L'Intermédiaire DES CHERCHEURS ET CURIEUX (CORRESPONDANCE littéraire, NOTES and QUERIES français.) Iconographie des Fabliaux. Nous avons vu, à l'Exposition rétrospective de Lyon, un panneau ovale d'ivoire, qui avait sans doute formé jadis les parois d'un coffret. Il avait été sculpté, au XIVe siècle, de quatre sujets empruntés à des romans de chevalerie ou à des fabliaux. Sur ces quatre sujets nous croyons en connaître trois, ainsi que nous l'avons indiqué dans la Gazette des Beaux-Arts (2o période, t. XVI, p. 182). « Lancelot traverse une rivière sur son épée en guise de passerelle; IVAIN défend trois dames contre un dragon sorti d'une cage; Un chevalier et sa dame (TRISTAN et YSEULT apparemment) sont assis près d'une fontaine.» Il manque à ce sujet le roi monté sur un arbre, dont les deux amoureux aperçoivent l'image dans l'eau. sans Enfin le quatrième bas-relief montre << un chevalier couché sur le dos, dans un lit que portent des roues, et qui s'escrime de l'épée contre une pluie de poissons. » C'est de celui-ci que nous avons, succès, demandé le nom à plusieurs savants, qui ont fait des romans et des fabliaux du moyen âge une étude particulière. Seronsnous plus heureux auprès de « tout le monde », c'est-à-dire auprès de l'Intermédiaire, qui a plus d'esprit et de science que chacun? ALF. D. Y a-t-il eu deux auteurs: d'Anchères et Schelandre? Ou n'y a-t-il qu'un seul auteur, ayant pris successivement ces deux noms? Dans le tome VIII de l'ancien Théâtre français (Biblioth. Elzév.) est une tragi-comédie, divisée en 2 journées, intitulée Tyr et Sidon. D'après la note qui précède cette pièce, l'auteur est Jean de Schelandre, qui, en 1608, aurait publié, sous le pseudonyme de Daniel d'Anchères et sous le titre de Mélanges poétiques, un volume in-8°. Il est dit également, dans cette note, que la première édition fut pu 482 bliée, en 1608, sous le nom de Daniel d'Anchères et que M. de Soleinne en possédait un exemplaire. La 2e édition complète a été publiée en 1628, sous le nom de Jean de Schelandre. Elle contient deux drames, chacun en cinq actes, et la 2o partie ou journée ne serait que celle antérieurement publiée en 1608, avec quelques modifications. Suivant la Biographie Didot, Jean de Schelandre serait l'anagramme de Daniel d'Anchères, véritable nom de l'auteur. Mais ce n'est pas l'objet de ma question. Dans les Tablettes dramatiques du chevalier de Mouhy (Paris, 1752), on trouve ces deux articles: « Tir et Sidon, de D'Anchères, représentés en 1608, imprimés la même année in-12. Tragi-comédie avec des choeurs. On la trouve dans les Mélanges poétiques de l'auteur, intitulés Les amours d'Anne; c'est sa maîtresse, qui se nommait encore de Montaud. » « Tyr et Sidon, de Schelandre, 1628, imprimée in-8°, la même année. Tragédie en deux journées. La première représente les funestes succès des amours de Léonte et de Philosine (sic: il faut Philoline); et la seconde, les divers empêchemens et l'heureux succès (ajoutez des amours) de Belcar et de Méliêna. Ces journées sont chacune en cinq actes et en vers. » De Mouhy donne les deux notices suivantes sur les auteurs: « Anchères (Daniel), gentilhomme. Il étoit de Verdun. Il paroît, par une épître dédicatoire à Jacques Ier, roi d'Angleterre, qu'il étoit attaché à ce monarque, et qu'il en étoit protégé. Il est l'auteur de Tyr et Sidon, tragédie avec des chœurs, en 1608.- Schelandre (Jean de), officier des troupes du Roi. A l'âge de 25 ans, il avoit composé 3 parties d'un ouvrage intitulé la Stuardine, ouvrage dont Jacques ler, roi d'Angleterre, faisait cas. On sçait, par une préface qui est à la tête de la tragédie de Tyr et Sidon, faite par F. O. P., que Schelandre étoit homme de lettres et de guerre, et qu'il n'a fait qu'une tragédie, intitulée Hector en 1628,» Il y a là une contradiction, car Tyr et Sidon et Hector feraient au moins deux tragédies. De plus, Mouhy ne cite pas Hector à l'H. Il n'y a qu'un Hector de Mont - Chrétien, représenté en 1603. D'ailleurs, dans la préface de François 483 Ogier, Parisien, du moins telle qu'elle est reproduite dans l'Ancien Théâtre français, il n'est aucunement question d'une tragédie d'Hector écrite par Schelandre. Quoi qu'il en soit, à travers toutes ces confusions, le chevalier de Mouhy suppose deux poëtes differents qui auraient fait, en 1608 et en 1628, chacun une tragédie intitulée Tyr et Sidon, la première avec des choeurs, la seconde en deux journées. — Or, si la tragédie de 1608 n'est autre chose que la 2e journée de celle de 1628, elle n'a pas été reproduite fidèlement dans l'Ancien Théâtre français, puisqu'elle ne contient pas de choeurs, ou l'auteur lui-même les aurait supprimés. Y a-t-il eu deux auteurs. D'Anchères et Schelandre? ou un seul, D'Anchères ou Schelandre qui se serait caché sous un anagramme? Če doute ne peut être levé que par l'examen attentif de la pièce de 1608 et de celle de 1628. On doit les trouver dans l'une de nos grandes bibliothèques, et, si j'habitais à Paris, je ferais moi-même cette recherche; mais, je me vois forcé de prier un Intermediairiste, parisien et ayant loisir, de la faire pour moi. E.-G. P. De l'opinion du XVIIIe siècle sur la Pucelle de Voltaire.- Depuis 60 ans, il n'y a pas assez d'horreur, assez d'indignation, assez d'imprécations contre Voltaire, au sujet de son charmant et malhonnête poëme de la Pucelle. On le traite comme un criminel, pour avoir outragé, dans la personne de Jeanne d'Arc, une des gloires les plus respectables de la France, et on l'accuse du crime de lèse-patriotisme. Est-on bien équitable, en cherchant une si grosse querelle à Voltaire, sur un pareil objet ? Je crois, en vérité, que le plus étonné serait Voltaire, s'il revenait au monde, pour voir la guerre qu'on lui fait à ce propos. Il a composé un poëme comique, dans le genre de Roland furieux, de l'Arioste, voilà tout; il l'a fait pour ses amis et non pour le public; il l'a fait très-libre, très-indécent, parce que c'était l'usage du temps, et si la digne et sainte Jeanne d'Arc s'est trouvée, par mégarde, sous sa marotte épique, la faute en est à une petite gauloiserie que les esprits les plus scrupuleux de ce tempslà lui avaient pardonnée. En un mot, je defie de trouver, dans les écrivains du XVIIIe siècle, excepté l'affreux polisson de Restif de la Bretonne, un seul auteur, ami ou ennemi, qui ait soupçonné Voltaire d'avoir voulu, dans son poëme, diffamer la Pucelle d'Orléans. Tout le monde alors avait lu et savait par cœur la belle page qu'il lui a consacrée dans son Essai sur les mœurs et l'esprit des nations. Cherchez, messieurs, cherchez les défenseurs de Jeanne d'Arc contre la Pucelle de Voltaire, au XVIIIe siècle. D. C. 484 Un vers hardi d'Amédée Pommier. Le poëte Amédée Pommier, mort il y a quelques mois, a publié dans le journal quotidien la Presse, vers 1836, une série de 12 feuilletons en vers. Quel en est le titre général, et quel est le titre du 11o,dont le dernier vers est: Pour ne point le haïr, je douterai de Dieu! Ces vers ont-ils été réimprimés en volume? OL. B. D'un opuscule sur la naissance de Louis XIII.-M. Berthold Zeller (Henri IV et Marie de Médicis, d'après des documents nouveaux. 2me édit. Paris, Didier, 1877, p. 114, note 1) dit : « Voir l'écrit intitulé: Comment et en quel temps la reine accoucha de M. le Dauphin, à présent Louis XIII; des cérémonies qui y furent observées, l'ordre y tenu, les discours intervenus entre le roi et la reine et sur plusieurs autres occurrences (tome XI. Nouv. coll. Michaud et Poujoulat), attribué à Hérouart par M. Armand Baschet, qui l'a publié dans son livre Le Roi chez la Reine. Histoire secrète du mariage de Louis XIII. Paris, Plon, 1866.» Cet écrit, que je ne trouve mentionné ni dans la Bibliothèque historique de la France, ni dans le Catalogue de la Bibliothèque nationale, ni même dans la nouvelle édition du Dictionnaire des Anonymes, est-il bien du médecin de Louis XIII?Dans la longue introduction au Journal de Jean Héroard sur l'enfance et la jeunesse de Louis XIII, publié par MM. Eud. Soulié et Ed. dé Barthélemy (Paris, Didot, 1868, 2 vol. in-8°), il n'est rien dit de l'attribution faite à Héroard du livret en question,deux ans auparavant, par le spirituel historien, de la première nuit de noces du plus froid de tous les rois de France, lequel nous paraît d'autant plus froid, que-victime d'un double contraste-il est placé entre deux des plus vaillants princes de notre histoire. JACQUES DE MONTARDIF. 485 qu'un ver rongeur a laissée dans le cœur du bois. « Inde amor, inde burgundus.>> Note d'un étymologiste très-distingué qui a désiré garder l'anonyme, dit l'auteur de la Physiologie du Mariage (Honoré de Balzac), à la p. 314 du tome 11e de La Mode (Paris, 1830, in-8°), Moeurs parisiennes. Etude de femme.- Bourguignon s'emploie-t-il avec le sens donné par Balzac? H. I. Gravures d'après Moreau, à rechercher. Mon savant ami, M. Mahérault, qui a fait, avec M. Emmanuel Bocher, une si belle monographie de l'Euvre de Gavarni, m'a prié de rechercher la place que plusieurs gravures d'après Moreau doivent occuper dans certains ouvrages, pour lesquels ces gravures auraient été faites. Le but de cette recherche est de terminer enfin la Monographie de l'Euvre de Moreau le jeune, qu'il prépare depuis vingt ans. J'ai remué bien des volumes, sans pouvoir découvrir ceux qui renferment les gravures indiquées. En désespoir de cause, je m'adresse à l'Intermédiaire et je le prie de m'aider de ses recherches collectives, qui me prouveront peut-être que les fameux vers de Lemierre s'appliquent aussi à la Bibliographie: Croire tout découvert est une erreur profonde, C'est prendre l'horizon pour les bornes du [monde. Voici mes desiderata; je donnerai les autres au fur et à mesure. pour ne pas trop effrayer les iconophiles de l'Intermédiaire. 1° Frontispice. Sous les traits de Minerve, la Science debout soutient un tableau sur lequel est tracé le carré de l'hypoténuse; des petits génies sont groupés autour d'elle, occupés celui-ci à lire attentivement, celui-là à regarder dans un télescope, un troisième tient une sphère, d'autres enfin soulèvent une pierre avec un levier et au moyen d'une poulie. En bas, au-dessous du trait carré, J.-M. Moreau le jeune inv.-1783.-J.-J. Lemire, sculp. (H. 142, L. 84.) 2° Adam et Eve, dans le Paradis terrestre, entourés de quelques-uns des animaux de la création : ils sont assis sur un tertre, au pied d'arbres couverts de fruits. Cette composition est placée dans un riche encadrement, au haut duquel plane le Saint-Esprit, au milieu des nuages, au-dessus de trois têtes de chérubins, du serpent d'airain, des tables de la loi et du tabernacle, de l'Evangile de saint Jean, de la croix, d'un calice et d'une patène. Dans le bas de l'encadrement, un cartouche destiné à recevoir une inscription. Au-dessous de l'encadrement, à gauche du cartouche : J.-M. Moreau le jeune del.; à droite : Louis le Grand sculp. (H. 334, L. 192, y compris l'encadrement et les figures accessoires, in-fol.) 3. Un homme, en costume antique, appuyé sur les genoux de la Richesse qui tient une corne d'abondance d'où s'échappent des sacs d'écus, est assis sur des ballots de marchandises, à l'entrée d'un palais. A ses pieds sont un sceptre et une couronne royale. Il repousse une femme à 486 moitié nue et décharnée qui lui présente un plateau plein de pièces d'or et lui montre au loin une campagne désolée où l'on aperçoit une charrue brisée, un bœuf et deux hommes expirants. Dans le haut de la composition apparaît Mercure, le dieu du commerce, tenant, d'une main, son caducée, et de l'autre, un globe terrestre, sur lequel on lit: Amérique. Cette gravure est entourée d'un filet. En bas, au-dessous du filet Dessiné par J.-M. Moreau le jeune 1778-gravé par R. De Launay lé jeune. (H. 134TM, L. 9o, in-8°.) Sur une épreuve de cette pièce j'ai vu écrit au crayon : Code noir. 4 Un homme debout, le coude appuyé sur un tombeau entouré d'arbres, tient d'une main une lyre et de l'autre un livre ouvert. Il est en costume de la fin du XVIIIe siècle; un grand cordon et sur son habit une plaque avec ces mots, au centre: Quis est Deus? et un P sur chacune des quatre branches dont elle est formée. Sur les pages du livre, on lit, à gauche: Ergo ad iter | per iter ferimur | sine lumine | lumen; à droite: Nemo videt | vitam sine | vita, inquirere mors est | S. P. Fond de paysage, une rivière, la lune brillant à travers les nuages. Au bas de la gravure entourée d'un filet: Louis marquis de Prie offrant son livre à l'Eternel. Ainsi c'est le chemin qui mène au chemin même; Nul sans un jour du ciel ne voit le jour suprême: Qui tend à Dieu sans Dieu fait un superbe [effort, Et mort cherchant la vie, il trouvera la mort. Sur le terrain à la pointe : N. Lemire sculp. 1775. Au-dessous du filet, à gauche : Moreau le jeune inv.; droite N. Lemire sculp. (H, 152", L. 92, in-8°.) D'après la description des quatre pièces ci-dessus, description très-exacte que je dois à l'auteur de la Monographie de Moreau le jeune, le premier ouvrage semble appartenir à la classe des sciences mathématiques,le second à la Théologie, le troisième à l'Histoire (rien dans l'Histoire philosophique des établissements des Européens dans les deux Indes, par l'abbé Raynal), et le quatrième à la Poésie. Ce dernier ouvrage paraît être un recueil de vers par Louis, marquis de Prie, mais ce recueil n'a probablement pas été publié; s'il a été imprimé, pends-toi, Quérard! Rien dans la France littéraire ! P. L. JACOB, Bibliophile. Le propriétaire du château d'Henonville. J'ai une lettre autographe, datée d'Henonville, le 26 oct. 1742, adressée à Monsieur le comte Desclimont (?), en son château à Vendevelle à Poissy, mais non signée. L'anonyme parle à son correspondant des affaires publiques et religieuses. De plus, il lui indique la route qu'il doit suivre pour se rendre à Henonville, en partant de Liancourt: « Je viens de trouver le chemin de Liancourt icy; je compte qu'il faut venir de Liancourt à Neuilly-enTelle, où il y a poste; de Neuilly-en-Telle icy, il n'y a que trois bonnes lieues de beau chemin. » Ces localités se trouvent dans le département de l'Oise. - Je demande 1o le nom de la famille qui habitait le château d'Henonville en 1742; 2o doit-on lire Vendevelle ou plutôt Videville, château des environs de Poissy, que cite l'Annuaire du Commerce de Didot, comme appartenant à M. le vicomte de Gallard ? 3o Est-ce bien d'Esclimont? PIERRE CLAUER. Société républicaine de la Zowski. Les membres des Sociétés populaires, si nombreuses en 1792, 1793 et 1794, portaient, comme preuve de leur affiliation à tel ou tel groupe républicain, un signe particulier; c'était le plus souvent une carte ronde, enfermée entre deux petits disques de verre, retenus ensemble par une bordure de cuivre. D'un côté, se voyaient le nom de la Société et son emblème politique; de l'autre, les signatures du Président et du Secrétaire. J'en appelle avec confiance au savoir de quelque Intermédiairiste, pour être renseigné sur le lieu et le rôle d'une Société qui m'est révélée par une carte de ce genre. La légende qui contourne est, avec son orthographe peu académique, ainsi conçue: Société républiquaine de la Zowski, trimeste de l'an de la République françoise une et indivisible. L'emblème, très-finement gravé, qui remplit le centre, peut être ainsi décrit: la France ou la République, appuyée sur le Temps, attire de sa main droite une femme, au glaive levé, lui déposant sur la tête une couronne de feuillage; de la main gauche, elle soutient un triangle et une pique surmontée d'un bonnet de liberté; d'un côté, un enfant tient une balance équilibrée; de l'autre, luit le soleil, représenté par une figure humaine rayonnée. Au-dessous, gît un cadavre décapité et trois têtes couronnées, parmi lesquelles il est facile .... Les œuvres inédites du joli marquis. On sait que le trop célèbre marquis de Sade avait la manie d'écrire, et que, dans les longues années de sa vie qui s'écoulèrent en prison, il eut, à cet égard, d'amples loisirs. Les manuscrits qu'il a laissés se divisent en deux parties : les uns sont des pièces de théâtre, des fictions inoffensives; la Biographie universelle en donne une liste détaillée, en ajoutant qu'ils sont restés dans les mains de la famille; ils ne seront certainement jamais publiés; ils ne méritent, à aucun égard, de voir le jour, mais quelques renseignements les concernant ne seraient pas sans intérêt. Les manuscrits de la seconde espèce sont du genre de ces productions monstrueuses dont il est inutile de rappeler les titres; la Biographie, déjà citée, avance qu'ils furent brûlés, en présence du fils du marquis. Jules Janin (autorité peu sérieuse) affirme qu'il n'en resta pas même les cendres, mais M. de Reiffenberg, dans un article inséré dans l'un des premiers volumes du Bulletin du bibliophile belge (je ne l'ai pas sous la main en ce moment), articule qu'en dépit d'un procès-verbal de destruction, les manuscrits en question ne furent point livrés aux flammes; il dit même, si je ne me trompe, qu'ils furent acquis par la Bibliothèque, alors Royale, la Bibliothèque de France, comme l'appelle le regrettable Ambroise-Firmin Didot, fatigué des perpétuels changements de noms qu'elle subit (depuis le début du siècle actuel, elle a modifié huit fois son épithète !) Ce qu'affirme de Reiffenberg est-il exact? Ces manuscrits compromettants n'auraient-ils pas été anéantis depuis leur entrée (si elle a eu lieu) rue Richelieu? Problème délicat dont je ne me charge point de chercher la solution. J'ajouterai que l'auteur du passage cité (X, 396) se trompe, en avançant qu'Aline et Valcour« est pire encore que Justine »; Aline est un roman épistolaire fort long, 489 ennuyeux, très-immoral, mais, entre cet écrit et les monstrueuses productions du marquis, la différence est énorme. L'apôtre Jean Journet. J'ai lu, au commencement de cette année (17 mars 1877), dans l'Echo du Blanc, cette nouvelle dont j'avais pris note : « A Toulouse, <«<< un cas de fécondité extraordinaire : « Mme Journet, la femme du fameux Jean Journet, apôtre couriériste (avec une « coquille, en passant, pour fouriériste), « est accouchée de cinq enfants, etc., etc. »> Le nom de l'apôtre, oublié depuis si longtemps, me frappa. Je relus les Excentriques, de Champfleury, et, p. 101, je vis ceci : « Depuis deux ans, Jean Journet a «< complétement disparu de Paris. Le 2 dé«cembre, qui a coupé court à toutes les utopies, l'aura rendu à sa famille, en province. D'ailleurs l'apôtre se fait vieux << et cassé, etc..... >> Ceci était écrit en 1856, il y a donc 21 ans. D'un autre côté, Lorédan Larchey, dans une publication plus récente (les Gens singuliers, 1867), écrit : « Dans « les dernières années de sa vie, Jean « Journet ne dut pas conserver de grandes <«< illusions sur la mise en pratique de ses « théories. N'avait-il pas, d'ailleurs, fait « partie du phalanstère de Cîteaux, sub«ventionné par un Anglais fouriériste et «< dirigé par une femme, Mme Gatti de « Gammont? Dès la réalisation inespérée « de ce rêve, Jean Journet avait reçu ce << qu'on appelle un coup d'assommoir. « Mme Gatti ne l'avait jugé bon qu'à jouer « le rôle de bûchiste (lisez : scieur de bois) « dans la communauté. Elle lui avait in«terdit, de plus, toute élucubration poé<< tique, etc. >> Il serait, je crois, intéressant d'être fixé sur ce point: Jean Journet est-il mort ou est-il encore en vie? L'article du journal cité plus haut ferait pencher assez vers cette dernière opinion. Jean Journet était une personnalité dont il faut garder le souvenir. «< Apôtre » est réellement le titre qu'il méritait, car il prêchait la foi, 490 l'union, la concorde, le travail, le dévouement et la probité, à l'époque où il m'a été donné de le rencontrer. Peut-être quelques-uns de nos collabo l'auront-ils connu également, en ces temps troublés de la République de 1848. Je me rappelle l'avoir rencontré bien souvent, le soir vers le minuit, chez Cretaine, le boulanger des pains au beurre, rue Dauphine (qui passera à la postérité, grâce à Murger... et un peu à ses petits pains). Il entrait, prenait un air inspiré, et là nous exposait ses théories, nous déclamait ses vers et nous distribuait ses brochures. On rencontrait là également A. de la Fizelière (qui doit se rappeler le fait), Antonio Watripon, et ce pauvre grand bohême Privat d'Anglemont (encore une personnalité qui restera), qui écrivait ses « faits divers » pour le Siècle, je crois, sur un coin du comptoir et sur le papier dont se servait Cretaine pour envelopper ses gâteaux. La jeunesse des Ecoles, sortant du Prado ou de la Chartreuse (nunc Bullier), venait s'abreuver de verres de lait et manger un gâteau chaud. Ces souvenirs rétrospectifs m'ont bien éloigné de ma demande, j'y reviens : Jean Journet est-il mort ou vit-il encore, végétant ignoré, et peut-être nécessiteux, dans quelque coin du Midi? A. NALIS. « Le naturaliste Bravard. Dans un article de la Revue des Deux Mondes, du 15 avril 1877, sur la Pampa et la Patagonie, on lit ce qui suit : « M. Bravard « était un paléontologue français, venu à Buenos-Ayres vers 1852, attiré par la « richesse des gisements fossiles, et qui, << après avoir consacré toutes les heures « de son séjour à des études sur la géo«<logie de ce continent, périt malheureu<< sement enseveli sous le tremblement de « terre de Mendoza, en 1864. » Où trouver des renseignements biographiques plus détaillés sur ce naturaliste ? Quels ouvrages a-t-il publiés ? Quels étaient les motifs réels qui l'avaient poussé à s'expatrier? Tout ce que nous savons de lui, c'est qu'il a fait paraître, de 1827 à 1843, plusieurs travaux sur les fossiles du département du Puy-de-Dôme, notamment une Monographie de la montagne de Perrier près Issoire. FRANCISQUE MÈGE. |