-Quel que soit le dégoût avec lequel on aborde ce sujet répugnant, peut-être sera-t-il permis de faire observer que, dans l'Index librorum prohibitorum (cité X, 455), M. Pisanus Fraxi donne de curieux détails sur un procès qui fit grand bruit, à Londres, en 1813. Plusieurs misérables, condamnés au pilori, furent accablés d'injures par la populace qui lança contre eux des pierres, des charognes, des ordures de toute espèce. Pisanus a l'indiscrétion (nous ne l'imiterons pas) de nommer des personnages qui furent accusés de vices infâmes; il cite lord Audley, comte de Castle-haven, qui, jugé par ses rairs, fut décapité au mois d'avril 1631. Il aurait pu mentionner aussi un prélat anglican, John Atherton, évêque de Waterford, qui fut pendu à Dublin, le 5 déc. 1640. Lowndes, dans son Bibliographer's Manuel, p. 84, 163, etc., cite divers ouvrages relatifs à cette cause alors célèbre, Voir aussi l'ouvrage satirique publié sous le nom de La Court: la Récolte Satan que a faite chez lui, Francfort, 1749(livret qui existe également en anglais : Satan Harvest home). L'auteur de l'Index parle aussi d'un poëme intitulé: Don Léon, dont lord Byron est, par une audacieuse supercherie, indiqué comme l'auteur, et qui renferme d'étranges aveux, très-certainement dépourvus de toute vérité. M. T. Un journaliste démasqué par M. de Villemessant (X, 357, 413). La question, me tombant sous les yeux, a réveillé un souvenir que je n'ai pas eu de peine à préciser et qui confirme la réponse déjà faite. Le fragment dont s'agit vient d'une revue in-8°, la Chronique de Paris, fondée en 1851 par M. de Villemessant, et que j'ai conservée. Les lignes citées sont la fin d'un article de ce journaliste, publié dans le numéro du 1er juin 1852, et intitulé M. GRANIER DE CASSAGNAC. Celui-ci y est flagellé à propos de je ne sais quel scandale dont il venait d'être le héros et de lettres écrites à cette occasion par les généraux Changarnier et de Lamoricière, alors exilés. Il est traité de « misérable folliculaire », qui ne court qu'un seul risque, celui de passer pour un agent provocateur. « Singulière destinée, dit M. de Villemessant, que celle que s'est faite M. Granier de Cassagnac !... Chacun de ses suc a Change (X, 388, 442, 462). - Je reçois l'Intermédiaire du 10 août à la campagne et m'empresse de remercier M. l'abbé V. Dufour de la leçon de modestie qu'il me donne. A Du Cangiste, Du Cangiste et demi. Il est peut-être dans le vrai, lorsqu'il croit que change peut signifier une étoffe de couleur changeante : mais lorsqu'il avance qu'amictus peut désigner un voile de calice, je crois qu'il est en contradiction absolue avec la langue ecclésiastique ancienne et moderne. C'est une question à revoir et que je demande la permission de réserver pour l'époque où je serai revenu au milieu de mes livres. ALF. D. Langue carthaginoise (X, 418, 466). Pour qui connaît avec quelle recherche du style M. Gustave Flaubert écrit ses romans, la boutade de M. V. a de quoi surprendre. Dire que Salammbô est un roman réaliste est un peu singulier, puisque son auteur a cherché à peindre une civilisation disparue; et avancer que l'on a prétendu qu'il était écrit en carthaginois, c'est méconnaître les grandes qualités d'écrivain que cet auteur y a montrées. ALF. D. Les Français, en général, ne sont pas fort au courant de ce qui se fait au delà de leurs frontières. Je me suis occupé, avec assez de succès, de la langue populaire parlée à Carthage et j'ai traduit d'une manière irréfragable le passage de Plaute. La langue carthaginoise, comme les langues actuelles des Echelles du Levant, était une mixture de toutes les langues qui se parlaient dans le Monde ancien. A l'aide des 14 langues que je possède, je suis parvenu à reconnaître tous les mots du fameux passage, et j'en ai donné l'explication dans les Mémoires de la Société polymathique de Hasselt. M. le chanoine Bock, d'Aix-la-Chapelle, un des plus savants linguistes de l'Allemagne, a complétement approuvé mon travail. BARON P. J. O, T, DE NORSt. 533 notre caractère, leur ont fait donner une multitude de noms, dont Rabelais et Béroalde ont recueilli ou inventé un grand nombre; de l'Aulnaye, dans ses Erotica verba, en a colligé (passim) 330, et encore a-t-il eu soin d'ajouter : Etcætera. S'il s'agissait d'imiter le Liseur et de reproduire toutes les anecdotes amusantes racontées sur ce sujet par nos vieux conteurs, l'Intermédiaire ne suffirait pas; mais, remontant à la question, j'avoue que je n'en comprends pas le but et que j'ignore quel intérêt peut avoir notre questionneur à connaître le « publiciste » qui le premier a employé cette expression: Pourquoi plutôt l'origine de ce nom que celle des 330 autres? Faut-il circonscrire les recherches parmi les publicistes, ou a-t-il entendu désigner tous les écrivains, dont ils ne forment qu'une minime catégorie ? A. D. Le maréchal de Mac Mahon (X, 423,475, 502). J'ai une lettre autographe d'un chevalier de Mac Mahon, capitaine et chevalier de St-Louis, datée de Dieppe, le 7 may 1753 et adressée à Monsieur de la Fontaine, secrétaire de son excellence M. de Bonac, ambassadeur de France aux Etats généraux, à la Haye. P. CLAUER, Voici, pour M. H. W.-W., un rapprochement vraiment curieux, fourni par un article humoristique du Figaro de 1829 (no du 25 nov.), qu'on vient d'exhumer. Le conseil des ministres est assemblé pour délibérer sur le salut de l'Etat. M. de Labourdonnaye dit qu'Il faut tenter l'entreprise. C'est M. de Polignac qui hésite, ainsi que MM. d'Haussez et Courvoisier. Mais MM. de Chabrol et de Montbel insistent pour l'entreprise. « M. DE POLIGNAC. - Messieurs, réfléchissez bien. Voudriez-vous donner le signal du trouble et de la guerre civile? Ne vaudrait-il pas mieux... « M. DE LABOURDONNAYE. Nous retirer? quitter la partie, sans avoir fait le vatout de la monarchie? Non, monsieur! je suis ministre, et tant qu'il y aura un trône debout, je serai près de lui. « M. DE CHABROL. — Moi aussi. Diable ! si je m'en allais cette fois, je ne reviendrais plus! J'y suis, j'y reste!» N'y a-t-il pas aussi une chanson qui disait depuis longtemps: Ce bivouac est à mon gré! M. B. Varia (X, 424, 473, 502). Le dernier nom doit se lire Foblant, non Toblant. H. I. Esther, tragédie de Racine (449, 503). 534 Réparation d'honneur au chevalier de Mouhy, lequel a pu être trompé par les éditions d'Esther en 5 actes, citées par notre collaborateur Ch. L. Mais Louis Racine, dans ses Mémoires sur la vie de son père, dit, dans un passage qui m'avait échappé : « Les applaudissements que sa tra« gédie avoit reçus ne l'empêchoient pas << de reconnoître qu'elle n'avoit pas toute la << grandeur du poëme dramatique. L'unité << de lieu n'y étoit pas observée et elle n'é<< toit qu'en trois actes: c'est mal-à-pro« pos que, dans quelques éditions, on l'a partagée en cinq ». Si j'avais eu lu cette phrase, je n'aurais pas fait ma question. Mais, n'en déplaise à Louis Racine, je doute que son père regardât comme un défaut de n'avoir donné que trois actes à sa tragédie. Je persiste à penser que c'est, au contraire, une preuve du goût et du génie de ce grand poëte. D'ailleurs, il eût eu scrupule de rien ajouter à la Bible; et, dès lors, le sujet ne fournissait pas la matière de cinq actes, E.-G. P, -C'est Maupoint, dans sa « Bibliothèque des théâtres», publiée en 1733, qui le premier a raconté que la tragédie d'Esther aurait été représentée primitivement en 5 actes, à St-Cyr, pendant le carnaval de 1689 et que les comédiens français la donnèrent pour la première fois sur leur théâtre en 1721 réduite en 3 actes. Cet article fut reproduit par de Mouhy, de Léris, de Laporte et autres. Voici maintenant le Catalogue de Pont de Vesle, de 1774, dont les nos 490 et 491 sont ainsi conçus : « N° 490. Eu«vres de Racine. Amsterd. 1722. 2 vol. << in-12, contenant : la Thébaïde, Alexan«dre, Andromaque, les Plaideurs, Bri« tannicus, Bérénice, Bajazet, Mithridate, « Iphigénie, Phèdre, Esther et Athalie, « toutes tragédies en 5 actes, excepté les « Plaideurs, comédie en 3 actes.»N°491. «Euvres de Jean Racine. Paris, 1741. « 2 vol, in-12. Mêmes pièces, excepté « qu'Esther n'y est divisée qu'en 3 actes. >> Or, l'édition originale d'Esther, de 1689, est en trois actes. D'où l'on pourrait croire que Maupoint, qui le premier a parlé de la division d'Esther en 5 actes, n'aurait pas connu l'édition originale et n'aurait eu sous les yeux que l'édition de 1722, où il aurait puisé légèrement son assertion. Je dis « légèrement », car j'ai sous les yeux un exemplaire d'Esther, détaché de cette édition de 1722, et cette prétendue division en 5 actes est le produit d'une étrange bizarrerie de l'éditeur. Dans toutes les éditions, l'acte 3e se compose de scènes. Dans cette édition de 1722, l'acte III n'a que 3 scènes, et on lit à la fin de la 3e scène: «fin du 4o acte »; puis vient l'acte V, composé de 6 scènes. Donc point d'acte 4me et en réalité 3 actes seulement. Mais en examinant légèrement la tragédie à partir du 1er acte et sautant à la der 535 nière page, possibilité de croire la pièce divisée en 5 actes. J'ajouterai que le Répertoire général de toutes les pièces de théâtre qui se jouent ordinairement en France, par C. du C*** (du Coudray), 1774, Répertoire où les pièces sont divisées par catégories de pièces en tant d'actes, compte go tragédies en 5 actes et 4 seulement en 3 actes, et qu'Esther est rangée parmi les pièces en 5 actes. Pour finir la tragédie d'Esther, qui n'avait pas été jouée à Paris depuis les 8 représentations de l'année 1721, fut représentée à l'Opéra par les comédiens français pour la représentation de retraite de Mme Vestris, le 13 prairial an XI, avec Mile Duchesnois dans le rôle d'Esther, et annoncée 2me représentation, au même théâtre, comme spectacle redemandé, pour le 17 prairial suivant. G. T. « Quiole, Quiolard (X, 450, 504). Deux renseignements bibliographiques seulement. Voici la notice du Catal. Soleinne, no 862 : « Farce (la) des Quiolars, << tirée de cet ancien proverbe normand: << Y ressemble à la Quiole, y fait de' gestes », « lequel se met ordinairement en usage quand on voit une personne qui, par << ses actions, par ses paroles et par ses << habits, croit cacher la bassesse de sa << naissance, la pauvreté de sa cuisine ou « les imperfections de son esprit. Pour le << divertissement des mélancoliques et de «< ceux qui sont en parfaite santé, par « P. D. S. i. 1. (en prose, sans distinction << d'actes, ni de scènes). - Rouen, Jean Our<< sel l'aîné, s. d. (1735), in-12, 23 p. La ire « édition connue est de 1599. >> Le Catal. Pont de Vesle, au no 513, cite une autre édition : « Farce (la) des Quio« lards, tirée d'un ancien proverbe nor«mand, en un acte, par P. D. S. I. S. «<-Rouen, l'Avocat sans sac.-Leide, 1696, «< in-12. » Ainsi, c'est bien vers la Normandie que les recherches doivent être dirigées. G. T. 536 Saganæ, senæ, darbetum (X, 451, 506). Il me semble facile, à moi pêcheur d'aloses de Seine à l'aide du filet que, chez nous et en beaucoup d'autres lieux, on appelle une « seine »>, de répondre à la première partie de la question. Sagana et sena ne doivent pas signifier autre chose que cette sorte de filet. L'article 46 des franchises accordées par l'évêque Adhémar aux Genevois défend aux marchands de poisson de naviguer, eux-mêmes ou par leurs agents, vers les seines, c'est-à-dire vers les pêcheries, ou d'aller à la rencontre de ceux qui apportent le poisson à vendre. Cela me semble clair comme l'eau du lac. - Quant au darbetum, cela n'est point de ma compétence. (Duclair.) UN PÊCHEUR D'ALOSES. Mal napolitain (X, 452, 508). — L'indication que j'ai donnée dans mon livre sur la prostitution, a pour origine des renseignements fournis par un auteur, bien placé pour connaître la question, M. le docteur Vintras, dont l'ouvrage est intitulé: « On the repressive measures adopted in Paris compared with the uncontrolled prostitution of London and New-York. (London. Robert Hardwicke 192, Piccadilly. 1867.) On lit dans ce livre, page 42 : « Exclusion of venereal patients from hospitals. The first official recognition of syphilis in England is found in a police regulation of the years 1430, during the reign of Henry VI, excluding venereals patients from the London hospitals and requiring them to be strickly guarded at night. » LECOUR, Chef de div. à la Préfecture de Police. avec Limoges a-t-elle eu des fabriques d'étoffes de soie, d'or et d'argent, aux XVe et XVIe siècles ? (X, 453.) - C'est avec raison, je crois, que la Société archéologique du Limousin, et MM. du Sommerard, de Linas et de Lasteyrie soutiennent que les mots limogeriis, limogiata, limogiis, ne s'appliquent point à des étoffes fabriquées à Limoges. Quant à leur rapprochement, par extension, les émaux de Limoges, il me paraît (passezmoi l'expression) un peu tiré par les cheveux ! L'interprétation que je me permets de signaler à notre collaborateur V. de V. n'est-elle pas plus probable? Dans toute la Suisse Romande et dans la Savoie, le coton rouge, dit en France: coton à marquer, s'appelle encore aujourd'hui du Limoges. Pourquoi? je n'en sais rien. Se fabrique-t-il à Limoges? il est facile de s'en assurer. - Ce qui est certain, c'est que dans les pays ci-dessus indiqués, on dit encore: brodé au limoges, marqué au limoges, ourlé au limoges, etc., etc. Ceci me paraît s'appliquer parfaitement à 537 limogiata in extremitatibus. (Un joli latin de cuisine, par exemple!) Je crois que V. de V. pourrait consulter utilement les Glossaires genevois. Il y en a plusieurs, notamment celui d'Humbert. CH. H. Chrestomathie (X, 456). En 1812, J.-Victor Le Clerc fit paraître anonymement une Chrestomathie grecque (Paris, Delalain, in-8). — V. Barbier et Quérard. H.I. « Ce titre fut appliqué pour la première fois à un recueil de Mélanges grecs, par Helladius, au commencement du İVe siècle de l'ère chrétienne, et par Proclus, au siècle suivant. Depuis le XVIe siècle, les recueils se sont multipliés sous ce nom et ont été destinés, en général, aux gens du monde et aux écoliers. On peut citer la Chrestomathia patritisca de Breslau (1756, græcè), la Chrestomathie grecque de V. Le Clerc, la Chrestomathie française d'A. R. Vinet, etc. » (Vapereau, Dictionnaire des Littératures.) P. c. c. J. LT. Y a-t-il eu deux auteurs d'Anchères et Schelandre? (X, 481.) · Les noms de Jean de Schelandre et de Daniel d'Anchères étant l'anagramme exacte l'un de l'autre, il n'est guère vraisemblable que deux gentilshommes portant ces deux noms qui n'en font qu'un aient vécu dans le même temps, aient été tous deux attachés à Jacques Ier, et aient fait justement chacun une tragédie sous ce titre qui n'est pas déjà si commun: Tyr et Sidon. Cela dépasserait, M. E.-G. P. en conviendra, les plus étranges coïncidences dont l'histoire littéraire fasse mention. Les généalogistes connaissent les Schelandre (Vid. Interm. IX, 422, 476, 505); connaissent-ils des Anchères? L'erreur de la Biographie Didot s'explique, parce qu'à première vue Anchères a plus la physionomie d'un nom français que Schelandre. M. Lalanne, qui s'est trop souvent fie à la Biogr. Didot, avait aussi commencé par donner Daniel d'Anchères pour le vrai nom; mais il a fait un erratum. Il est à remarquer que Ch. Asselineau, qui a écrit une notice sur Jean de Schelandre, a précisément travaillé sur un exemplaire (n° 417 de sa vente) de l'édition de 1608, celle qui est signée Daniel d'Anchères. Cette édition porte en sous-titre, suivant le Catalogue: « ou les funestes amours de Balcar et Méliane », ce qui établit, je crois, suffisamment l'identité. L'exemplaire Asselineau, ci-devant Bertin, est le seul de l'édition de 1608 qu'on se souvienne d'avoir vu passer dans les ventes. Cette édition a été faite à Paris par le libraire Jean Micard. Celle de 1628, sensiblement et De l'opinion du XVIIIe siècle sur la Pucelle de Voltaire (X, 483).- « On traite Voltaire, dit le collabo D. C., comme un criminel, pour avoir outragé, dans la personne de Jeanne d'Arc, une des gloires les plus respectables de la France »; l'on a raison; et j'ajoute que «< chercher une si grosse querelle à Voltaire sur un pareil sujet» est parfaitement « équitable ». Le poëte qui a outragé une des gloires les plus respectables de la France » s'indignerait bien à tort d'être « accusé du crime de lèse-patriotisme. » Bien plus, « si Voltaire revenait au monde », je soupçonne qu'il ne serait point extrêmement «< étonné de la guerre qu'on lui fait à ce propos. >> Car, n'en déplaise à notre honoré collègue de l'Intermédiaire, la guerre avait, sous une certaine forme, commencé du vivant d'Arouet. Avant 1755, date de l'édition de Louvain, d'imprudentes confidences, des transcriptions peu discrètes avaient attiré déjà nombre de blâmes à l'auteur. Et la preuve que les contemporains n'étaient pas si unanimes à goûter la doctrine de l'ouvrage, c'est que Voltaire, après avoir pris la précaution de publier, sous la seule initiale de son nom, les quinze premiers livres de la Pucelle, désavoua tout net son poëme, le jour où l'orage gronda trop fort. Au reste, fût-il prouvé qu'il s'est rencontré peu de « défenseurs de Jeanne d'Arc contre la Pucelle de Voltaire, au XVIIIe siècle », je ne vois rien là qui tourne si fort à la gloire dudit siècle, ni surtout rien qui témoigne contre Jeanne d'Arc et qui donne raison aux «< esprits de ce temps-là ». Voltaire c'est un point avéré introduisit dans son livre une foule de variantes, pour en diminuer ou en aggraver, à plaisir, suivant le cas, le libertinage, en sorte que, composé ou non pour le public, ce poëme obtint, de fait, la plus éclatante publicité: un ennemi des philosophes, Palissot, le loue quelque part sans restriction, et Malesherbes le savait par cœur. Il y a donc cent à parier contre un que Voltaire avait conscience de son œuvre, c'est-à-dire de la portée de sa diffamation. L'admirable figure de Jeanne d'Arc n'avait pas alors, j'en conviens, cette netteté, ce contour précis qu'on lui a donné dans notre siècle, grâce aux documents histo 539 riques retrouvés et mis en œuvre; mais encore, est-il à peu près sûr que l'homme qui, pour écrire l'Histoire de Charles XII ou le Siècle de Louis XIV, remuait ciel et terre, afin de trouver des matériaux et de n'oublier aucune source d'informations, n'était point tout à fait ignorant du vrai rôle, du rôle national de l'héroïque bergère de Vaucouleurs. Le premier, le plus éloquent « défenseur de Jeanne d'Arc contre la Pucelle de Voltaire, au XVIIIe siècle », est donc, à mon sens, Voltaire lui-même, j'entends Voltaire timide jusqu'à craindre de publier le poëme sous son nom, Voltaire lâche jusqu'à le désavouer, Voltaire enfin toujours habile dans son métier de diffa - Bourguignon (X, 484).. Je n'ai trouvé ce mot, dans le sens que lui donne Balzac, ni dans le Dictionnaire de Littré, ni dans le Complément au Dictionnaire de l'Académie. D'ailleurs, la forme même de la phrase de Balzac et la précaution qu'il prend de déclarer que son savant étymologiste a voulu rester inconnu, me semblent suffisamment prouver qu'il ne s'agit que d'une plaisanterie. Pourquoi depuis Charles VI? Cela ne serait probable que si le feu mis au costume de Charles VI provenait de la détonation bruyante dont l'effet est d'envoyer sur un tapis ou sur une robe un petit charbon léger, principe d'incendie. Or, dans les historiens, on lit que le duc d'Orléans mit le feu au costume de son frère, en approchant la torche qu'il tenait à la main, pour essayer de connaître les masques. E.-G. P. Bourguignon (X, 484). Breton (X, 163, 333). - «Bourguignons,» ainsi que Bretons,» désignent indistinctement, en Touraine (le Tourangeau Balzac devait le savoir), les étincelles qui accompagnent la détonation partant de bûches en flammes, alors qu'une bulle d'air s'en dégage. J'avoue que j'ignore l'origine de ces dictons, à moins qu'on n'ait voulu indiquer que les soldats bourguignons et bretons surprenaient leurs adversaires par une attaque bruyante et imprévue? A. D. Laine d'étain (X, 486). -Voyez Littré, aux mots Estame et Etain, qui sont deux formes du même mot, venant de etamen, fil de la quenouille. De là les dérivés estamet, estamette, étamine, étaminier. Voyez 540 aussi, dans l'Intermédiaire, le mot Badestamier (VII, 560, 612, 637; VIII, 18). G. I. Société républicaine de Lazowski (X, 487), et non pas de la Zowski. Lazowski est le nom d'un révolutionnaire bien connu, ancien inspecteur des manufactures, qui conduisit, le to août, la garde nationale du faubourg Saint-Marceau à l'attaque du château et qui commanda l'artillerie des assaillants. A la suite du mouvement du 10 mars 1793, il fut dénoncé, le 13, à la Convention. par Vergniaud. Le lendemain, il fut admis à la barre et demanda à se justifier. La Convention pasša à l'ordre du jour, se fondant sur ce que le décret rendu la veille contre les conspirateurs ne nommait personne et qu'il n'en avait point été rendu de particulier contre Lazowski. La section du Finistère (faubourg Saint-Marceau), dont il était l'idole, fit, de son côté, une démarche, d'allure comminatoire, auprès du ministre de la justice. Le Conseil général de la Commune, qui était très-hostile au mouvement, et qui dénonça Varlet, Fournier, etc., ne paraît pas avoir fait peser de responsabilité sur Lazowski. Quelques semaines après ces incidents. Lazowski succomba presque subitement à une fièvre pernicieuse. La Commune, avertie dans sa séance du 24 avril, nomma une députation et décida que la municipalité du 10 août serait invitée aux obsèques, avec sa bannière et le tableau des morts et des blessés du 10 août. Le cérémonial fut fixé, dans la séance du 26 avril, et les funérailles de Lazowski eurent lieu le 28. Le cercueil était précédé du drapeau blanc qu'il avait pris sur les royalistes, du drapeau rouge qu'il avait déchiré, et de la cloche qui avait servi à sonner le tocsin dans la nuit du 9 au 10 août. Les deux drapeaux furent brûlés sur la tombe, qui fut creusée sur la place de la Réunion (Carrousel). La fille de Lazowski fut adoptée par la Commune; son cœur fut remis à la section du Finistère, et le club Marceau (nous y voici enfin) prit le nom de Société républicaine de Lazowski, nom qu'il garda jusqu'au début de la réaction thermidorienne. G. I. |