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Le Bailli de Ferretti. « On disait de lui qu'il était l'homme le plus courageux de l'Europe, parce qu'il osait marcher sur ses deux jambes, et on l'accusait de mettre du plomb dans ses souliers pour ne pas être emporté par le vent. M. de la Baudraye, petit homme jaune et quasi diaphane, eût été pris par le bailli de Ferretti pour premier gentilhomme de sa chambre, si ce diplomate eût été quelque peu grand-duc de Bade, au lieu d'en être l'envoyé. » (Balzac, La Muse du département.)

Des détails sur ce bailli, s. v. p.?

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Bibliothèque de Samuel Petit. Le savant orientaliste Samuel Petit, pasteur et professeur au Collége des Arts de Nimes, laissa, à sa mort (1643), une bibliothèque considérable. Par contrat notarié du 9 oct. 1651, elle fut vendue 5,000 livres tournois par sa veuve Catherine Cheiron. Il est dit dans l'acte que le Catalogue de cette bibliothèque fut imprimé à Paris en 1645. Connaîtrait-on ce Catalogue et pourrait-on donner le nombre et le genre des ouvrages de cette bibliothèque? C. NIMES S.

-

« Le fleur de Dame»: livre inconnu à découvrir. M. Ferd. Vanderhaeghen cite, dans son important travail exécuté avec tant de soin (Bibliographie gantoise, t. VI (1769), p. 18), un volume intitulé: Le fleur de Dame, etc., imprimé à Gand, chez G. Salemon, en 1554; il n'en mentionne aucun exemplaire; or il ne le connaît que d'après la citation faite dans un inventaire dressé par l'inquisiteur P. Titelmans, qui signale ce livre comme « plein d'ordures. »

La Fleur des Dames n'est point signalée dans le Manuel du Libraire; nul bibliographe n'en a parlé, ce me semble, et, à ma connaissance du moins, il ne figure sur aucun Catalogue. Est-ce un livre définitivement perdu? Le titre est-il bien exact? Il y a la matière aux investigations de quélque zélé bibliophile.

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A. READER.

Verleger. Je copie, dans le dernier Catalogue Bachelin-Deflorenne, la mention suivante : « VERLEGER (VON DEM). Deutsche Grafen-Hæuser der Gegenwart. In heraldisches, historisches und genealogisches Beziehung. Leipsig, 1852. 3 vol. in-8, blason gravé, cart. 30 fr. »

Quel est donc cet auteur héraldique R. appelé Verleger?

Les loups de l'Angleterre. Y a-t-il des loups en Angleterre? Si ces aimables quadrupedes y brillent par leur absence, depuis quand ont-ils été exterminés? Du temps de Buffon, on doutait un peu de la disparition totale des loups d'Outre-Manche. Voici ce que je lis dans l'Histoire naturelle (édit. de Flourens, t. II, 1853, p. 578): « Les Anglais prétendent en avoir

ཉ ིན་

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Quæsumus, Omnipotens Deus, ut famuli tui Consules, qui, tua miseratione, susceperunt Reipublicæ nostræ gubernacula, virtutum etiam omnium percipiant incrementum, quibus decenter ornati, vitiorum monstra devitare, hostes superare, et ad Te, qui Via, Veritas et Vita es, gratiosi valeant pervenire, Per Christum...

La Sacra rituum Congregatio (die 10 septembris 1857) publia les prieres pour Napoléon III. Voici ce qui peut intéresser notre ancien Bouquineur: « Quæsumus, Omnipotens Deus, ut famulus tuus, Imperator noster N..., qui, tua miseratione, suscepit Regnigubernacula, virtutum etiam omnium suscipiat incrementa, quibus decenter ornatus vitiorum monstra devitare, hostes superare, et ad Te qui Via, Veritas et Vita es, gratiosus valeat pervenire. Per Dominum... (3 p. in-4°, Nancy, Raybois et Cie). Louis XVIII doit avoir la même oraison. A. B.

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chisme de l'Empire imprimée spécialement à l'usage du diocèse de Rouen; le volume stéréotypé à Paris par la veuve Nyon, Prosper Nyon son fils, et H. Nicolle, fut envoyé, sans changement aucun, à Rouen. En effet, tous les exemplaires de 1806 sont dates de Paris et portent sur le titre, tantôt le chiffre de l'archevêque J. B. B. (Jean-Baptiste de Belloy), tantôt une figure allégorique de la Religion; toutefois, on prit à Rouen le soin d'enlever le mandement de Mgr de Belloy, et de le remplacer par celui du cardinal de Cambacérès, qui ne contient que ces quelques lignes : «Le Catéchisme à l'usage des eglises de France nous a été adressé, N. « T. C. F., par le ministre de S. M. Í. et « R. Nous avons examiné cet ouvrage élé«mentaire avec l'attention la plus sévère << et la plus scrupuleuse : N'y ayant trouvé « aucune proposition contraire à la foi, à « la morale et à la discipline de l'Eglise «< catholique, apostolique et romaine, dont « vous êtes les enfants, et nous le premier << pasteur dans ce diocèse, nous approuvons << ledit Catéchisme, et ordonnons qu'il soit << enseigné dans notre diocèse. »

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(Rouen.)

C. L.

Légendes, contes, formules, etc. (II, 322, etc.; III, 490, etc.; IV, 140; IX, 423, etc.; X, 135). · Un morceau exquis, la Complainte de la mariée. C'est le chant qu'adressent aux nouvelles épouses, le jour même des noces, les jeunes filles de la Vendée et du pays de Guérande. Il a déjà été recueilli par Emile Souvestre, mais comme il y a près de trente ans de cela, on ne me saura pas mauvais gré de transplanter cette charmante chose dans l'Intermédiaire, où elle est assurée de reverdir:

Adieu, repos, plaisir !

Quand son époux sommeille.
La femme a, pour dormir,
Trop d'enfants qui l'éveillent,
Trop d' berceaux à bercer,
Trop de soucis à penser!

Quand vous aurez vieilli,
Madam' la mariée,

Qu' dans vos filles et vos fils
Votr' forc' sera passée,
Vos fill's se marieront,
Et vos fils vous laîront!

Jamais ne vous plaignez
Ni grondez davantage :
Il faut que vous soyez,
Pour la paix du ménage,
Plus solid' que l'acier
Et plus soupl' que l'osier!
JACQUES D.

On peut consulter avec fruit: l'Empro genevois, caches, rondes, rimes et kyrielles enfantines; cris populaires, sobr quets; le fer à risoles. Etudes ethnographiques par Blavignac, architecte, membre de plusieurs sociétés savantes. Epigraphe:

585 Parvum audietis ut magnum (Deuter. I, 17). Edit. rev. et augm., in-8°. Genève, 1875. G. G.

Il existe dans le département du Finistère, sur la paroisse de Plouarzel, à Kerveac'hou, un grand menhir de 13 mètres environ de haut, muni, sur deux de ses faces opposées, d'une bosse taillée de main d'homme. Les nouveaux mariés se rendent dévotement au pied de ce menhir, se dépouillent de leurs vêtements, et la femme d'un côté, le mari de l'autre, se frottent le ventre nu contre une des bosses. Ils espèrent ainsi : le mari, obtenir des garçons plutôt que des filles; la femme, des filles plutôt que des garçons, et, en outre, être la maîtresse au logis! Cet usage qui, est très-ancien, semble rappeler le culte des Priapées, expression de la force créatrice fécondante du soleil.

E. Q.

Moutardier du Pape (III, 259, 698; IX, 82). «Je terminerai par un mot sur le célèbre proverbe : « Il se croit le premier moutardier du pape. » Mais ce sera pour une humble confession de mon ignorance. Je n'ai rien trouvé de satisfaisant à cet égard. Il est à présumer toutefois que ce trait doit se rapporter à l'histoire de Clément VII. Perius Valerius nous apprend, en effet, que ce pontife, qui était de la famille des Médicis, avait développé à sa cour le goût de la moutarde, à ce point que le désir de préparer la moutarde la plus digne de la table du souverain pontife avait excité parmi ses serviteurs une émulation terrible. Valerius, sous l'influence de cet enthousiasme unanime, va même jusqu'à élever la moutarde pontificale au-dessus de l'ambroisie. C'est de là, j'imagine, que doit dater notre proverbe. De quel magnifique orgueil ne devait pas se sentir animé le cuisinier, à qui était dévolu le privilége de préparer et sans doute de servir, aux jours de cérémonie, cette ambroisie nouvelle ! » (Mag. Pitt., mars 1847.) P. c. c. :0. D.

-On assure que Clément VII adorait la moutarde et que, ne pouvant se passer de ce condiment digestif, il récompensait largement ceux qui réussissaient à satisfaire son goût. Etre le premier moutardier du Pape n'était pas dès lors, on le comprend, une mince affaire! Mais y a-t-il eu des moutardiers à brevet? Nescio.

B. V.

— J'ai trouvé récemment dans un petit journal de province l'explication suivante que je reproduis, en lui en laissant, bien entendu, toute la responsabilité : « Le pape Jean XXII raffolait à ce point de la moutarde, qu'il en voulait dans tous les mets. Il créa pour un de ses neveux un emploi

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spécial qui n'était pas une sinécure: celui de premier moutardier. Le dicton populaire de se croire le premier moutardier du pape date donc de l'an 1300 environ.»> P. c. c. : P. SINPON.

Cornes (V, 148, 229, 330; VI, 57; VIII, 549, 613, 656, 716; IX, 75; X, 204).

Parmi les ouvrages relatifs à cet objet symbolique, on peut signaler Remarques critiques sur les cornes, manuscrit in-4° conservé à la Bibliothèque de Bordeaux, et porté au no 5831 (belles-lettres) du Catalogue imprimé. Il existe un livre anglais imprimé, en 1661: The Horn exalted. A. READER.

O cornes! ô arguments cornus! sujet inépuisable de dissertation philosophique et exhilarante! Perchè elles font toujours penser aux maris, et, comme disait Gavarni, «< ces maris me font toujours rire !»

Mais il y a quelqu'un qui n'a point encore pris la parole dans cette question biscornue et à qui je prétends la donner. C'est M. de Voltaire. Voici ce qu'il nous dit à propos de cette chanson de ce pauvre diable de Scarron, citée dans son Dictionnaire philosophique, par cet autre diable d'homme qui a toujours le dernier mot pour rire :

Tous les jours une chaise
Me coûte un écu,
Pour porter à l'aise
Votre chien de cu,
A moi pauvre cocu!

Quelques doctes, dit-il, ont prétendu que c'est aux Grecs que nous sommes redevables de l'emblème des cornes. Mais ceux qui veulent s'instruire à fond doivent savoir que nos cornes viennent des cornettes des dames. Un mari qui se laissait tromper et gouverner par son insolente femme était réputé porteur de cornes, cornu, cornard, par les bons bourgeois. C'est par cette raison que cocu, cornard, et sot, étaient synonymes. On trouve, dans une de nos comédies, ce vers :

Elle? elle n'en fera qu'un sot, je vous assure! « Cela veut dire : elle n'en fera qu'un cocu. Et dans l'Ecole des femmes : Epouser une sotte est pour n'être point sot. »

Bautru, qui avait beaucoup d'esprit, disait « Les Bautrus sont cocus, mais ils ne sont point des sots. »

Et Voltaire donc !... Aussi ne s'est-il point marié ! S. D.

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Titre de la Revue des Deux Mondes (VII, 715; VIII, 53; X, 135, 190). - Malgré Sainte-Beuve, qui affirme, dans son curieux article: La Revue en 1845 (Revue des Deux Mondes, 15 déc. 1844), que M. Buloz a été le fondateur de cette revue, et que cette fondation est son vrai titre d'honneur, malgré la Table générale publiée en 1875. qui ne tient pas compte de ce qui est antérieur à 1831; malgré l'Introduction à cette table: M. Buloz n'a pas droit au titre de fondateur de la Revue des Deux Mondes. Il a pu, dans l'orgueil du succès de cette Revue à partir de son directorat, considérer comme nuls les numéros antérieurs; ces numéros n'en ont pas moins été publiés et signalés par Brunet, dans son Manuel, sauf une erreur, dans la dernière édition, qui n'est sans doute qu'une faute (bourdon) typographique. J'ai sous les yeux, en écrivant, un exemplaire de l'édition originale.

« La Revue des Deux Mondes, recueil de la politique, de l'administration et des mœurs, a publié sa première livraison (mensuelle) en août 1829. Les six premières livraisons (dont la dernière parut fin janvier 1830) font deux volumes in-8° cavalier. Les livraisons de 1830 (dont la publication ne semble pas avoir été bien régulière) font quatre volumes in-8° carré, numérotés de 1 à 4, et portant la mention : « Deuxième série. » Dès le commencement de l'année 1831, le titre ne porte plus que « Revue des Deux Mondes >>; les livraisons de cette année font quatre volumes in-8° carré, numérotés de i à 4, mais sur le faux-titre de chaque volume il ya: «Troisième année ». Les quatre volumes de 1832, numérotés de 5 à 8, sont in-8° cavalier, et sur le faux titre il n'y a plus de mention d'année. L'imprimeur est le même en 1830 et en 1831 (Auguste Auffray, passage du Caire, no 54). Quel qu'ait été le sort de cette Revue avant qu'il en prît la direction, M. Buloz ne trouva pas superflu de lui laisser son titre ; et il donna, dans le cours de 1831, la fin d'articles dont la publication avait commencé en 1830.

Dans un Avertissement de trois pages, en tête de la première livraison de 1829, les fondateurs de cette Revue en font connaître le but, en formulent le programme (comme on dit maintenant), mais d'une façon un peu confuse et hésitante. En voici un passage, qui peut donner le sens du titre :

« Ce ne sont pas les théories administratives dont la France a le plus besoin, c'est l'administration pratique. Il importe donc de bien connaître ce qui se passe, ou ce qui s'est passé, chez les autres peuples, afin de n'adopter de leurs institutions que ce qui pourrait s'appliquer à nos mœurs, à notre caractère, aux progrès de nos lumières, à la position géographique de no

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tre territoire. Beaucoup de voyages sont entrepris pour décrire les sites d'une contrée. Tout ce qui est poétique, tout ce qui prête aux brillantes descriptions, tout ce qui offre le sujet de réflexions malignes, y est traité avec un soin, avec une attention particulière; mais pour ce qui concerne le mode de l'administration locale, l'organisation civile et politique du pays, ses ressources financières, industrielles ou agricoles, on n'en parle presque jamais que d'une manière incomplète. Ce sont des questions qui ne peuvent être abordées qu'autant qu'on s'est livré à des études profondes et spéciales. »

En finissant, les fondateurs donnent à entendre que, tout en annonçant une publication destinée au monde qui veut être instruit, ils espèrent s'attirer les sympathies du monde qui veut être amusé. C'est donc par: Revue pour les deux Mondes, qu'il faut interpréter le titre : Revue des Deux Mondes.

G. G.

Terre sigillatée (IX, 325, 381, 410). « L'île de Lemnos n'est pas moins célèbre par la terre sigillée qu'on en tire, que celle de Chio par son mastic. A quelque distance de la ville d'Hephaestia, il y a une chapelle appelée Sotira, où tous les insulaires, tant Turcs que Grecs, s'assemblent le 6 août. Après avoir récité la liturgie grecque avec diverses cérémonies, ils s'en vont un peu plus loin, vers un coteau, au sommet duquel on monte par degrés. Ensuite 50 ou 60 hommes se mettent à creuser, jusqu'à ce qu'ils aient trouvé la veine de cette terre. Alors, les caloyers, ou prêtres grecs, la prennent eux-mêmes et la mettent dans des sacs de poil, dont ils remplissent un certain nombre qu'ils donnent au Soubachi, ou au gouverneur de l'île. Après quoi, ils couvrent cette veine jusqu'à l'année suivante. On met cette terre creusée en petits gâteaux ronds, du poids de demi-once, plus ou moins, sur lesquels le Gouvernement fait appliquer un cachet, avec ces deux mots en lettres arabes: Tin Imachton (terre de Lemnos), et la vend à des marchands, après en avoir envoyé une partie au Grand Seigneur. Cette terre est l'un des plus grands revenus du Soubachi, aussi est-il défendu aux particuliers d'en tirer, ce qu'ils ne pourraient pas faire sans beaucoup de bruit et sans qu'on le connût. Ajoutez à cela que les Grecs superstitieux ne voudraient pas se servir de cette terre, si elle n'était sellée (sic): ne la croyant d'aucun effet, si on avait oublié, en la tirant, quelques-unes des cérémonies accoutumées dont le seau est la marque. La terre sellée est ordinairement d'un rouge enfoncé, grasse et visqueuse, sans aucun sablon, et son goût tire sur celui des épiceries. On lui attribue une vertu astringente,

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dessiccative et sudorifique; et l'on assure qu'elle résiste au poison et à la corruption, qu'elle résout le sang caillé et fortifie le cœur.» Je tire ceci de la Bibliothèque universelle et historique, de l'année 1688 (mois de Mars), qui donne une analyse de la traduction de l'ouvrage de O. Daffer sur les îles de l'Archipel. Cette traduction, bien entendu, vient d'Amsterdam. On le voit au «< rouge enfoncé », à la terre «< qui résiste au poison ». Rien ne meurt, tout se transforme; nous n'avons plus la terre sigillée, mais nous avons les eaux miraculeuses qui rapportent de bien autres profits aux bachis et sous-bachis.

LN. G.

Consolations humaines et divines (IX, 737). Existe-t-il aucun livre humain qui puisse suffire à calmer toutes les douleurs humaines? La douleur, pour le même mal, se manifeste par des impressions si variées, si multiples, si imprévues, qu'il n'est pas possible à l'imagination la plus ingénieuse de pourvoir par avance à tous ces accidents, et d'insérer dans un livre des formules capables de répondre à toutes les terribles questions que la souffrance pose à l'âme affolée. Il est trois sources principales de consolations auxquelles l'homme va puiser habituellement. La première consiste à combattre la douleur en la discutant, en la niant même; la deuxième cherche à l'étouffer sous les distractions; la troisième vient d'elle-même et éteint la souffrance par l'oubli. Aucun de ces moyens n'est bon : le premier est faux, et ne repose que sur des sophismes; le ́second n'est que de l'abrutissement à un degré plus ou moins élevé ; le troisième est un non-sens, il ne console pas, il se manifeste par la cessation de la douleur ; c'est bien moins un effet qu'une cause; et il n'est qu'une preuve de la débilité de notre nature, qui n'est pas même capable de conserver l'impression des souffrances les plus pénétrantes, les plus vives. Cesser de ressentir, se procurer une anesthésie morale, nier, braver, ce que l'on éprouve, rien de tout cela n'est une consolation. La vraie consolation ne détruit pas la douleur; elle la rend, non pas seulement supportable, mais acceptable. On souffre et l'on en vient à savourer la souffrance et à trouver, dans son amertume, une saveur salutaire, une sorte de douce volupté. S'il était permis à un homme qui a goûté de toutes les souffrances, depuis celles qui écrasent l'intelligence jusqu'à celles qui brisent le cœur pour toute la vie, qui a éprouvé ces immenses douleurs morales où la raison s'égare et ces tortures physiques dont le paroxysme jette l'âme dans l'abime des angoisses, en présence des dernières épouvantes; s'il lui était permis de parler au nom de cette

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expérience, il déclarerait qu'il n'a trouvé et qu'il ne connaît qu'une seule_consolation: la foi en la Providence. Etre persuadé que rien n'arrive sans la volonté du Maître, que cette volonté est non-seule- . ment sage, mais paternelle, que tout ce qu'elle nous envoie est pour notre bonheur et que nous avons seulement à utiliser les maux qu'elle nous impose: ces pensées sont de véritables consolations; elles ne nous trompent pas, elles n'émoussent pas notre sensibilité, elles n'oblitèrent pas notre cœur ni notre esprit, mais elles nous font boire la douleur comme un remède et nous font accepter la souffrance comme un bienfait. Je sais bien que la foi en la Providence divine se perd tous les jours, qu'on la nie en la confondant avec les manifestations immuables par lesquelles elle dirige cet univers; c'est là une erreur déplorable, et la Providence se venge de cet oubli injurieux, en nous abandonnant à l'implacable puissance de ses lois fatales, sous l'action desquelles nous tombons forcément, lorsque nous négligeons d'utiliser ces autres lois, non moins logiques, non moins puissantes, et qui se manifestent dans le développement des moindres incidents de la vie de chacun de nous. Au contraire, quiconque veut bien étudier ces lois providentielles, arrive à les reconnaître aussi clairement que les lois mathématiques du monde visible; il en vient aussi à constater qu'elles sont toujours destinées à produire un bien; et, de même que, par la connaissance des lois naturelles, on est arrivé à de merveilleuses conquêtes pour le bonheur matériel de l'homme, de même, par la connaissance, bien plus facile et bien plus prompte, des lois providentielles, chacun de nous peut assurer son bonheur moral. Il suffit de vouloir ouvrir les yeux sur l'action de la Providence pour reconnaître qu'elle agit assurément suivant des lois sages et déterminées, mais néanmoins d'une manière immédiate et minutieusement spéciale, sur chacun de nous. Cette vérité nous donnera le calme et la véritable consolation; elle nous fera accepter la souffrance comme un bien, et « soit dans la vie, soit dans la mort », après avoir fait tout pour correspondre à ses volontés, nous serons persuadés que nous sommes sous le regard bienveillant et dans les bras paternels de la divine Providence. A. N. R.

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