51 Je ne trouve plus trace de Maurevert, à partir de ce moment. A. NALIS. Dans les Mémoires de Jacques Pape, seigneur de St-Auban, en Dauphiné, qui existaient en manuscrit en 1662, et dont Du Bouchet a donné une trentaine de pages, le « Tueur du Roi » est nommé Maurevel. Voici ce passage, très-peu connu, qui contient de curieux détails sur la fuite de l'assassin de l'amiral Coligny : << Ayant eu l'honneur d'avoir esté nourri (élevé) près de Monsieur l'Admiral de Chastillon, je me trouvai, le 21 d'aoust 1572, près de lui, lorsqu'il fut blessé par Maurevel, d'une arquebuzade aux deux bras. Nous essayames, quelques gentilshommes qui estions tous de la maison dudit seigneur, d'enfoncer la porte du logis d'où l'arquebuzade avoit esté tirée, et, n'en pouvans venir à bout, suivimes Monsieur l'Admiral en son logis, où estans Monsieur de Ceré et moi, suppliames Monsieur de Téligny de monter à cheval pour suivre ledit Maurevel, lequel nous avions entendu estre sorti du logis par la porte de derrière et monté à cheval. Ledit sieur de Téligny nous retarda quelque temps. Enfin, ledit sieur de Ceré et moi, estans montés à cheval, sortimes de Paris par la porte Saint-Antoine, par où le meurtrier avoit passé, et, estans à Charenton, nous primes un serviteur de Monsieur Georges de Lormoy qui tenoit un cheval en relais audit Maurevel, et portoit le manteau gris que ledit Maurevel avoit au sortir de Paris. L'ayant donc arresté, le laissames prisonnier à Villeneuve-SaintGeorge, entre les mains du lieutenant du dit lieu, et en advertimes, par un billet escrit et signé de ma main, Monsieur de Téligny, lequel lui fut rendu. Et sur cet advis, il envoya le lendemain samedi, Messieurs de Valevoire, de Moreau, de Merle, le jeune Beaufort, appelé des Aureaux, et quelques autres, qui l'amenèrent à Paris, aux prisons de Fort-l'Evesque. << Soudain, avoir dépesché le susdit billet, Monsieur de Ceré (qui fut depuis tué à une sortie de Broüage, lorsque Monsieur du Mayne le tenoit assiégé) et moi passames outre droit le chemin de Melun, et estans près de Corbeil, au chemin qui va à Blandy, nous trouvames que ledit meurtrier s'estoit jeté dans la maison de Monsieur de Chailly. « Le pont-levis estant levé et les flancs garnis d'arquebuzes, fut cause que nous couchames près ladite maison, croyant que le meurtrier, ne s'y tenant point assuré, dût passer outre, mais ce fut en vain. Ce qui nous obligea de nous retirer près de Monsieur l'Admiral qui estoit logé à la rue de Bétizi, où le massacre commença le 24 d'aoust 1572, duquel je laisse le discours de ce qui s'y passa aux histo riens. « Pour moi je fus fait prisonnier par le 52 prévost de la Mardeille et conduit en sa maison près la porte de Bussi, où je vis massacrer quantité de gens près de moi à coups de poignard. Soudain qu'il en avoit tué un, on me prenoit par le collet avec le poignard tout sanglant. Par trois fois je fus pris et par trois fois laissé, et demeurai en ceste incertitude de la vie durant quinze semaines: Dieu sait comme quoi gardé et en quelles alarmes. Pour les mettre au long, il s'en feroit un volume. Tantost on disoit que la Reyne avoit dit que j'estois un mauvais garnement, tantost que j'estois de l'entreprise d'Amboise. Enfin je fus conduit à la Conciergerie et fus accaré à Messieurs de Briquemaud et de Cavagnes, le jour qu'ils furent défaits, lésquels on sollicita bien fort de m'accuser; mais jamais ils ne le voulurent faire, aussi désavouèrent que ce fust moi qui eusse suivi Maurevel, car il ne me falloit pas plus grand crime pour me faire perdre. Après donc que je fus sorti de prison, je revins à ma maison de Dauphiné, où je séjournai quelque temps et jusqu'à ce que Monsieur de Chastillon (1) m'envoya quérir à Montpellier, sur le temps que le Roy de Navarre lui avoit envoyé ses commissions pour commander en Rouerge dans l'estat de Colonel de son infanterie, qui fut l'an 1586. Il me fit l'honneur de m'offrir ou sa lieutenance au gouvernement de Montpellier, ou celle de sa compagnie de gendarmes, de laquelle je fis élection, plustost que de m'arrêter à Montpellier et y demeurer oisif...>> C.R. Stendhal et la légende du jeune Barra (IX,709,765). — Laissons Barra, sa caisse et sa statue par David d'Angers, et parlons un peu de l'institution de la Légion d'honneur. Je cite Stanislas Girardin (cidevant M. d'Ermenonville, capitaine de remplacement à Chartres-Dragons, exélève de Jean-Jacques): « La distribution des étoiles de la Légion d'honneur, dit-il, a eu lieu, pour la première fois au Camp de Boulogne. On ne verra jamais une cérémonie ni plus belle ni plus imposante. C'est là que la croix de commandant m'a été donnée par Napoléon. - J'avais beaucoup contribué à l'établissement de la Légion d'honneur et voici 53 compenses si vous voulez recueillir des vertus. Il m'en fit la lecture; il me prévint ensuite que des raisons particulières s'opposaient à ce qu'il pût le présenter directement au gouvernement; qu'il avait conçu ce projet comme un moyen de conserver la république; mais qu'étant né gentilhomme, on pourrait lui supposer quelques arrière-pensées. Il me pria donc, si je n'y trouvais pas d'inconvénients, de vouloir bien me charger de le remettre à l'autorité je le lui promis. Lorsque ce projet me fui confié, j'en fis une seconde lecture, elle fut suffisante pour me convaincre qu'il devait avoir un but tout opposé à celui que son auteur s'en était promis, et qu'un ordre privilégié était un ordre monarchique. Comme je ne redoutais aucune de celles qui pouvaient nous ramener à une forme de gouvernement qui convient essentiellement à la France, je remis le projet de M. de Barbançois à Joseph Bonaparte, qui le donna, me dit-il, à son frère, alors Premier Consul. Je n'en entendis plus parler et ne savais ce qu'il était devenu, lorsqu'à la fin d'une séance du Tribunat, on annonça des conseillers d'État, qui se présentaient pour faire une communication importante, mais qui ne pouvait être faite qu'en comité secret. Les tri-· bunes sont évacuées, et M. Roederer, président de la section de l'Intérieur du et Conseil d'État, prit la parole, proposa la création de la Légion d'honneur et donna des développements étendus aux bases du projet de M. de Barbançois. A l'époque où la proposition de M. Roederer fut faite, elle étonna beaucoup et n'a pas paru réunir beaucoup de suffrages en sa faveur. Elle a été renvoyée à la section de l'Intérieur du Tribunat: elle était alors présidée par M. Lucien Bonaparte. J'y défendis la proposition de M. Roederer avec avantage parce qu'elle me rappela le projet de M. de Barbançois. M. Lucien en fit le rapport en séance publique, et conclut à l'adoption. Ces conclusions furent combattues par deux membres du Tribunat, MM. Savoye - Rollin Chauvelin. M. Lucien répliqua à M. Savoye-Rollin et se laissa aller à des mouvements qui déplurent; aussi, ses conclusions ne furent-elles adoptées qu'à une très-faible majorité. Les boules noires, qui furent très-nombreuses, prouvèrent que l'opinion énoncée par M. SavoyeRollin était partagée par beaucoup de ses collègues. M. Lucien Fréville et moi avons été nommés par le Tribunat pour défendre le projet de loi au Corps législatif. Il n'a été converti en loi qu'à une majorité très-faible, et sans la chaleur que M. Lucien a mise à la défendre et l'intérêt particulier qu'y prenait le Premier Consul, il n'aurait pas passé. J'ai reçu trois croix d'or à Boulogne presque en même tems. L'une m'a été donnée particulière 54 ment, par Napoléon, au quartier général de Pont-de-Brique, quelques jours avant la grande distribution, en m'enjoignant de la porter pendant le peu de temps que je devais passer à Paris avec son frère Joseph. « Le jour de la belle cérémonie, qui a eu lieu pour distribuer des décorations à l'armée de Boulogne, je commandais une des compagnies du 4e de ligne, et je fus recevoir, avec tous ceux qui avaient été nommés commandants, la décoration des mains de Napoléon, au bruit des fanfares et de l'artillerie. La troisième m'a été donnée le lendemain par M. Maret, secrétaire d'Etat. Il me l'a remise, en disant qu'elle était beaucoup mieux faite que celle que j'avais reçue la veille. » (Mém, de St. Girardin, Paris, 1834, in-8°, t. 1er, p. 351.) Voir aussi le t. 1er des Discours et opinions de cet homme dE'tat. » P.-L. Courier, en racontant la mésaventure de son ami Avenet (Gazette du Village, 1823), le qualifie de « membre, non chevalier de la Légion d'honneur. » Paul-Louis ne reconnaissait pas l'ordonnance du 26 mars 1816. D'après le Recueil des Actions héroïques (An III, p. 18), Barra était hussard. P. c. c.: A. B. Je lis dans le Recueil des Actions héroïques et civiques des Républicains français, p. Ier, présenté à la Convention Nationale par Léonard Bourdan, député du Loiret (Paris, Impr. Nat., an II): « Frimaire, l'an second. Toute l'armée a vu avec étonnement Joseph Barra équipé en hussard, à peine âgé de 13 ans, affronter tous les dangers, charger toujours à la tête de la cavalerie; elle a vu une fois ce jeune héros terrasser et faire prisonniers deux brigands qui avaient osé l'attaquer. Ce généreux enfant, entouré par les rebelles, a mieux aimé périr que de se rendre et de leur livrer deux chevaux qu'il conduisait. Il est mort en criant: Vive la République ! Pendant tout le temps qu'il a servi dans les troupes de la République, se bornant aux dépenses d'une absolue nécessité, il faisait passer à sa mère chargée d'une famille nombreuse et indigente tout ce qu'il pouvait économiser. La Convention nationale a décerné à ce jeune héros les honneurs du Panthéon français. » P. c. c. :L. GUÉNEAU. Un Machabée (IX, 739).-Voyez l'Intermédiaire, I, 291, 350; II, 53. H. I. Shakespeare en France (IX, 741; X, 29). - Ne pas oublier les éléments déjà recueillis par l'Intermédiaire, sur l'initiative de M. Rathery (III, 163, 248). G. I. Famille Lefebvre (IX, 744).- Ce maréchal de France avait épousé, étant ser 55 gent, une femme de sa condition, qui garda, dans les grandeurs, ses allures simples et sans façon. Biogr. Didot, XXX, 320. Armoiries du duc de Dantzick : << Parti d'azur et d'or, l'azur chargé d'un dextrochère cuirassé d'argent, armé d'une épée d'argent à poignée d'or; l'or à la fasce de sinople, chargée de deux hommes passant menant chacun une femme d'argent, accompagnée en chef d'un vol d'aigle de sable, et en pointe d'une croix patée, alaisée de même. Chef de duc. » H. I. Le Mémorial de Sainte-Hélène a fait le plus grand éloge de la duchesse de Dantzick. Elle n'a pas cependant trouvé grâce devant le notaire anglais, Lewis Goldsmith. « Madame Lefêvre (dit-il), par son langage vulgaire, excite plus de risée que tous les beaux esprits n'ont jamais pu le faire. Madame Lefêvre a été bien des années blanchisseuse aux casernes de Strasbourg. Quand elle épousa Lefebvre, elle se mit ravaudeuse, et lorsqu'en 1792, son mari rejoignit l'armée destinée à s'opposer aux Autrichiens, Madame la duchesse fut nommée une des ravaudeuses de cette armée. - Lefêvre étant devenu général, Madame la générale revint à Strasbourg, où elle reprit son ancien métier de blanchisseuse, parce que, disoitelle, on ne savoit pas comment les choses pourroient tourner. A la fin, les choses ayant très-bien tournées pour Madame la générale, elle se hâta d'aller étaler ses grâces à Paris. Aujourd'hui, qu'elle est une si grande dame, elle va souvent à la cour et contribue beaucoup, par son baragoin, à égayer Messieurs les courtisans. Madame Lefêvre alloit souvent chez l'Impératrice Joséphine, qui s'amusoit beaucoup de ses histoires. Les gardes, les pages, les valets de chambre s'en amusoient. Un jour, le chambellan de service lui dit que l'Impératrice n'étoit pas visible. «Elle l'est toujours pour moi. » Le chambellan l'assura que Sa Majesté ne verroit personne. « Est-ce que vous ne me connoissez pas; allez lui dire que c'est moi, la duchesse de Dantzick. » Le chambellan entre chez Madame Buonaparte, qui vint jusqu'à la porte de son appartement, et dit à Madame Lefêvre, du plus loin qu'elle la vit : « Vous avez bien fait d'insister, Madame la duchesse; je suis toujours visible pour vous. » · Madame la duchesse, se retournant vers le chambellan, lui dit : « Ça te la coupe, · La duchesse accusa un mon homme! » de ses gens d'un vol qui s'était commis dans sa maison: en conséquence, elle le fit déshabiller nu pour s'assurer qu'il n'avait pas sur lui les effets volés. Elle conta l'affaire à l'Impératrice Joséphine, qui alla le redire à Madame de la Rochefoucault. Celle-ci pria Joséphine d'engager Madame 56 Lefevre à raconter à ses dames ce qu'elle venoit de lui dire. « Je peux bien vous conter mes affaires, mais je n'ai rien à dire à ces pi.....es-là. » (Hist. secrète du cabinet de Napoléon Buonaparte et de la cour de Saint-Cloud. Londres-Paris, 1814, t. Ier, p. 190.) Mais revenons à la question. Peut-être trouvera-t-on les renseignements demandés dans l'Alsace noble, de M. E. Lehr. Dans tous les cas, ses armoiries étaient celles de son mari (V. l'Armorial de Simon). Le maréchal Lefebvre ne laissa pas de postérité, et il est un des rares maréchaux de la première formation qui n'ait pas de monument élevé en son honneur. La ville de Rouffach paraît l'avoir oublié complétement. La riche cité voisine, Colmar, a autrement fait les choses; quatre de ses enfants, un amiral, Bruat; un général, Rapp; un poëte, Pfeiffel; un peintre, Martin Schonghauer, ont des statues. Mais aussi, toutes les villes ne possèdent pas un artiste aussi généreux que Bartholdi! A. B. Un quatrain de 1814 (IX, 746; II, 612, 699, 751; III, 83). Ce n'est pas : « Tyran élevé dans l'espace..... » mais bien : Tyran, juché sur cette échasse... - Dans la Satyre Ménippée, édition nouvelle (Jouaust, 1876), je lis, page 289, ce quatrain : Géant, tu as beau te hausser Si Dieu nous vouloit exaucer, Je suis frappé de l'air de famille, de l'analogie, qu'il y a entre ce quatrain et celui qui fit mettre à Bicêtre le pauvre Théod. Désorgues : « Tyran, juché sur cette échasse, etc. »> Même mouvement d'idée, même rhythme. Un vague souvenir de l'un semble avoir enfanté l'autre. C'est une Ménippée napoléonienne en quatre vers. M. B. 57 La bibliographie connaît trois Werenfels: 1o Jean-Jacques, né à Bâle en 1597, mort en 1655, auteur de Homiliæ in Ecclesiastem Salomonis. 2o Pierre, son fils, né à Liestal (aujourd'hui BâleCampagne). Les réformés de Strasbourg ayant obtenu de Frédéric-Casimir, comte de Hanau, la liberté de s'assembler à Wolfisheim, village de sa dépendance, Werenfels fut chargé d'aller mettre en ordre cette église naissante. Les grands travaux qu'il soutint à Bâle même altérèrent sa santé et lui causèrent la goutte et la gravelle au milieu d'une de ses attaques, il composa ce distique : Pondus qui scelerum portasti, Christe, meorum, Tolle dolorificos, renum ramenta, lapillos. Il mourut en 1703. 3o Samuel, fils du précédent, né à Bâle, en 1657 : il est auteur de dissertations sur les Logomachies des Savants, dont Leclerc porte le jugement suivant : « On est persuadé que les sçavants les liront avec plaisir, si ce n'est ces sçavants réfrognés et de mauvaise humeur, qui, semblables à de certains malades, bien loin de vouloir permettre qu'on les guérisse, ne veulent pas seulement qu'on témoigne qu'on connoît leur maladie. »> En 1715, il fit paraître les sermons français qu'il avait prononcés comme pasteur à Bâle; il mourut en 1741. RISTELHUBER. On voit à l'Aula de la ville de Bâle, le portrait, peint par J. J. Meyer, de Samuel Werenfels, célèbre professeur à l'Université de cette ville, né à Bâle, en 1657, et mort en 1740. Sam. Granicher l'a reproduit par la gravure, ex officina Christ. a Mechel. A. B. 58 Volks (le Citateur des Allemands), par Georg Büchmann (Berlin, 1877, in-12), et je trouve, à la page 130, dans le chapitre des Citations françaises, l'information exacte qui a manqué à M. Legouvé, parlant dans le sanctuaire académique. On y démontre que la leçon courante : « Le style, c'est l'homme, » et cette autre : « Le style est de l'homme même, » sont fausses, et que le texte authentique est celle-ci « Le style est l'homme même. » Mais, sans aller jusqu'à Berlin, M. Legouvé n'avait qu'à ouvrir le précieux_petit manuel de son futur confrère M. Ed. Fournier, l'Esprit des autres, et il y eût trouvé tous les renseignements désirables (3e édition, 1857, page 361). Seulement M. Fournier regarde la leçon : « Le style est de l'homme même, » comme la plus authentique. Voici, en effet, l'ordre des idées et le mouvement de la phrase : « Les ouvrages bien écrits seront les seuls qui passeront à la postérité!... » Puis, parlant de ce qui fait la matière des ouvrages et des connaissances que l'on y développe, Buffon ajoute : « Ces choses sont hors de l'homme, le style est de l'homme même.» R. H. Buffon n'a pas écrit: « Le style, c'est l'homme. » Ce style déluré ne serait pas l'homme qu'était Buffon. Mais il a dit, dans son discours prononcé à l'Académie française, le samedi 25 août 1753: « Le style est l'homme même» par opposition aux objets traités qui « sont hors de l'homme.» La phrase a été supprimée dans plusieurs éditions. Dans l'édition Didot de 1843, on l'a rétablie en la corrigeant (?) ainsi : « Le style est de l'homme même. » Voir, pour plus de détails, le Grand Dictionnaire de Larousse, t. XIV, p. 1159, col. 1 3 et 4. G. I. - L'honorable académicien a, comme tant d'autres, donné la fausse leçon; Buffon a dit « Le style est de l'homme même, » ce qui est bien différent. Voyez Biog. gén. de Didot, t. VII, c. 739, 40 et t. XIV, c. 802, aux notes. Quel est le premier auteur qui a dénaturé ce mot célèbre de Buffon? H. DE L'ISLE. Il en est de la citation « Le style c'est l'homme » comme de celle : « Úno avulso, non deficit_alter » (au lieu de « Primo avulso » Enéide, VI, 143); de celle « Audaces fortuna juvat » (au lieu de: « Audentes fortuna», (Enéide, X, 284), et de tant d'autres encore! En passant de bouche en bouche, elles se modifient quant aux termes, sans toutefois, changer de sens. Pour en revenir à Buffon, il a dit: « Le style est l'homme même, » et non pas : «Le style, c'est l'homme. » Toutes les éditions que j'ai pu consulter sont d'accord sur ce point. C'est probablement par euphonie (pour éviter la dissonance pouvant résulter de la répétition de 59 la lettre m, dans « l'homme même ») qu'on a transformé cette expression en celle-ci : « C'est l'homme... » Quant à dire quel est le premier qui a attribué cette phrase célèbre à Buffon, la chose me paraît fort difficile, et je n'ai, à cet égard, aucune donnée certaine à fournir. A. SOREL. Le premier pas (X, 3). —A. de Musset a pu se servir de cette expression qui est devenue, pour ainsi dire proverbiale et que tout le monde connaît et fredonne même... C'est devenu une espèce de rengaine, comme La soupe aux choux se fait dans la marmite, et les deux choses se chantent sur le même air. Quant aux couplets, ils sont au nombre de trois et figurent dans le volume de Chansons populaires de France, 1865, in-18. sous les noms de Bouilly et Moreau; ils sont probablement tirés d'une pièce de ces deux auteurs, dont j'ignore le titre. A. NALIS. Croix Bourguignonne (X, 5). - C'est la croix de Saint-André. En 1476, lorsque les Bourguignons s'emparèrent de Nancy, les habitants, en gens prudents, firent peindre, sur les façades de leurs maisons, des briquets, la devise de Charles le Téméraire, ou l'image de ses lions ou de larges croix de Saint-André, aut larga crucis signacula Burge. (P. DE BLARRU, Nancéide). A. B. Croix de Saint-André ou d'Ecosse, en forme d'X. Elle est connue des forgerons de la Haute-Marne; ils en font un jeu, sous le nom de Croix de Saint-André. Lorsqu'un des leurs est en goguette, ils placent par terre, en forme d'X, deux ringards, et font danser le victimé autour et entre les bras de ladite croix ; la réussite est assez difficile, vu l'état d'ébriété, surtout lorsqu'il y a deux croix. H. DE L'ISLE. 60 Les grimaces d'un bénédictin (X, 5).— M. G. J. trouvera quelques détails sur ce religieux dans les Mémoires du duc de Luynes (t. XI, p. 54 et 86). — Le P. Noël était Champenois et s'était acquis une grande réputation par son habileté à faire des lentilles de microscopes et des verres de lunettes. Le duc de Luynes ne dit rien des grimaces, mais avertit que ce religieux était un « bon homme, extrêmement simple. » P. REGINALD. Louis-Philippe et Mme Lafarge (X, 7).Alexandre Dumas, dans ses Mémoires, explique ainsi cette parenté: « Philippe-Egalité eut de Mme de Genlis une fille, nommée Hermine, laquelle fut élevée avec ses enfants légitimes et épousa un M. de Montjouy, qui à la Révolution prit le nom de Collard. Mme Collard eut, entre autres enfants, une fille, nommée Caroline, qui épousa le baron Capelle et fut mère de Mme Lafarge. Celle-ci était donc la petitefille d'une sœur naturelle de Louis-Philippe. J. R. Paul et Virginie, comédie (1791) (X, 8.)- Barbier, dans son Dictionnaire des Anonymes, indique: Paul et Virginie, comédie en cinq actes par Edmond-Guillaume-François de Favière, Paris, Brunet, 1791, in-8°. Il en mentionne même la réimpression avec le nom de l'auteur, mais sans indication de date. Les détails donnés par notre collabo Ulric: trois actes... prose... ariettes, in-24, sont si précis que, malgré la similitude de dates, il faut croire qu'il s'agit d'une autre pièce que celle citée par Barbier. En tout cas, ce renseignement pourra peut-être être utile à notre confrère. A. NALIS. Cet in-24 est habituellement placé à la suite de « Paul et Virginie, Paolo e Virginia. Par J. Ber. H. de St-Pierre. A Florence, des presses de Molini, 1795, format Cazin, 2 fig. »— - Autres « Paul et Virginie, comédie, mêlée d'ariettes. » Paris, Didot le jeune, 1791, in-18.- P. 203 et no 2043 du Catalogue A. A. Renouard (Paris, Potier, 1864, in-8°); - « Paul et Virginie, comédie en 5 actes. (Par Edm.Guill.-Fr. de Favière, d'après M. Olivier Barbier, III, 807, d.) Paris, Brunet, 1791, in-8°.- Réimprimé avec le nom de l'auH. DE L'ISLE. teur. |