621 Attrape-minons, ficheurs de colle (X, 163,211, 272). — Littré, Larousse, comme avant eux Furetière, le Dict. de Trévoux, Dhautel, Panckoucke, donnent à Attrapeminon la signification d' « hypocrite qui, sous des dehors de dévotion, attrape les simples. » Lacombe, Dict. du vieux langage, donne Attrape-mignon qu'il traduit par «cagot, simulator ». Leroux seul (Dict. comique, libre, etc.), tout en adoptant la même interprétation, ajoute : « Ce mot se prend encore pour filou, coupeur de bourse. >> Quant à ficheur de colle, d'après le Jargon ou Langage de l'argot réformé (Epinal, éd. s. d., mais antérieure à la Révolution, in-18), ficher la colle, c'est mentir adroitement » et, « ficher la colle gourdement, c'est être bon trucheur en perfection. » Or, le mot trucher, qui, né dans le Jargon, est parvenu à pénétrer dans le Dictionn. de l'Académie et à s'y établir, signifiant « gueuser, mendier, » il est permis de conclure que les ficheurs de colle étaient les mendiants qui savaient intéresser leur public au moyen d'infirmités ou d'infortunes simulées. Et aujourd'hui le jeune seigneur étranger qui demande à un bijoutier de la rue de la Paix une parure pour l'envoyer à sa sœur au fond de la Finlande, et qui va porter aussitôt les diamants au Mont-dePiété, est un « trucheur en perfection qui fiche la colle gourdement. » (Grenoble.) M. Dans le Dictionn. comique de Leroux, on lit: un attrape-minon. C'est-àdire un hypocrite ou un cagot qui, sous prétexte de douceur et de dévotion, attrape les simples. Il le prend encore pour filou, coupeur de bourse. Voici quelque attrapeminon. Dans les vers de Loret, attrapeminons signifie évidemment voleurs. Dans le même Dictionnaire (MDCCL) le mot colle est déjà donné dans le sens de tromperie. Au mot attrape-minon, Littré dit hypocrite qui attrape les simples; au pluriel des attrape-minon ou des attrape-minons. Etymologie: attrape et minon, nom familier du chat. (Cela vient sans doute de ce que, pour attraper ces animaux, naturellement défiants, il faut user de ruse.) Il y a longtemps que l'on attrape les chats pour en faire des gibelottes; les attrape-minons étaient donc des voleurs de chats, et ensuite le nom s'est étendu à tous les voleurs. Je n'insiste pas sur une acception peu honnête. — Quant au mot ficheur de colle, il est ancien : Littré le cite comme étant dans les Curiosités françaises d'Oudin. Donner ou ficher la colle. Il s'est probablement formé du mot ficheur qui s'applique au maçon chargé de fixer les moellons avec du plâtre, et du mot colle, par assimilation du plâtre délayé avec la colle. J'avais 622 pensé à rattacher le mot à celui d'afficheur de colle ou à la colle; mais aucun texte ne m'y autorise, non plus que le sens du passage de Loret. E.-G. P. Lucina sine concubitu (X, 171). Abraham Johnson n'a fait que reprendre la théorie ridicule soutenue au XVIIIe siècle par les médecins allemands, hollandais et français, Plembius, de Graaf, Scurrius, Venette et autres. Le savant jurisconsulte Fournel, dans son Traité de l'adultère, livre curieux à plus d'un titre, rapporte ce qui suit sur le prétendu arrêt de Grenoble: « Au mois de février 1637, on publia à Paris un Arrêt du Parlement de Grenoble, du 13 du même mois, rendu au profit de dame Magdelaine d'Automont, épouse de Jérôme-Auguste de Mont-Léon, chevalier, seigneur d'Aiguemere. Le vû de cet arrêt contenoit un extrait des différentes requêtes des parties; et, de la part de la dame d'Aiguemere, il étoit exposé: Qu'encore que véritablement le sieur << d'Aiguemere son mari n'ait été de re<< tour d'Allemagne, et ne l'ait vue et << connue charnellement depuis quatre << ans, néanmoins que la vérité étoit telle, << que ladite dame d'Automont s'étant imaginé en songe la personne et l'attouche<< ment dudit sieur d'Aiguemere, son mari, << elle reçut les mêmes sentiments de conception et de grossesse qu'elle eût pu « recevoir de sa présence; affirmant n'avoir «<eu depuis l'absence de son mari, pen«dant quatre ans, aucune compagnie « d'hommes, et n'ayant pourtant pas « laissé de concevoir ledit Emmanuel, ce qu'elle croit être avenu par la seule « force de son imagination; et partant, << demande réparation d'honneur, avec dé<< pens, dommages et intérêts, etc. » « Le surplus de l'arrêt contient les noms et qualités des différents témoins entendus dans une information, lesquels déposoient avoir connaissance de plusieurs grossesses opérées de cette manière. Enfin l'arrêt vise l'attestation des matrones et sages-femmes, et des médecins de Montpellier, qui contient que la grossesse de la dame d'Aiguemere n'est pas contre l'ordre de la nature; et l'arrêt se termine ainsi : << Tout considéré, la Cour, ayant égard << aux affirmations, certificats et attesta«tions desdites femmes et médecins dé«< nommés, a débouté et déboute lesdits « de la Forge et Bourglemont (les héri« tiers du mari qui contestoient la légiti«mité de l'enfant) de leur requête; or<< donne que ledit Emmanuel sera déclaré « fils légitime et vrai héritier dudit sei«gneur d'Aiguemere; condamne lesdits << sieurs de la Forge et Bourglemont à << tenir ladite dame d'Automont pour << femme de bien et d'honneur, dont ils lui 623 << donneront acte après la signification, etc.» << Cet arrêt ayant été divulgué dans Paris, il parut si bizarre, que M. le Procureur général du Parlement de Paris en rendit plainte, comme d'un arrêt supposé et imaginé pour offenser le Parlement de Grenoble. « Le 1er juin suivant, il intervint arrêt qui ordonna «< qu'il seroit délivré commis«sion au Procureur général, pour infor<< mer contre les auteurs et complices de « la supposition de cet arrêt prétendu, et «< cependant ordonna la suppression des « exemplaires. » << D'un autre côté, le Procureur général du Parlement de Grenoble avoit également rendu plainte devant ce dernier Parlement. « Enfin le 13 juillet de la même année, <<< intervint arrêt au Parlement de Grenonoble, qui « déclara l'arrêt du 13 février précédent faux, supposé, calomnieux et injurieux à son honneur; ordonna que « la copie dudit arrêt seroit remise entre « les mains de l'Exécuteur de la Haute« Justice, pour être par lui biffée et lacérée, et les pièces jettées au feu et brû«<lées devant la grande porte du Palais, << dans la Place publique de Saint-André ; « fit défenses de l'imprimer, l'exposer en « vente, ni l'acheter, à peine de la vie; << commit tous Conseillers, Juges Royaux «<et Présidiaux de son ressort, et le Pré« vôt des Maréchaux, pour informer contre << les auteurs, inventeurs, et ceux qui << avoient donné cours audit arrêt, par << tout genre de peine, même par voie de monitoires, pour saisir les coupables, et « les emprisonner; que copie, etc. »> Ce qu'il y a de plus étrange, ajoute Fournel, c'est qu'un auteur d'un ouvrage moderne de jurisprudence intitulé: Eléments du droit, imprimé en 1771, assure que, « dans le siècle dernier, on pensoit qu'une femme pouvoit concevoir et ac« coucher sans avoir de commerce avec <«< un homme », et il cite le prétendu arrêt de Grenoble comme une « preuve respectable de cette vérité. »> J'ai possédé un exemplaire de cet arrêt rarissime et l'ai cédé à M. Eugène Chaper, ancien député à l'Assemblée nationale, bibliophile grenoblois, qui possède la plus riche bibliothèque dauphinoise connue. C'est un petit in-8° de 4 ff., imprimé sur un très-mauvais papier, avec des caractères usés, dits têtes de clous: circonstance qui prouve qu'il est sorti d'une presse clandestine. (Trouville.) P. P. Défense de faire, etc. (X, 195, 276, 304, 496). M. V., en transcrivant la formule de Genève : « Il est défendu de s'arrêter ici », a commis une petite erreur, à laquelle la correction grammaticale l'a entraîné. On lit en effet : « Il est défendu -- Les deux La Fève (X, 196, 248). premiers volumes de l'Intermédiaire renferment beaucoup de communications intéressantes sur la bibliographie de « la Fève » et du « Roi boit ». Aux ouvrages cités par Reader, je me permets d'ajouter comme un des plus importants. l'Apologie du Banquet sanctifié de la veille des Rois, par Maistre Nicolas Barthélemy, advocat en parlement et du Bailliage et Siége Présidial de Senlis (Paris, Gilles Compère, 1664, pet. in-12). Il faudrait un long article, rien que pour résumer les opinions contraires qui se produisent dans ces ouvrages spéciaux, sur l'origine et le caractère, profane ou sacré, de la « Fève » et du « Banquet des Rois. » L. D. L. S. << Puisque l'occasion s'en présente, disons deux mots de la fève et du gâteau de la veille et du jour des Rois. Il est certain, et la preuve en est facile à faire, que dans les premiers siècles de l'Eglise on jeûnait très-sévèrement la veille de la fête de l'Epiphanie, et il paraît surprenant qu'une coutume si pieuse ait été abolie, pour mettre en sa place une solennité bien opposée à l'abstinence et à la mortification. L'exemple des païens n'a pas peu servi à chasser le jeûne pour lui subroger la bonne chère et l'excès de la débauche. La conformité que l'on a remarquée entre la fête du Roi-boit et les Saturnales a fait dire avec raison que la première était une imitation et une suite de la seconde : en effet, les Saturnales commençoient dans les premiers jours de Décembre et continuoient dans les premiers jours de Janvier, qui est le temps de la fête des Rois. Macrobe a remarqué que les Saturnales commençoient dès le minuit_du_quatorzième avant les Calendes (lib. I, c. 2). Voïez Hospinien, de Festis. Les pères de famille envoïoient, à l'entrée des Saturnales, des gâteaux avec des fruits à leurs amis, pour marquer qu'ils reconnoissoient Saturne pour l'inventeur du miel et des fruits placentasque mutuo missitant, mellis et fructuum repertorem Saturnum existimantes (Macrob. lib. I, c. 7). L'u 625 sage des gâteaux subsiste encore. Les amis s'assembloient et mangeoient ensemble. Macrobe a remarqué que Saturnalibus apud Vectrum Prætextatum, nobilitatis Romanæ proceres doctique alii congregantur. C'est ce que l'on pratique encore, la veille et le jour des Rois. La première et la principale cérémonie consistoit à élire un Roi de la fête. Lucien, qui faisoit profession publique de se moquer de sa Religion, fait dire à Saturne: faisons des Rois, à qui nous obéissons agréablement. Et ensuite il veut que le Roi ne fasse rien de sérieux et ne traite d'aucune affaire publique pendant la durée de la fête. L'élection d'un Roi est aussi la première action de la fête parmi nous, avec cette différence que les Païens élisoient leur Roi par le sort des dez, et nous l'élisons par la rencontre de la fève. Le même Lucien nous apprend encore que le plaisir consistoit dans ces trois choses, boire, s'enivrer et crier. C'est à peu près la même chose parmi nous, et nous marquons notre joie, non-seulement par la bonne chère, mais encore par nos acclamations quand le Roi boit. A l'égard du febé, dont on se sert avant que de partager le gâteau où est la fève, on n'en sait point l'origine ni la raison; les uns croient que l'on invoque Apollon, afin qu'il fasse tomber la Roïauté en bonnes mains; les autres, que l'on appelle la fève, qui doit décider de la destinée des convives; quelques-uns s'imaginent que l'on s'adresse à l'enfant que l'on peut mettre au rang des jeunes gens, que les Latins appelloient Ephebi, et qu'on l'avertit de bien faire son devoir. » (Pierre Richelet, Dictionnaire de la langue françoise ancienne et moderne. Nouv. édition, Paris, 1769, t. II, p. 31.) P. c. c.: UN LISEUR. P. S. Consulter, sur la question, les Discours Ecclésiastiques contre le Paganisme des Roys de la fève et du Roy-boit, par Jean Deslyons, docteur de Sorbonne (Paris, 1664) et la critique de ces discours, publiée la même année par Nicolas Barthélemy, avocat de Senlis, sous le titre : L'Apologie du Banquet sanctifié de la veille des Rois. On trouve aussi des renseignements, non pas sur l'origine, mais sur l'usage de tirer les Rois, dans l'Histoire de la vie privée des François, par le Grand d'Aussy, édit de 1815, t. II, p. 282 à 289. 626 Davron, etc., intendant des finances, conseiller du roi, et devint veuve le 23 juillet 1592. Elle se remaria avec Nicolas Chevalier, baron de Grigny, chancelier de la reine, président au parlement et à la cour des aides, ambassadeur en Angleterre et forcené bibliophile. — Marguerite de Boullenc laissa toute sa fortune à sa nièce, Jeanne-Magdeleine de Boullenc-Crèvecœur, dame de Grisolles, marquise de Longueil et Maisons. Cette dernière, par reconnaissance, éleva à sa tante, dans l'église de Saint-Germain-l'Auxerrois à Paris, un tombeau avec sa statue en marbre blanc. On l'a transportée plus tard à Versailles dans une galerie du palais, au rez-de-chaussée, sous le numéro 331. Cette marquise de Maisons mourut en 1636. Ces deux dames avaient le même blason, de gueules à trois chevrons d'or. Mis DE GALARD. Aspic (X, 290). Décidément nous ne sommes pas lus par tout le monde... Seraitil possible, autrement, que le confrère W. A. T. fût resté si longtemps sans la vraie réponse! J'ai le plaisir de lui indiquer enfin une étymologie assez probable que j'ai lue un jour quelque part. Je me souviens qu'Aspic était traité de synonyme de en Bellevue, terme culinaire bien connu. Ce synonyme révèle, disait-on, une analogie étymologique. Aspic serait dit pour (En bel) aspect. Si ce mot n'est donc pas tout à fait français, dans le sens où nous le prenons, il doit venir de que que autre langue romane. Le latin du lycée, qui vaut bien le latin de cuisine, nous donne déjà le Aspice Pierrot, etc. Gardez donc votre langue, cher confrère, et fouillez encore dans les dictionnaires italiens: ils vous donneront peut-être quelque chose de plus positif. K. P. DU ROCH III. Change (X, 388,442, 462, 532). L'inventaire de l'Eglise de Lyon, en 1448, qui a bien motivé la question Change ainsi que plusieurs autres, inventaire que nous avons sous les yeux, grâce à l'obligeance de notre collaborateur V. de V., servira à résoudre lui-même la question en litige entre M. l'abbé V. Dufour et nous, et cela avec le sens que nous avions précisément indiqué (X, 442), et non dans le sens que notre contradicteur lui avait donné (X, 462). Nous avions pensé que change signifiait « aube, » et, déclarant cela «< inadmissible», il a proposé la signification de « chasuble»>, faite d'étoffe changeante. Voyons les textes. D'abord, le chapitre des change, dans l'Inventaire de Lyon, comprend 2 1 articles, inventoriés à la suite de tous les vêtements sacerdotaux, de toutes les soieries, etc., la place où d'ordinaire sont relégués les à 627 objets de lingerie de tout genre. De cette place seule on pourrait inférer que les vêtements dont il s'agit ne sont point des chasubles. Puis, comment supposer qu'il y ait eu, dans une seule église, plus de 22 choses faites de tissus changeants? Nous disons: plus de 22; car, certains articles notent plus de 20 changes. Si l'article « Unum change tele lini... » transcrit par M. V. de V. dans la question posée (X, 388), pouvait laisser un doute, l'article suivant « Unum change albe tele lini... », en indiquant que le vêtement est fait de toile blanche de lin, serre de plus près le sens que nous avons donné. Mais Viginti change, tam boni, quam parvi, pro revestitis et anniversariis mortuorum, et non sunt nisi impliciter albe », donne, ce nous semble, le mot même. Ces vingt « change » ne sont autres, implicitement, que des « aubes. » cet autre : << Enfin, et pour surabondance de preuves, nous transcrirons cet autre article: « Sex change pro clericulis... » Or, les clercs, ni petits ni grands, n'ont jamais porté la chasuble, qui est réservée au prêtre officiant. Une objection est faite par l'Inventaire lui-même. A la suite des 22 articles change, nous trouvons: « Unam albam cum suo amictu tele lini... » Pourquoi « change » ici, et « aube » là ? Nous croyons pouvoir lever la difficulté en considérant que les change sont particulièrement des aubes parées, ainsi qu'il est indiqué dans les articles qui ont motivé la question, et dans la plupart de ceux que nous trouvons dans l'Inventaire. Notons maintenant qu'il est peu ordinaire de rencontrer, dans les inventaires d'églises, les aubes réunies, dans le même article, aux amicts, aux étoles et aux manipules. Ce sont les chasubles qui, d'ordinaire, occupent cette place, parce qu'elles sont de même étoffe que les étoles et les manipules, et que le parement de l'amict, lequel, étant de deux natures, peut accompagner aussi bien la chasuble que l'aube. Cependant, l'Inventaire de la chapelle de Tournay, dans l'église de Poligny, fait en 1517 (Revue des Sociétés savantes, 8e série, IV, p. 232), donne l'article suivant : << Trois aulbes de toille de lin garnies d'amictz et de courroyes, et aussi lesd. aulbes et amictz garniz de paremens de satin noir, aussi garniz de deux estolles et trois manipules. >> Ne croirait-on pas lire la traduction de l'un des articles de l'Inventaire de Lyon? Ici, comme là, ce rapprochement insolite est dû à ce que les aubes et les amicts sont parés des étoffes dont sont faits les étoles et les manipules. Nous croyons qu'il résulte de cette accumulation de preuves que nous avons eu raison de rapprocher change de chinse, dérivé français de camisia, qui est donné 628 avec la signification d'aube dans de nombreux articles de Du Cange. Reste une autre question subsidiaire à vider. M. l'abbé V. Dufour a prétendu que, dans les textes en question, le mot amictus désignait un « voile de calice. » Or, tout répugne à cette explication. Il peut arriver qu'une chose ait plusieurs noms, mais nous n'avons jamais vu que plusieurs noms signifiassent la même chose, surtout dans la langue liturgique. Le vocable amictus a, depuis les origines de la liturgie romaine, une acception bien précise et bien déterminée. Il désigne le linge, jadis paré, aujourd'hui uni, dont nous avons indiqué l'emploi (X, 442), et sur lequel M. Dufour a insisté avec raison (X, 462). Jamais nous ne l'avons trouvé ni dans les auteurs ni dans les documents avec la signification de voile de calice, et cela, par la raison bien simple que ce voile est une chose toute nouvelle. Jusqu'ici aucun inventaire du XIIIe au XVIIe siècle ne nous l'a indiqué, aucune miniature, aucun tableau de la même période ne nous l'a montré. Guillaume Durand, dans son Rationale, indique que les églises de Gaule se servent, au XIIIe siècle, d'un seul corporal, et les églises étrangères de deux, dont l'un sert à envelopper le calice, ainsi qu'il est expliqué dans le De ritibus ecclesiæ, d'Etienne Durand, à l'article des « Pallis et corporalibus. » D'un autre côté, André Boquillon, dans son Traité historique de la liturgie sacrée (Paris, 1701), dit (p. 93) que dans l'Église de France on a séparé les palles des corporaux, qui jadis ne faisaient qu'un. que, Enfin, le sieur de Moléon (Lebrun des Marettes), dans ses Voyages liturgiques de France (Paris, 1718), note ceci de son temps, chez les Chartreux, qui n'ont pas innové, et dans l'église de Lyon, l'on pose l'hostie sur le corporal, dont l'autre partie recouvre le calice: que le même usage existait, en 1504, dans l'église d'Orléans; qu'enfin, il se pratique encore dans la cathédrale de Rouen. Il ajoute que le palle, ou voile de calice, est d'invention moderne. La raison de l'ancien usage est rationnelle. Si l'hostie et le vin représentent au même degré le corps et le sang du Christ, le même suaire qui est le corporal doit les envelopper. Ainsi, pour justifier son opinion, M. l'abbé V. Dufour contredit les textes du document publié par M. V. de V. (mais qu'à la vérité, il ne connaissait pas tout entier), et il invente un ornement`qui n'existait pas à l'époque où ce document a été rédigé. ALF. D. Lecture expressive (X, 391, 445, 466, 557). - Aux ouvrages précédemment cités, Vibration de l'R (X, 391). G. G. ne nous dit pas quels moyens Talma employait pour obtenir la vibration de l'R. En attendant un plus ample informé, je relis à son intention là 6e scène de l'acte II du Bourgeois gentilhomme: « LE MAITRE DE PHILOSOPHIE: Et l'R, en portant le bout de la langue jusqu'au haut du palais; de sorte qu'étant frôlée par l'air qui sort avec force, elle lui cède, et revient toujours au même endroit, faisant une manière de tremblement R. RA. M. JOURDAIN R. R. RA; R. R. R. R. RA. Cela est vrai. Ah! l'habile homme que vous êtes, et que j'ai perdu de temps! R. R. RA. » E.-G. P. Lettres inédites de Mme d'Epinay (X, 422). Mes félicitations à M. Ch. H. pour son idée de rééditer les lettres de Galiani, mais en l'invitant à y ajouter son seul titre de gloire: « Les dialogues sur le commerce des blés, » publiés sous son nom par Diderot. Les éditions du XVIIIe siècle sont introuvables, et je n'en connais qu'une de ce siècle, enfouie dans le dernier volume de la « Collection des principaux économistes » (Paris, Guillaumin, 1847), où cette œuvre n'est pas plus à sa place que ne le seraient les Fables de La Fontaine dans une collection d'histoire naturelle. Je ne pense pas que la Bagarre ait jamais été imprimée; Diderot l'a certainement jugée inutile, après l'effet produit les Dialogues sur les blés. Si le ma par nuscrit n'en a pas été anéanti, il ne peut se trouver qu'avec ceux de Diderot, en Russie. G. G. Le maréchal de Mac Mahon (X, 423, 475, 502, 533). — En 1731, il y avait encore à Paris « un prêtre Irlandois nommé Macmaon, pour lors l'un des ecclésiastiques de l'Hôtel-Dieu. » C'était « un Hibernois, zélé ultramontain par préjugé de nation, partisan outré de la Bulle, ennemi déclaré des miracles de M. Pâris. » (Voir page 13 de: Examen de la IVe lettre théologique sur les miracles du tems; et de la théologie de son auteur sur les miracles de punition. S. 1. et n., in-4.) -- Courage! nous aurons bientôt tous les Mac Mahon qui ont habité la France. PIERRE CLAUER. - 630 Saganæ, Senæ, Darbetum (X, 451, 506, 536). Darbetum, mot de circonstance (évidemment forgé d'après la formule « Licet philosophos » etc.), peut, avec le sens général de l'article visé des Franchises de Genève, signifier bardeau, longue, étroite et mince planchette de bois servant à couvrir les toits. Tout ce qu'on pouvait faire au XIVe siècle, à Genève, pour diminuer les ravages des incendies, était d'interdire les toitures de chaume ou de matière aussi inflammable; les bardeaux, tout inflammables qu'ils sont, étaient une amélioration relative dont il fallait alors se contenter. Les bardeaux sont encore employés, de nos jours, sous le nom de tavaillons, dans les hautes montagnes du Jura, où la tuile et l'ardoise sont plus coûteuses; mais les Compagnies refusent d'assurer contre l'incendie des bâtiments ainsi couverts, et elles ont raison : quand le feu y est, tout est perdu, comme on l'a vu pour nombre de villages. Darbetum désigne peut-être aussi les matériaux avec lesquels on garnissait les vides dans les constructions en bois fort nombreuses jadis dans le bassin du Rhône : les pièces de bois faisant le gros œuvre des murs étaient assemblées en K, en X, etc., et les vides qu'elles laissaient étaient garnis souvent de claies en menu bois, en osier, que l'on recouvrait de mortier ou d'argile parfois mélangée de paille, de feuilles. J'ai vu démolir plusieurs de ces maisons de bois vieilles de quatre ou cinq siècles; on commence par enlever tout ce remplissage qui ne donne que de la poussière, et les pièces de bois entre-croisées montrent l'ossature du bâtiment, le plus souvent du chêne excellent. Les Franchises d'Adhémar Fabri interdisaient donc, toujours par mesure de police, l'emploi de matériaux plus inflammables que d'autres, des pièces de bois de la forme des bardeaux et peutêtre plus épaisses valaient mieux, dans ce but, que de l'osier ou des branches de bois flexibles et entrelacées. G. G. Société républicaine de Lazowski (X, 487, 540, 568). Que le drapeau blanc porté devant le cercueil de Lazowski fût le drapeau d'un régiment, c'est ce que je n'ai point dit, n'en sachant rien; mais qu'il existât un drapeau blanc parmi les trophées du 10 août, il me paraît difficile de le contester. Ce qui m'importe, au surplus, c'est d'établir que je n'invente ni ne brode les renseignements que je transmets à l'Intermédiaire. J'ouvre le Journal de Paris national du dimanche 28 avril 1793, p. 474, et je transcris: « COMMUNE DE PARIS du 26 avril. — Il a été arrêté que le corps de Lazowski sera transporté aujourd'hui dimanche, à 8 heures du matin, de la section du Finistère, où il est déposé, à la Maison commune; que le cortégé partira de là en |