661 précédé d'une dédicace de six vers autog. à M. D. L. R. (de La Rivière, précepteur du poëte), signée V. M. H. Sur le second feuillet, se trouvent ce titre : Essais poétiques, la date de 1817, et la signature VICTOR HUGO. » Cette notable curiosité fut adjugée 37 francs; elle a passé par les mains de M. Étienne Charavay, qui pourrait sans doute remettre les curieux sur la trace. G. I. Deux passages de Bonnefons à expliquer (X, 609). Le Pline dont il s'agit est Pline le Neveu, ou le Jeune, qui faisait beaucoup de vers, ainsi que cela résulte de ses lettres. Les poésies sont presque toutes perdues; mais on peut juger de son genre par le peu qui en est resté. Quant à Calvus, je ne le connais pas. E.-G. P. Ausone termine son Centon nuptial par une courte apologie, où il cite, comme de Pline, ce vers si connu : Lasciva est nobis pagina, vita proba. qui se trouve dans Martial. Une note de Vinetus (Elie Vinet) pense qu'en effet il n'est pas impossible que ce vers ne soit dans Martial qu'une citation, et que le vers appartînt à Piine l'épistolaire, qui serait bien ainsi un émule de Catulle. 662 été employé pour la première fois. A Genève, il existe, en effet, sous ce nom, une coterie politique composée de gens qui, loin de trembler, s'imaginent qu'ils font trembler et qui a pour but de seconder le gouvernement actuel, de le soutenir et de le défendre à tort ou à raison, mais aussi de le diriger et de lui imposer les employés qui doivent le servir. C'est une sorte de camarilla fort bien disciplinée, mais qui a fait honteusement fiasco à Berne, quand elle a voulu tenter auprès de l'Assemblée fédérale ce qui lui réussissait si bien à Genève. E. C.. Recension (X, 610). C'est le mot allemand francisé, qui signifie analyse critique, ou compte rendu. P. C. - Littré: « 1o Comparaison d'une édition d'un auteur ancien avec les manuscrits; 2o Texte revu et édité par un critique La recension d'Homère par Aristarque. Quant aux sections communes à deux Evangiles seulement, elles s'expliquent suivant l'hypothèse, par cette circonstance que la recension qui contenait les sections ne fut connue que des deux auteurs de ces deux Evangiles. Nicolas, Revue Germ., t. XXIV, 1er déc. 1862, p. 15 — Etym. latine recensionem, de recensere, recenser. » Recension est donc le même mot que recensement, appliqué spécialement à l'étude des textes. E.-G. P. : Le mot se trouve dans le Dictionnaire de Littré comparaison d'une édition d'un auteur ancien avec les manuscrits, etc. UN LISEUR. - Une Comminge (X, 611). Toutes les éditions annotées satisfont à la curiosité de M. J. R. La Comminge était une bombe de gros calibre, employée dans les siéges, et dont le poids allait jusqu'à 500 livres. Elle devait son nom au comte de Comminges, aide de camp de Louis XIV au siége de Namur, soit qu'il en fût l'inventeur, soit par allusion à son obésité. L'Encyclopédie donne le nom de Comminge, non à la bombe, mais au mortier qui la lançait. L'édition Brière et six autres que j'ai sous les yeux donnent : « au milieu des contendants, » et non des combattants. « Combattants » est dans la soidisant édition originale de MM. Saur et de Saint-Geniès. Mais leur traduction ne parle pas de comminge. Elle dit simplement « comme une bombe. » G. I. Littré dit : « Le comte de Cominges, aide de camp de Louis XIV au siége de Mons, à la taille duquel le roi avait comparé ces bombes en badinant. >> Saint-Simon dit, à l'année 1712: « Deux hommes d'une grosseur énorme... moururent en ce même temps... Cominges... Lafare... Les courtisans, pendant les campagnes du roi, appelèrent par plaisanterie les bombes et les mortiers du plus gros calibre des Cominges, et si bien que ce nom leur est demeuré dans l'artillerie. Cominges trouvoit cette plaisanterie très-mauvaise_et_ne s'y accoutuma jamais. E.-G. P. Il ne s'agit plus de bombarder nos voisins par Vallière, Gomer, Coehorn ou Villantroy. Mettons en réserve archéologique les Comminges, grosses bombes de 18 pouces, du poids de 500 livres, qui paraissaient devoir tout écraser dans Tournai, fin d'avril 1745. Elles firent, ces bombes, plus de bruit que de besogne; mais M. de Voltaire ayant déclaré qu'on avait poussé l'art « aussi loin qu'il peut aller, je ne m'étonne plus que Diderot, préparant « son explosion » par le silence, tombe « comme une Comminge >> au milieu des combattants! H. DE S. >> Une comminge était une bombe d'une forme particulière ou d'un poids extraordinaire, inventée par un comte de Comminge, sous Louis XIV. Ledit Comminge était d'une famille autorisée à ajouter ce nom de Comminge à son nom patronymique, parce qu'elle descendait des Comminges par les femmes. Il paraît cependant que, bien que ce nom soit très légalement acquis à la noble famille en question, il existe une famille de Comminge, descendant, par les mâles, d'un cadet de cette illustre maison. L'inventeur de la Comminge descendait, par les femmes, de la branche aînée. (Voir St-Simon, pour la première partie de cette réponse) BRIEUX. 664 quelques légendes, l'île de la Grande-Bre tagne est désignée par les mots Clas-merdinn, contrée aux blanches roches: une partie des côtes, surtout au sud-est, présente, en effet, de blanches collines de craie, qui s'étendent en dunes immenses baignées par les vagues, et qui se prolongent fort avant dans l'intérieur des terres. En s'embarquant à Calais, à peine on voit s'enfuir à l'horizon les côtes de France, on ne tarde pas à découvrir ces côtes blanchissantes de l'Angleterre, ou, selon l'expression du poëte, on voit s'élever la muraille blanche que borde la mer azurée. Like a white wall along The blue sea's border..... (Byron, Don Juan, cant. X, 65.) De là, l'opinion commune sur l'origine du nom d'Albion, dérivé d'albus, blanc. (Nimes.) CH. L. · Ce nom doit remonter à l'antiquité ce que, soit qu'on ait étendu à l'île entièr: un nom (Alben, Albaine) particulier à sa partie montagneuse; soit, comme il me semble qu'on expliquait habituellement ce mot, à cause de la blancheur des côtes d'Angleterre et des bancs de sable ou rochers sous-marins des côtes qui font face à la Gaule. Al-ben veut dire exactement les sommets, puis les montagnes (Alpes), et de la blancheur habituelle aux hautes montagnes, le mot a pu prendre le sens de blanc. Ce ne serait pas le seul mot que le latin paraît avoir emprunté au celtique. O. D. Ce mot ne vient ni d'albus ni d'alba, mais bien d'Albionës, nom des anciens habitants de l'isle. Voyez Brewer's Dict. Phrase and Fable. (Londres.) APIS. 665 même auteur que M. Ch. L. (X, 619) nomme, par erreur, Pierpetit de Grammont, auquel serait attribué le rondeau contre « les Métamorphoses de Benserade. La Table des Mémoires de Trévoux me fournit encore, sous le no 5950, une publication du même, omise par Quérard: Recueil de vers français et latins à l'honneur du maréchal de Villars. Paris, 1714. PIERRE CLAUER. Prépetit de Grammont a publié une traduction en vers, assez oubliée, quoiqu'elle ne soit pas sans mérite, de l'Art poétique d'Horace (Paris, Aubert, 1711, in-12). Je le soupçonne fort, sans oser l'affirmer, d'être également l'auteur d'une traduction en vers, anonyme, très-remarquable sous le double rapport de l'exactitude et du style, des Satires et des Epîtres du même Horace. Cette traduction n'a jamais été éditée, encore que le manuscrit, qui est actuellement en la possession du prince Alexandre Bibesco, soit revêtu d'un permis d'imprimer, singulièrement original, signé par le censeur royal Danchet. JOC'H D'INDret. Gilles de Trèves (X, 614). Un ami de Michel Montaigne se nommait ainsi; il était doyen de la Collégiale de Saint-Maxe de Bar-le-Duc, 1537-1581. Protecteur du célèbre statuaire Légier Richier, il fit construire un collége qu'il donna à la ville. Montaigne, lors de son passage à Bar, fut émerveillé du désintéressement de ce doyen. « Je trouvai, dit-il, de remarquable la dépense estrange qu'un particulier, prestre et doyen de là, a employé et continue tous les jours en ouvrages publics. Il se nomme Gilles de Trèves : il a bâti la plus somptueuse chapelle de marbre, de peinture et d'ornement, qui soit en France, de la plus belle structure, la mieux composée, étoffée et la plus labourée d'ouvrages et d'enrichissemens, et la plus logeable. Dequoy, il veut faire un collége, 666 et est après à le doter et mettre en train à ses dépens. » P. 314 de l'« Historique de la ville de Bar-le-Duc, par Bellot-Herment. » Bar-le-Duc, 1865, in-12. Gilles de Trèves n'est pas cité par Dom Calmet (Bibliothèque Lorraine); il n'a pas laissé de monuments écrits, mais il peut avoir laissé des manuscrits. H. I. Ouvrages de Mme de La Vallière (X, 615). Si les Sentiments d'une âme pénitente ou le Retour d'une âme à Dieu doivent être attribués, non à Mme de La Vallière, mais à Mme du Noyer ou Dunoyer, c'est une question qui reste à résoudre mais ce qui n'en est pas une, c'est la supposition que cette dame Dunoyer serait la même que l'auteur des Lettres historiques et galantes, la mère de Pimpette. Cette dernière, fille d'un illustre écrivain protestant, Samuel Petit, comme lui née à Nimes, est le sujet d'un long article biographique et bibliographique, que l'on peut lire dans l'ouvrage de M. le professeur Michel Nicolas: Histoire littéraire de Nimes et des localités voisines qui forment actuellement le département du Gard. Cette notice désigne et apprécie tous les écrits sortis de la plume de Mme du Noyer, née protestante, devenue catholique à l'occasion de son mariage avec Guillaume du Noyer, capitaine au régiment de Toulouse, et redevenue protestante en abandonnant son mari, et quittant la France pour la Hollande. L'écrit signalé ci-dessus n'y est pas indiqué; M. Nicolas l'aurait certainement connu, s'il devait être attribué à la fille de Samuel Petit. (Nimes.) CH. L. Editions originales de Voltaire et de Rousseau (X,616). — Il n'y a pas de raison suffisante pour que les éditions originales du XVIIIe siècle suivent les cours fabuleux qu'ont atteints celles du XVIIe et qui font qu'elles échappent désormais au maniement des travailleurs, pour figurer dans le train de maison des financiers. Les éditions du XVIIIe siècle sont, en général, incomparablement moins rares; elles sont moins utiles, parce que le texte a eu moins le temps de s'altérer à travers les éditions successives; enfin elles ne présentent pas l'attrait de curiosité que donne à des éditions plus anciennes la transformation presque complète de l'orthographe. En ce qui concerne spécialement Voltaire, la collection de ses éditions originales présente des difficultés, bien faites pour arrêter les amateurs mondains qui poursuivent les livres chers, moins pour s'en servir que pour s'en vanter. Quand Voltaire desserrait un manuscrit, la plupart du temps, quatre, cinq éditions arrivaient presque à la même heure aux mains du public; quelle est celle qui a droit au titre d'édition originale? Quelle est l'édi 667 tion originale de Candide? Celle de l'Homme aux quarante écus? Ce sont des problèmes encore controversés. Pour la Henriade, chosira-t-on l'édition subreptice donnée par Desfontaines, sous le titre : La Ligue, ou Henri le Grand? Elle manque d'autorité, et pourtant elle est particulièrement curieuse, car, au milieu des incorrections dont elle fourmille, elle donne certainement, en plus d'un passage, le premier jet, atténué ensuite, tantôt par prudence, tantôt par égard pour la dignité de l'épopée, peut-être parfois pour le plaisir de donner tort à un indiscret. Et puis, combien de fois Voltaire n'a-t-il pas allongé, refondu ses ouvrages, modifié les plans, changé les titres, transporté des morceaux de l'un à l'autre, donnant ainsi chaque fois à l'œuvre remaniée tout l'intérêt d'une édition originale? Presque toutes les éditions publiées de son vivant participent à ce genre d'intérêt. Or, une semblable collection ne tient pas dans un étui, comme les éditions originales de Racine. Cela forme une bibliothèque considérable. Les amateurs qui s'y consacrent sont assez nombreux; cela leur prend beaucoup de temps et les entraîne dans des frais qui ne leur paraissent pas aussi « insignifiants » que le veut bien dire M. Lettabur. Qu'on laisse d'abord les bibliographes dresser la carte du pays; les bibliophiles millionnaires viendront ensuite y faire campagne, si bon leur semble. Il est vrai qu'il y a là dans la pratique une sorte de cercle vicieux. Molière, Corneille, doivent au haut prix de leurs œuvres de partager avec Restif de la Bretonne l'honneur de bibliographies spéciales. Racine n'attendra pas longtemps. L'écrivain qui fouillerait et mettrait à jour la bibliographie voltairienne, magistralement ébauchée par Quérard, serait-il aussi assuré de trouver un éditeur prêt à le rémunérer de ses peines et à faire les frais de publication? Je ne sais. Ce serait pourtant un ouvrage nécessaire, et j'apprendrais avec bien du plaisir que quelqu'un de nos confrères fût en mesure de profiter de l'occasion du Centenaire pour lancer un travail de ce genre. G. I. C'est une manière à eux, qu'ont les Anglais d'écrire Livourne. M. Q. a commis une inadvertance évidente en négligeant de traduire ce mot. Les Dictionnaires géographiques de l'avenir devraient bien donner un index des altérations des noms les plus importants dans les quatre ou cinq principales langues de l'Europe. On verrait un moins grand nombre d'hommes, même ayant du goût pour les études géographiques, reculer devant l'emploi des bonnes cartes étrangères. G. I. Leghorn est le nom que les Anglais donnent à Livourne; mais je demanderai, à mon tour, comment de Livorno ils ont fait Leghorn. Peut-on me dire, par la même occasion, pourquoi ils disent Lyons pour Lyon, et Marseilles pour Marseille? R. S. V. P. MINART. Leghorn, Livourne, en Toscane. C'est ce qu'ignorait sans doute l'écrivain de la Revue politique. Les ignorances de ce genre ne sont pas rares. Nous lisons, dans un Catalogue imprimé des tableaux du Musée de Bordeaux, qu'un certain peintre allemand naquit à Regensburg; c'est le nom de Ratisbonne. Longue serait la liste des villes qui portent des noms différents de ceux que leur donnent les Français: Aachen, Aix-la-Chapelle; Koln, Cologne; Genf, Genève; Müncher, Munich; Venedig, Venise; Antwerpen, Anvers, etc., B. T. etc. Lazowski... et le Drapeau blanc (X, 630, 581, 637). Sans m'occuper plus qu'il ne convient des accessoires, drapeaux et cloche, fournis aux funérailles de Lazowski, je répondrai d'abord à M. G. I., que le Journal du Paris national, en son numéro du 28 avril 1793, n'est pas tombé plus que moi sous le rayonnement de Louis XVIII; puis, passant au Drapeau blanc (X, 637), je répliquerai au collabo T. R. qu'il a singulièrement forcé la note en disant : << Tout 669 étrange que cela puisse paraître, notre drapeau tricolore était le drapeau de sa famille »>! Non, et mille fois non! Point de drapeau de famille » qui soit blanc; point de «drapeau de famille » qui soit tricolore. Mais si l'on écrit, avec ce brave homme de P. Ménétrier, fort étranger au symbole de 89: « Le colonel général de l'infanterie française portoit pour marques de sa dignité six drapeaux des couleurs du roi, blanc, incarnat et bleu, passés en sautoir derrière l'écu de ses armes », on restera dans le vrai. Ainsi donc, comme colonel général de l'infanterie française, le Roi pouvait donner, au blason dú souverain, de 1661 à 1721, un oeil à faire plaisir au plus taquin des bourgeois de 1830? Cette question historique du drapeau blanc est traitée de main de maître par M. Borel d'Hauterive, aux pages 277-291 de son Annuaire de la noblesse pour 1874. H. DE S. Une méprise... de l'autre monde (X, 639). - Ce que l'Intermédiairiste Ignotus nomme si complaisamment ainsi est tout simplement une jolie coquille d'impression. S'il est difficile à un érudit de confondre Bormio avec Bornéo, la bévue est facile à faire pour un compositeur, et c'est chercher la petite bête, que de citer un erratum qui tombe sous le sens. Si notre confrère Ignotus a fait gémir les presses, il doit savoir combien les errata sont vivaces dans la typographie; que de ronces dans le champ le mieux cultivé ! L'œil d'un auteur est porté à lire ce qu'il devrait y avoir sur une épreuve, non ce qu'il y a réellement (c'est un fait connu), et le confrère Ignotus pourrait-il indiquer un livre sans coquille ou sans errata? O. U. Trouvailles et Curiosités. Complaintes sur Louis XVI. En 1861, M. le chanoine V. Pelletier publiait, dans le Bulletin du Bouquiniste, p. 62, une complainte recueillie à Beaugency sur la mort de Louis XVI. Il la croyait inédite. Elle a paru, en 1793, à la fin de la brochure suivante : Au peuple souverain sur le procès de Louis XVI, par un républicain. Paris, chez Lepetit... in-8° p. 3o. La voici, avec quatre couplets que ne reproduisait pas la copie de M. Pelletier; je les indique par un astérisque : LOUIS XVI AUX FRANÇAIS Air du PAUVRE JACQUES. O mon peuple, que vous ai-je donc fait ! 670 Votre bonheur fut mon unique objet; * Français, Français, n'est-ce pas parmi vous O mon peuple, ai-je donc mérité *Tout jeune encor, tous les Français en moi Voyoient leur appui tutélaire! Je n'étois pas encore votre Roi, O mon peuple, que vous ai-je donc fait ! etc. Quand je montai sur ce trône éclatant Que me destina ma naissance, O mon peuple, ai-je donc mérité, etc. Le bon HENRI, longtemps cher à vos cœurs, Eut cependant quelques foiblesses, Mais Louis XVI, ami des bonnes mœurs, N'eut ni favoris ni maîtresses. O mon peuple, que vous ai-je donc fait! etc, |