41 en admiration_devant l'élégante petitesse d'une pantoufle étalée dans la boutique d'un cordonnier. Il devint amoureux de la femme à laquelle cette chaussure était destinée, il se mit à sa recherche et l'épousa. Il ne fut, ajoute Imbriani, pas plus malheureux que beaucoup d'autres qui ne se décident à se marier qu'après de mûres réflexions et de longues informations. Ce fut quelques années après cette aventure qu'on représenta une Cendrillon, paroles d'Anseaume, musique de La Ruette. Un poëte allemand, Platen Hallermünde, a pris aussi Cendrillon pour sujet d'une composition dramatique; enfin, tout le monde connaît l'opéra de Rossini. Ne quittons pas Cendrillon sans citer encore quelques livres où il est question d'elle. Son histoire, telle qu'on la conte en Allemagne, a sa place dans l'Arbre de Noël, de M. Marmier, p. 76; M. Brueyre, dans son livre déjà nommé : Contes populaires de l'Angleterre, a donné deux versions du conte de Cendrillon (la dernière se confond avec les aventures de Peaud'Ane), et a indiqué de très-nombreux parallèles fournis par l'Inde, l'Irlande, la Bretagne, la Russie, l'Allemagne, la Norwége, etc. M. Brueyre n'oublie pas la pantoufle de la courtisane Rhodope. D'après Strabon et Elien, cette pantoufle fut enlevée par un aigle qui la laissa tomber sur les genoux d'un Pharaon : celui-ci, comme Thévenard, devint éperdument amoureux de la dame qui possédait un si joli petit pied; illa fit chercher partout, eut le bonheur de la découvrir et celui de l'épouser. Cette aventure, qui peut bien sembler l'origine du conte de Cendrillon, n'empêche pas M. Brueyre de voir là un mythe comme toujours, le sommeil de la nature pendant l'hiver et son réveil au printemps. Aux amateurs de mythes j'indiquerai encore la Chaîne traditionnelle, de M. Husson; ils y liront, p. 17. que la fameuse pantoufle de Cendrillon, de verre ou d'or, fait probablement allusion au pied de la lumière matinale. POGGIARIDO. L'Hymne de Mme d'Houdetot (VIII, 615, 669; IX, 146, 365). · La lecture des Mémoires de Mme d'Epinay m'avait fait désirer, comme au confrère E. M., de connaître cet hymne. J'allais m'adresser à l'Intermédiaire quand je fus prévenu par lui. La correspondance qu'il a ¡provoquée n'a pas encore donné de résultats bien satisfaisants. Peut-être puis-je lui fournir une copie de cet hymne. Il me semble, en effet, que sa curiosité sera, comme la mienne, satisfaite, quand il connaîtra l'Hymne aux Tetons, que je trouve p. 82 de l'Eloge des Tetons, etc., par seconde édit. Cologne, A l'enclume de la vérité, 1775 (petit in-8° de 86 p.). *** 42 M. V. de V. a signalé l'ouvrage : les Tetons, etc., Amsterdam, chez Jean Pauli, 1734, pour ses épigrammes énergiques. M. A. D. a parlé de la pièce intitulée : les Pommes, insérée dans la réimpression de l'ouvrage de A. Barbier et les Supercheries littéraires. Je n'ai trouvé nulle part signalé: l'Hymne aux Tetons. Je le crois donc imprimé seulement dans l'édition (peut-être rarissime), que je possède, de l'ouvrage badin de Du Commun. Je crois, en outre, que c'est bien là l'hymne de Mme d'Houdetot. Les vers en sont gracieux, et l'hymne tout entier petille, en effet, de feu, de chaleur, d'images et de volupté. Quelle preuve en donnez-vous? me dirat-on. Je reconnais que je n'ai que des présomptions à faire valoir, mais elles sont si graves, si précises et si concordantes que je puis les donner pour des preuves, comme les veut l'art. 1353 du Code civil. -J'en fais juges ici mes savants confrères. 1o Mme d'Houdetot est née vers 1730; en 1775, elle avait 45 ans. Evidemment elle avait composé, depuis plusieurs années, cette pièce de vers. 2o La première édition de « l'Eloge des Tetons,» publiée à Francfort-sur-le-Mein, chez Delacour, en 1746, ne renferme pas cette pièce, mais à cette date, Mme d'Houdetot n'avait encore que 16 ans. Sa muse virginale et discrète ne pouvait, à cet âge, lui inspirer ces vers : De la beauté triomphante Jolis monts, couple enchanteur, C'est vous que ma muse chante. N'oublions pas que Mme d'Epinay n'osa pas lui en demander une copie. Sa timidité était probablement mieux justifiée que celle du grimacier académicien qui n'osa pas même en donner le titre. Il suffit, d'ailleurs, de savoir ce qu'en a dit Mme d'Epinay, pour ne pouvoir mettre en doute qu'à 16 ans Mme d'Houdetot ne les avait pas écrits. 3o Si les vers que j'ai signalés à la suite de l'Eloge, etc., ont vu le jour de 1746 à 1775, de qui sont-ils ? L'éditeur de 1775 dit que cet hymne est d'un M. B. qui ne voulait pas le laisser sortir de son portefeuille; mais qu'il lui fut envoyé de loin par une personne indignée contre les intentions de ce timide auteur. Et il ajoute : « Cette personne honnête, qui ne s'est fait «< connaître que par son zèle pour la gloire << de notre auteur, nous a assuré que cette « pièce était sortie de ses mains telle qu'il << nous la présentait. Nous nous empres« sons de la communiquer au public. « Les vœux qu'il a formés pour l'avoir, « l'accueil qu'il a fait aux autres pièces de « M. B... en ce genre, nous font espérer, « etc., etc. >> Qui est ce M. B..., qui ne songe pas à brûler ces vers, mais qui ne voudrait pas les publier de son vivant? Y 43 a-t-il, dans ses hésitations, autre chose que la crainte de commettre une supercherie littéraire, dont sa mémoire ne sera pas responsable, si on publie sans nom, après sa mort, ses pièces en portefeuille? 4o Bref, cet hymne, dont le titre est bien le même que celui de la pièce de Mme d'Houdetot, a été publié, en 1775, sous le nom d'un M. B... Si c'est une copie dérobée des vers de Mme d'Houdetot, on n'a plus dû chercher à les lui demander: les vœux que le public avait formés pour les avoir étaient comblés, d'après l'éditeur de 1775. Il semble, d'ailleurs, qu'il n'était pas possible de faire d'autres vers sur ce sujet, de sorte que le titre et la poésie sont d'accord pour faire admettre que Mme d'Houdetot est bien l'auteur, caché sous un pseudonyme, de ces vers qu'elle n'a jamais voulu publier, ni publiquement reconnaître pour siens. 5o Il me resterait à trouver un dernier argument dans la date de la Correspondance de Diderot relativement au fait cité par M. Paul Boiteau, l'éditeur des Mémoires de Mme d'Epinay, t. II, p. 491, en note. Je n'ai pas cette Correspondance en cours de publication. Mais si la lettre de Diderot est antérieure à 1775, date de la publication de « l'Eloge des Tetons, »> elle corrobore mes hypothèses, elle fortifie d'autant plus mon raisonnement qu'il est fort à croire que Diderot avait trop appelé l'attention du public sur cet hymne pour qu'on ne cherchât pas à l'avoir. J'avoue que si cette date est postérieure à 1775, ma conviction sera ébranlée. Je regrette de n'avoir pas le temps de faire cette dernière recherche. Je n'en aimerais pas moins cependant cette jolie pièce de vers, si laudative des charmes des lectrices (s'il en est) de notre Intermédiaire, et auxquelles s'adresse cette gracieuse strophe: Gloire au céleste compas Qui, dans l'ombre du mystère, Il faudrait tout citer, car sur ces 152 vers, il n'y en pas vingt qui ne justifient ce qu'en a écrit Diderot. (Lyon.) BOURCHONUS. « La Création du Monde » (IX, 266, 342). J'ai pris jadis une copie de ce poëme dans l'Artiste, revue parisienne, mai 1868, où il est donné en entier, dans l'article Sous Louis XVI, par lord Pilgrine, avec ce titre : La Création, poëme en sept chants, calomnieusement attribué au chevalier de Boufflers. Je ne me souviens plus à propos de quoi il était reproduit et encore moins de ce qu'en disait lord Pilgrine. Voici donc cette miniature de poëme : De la Création je chante les merveilles, 44 CHANT I [teau, Rien n'était; les brouillards se coupaient au cou L'Esprit, d'un pied léger, était porté sur l'eau. Il dit: Je n'y vois goutte!... et créa la lumière. Aussitôt nuit, journée, et ce fut la première. CHANT II Il place au ciel les eaux, qui tombèrent soudain; Et, dès le second jour, la pluie alla son train. CHANT III Une mer se rassemble en dépit des lagunes; La terre produisit : ce fut jour pour les prunes. CHANT IV Mais il convient encor régler chaque saison, Et d'un mot le Soleil vint dorer l'horizon. Bientôt, las d'allumer sa lampe sur la brune, Le quatrième jour il fit naître la Lune. CHANT V Bien, très-bien, dit l'Esprit, ce que j'ai fait est bon; Maisil nous manque encore et volaille et poisson. Peuplez-vous, terre et mer; que maître corbeau [perche! Et le cinquième jour l'Eternel fit la perche. CHANT VI Eh quoi! les animaux n'auraient-ils point de loi ? CHANT VII C'est ainsi qu'en six jours l'univers fut bâclé, S'enfila de soi-même et se trouva réglé; Etl'esprit, en repos, toujours, toujours le même, Comme dit Beaumarchais, ne fit rien le septième. P. c. c: G. G. Le général Schaal (IX, 389, 444, 473, 500, 534).. Voici une petite lettre inédite qui peut intéresser le futur historien du général Schaal. A vrai dire, ce n'est qu'une simple lettre de recommandation adressée au Ministre de la Guerre, — mais cette petite pièce est toute à l'honneur du général Schaal, et signée d'un nom qui, par lui seul, était une recommandation des plus enviées. Un éloge de Desaix,- -en 1797,-devait être, déjà, d'autant plus apprécié, que jamais, à aucune époque de sa vie, le Général de l'Armée du Rhin, pas plus que le « Sultan juste, » de l'Expédition d'Egypte, n'eut pour habitude de prodiguer ni ses lettres, ni ses compliments. (L'autographe original (une page un quart in-folio), écrit sous la dictée du général, par son aide de camp Savary, plus tard duc de Rovigo, est signé seulement par Desaix :) 45 Paris, le 2 Frimaire an VI. Au Ministre de la Guerre (1). Le Général Desaix, 1er général de l'Armée du Rhin (sic), venu à Paris pour y prendre ses intérêts, n'a rien de plus à cœur que de s'intéresser aux Officiers de cette armée qui ont bien servi. Le général Schaal, qu'une suite d'événements malheureux ont mis à l'écart sans lui avoir rien ôté de ses moyens et de sa bonne volonté, est maintenant réduit à la plus sévère indigence. Il est père d'une nombreuse famille avec laquelle il végète à Schélestat, ne jouissant que du Brevet d'une pension de 700 livres, laquelle n'est point payée. Če malheureux Officier que les disgrâces de la fortune militaire semblent avoir pris plaisir à accabler réclame la bienfaisance nationale et sollicite le Brevet et la Retraite d'officier réformé. Je vous prie, Citoyen Ministre, de vous employer pour ce Brave Officier; vous attirerez sur vous sa reconnoissance éternelle et celle de sa nombreuse famille. Un «< vieux sonnet. » (IX, 417, 567). Le même sujet avait inspiré le poète SaintAmant; son sonnet : Assis sur un fagot, une pipe à la main, se termine par les trois vers suivants : Non, je ne trouve point beaucoup de différence De prendre du tabac, à vivre d'espérance, Carl'un n'est que fumée et l'autre n'est que vent. Voy. Œuvres de Saint-Amant, édit. Ch.-L. Livet, dans la Biblioth. elzév., t. I, p. 182. (Vichy.) MATHANASIUS. L. Tesson, artiste peintre (IX, 420, 504, 620). J'ai connu autrefois le père de M. Tesson; il était, en 1845, entrepreneur des Poudres et Tabacs à Compiègne; de là, il fut appelé aux mêmes fonctions au Havre, où je crois qu'il mourut vers 1848. Sa famille se retira alors à Calais, d'où elle était originaire. On pourrait peut-être avoir dans cette ville des renseignements plus complets. M. L. Tesson était un fils du premier lit; son frère consanguin, M. E. Tesson, est, m'a-t-on assuré, encore attaché à un des ministères de Paris, probablement celui des finances. Je possède une aquarelle de L. Tesson; elle représente un site d'Orient. Elle est signée, mais non datée. A. S. 46 - par al question me préoccupait autant que celle de savoir si Adam, notre premier père, sorti tout pétri de la main de Dieu, avait un... nombril. Autant de personnes interrogées, autant d'avis: « Il n'en avait pas !... C'est une plante différente !... Non!... Si!... » Voici tantôt trente ans que dure ma perplexité. Sans espoir d'en être tiré jamais, je serais, dans l'espèce, assez porté à croire que c'est de cette opinion (vraie ou fausse) que le cornichon est un petit concombre, qu'est provenu le sens figuré donné au premier de ces mots, lusion, non point au manque de saveur du concombre (ce qui, n'en déplaise à MM. Littré et Rozan, introduits au débat par Anibus, est un peu chercher midi à quatorze heures), mais au caractère d'avorton du cornichon. Voyez comme, grâce à cette hypothèse, tout s'éclaircit et s'explique: 10 avorton et cornichon se mettent l'un et l'autre en bocal; 2o ni l'un ni l'autre n'ont atteint leur entier développement; 3° reportez cette dernière observation du physique au moral ou à l'intellectuel, par une de ces interversions baroques dont la rhétorique populaire est coutumière, et nous voilà amenés tout de go à une explication tout au moins fort plausible. Qu'on remarque encore, à ce propos, que, à la différence du chou, qui est l'emblème de la bêtise épanouie, le cornichon symbolise l'ignorance inconsciente : c'est presque un terme d'amitié, tant il est anodin. Et, en effet, on ne peut sérieusement en vouloir d'ignorer ou d'être gauche, à un être non encore développé, tout en lui reprochant, par une épithète, de s'être mêlé de choses hors de sa portée : telle est, ce me semble, la nuance contenue dans le mot cornichon pris au figuré. — Il en va tout autrement du chou et des cucurbitacées parvenus à l'âge adulte, tels que le melon et la citrouille (le concombre n'a pas, que je sache, d'application, au figuré): c'est gonflé, bouffi, et n'en est que plus insipide. Aussi le langage populaire met-il « sous cloche » la « triple brute, »> tandis qu'il se contente de placer le niais « dans un bocal. >> Apulée et Plaute, que cite M. de l'Isle, ne font certainement allusion qu'aux gens << à mettre sous cloche. » Le terme plus raffiné de cornichon a dû pousser à la Halle de Paris, dans le quartier des marchands « au petit tas. » PEPH. Présidence de la République; Ch. Richelet (IX, 550). - M. de l'Isle désire savoir si Ch. Richelet était connu au Mans. Il l'était parfaitement. C'était un homme de savoir et d'esprit. Il était né à Caen en 1803. Il fut bibliothécaire de la ville du Mans, de 1826 à 1836, puis imprimeur-libraire dans cette ville. Il est mort à Luc, 47 près Caen, en septembre 1850. Ami particulier de M. de Caumont, il était devenu secrétaire général de l'Institut des Provinces, fondé par ce savant. Quérard et Desportes (Bibliographie du Maine) ont donné des listes incomplètes de ses nombreux ouvrages. Indépendamment de sa brochure napoléonienne: Qui nommerons-nous? Charles Richelet avait publié, dans le même esprit: Un Républicain du lendemain aux représentants de l'Assemblée nationale, le Mans, Galienne; Paris, Louis Labbé, 1848, in-16, s. n. d'auteur, et Actualité politique, Lettre à M..., le Mans, imprimerie de Galienne; Paris, Louis Labbé, 1849, in-16, brochure signée de son nom. (Alençon.) L. DE LA SICOTIÈRE. Etiamsi omnes, ego non (IX, 557, 636, 666, 694).. Il me semble qu'on n'a pas encore produit le vrai texte original de cette sublime pensée. N'est-ce pas cette parole du vieux Mattathias, père de Judas Maccabée, déclarant au successeur d'Alexandre le Grand, à Antiochus, tyran de Syrie (an 167 av. J.-C.), que, même si tous se soumettaient, lui et ses cinq fils ne se soumettraient pas : Etsi omnes...., ego et filii mei, non! (MACCAB., 1. I, c. 2, v. 19 et 20.) S. D. Légion d'honneur (IX, 580, 666, 724). Les « troubadours du Consulat et de l'Empire » n'attendaient point l'ordonnance royale du 26 mars 1816, pour «< s'affubler » du titre de chevalier, puisque l'article 11 d'un décret du 1er mars 1808 le leur avait permis. Donc, en 1816, on enseignait que X., le décoré, avait pu se dire, même sous Buonaparte, « chevalier de la Légion d'honneur, » et jamais, à cet unique propos, le chevalier X., ou X., chevalier de l'Empire. Méfions-nous, s'il vous plaît, de nos nerfs politiques ou démocratiques en ces questions de simple histoire; car c'est aujourd'hui tout au moins comme au temps d'Eloi, votre auguste père, et l'on recrute mes chevaliers futurs, avec vos «< chevaliers d'industrie, » au sein des déshérités du moment. Palsembleu! les arts de la Paix n'en fournissent que trop; et plus j'aperçois d'égalitaires, plus je compte de candidats aux médailles, brevets, pensions, distinctions et décorations! Il n'y a plus de commis, de garçons, de gardes champêtres, de maîtres d'école, de facteurs plus ou moins ruraux, de cantonniers....., mais force« employés, » et «< fonctionnaires intéressants ou modestes, » quand ce ne sont point de « hauts fonctionnaires! >> Si les rois, enfin, se dégoûtent du métier, je constate sans surprise que le pour boire demeure..... H. DE S. 48 Il est bien vrai que Napoléon Ier a été un copiste (assez maladroit, du reste) des usages de l'ancienne monarchie, et particulièrement de ce qu'il s'imaginait être les institutions de Charlemagne, de même que la première Révolution avait également copié, avec aussi peu d'intelligence, la République romaine; mais il est certain qu'il ne s'est pas le moins du monde inquiété de l'idée religieuse, en créant l'ordre de la Légion d'honneur. Il l'en a même écartée bien expressément, en supprimant la forme traditionnelle et en remplaçant les quatre bras de la croix par les cinq branches d'une étoile. Et, en effet, suivant l'expression consacrée, ce n'était pas la Croix, mais bien l'Etoile de la Légion d'honneur, de même que les membres de l'ordre se nommaient légionnaires et non chevaliers. Bien mieux, dans la pensée de Napoléon, dont le fatalisme est bien connu, l'Etoile de la Légion d'honneur n'était rien autre que sa propre étoile, à l'existence de laquelle il croyait ou feignait de croire. S'il est bon d'admettre que ce fameux personnage est revenu à la religion dans les dernières années de sa vie, on est obligé de reconnaître que, dans le cours de sa carrière, elle n'a été pour lui qu'un instrument de gouvernement, au même titre que les emprisonnements arbitraires et les fusillades sommaires. Il a fait le Concordat avec le même sentiment religieux qu'il avait mitraillé les Toulonnais et les Parisiens, fait égorger les prisonniers turcs et emprisonner les pestiférés de Jaffa. Napoléon empereur avait perdu tout sentiment religieux, comme tout sens moral. A ST. Le Monopole universitaire (IX, 648; X, 16). Quoi qu'en dise M. A. St, je me crois en droit d'affirmer que la Bibliothèque des écrivains de la Compagnie de Jésus ne se trompe pas. L'ouvrage a réellement paru sous le nom de N. D. (aussi bien Nicolas Deschamps que Nicolas Desgarets). Le chanoine, ancien officier, prêta son nom et consentit à endosser la responsabilité de cet écrit. Parmi les personnes en état d'être bien informées, la paternité du Monopole n'a jamais fait un doute. P. CLAUER. Les grands ne nous semblent grands... (IX, 673, 731; X, 17). Cette épigraphe, attribuée à Scribe, doit être une scie, comme il a été à la mode d'en faire parmi certains littérateurs, Pétrus Borel, Eugène Sue, etc. Ce dernier a souvent mis sur le dos de Bossuet des choses phénoménales. Dans le Conseiller du Bibliophile, du 1er déc. 1876, on cite une plaquette, intitulée La Vessie, par Gill (auteur et des 50 49 sinateur), avec cette bizarre épigraphe : * Mieux vaut rire que souffrir de la vessie. ST AUGUSTIN, musique d'HERVÉ. » Il y a des personnes qui trouvent cela spirituel. OL. B. La prononciation du nom de Desaix (IX, 674).—Il peut y avoir une famille de Saix dans la Bresse ou la Savoie, mais je suis sûr que la famille du général et tous ses compatriotes prononcent des Aix. C'est ainsi que le prononce le chef actuel de la famille auvergnate. BRIEUX. Les naïvetés sinistres de l'histoire (IX, 705, 762; X, 19).-L'expression employée par le général de Failly se trouve dans une lettre de Malherbe à Racan; celui-là, en parlant du siége de Verrue (Verua, Piémont), dit : « M. le maréchal de Créquy s'est logé entre les assiégés et les assiégeants, où, selon sa coutume, son jugement et son courage font des « merveilles. » Le général de Failly a été vilipendé à différentes reprises; il a même été attaqué, dans un roman, par une femme que l'on peut qualifier, en plaçant hyperbole sur hyperbole, « de plus légère que l'ombre du liége. » H. DE L'ISLE. - La Ramée (IX, 707). Les renseignements positifs manquent sur ce personnage, se disant natif de Paris et que P. de l'Estoile a connu. Notre historien rapporte, d'après son dire, qu'il avait été élevé secrètement, sous le nom de Charles, en la maison d'un gentilhomme de Bretagne nommé La Ramée, à 3 lieues de Nantes. Celui-ci lui révéla sa naissance, au lit de la mort (Voir Journal de Henri IV, édit. 1741, et Chron. nov. de Palma Cayet). L'Estoile indique le vendredi 8 mars 1596, comme date de sa pendaison en Grève, et non le 9 février, comme le dit notre confrère Buscador. A. NALIS. en effet être fils de Charles IX et avoir été élevé secrètement par un gentilhomme breton, à trois lieues de Nantes. Je ne connais rien qui puisse légitimer cette prétention. L'Estoile raconte, dans son Journal (Coll. Michaud, II, 271), la visite qu'il lui fit pendant qu'on instruisait son procès: il ne paraît pas douter qu'il ne fût un aventurier. A. D. - La Biogr. Didot contient sur La Ramée un article de M. Paul Louisy, qui ne discute même pas la question. Mais, d'après son récit, il me semble que ce pauvre homme était fou tout simplement. Eût-il été, en effet, bâtard de Charles IX, quel droit cela lui donnait-il au trône? Et si, à toute force, regardant la famille royale comme éteinte par la mort ou par l'hérésie, on eût accepté un rejeton bâtard, La Ramée n'y eût encore eu aucun droit, ayant un frère aîné, le fils de Marie Touchet. O. D. en Maurevert, qui avait assassiné, 1569, près Niort, le père de de Mouy, << dans une grande colère- dit Varillas « après être demeuré caché sur la fron«tière de Champagne, fut appelé par le << duc de Guise et logé dans une maison «< du cloître Saint-Germain-l'Auxerrois, « d'autant plus favorable à son dessein « que l'admiral passoit par devant lui lors« qu'il alloit au Louvre. » Il disparut de nouveau après sa tentative sur Coligny, puis reparut plus tard, puisqu'on en parle comme étant devenu manchot en 1579. Quelques années après, en 1583, il manqua d'être mis à male mort par de Mouy, qui voulait venger la mort de son père. Celuici l'avait rencontré près St-Honoré, vers la Croix des Petits-Champs, et l'avait chargé jusqu'à la barrière des Sergents et <«<le ruisseau de la grande rue St-Honoré, lui détachant deux ou trois grands coups d'épée, dont l'un l'avait percé depuis le bas du ventre jusqu'à la mamelle gauche. Il en échappa, car un de sa suite, mirant de fort près ledit seigneur de Mouy, lui envoya la balle ramée d'un poitrinal qui, entrant par la bouche, lui rompit la mâchoire inférieure et la langue et, traversant le cerveau, sortit par le derrière de la tête. »> (P. de l'Estoile.) |