Ch. Pougens. » — Hte de Salse est-il connu? H. DE L'ISLE. Réponses. Les bonnes coquilles typographiques (II, 321; III, 320; IV, 137, etc.). — Ah! pour bonne, celle-ci l'est bien, et il ne s'agit que d'allonger les doigts pour la cueillir sur le frais espalier de notre propre Intermédiaire, où elle s'étale impudemment à tous les yeux! M. G. I. proteste, et il a cent dix-neuf fois raison, contre les 119 bourreaux (X, 408, ligne 36) qui, sous sa signature, se sont prononcés contre la peine de mort. C'est 119 barreaux qu'il avait écrit et voulu écrire; barreaux d'avocats! Mais voilà que le sujet (La peine de mort) y prêtant, ces barreaux se sont trouvés transformés typographiquement en bourreaux!- Les plus perfides des coquilles sont, hélas! celles qui ont une apparence de signification. Et maintenant que le péché est confessé, que toute honte est bue, par la reconnaissance de notre coquille-poutre, n'est-ce 425 pas le cas de reprendre cette collection de coquilles-fétus que nos anciens correspondants se plaisaient à nous signaler dans le papier noirci des voisins? « La voie est libre. » [Réd.] « Solênopédie » (VIII, 455). La Solênopédie figure au Catalogue Asselineau, no 62, avec la note que voici : « Ce livre est une singularité et une rareté bibliographique. Composé à une époque où les esprits étaient à la phrénologie, il fut le résultat d'un pari. Cette boutade humoristique, tirée à petit nombre d'exemplaires, a pour auteur (car il n'y a pas mis son nom) M. Barbier, manufacturier à Clermont-Ferrand, mort à Paris en 1863. Au volume se trouve jointe une lettre d'envoi, de laquelle nous avons extrait les renseignements ci-dessus.»>- Asselineau avait, en outre, ajouté un portrait de l'auteur. Cet exemplaire, dans une demi-reliure mar. vert, tr. dor., a été vendu 10 francs. G. I. Un joli trait du joli marquis (IX, 647, 702; X, 396). Me sera-t-il permis d'avouer, avec toute la déférence due à un vétéran, que la méthode d'investigation historique du Bibliophile me paraît manquer de rigueur? Il a perdu son papier, écrit depuis quarante ans; c'est un détail. Sa mémoire y supplée, et sa mémoire est infaillible; j'y consens bien volontiers. Lefebure, de son côté, vingt-trois ans après la mort du marquis de Sade et quarante ans peut-être après avoir reçu ses confidences, était incapable de mettre la moindre confusion dans ses souvenirs et de dire qu'une chose s'était passée la veille de la prise de la Bastille, quand elle s'était passée, en réalité, trois semaines avant cet événement. Ii encore, je ne prétends élever aucune difficulté. Mais, quand nous aurons docilement accepté cette tradition orale, préservée pendant quatre-vingts ans de toute altération, quand nous aurons applaudi à l'audacieuse stratégie d'un homme, qui, ayant pour unique base d'opérations de simples et vagues souvenirs », parvient, deux colonnes plus loin, à nous fournir « les circonstances précises rappelées avec la plus grande précision », quand nous aurons souscrit à tout,-en présence de quoi nous trouverons-nous? Du témoignage du marquis de Sade lui-même. Ah! voilà précisément celui que je récuse, non pas seulement à cause de l'indignité du personnage, mais parce que la tentation d'arranger les faits était trop naturelle et trop forte pour qu'un homme, même beaucoup moins suspect que ne l'était « le joli marquis, » sût s'en défendre. Hé quoi! ce prisonnier insubordonné et maniaque avait eu, trois semaines 426 avant les événements, de violents démêlés avec le gouverneur de Launay, et il aurait hésité à se donner les gants d'être pour quelque chose dans un événement mémorable, universellement glorifié, et dont l'anniversaire fut encore célebré plusieurs fois officiellement après le 18 brumaire! D'autre part, la 3e livraison de la Bastille dévoilée a paru en sept. ou oct. 1789; le porte-clefs Lossinotte, dont Charpentier invoque le témoignage, avait les meilleures raisons d'avoir les dates présentes à la mémoire. Ni l'esclandre de son incommode prisonnier, ni la prise de la forteresse n'étaient des faits sur lesquels sa mémoire pût rester indécise à moins de trois mois de distance. Tout est d'ailleurs possible dans son récit : le porte-voix est tout à fait digne du personnage, tandis que les écriteaux aux bouches des canons sentent la gasconnade. Une affirmation qui me paraît des plus téméraires, c'est que de Sade n'avait pas été écroué à Charenton et que la prise de la Bastille l'en a fait sortir sur-le-champ, par une espèce de choc en retour. Son nom ne paraît dans aucune des listes des prisonniers d'Etat qui ont profité de cet événement. Presque toutes les biographies, notamment la notice publiée dans le Supplément de la Biographie Rabbe, notice très-précise et qui paraît rédigée en grande partie sur des renseignements de première main, assurent, ce qui est beaucoup plus naturel, que de Sade fut mis en liberté le 29 mars 1790, par application du décret de la Constituante promulgué le 19 du même mois, et prescrivant l'élargissement des personnes détenues en vertu de lettres de cachet. Quelque temps après sa libération, de Sade se fit inscrire comme citoyen actif à la section des Piques (quartier de la place Vendôme); mais il resta très-modeste et très-prudent, à telles enseignes qu'il ne protesta que beaucoup plus tard contre son inscription sur la liste des émigrés et contre la confiscation qui s'ensuivait. Si maintenant nous sortons de l'anecdote pour toucher à l'histoire sérieuse, je dirai au Bibliophile: Vos sentiments bien connus pour les hommes et les choses de la Révolution trouveraient leur compte, on le sent, à établir que l'ignoble auteur de Justine a contribué à la prise de ia Bastille. Dans cet ordre de préoccupations très-peu scientifiques, vous avez tort de repousser le récit de Charpentier et de vous acharner à dater l'algarade du «< joli marquis » du 13 juillet; car, dès la matinée du 12, le mouvement était lancé de façon à ne plus pouvoir s'arrêter. Les causes déterminantes en sont connues: le maintien des troupes à Paris, le renvoi de Necker, l'entrée au ministère des Montmorin, Broglie, Foulon et autres. On 427 s'est porté sur la Bastille, parce qu'elle était la représentation matérielle, l'emblème de l'absolutisme. Ce n'est pas le marquis de Sade qui avait inséré, dès le commencement de mai, dans le cahier du Tiers-Etat de Paris, le vœu que la Bastille fût totalement rasée et qu'une colonne fût élevée sur son emplacement. J. ISAMBERT. Je vous avais à peine envoyé ma réponse, que je retrouvais une partie de mes notes écrites il y a quarante ans sous la dictée de mon vieil ami Lefébure. Toutes ces notes ne peuvent pas être publiées malheureusement (ou heureusement), mais en voici une qui donne le commentaire de cette phrase de la Bastille dévoilée, à l'occasion des révoltes audacieuses du marquis contre M. de Launay : « Le gouverneur, furieux, dépêche un courrier à Versailles; on obtient un ordre, et le lendemain dans la nuit M. de Sade est transféré à Charenton. » Je vais maintenant analyser la note, qui complète ce renseignement : « Après sa sortie de Charenton, dans la matinée du 15 juillet 1789, le marquis se tint caché, pendant quelque temps, chez sa femme, où l'on ne songea pas à l'aller chercher. Il bénéficiait, d'ailleurs, comme prisonnier de la Bastille, de l'espèce d'amnistie que le peuple avait accordée, de son autorité privée, à tous les prisonniers d'Etat qu'il était si fier d'avoir délivrés. Il y en avait deux ou trois, et qui ne valaient pas grand'chose. Quant au marquis, dès qu'il se fut assuré qu'on ne le rechercherait pas, il s'empressa de quitter la pauvre marquise qui était femme à lui pardonner tous ses méfaits. Il prit maison dans la rue Cassette et il y mena son train de vie ordinaire. Il était devenu partisan fanatique de la Révolution et il avait applaudi surtout au massacre de M. de Launay. Je crois qu'il publia même une lettre à ce sujet, dans laquelle il accumulait les plus atroces calomnies sur le gouverneur de la Bastille, qu'il accusait de vols, de spoliations, d'assassinats et d'empoisonnements. Voici l'origine de sa terrible haine à l'égard de M. de Launay. La veille du siége de la Bastille, qu'il avait provoqué par ses placards abominables, M. de Launay, auquel il osait tenir tête en se promettant de le faire pendre par le peuple du faubourg, envoya un courrier à Versailles et s'adressa au roi lui-même pour savoir ce qu'on pouvait faire du marquis de Sade, qui n'était pas un prisonnier ordinaire et qui jouissait de certaines prérogatives dans la prison d'Etat. Louis XVI répondit ou fit répondre au gouverneur qu'il pouvait disposer, à son gré, de la vie de ce misérable indigne de toute indulgence et de toute pitié. M. de Launay se contenta de le faire mettre au cachot, en le menaçant de le faire fusiller de 428 vant la garnison, s'il persistait dans sa rébellion. Le marquis de Sade ne mit pas le gouverneur au défi d'exécuter sa menace, mais il lui dit seulement à demivoix : « Nous verrons quel est celui de nous deux qu'on saignera le premier comme un cochon! » Cette scène violente eut lieu devant des soldats et des porteclefs, qui peut-être, en la racontant, ne furent pas étrangers à la mort tragique du pauvre gouverneur de la Bastille. P. L. Bibliophile JACOB. Famille Lefebvre (IX, 744; X, 55). Le sergent aux gardes françaises, Lefebvre, avait épousé une femme de sa condition, et qui n'avait sans doute pas d'armoiries, pas même pignon sur rue. Comme toutes les femmes de la classe ouvrière, la future maréchale-duchesse de Dantzig savait faire œuvre de ses dix doigts; elle a donc parfaitement pu être blanchisseuse et ravaudeuse. Une anecdote recueillie par Mme Ducrest, dans ses Mémoires sur l'impératrice Joséphine, la montre ne se cachant pas d'avoir été garde-malade, avant d'être une grosse dame. Cette profession de garde-malade fait comprendre le peu de scrupule qu'elle mit dans la recherche de son gros diamant. C'est une histoire que Mme Ducrest raconte dans tous ses détails; mais, bien que l'Intermédiaire ne soit pas bégueule, Dieu merci! je préfère renvoyer ses lecteurs aux sources. G. G. Ne prenez Bourreaux (X, 6, 82, 393). pas trop au sérieux, o mon cher collabo A. B., le passage du Dictionnaire de Richelet que vous citez. La première édition renferme des obscénités qui n'ont pas reparu dans les suivantes; une de celle-ci, 1719, 2 vol. in-4°, est, à vrai dire, un dictionnaire de méchancetés: Richelet veutil donner un exemple de l'emploi d'une épithète malsonnante, c'est au nom d'un contemporain qu'il l'attache : CHÉTIF: le sieur Finot est un CHÉTIF médecin, » etc. Les substantifs, les verbes ne donnent pas des exemples moins piquants, et nous en avons précisément ici la preuve, au mot bourreau. Mais ce que dit Richelet n'a pas plus de valeur historique que le roman de Walter Scott. « Les gens de qualité, dit-il, font gloire d'aller faire débauche avec le bourreau. » — De qui parle-t-il? S'il citait des noms, l'on pourrait vérifier ce fait, peu probable, car tout ce qui tenait à la famille du bourreau inspirait, au XVIIe siècle comme maintenant, une vive répulsion on en trouve une preuve dans la Muze historique de Loret, qui raconte la mésaventure d'un galant, dont la maîtresse n'était autre que la sœur de maître Guillaume. Ce galant, dit Loret (27 septembre 1659), 429 .... ces jours passez, s'étant mis, « Cette mamoizelle Guillaume.. De la passion insensée Dont son cœur étoit travaillé : Mais Dieu sçait comme il fut raillé. et, à la « Les plus beaux esprits de l'Académie françoise lui dédient des livres. » Il s'agit non de plusieurs, mais d'un seul académicien, de Furetière. Furetière n'a pas cru pouvoir faire une meilleure critique des dédicaces qu'en dédiant ses ouvrages, l'un « à Personne, » l'autre « à tous ses amis, un troisième « à très-haut et très-redouté seigneur Jean Guillaume, maître des hautes œuvres de Paris. » — Richelet, dans son Recueil intitulé « Les plus belles lettres des meilleurs auteurs françois, avec des notes» (1 vol. in-12, 1689), a cité, parmi les modèles d'Epîtres dédicatoires, une dédicace de Scarron « à très-honneste et très-divertissante chienne dame Guillemette, » chienne de sa sœur, suite, l'Epître de Furetière au bourreau. Cette dernière est accompagnée des notes suivantes où éclatent à la fois la méchanceté de Richelet et sa haine contre Furetière : -« Cette épître est une des plus suportables pièces que le sieur Antoine. Furetière ait jamais faite; et il l'a aussi travaillée de génie, en faveur de son cher patron. Il en a par là voulu gagner les bonnes grâces. Le dessein est noble, et on ne l'en sauroit assez louer, Cette dédicace, ajoute-t-il, demanderoit par-ci parlà quelques petites notes gaillardes; mais on ne veut point ravir cette gloire à son auteur, qui, malgré ses maux, est plein de vie, et à qui de bon cœur on souhaite encore autant de jours qu'il a fait de méchantes choses. Le sieur Furetière, si ce vœu s'accomplissoit, vivroit plus que tous les patriarches ensemble, et seroit l'un de ceux qui bâtiroient l'Epitaphe du Monde. >> (Vichy.) MATHANASIUS. 430 dence incontestable démontrent qu'au moyen âge l'emploi d'exécuteur public était considéré comme très-honorable dans toute la Germanie; et, encore aujourd'hui, dans certaines portions de cette contrée, où l'ancien usage d'exécuter avec le sabre s'est perpétué, le bourreau est loin de l'état d'abjection où l'a réduit notre sentiment à ce sujet. » Je n'entreprendrai pas une discussion historique dont les développements ne conviendraient pas à l'Intermédiaire, mais je partage complétement l'opinion que je viens de rapporter. Autres temps, autres pays, autres mœurs. Il faut se garder avec soin de voir les choses avec nos propres lunettes et de les juger avec nos sentiments modernes; au lieu de redresser, nous pourrions bien souvent nous exposer à être confondus. E.-G. P. J'ai lu quelque part une singulière légende, à propos de la noblesse du bourreau en Allemagne. L'Empereur assistait à un bal, à Francfort. Le bourreau de la ville trouvą moyen d'aller à cette fête et de danser avec l'Impératrice. On apprit après coup quelle main avait pressé celle de l'auguste danseuse : le contact seul de l'exécuteur des hautes œuvres était déshonorant. Il s'agissait donc de sauver l'Impératrice de la souillure et... du ridicule. L'Empereur était un malin et... tout-puissant. Il déclara le bourreau anobli, et lui assigna, dans les cérémonies publiques, le dernier rang à la suite des gentilshommes, le premier devant les bourgeois. K. P. DU ROCH III. - Beignets soufflés (X, 99, 154, 268). — Pets, et non paix ! Pour convenable que paraîtrait le changement proposé, on ne saurait y contraindre justement les Dictionnaires de l'avenir; plusieurs preuves en ont déjà été fournies, qu'il me soit permis d'emprunter celle-ci à l'histoire, A propos d'une imprudence hygiénique, commise par Louis XIV malade en 1708, Fagon, son médecin, nous apprend que : « Le cours de la médecine fut brusquement arrêté par le dîner du Roi qui mangea beaucoup, et entre autres choses, outre les croûtes, le pain mitonné en potage et les viandes fort solides, combla la mesure, à son dessert, avec des VENTS, faits avec du blanc d'œuf et du sucre cuits et séchés au four, force confitures et biscuits bien secs, ce qui, joint à quatre grands verres, en dînant, et trois d'eau sortie de la glace après dîner, donna au Roi sujet de se plaindre...» Que si le mot VENT employé par ce « Doctus doctor doctrinæ «<< De la Rhubarbe et du Séné n'est pas |