681 Par le baron de Mortemart-Boisse. Paris, 1858, in-12.) H. I. colaphus Voici ce D'une histoire du soufflet (VII, 400, 482, 627; VIII, 47, 76, 428, 493; IX, 234; X, 137, 619). que raconte Dutens (Mémoires d'un voyageur qui se repose, Paris, 1806, t. III, p. 50): « Une dame de condition à Paris, devant se séparer d'avec son mari, vint au lieu du rendez-vous où devoit se passer l'acte, avec son avocat et son procureur. « Monsieur, dit-elle à son mari qui l'attendoit avec ses avocats, je n'entends point les affaires, ainsi ne me faites point de questions; ces messieurs sont ici pour vous dire mes raisons, et recevoir vos réponses. » Le mari, ayant commencé par exposer les griefs qu'il avoit contre sa femme, lui supposa, entre autres, des torts qu'elle crut tellement offensans pour son honneur, qu'enfin, impatientée, elle se lève et l'interrompt par un soufflet qui met sa perruque de travers. Le mari, sans se démonter, rajuste sa perruque, et, se tournant vers l'avocat de sa femme: « Monsieur, puisque c'est vous qui recevez les réponses pour madame, voici celle que j'ai à lui faire; » et il donna un tel soufflet à l'avocat, qu'il le renversa par terre, et la conférence fut rompue. » Pour d'autres historiettes du même genre, voir encore, dans le même volume, aux pages 22 et 51. Je serais heureux, si ces modestes indications (mais dois-je l'espérer?) pouvaient me valoir bientôt un exemplaire de la Monographie du soufflet promis par M. Jacques de Montardif « à celui qui lui donnera, sur ce point, un bon renseignement. » (Brioude.) P. LE B. Prononciation du nom de Kléber et des noms propres d'origine étrangère (VIII, 130, 186, 208, 243, 497, 560; IX, 172, 260, 338, 401, 435). Cette question, soulevée, il y a deux ans, à propos du nom de Kléber, se résout par une règle très-précise, qu'aucun des correspondants de l'Intermédiaire n'a encore donnée. Il est d'un usage constant, entre Français, de prononcer les noms propres étrangers tels qu'ils s'écrivent, et non tels qu'ils se prononcent dans leur langue d'origine. Ainsi nous devons dire Neuton, Biron, Klébèr, et non Niouteunn, Baïreunn, Klèb'r. De même, il faut prononcer Neu-York, Southampton, et non Niouyork ni Saouss'teunn. La raison de cette loi est toute de politesse: la langue française étant (faudrait-il dire ayant été?) par-dessus tout une langue de conversation et de bonne compagnie, elle répugne à tout ce qui sent son pédant. Le «bon Du Bellay, » cité par Montaigne, disait déjà : 682 Mais je hay par sur tout un sçavoir pédantesque, par cela même que le pédantisme procède toujours d'un manque de savoir-vivre. Aussi, le français (je parle de la langue) ne veut-il pas qu'un interlocuteur puisse être mis dans l'embarras par une façon de prononcer que celui-ci ne comprendrait pas, et qui, quoique plus correcte (... entre pédants), ne risquerait pas moins de lui faire sentir... son infériorité. - Cette règle me paraît bonne et il convient de s'y tenir, à condition toutefois que nous ne nous mèlions pas, maladroitement, de rectifier à notre façon l'orthographe d'origine, comme il arrive pour le nom de Goethe, qu'en France on s'obstine (je n'ai jamais compris pourquoi) à écrire Goëthe et à prononcer Goète, alors que, même pour un Français, l'orthographe allemande indique à la fois la vraie manière d'écrire et de prononcer. Comme toute règle, celle que j'indique a ses exceptions. Ainsi, il est reçu (et obligatoire) de prononcer Shakespeare à l'anglaise, peut-être parce que ce nom avait passé dans la conversation courante avant que notre règle ne se fût généralisée. Par une raison analogue, le nom de l'Ecossais Law doit se prononcer Lass (si je me trompe, qu'un obligeant collabo me le prouve!), parce qu'au temps de la splendeur du fameux financier, son nom à été, en France, bien plus prononcé qu'écrit, et que c'est lui-même qui s'est chargé de donner le ton. Ces exceptions tendent naturellement à s'accroître à mesure que la langue, devenant infidèle à son génie, subit davantage l'influence des chemins de fer et du turf. Ceci m'amène à dire que, pour les noms communs d'importation étrangère, la règle est tout inverse. Tandis qu'en général, les noms propres nous arrivent par les yeux, c'est-à-dire qu'ils sont d'abord connus par les gens qui lisent, les noms communs, au contraire, se font par l'oreille... (comme les enfants d'Agnès), en ce que, d'abord adoptés par le langage populaire, ils se disent longtemps avant de recevoir leur vêtement académique. De là vient que, pour ces mots-là, c'est l'orthographe qui se fait française, se façonnant sur la prononciation, laquelle reste étrangère. Ainsi de hère, reître, loustic, havre-sac, fristic, etc., etc. Je ne crois pas devoir allonger cette note, en m'occupant de la langue spéciale du turf. Celle-ci n'a plus rien de commun avec le français, lequel s'est formé dans les salons et non dans le monde des gens d'écurie. РЕРН. 683 aux nous allons les reproduire, sans garantir l'exactitude complète des sources quelles nous avons puisé. Commençons par des écrivains étrangers. David Hume ne reçut que la modique somme de 200 livres sterling (5,000 fr.) pour la première partie de son Histoire d'Angleterre; le mérite de cette œuvre éminente n'était pas encore apprécié. La seconde partie fut plus tard payée 5,000 1. sterl. Tobie Smolett, plus connu comme romancier que comme historien, écrivit la continuation de l'Histoire de Hume, depuis la révolution de 1688 jusqu'à la mort de George II. Il eut pour sa part 2,000 liv. st., et l'éditeur avec lequel il avait traité réalisa immédiatement un bénéfice de 1,000 livres, en cédant le marché à un de ses confrères. Nous lisons, dans la Revue britannique (février 1828), que Gibbon toucha 6,000 1. st. pour son Histoire de la décadence de l'Empire romain. Samuel Johnson, au début de sa carrière, travailla pour des libraires qui le rétribuaient fort parcimonieusement; il ne reçut que 5 guinées pour une traduction du Voyage de Jérôme Loho en Abyssinie. Son mérite fut reconnu plus tard, et, en 1747, il reçut d'une société d'éditeurs la somme, fort considérable pour l'époque, de 1,575 guinées (41,600 fr. environ), en échange de la propriété de son grand Dictionnaire de la Langue anglaise. Fielding était toujours exposé à des embarras pécuniaires; il était au moment de céder le manuscrit de Tom Jones pour la très-misérable somme de 25 1. st.; des amis l'en détournèrent, et il traita avec André Millar, l'un des premiers publishers de Londres, sur le pied de 600 liv. sterl. Millar réalisa de très-brillants bénéfices sur la vente du roman célèbre qu'il avait acquis; il ne fut point ingrat, car il prêta à Fielding jusqu'à 2,500 I. st., et lorsque son débiteur vint à mourir, il brûla les billets qu'il en avait reçus. Déjà il avait ajouté ioo livres au prix convenu de 600 (Walter Scott, Biographie littéraire des romanciers célèbres). Millar paya 1,000 guinées un autre roman de Fielding, Amelia, fort inférieur à Tom Jones. Edward Young, le célèbre auteur des Nuits, dédia au duc de Grafton sa satire de l'Amour de la renommée; le généreux Mécène fit compter au poëte 2,000 1. st. Olivier Goldsmith reçut 200 liv. st. pour les soins qu'il donna à la composition d'un recueil Selections of english poetry. Il reçut du libraire Griffin 100 liv. pour le manuscrit de son charmant poëme : le Village abandonné. Son dernier ouvrage : Histoire de la terre et de la nature animée lui fut payé 850 guinées; le style est clair et rapide, mais il n'y a trace ni de recher 684 ches sérieuses, ni de connaissances profondes. Thompson_publia successivement son poëme des Saisons; le premier chant, 'Hiver, fut refusé par divers éditeurs; Millar, que nous avons déjà nommé, en offrit, comme par grâce, trois liv. st.; encouragé par le succès qu'obtint cette publication, il paya 50 livres le chant relatif au Printemps, et il donna 125 livres pour les deux autres chants. Sterne ne trouva aucun acheteur pour le manuscrit de Tristram Shandy; il prit le parti de le faire imprimer, à York, à ses frais; l'accueil fait à cette production si éminemment humouristique fut des plus flatteurs, et le droit de donner des éditions nouvelles fut obtenu au prix de 1,000 gui nées. Un très-estimable historien, W. Roscoe, vendit 1,500 1. st. (37,500 fr.) le manuscrit de sa Vie de Laurent de Médicis. Les « romans infernaux de la noire Radcliffe » ont complétement perdu la vogue dont ils jouissaient à la fin du siècle dernier; on ne les lit plus, jadis on les dévorait. Un éditeur paya avec empressement 800 1. st. pour les Mystères d'Udolphe, et tout autant pour l'Italian. D'après la Gazette de France (6 mars 1828), Washington Irving obtint, d'un des rois de la librairie anglaise, John Murray, 3,000 1. st. (75,750 fr.) pour sa Vie de Christophe Colomb. L'History of british India, par James Mill, publiée en 1818, ouvrage fort estimable, fut payée 1,500 1. st. Un littérateur écossais, Allan Cunningham, vendit 600 1. st. son édition de la Vie et des ouvrages de Robert Burns. Un autre écrivain, qui eut quelques moments de vogue, J. Galt, reçut 300 1. st. en payement de son Autobiographie. Nous avons lu que Robertson avait vendu 4,000 guinées (108,500 fr.) le manuscrit de son Histoire de Charles-Quint, mais nous ne garantissons nullement l'exactitude d'une assertion qui nous paraît peu vraisemblable. On ajoute qu'il céda son Histoire d'Ecosse pour 2,000 1. st.; c'est encore un prix satisfaisant. Walter Scott vendait cher ses romans dont la vogue était immense; on a imprimé que le manuscrit de Woodstock avait été payé 6,800 1. st.; on sait aussi qu'en voulant soutenir le crédit de ses éditeurs, il contracta des engagements qui le conduisirent à la ruine. En Allemagne, les auteurs n'ont presque toujours obtenu que de très-faibles rétributions; on a dit qu'après la mort de Schiller et de Goethe, la propriété de chacune des œuvres de ces deux grands écrivains avait été payés à leurs héritiers 250,000 à 300,000 fr.; mais le fait n'est pas bien constaté; d'ailleurs, il s'agit de productions de tout premier ordre. 685 Je passe maintenant à ce qui concerne quelques écrivains français : Bernardin de Saint-Pierre vendit 1,000 fr. le manuscrit de son Voyage à l'île de France; il reçut en payement un billet qui ne fut point payé à son échéance. il au Delille n'obtint, dit-on, que 400 fr. pour sa belle traduction des Géorgiques, mais quand sa réputation fut bien établie, rait trouvé des éditeurs payant 7 francs chacun de ses vers. Ce n'est pas bien prouvé. Jean-Jacques Rousseau céda au libraire Duchesne la propriété de l'Emile pour 7,000 fr.; le directeur de l'Opéra lui donna 1,200 livres pour le Devin de village. En 1828, des journaux de Paris annoncèrent que M. Ancelot avait cédé pour 6,000 fr. le droit de publier sa tragédie intitulée: Olga ou l'Orpheline moscovite. Il est permis de regarder aujourd'hui ce prix comme passablement élevé. On prétend que le libraire Ladvocat donna 13,000 fr. à Casimir Delavigne pour devenir éditeur de la tragédie de Marino Faliero; il ne paya les Fils d'Edouard que 8,000 fr. Nous ignorons s'il fit là de bonnes affaires, mais personne n'ignore Ladvocat tomba en faillite. que L'éditeur Ponthieu paya 10,000 fr. Léonidas, tragédie de M. Pichard, représentée avec succès en novembre 1828. Un autre éditeur fort connu, Barba, donna 3,000 fr. pour la propriété du Ménage parisien, comédie de M. d'Epagny. Jouy eut la bonne fortune d'obtenir 6,000 fr. pour le manuscrit de sa tragédie de Bélisaire, dont personne aujourd'hui ne soupçonne l'existence. Malte-Brun a avancé, dans un article du Spectateur (1814, no 11, p. 51), que le Directoire fit compter à Parny une gratification de 3,000 fr. en récompense de la publication d'un poëme, où l'impiété et l'obscénité s'étalent avec la plus audacieuse impudence; l'imprimeur reçut pour sa part 1,200 fr. Ces sommes furent prélevées sur les fonds destinés à l'encouragement des lettres. Barras et ses collègues, qui acceptèrent, dit-on, avec reconnaissance l'hommage que le marquis de Sade leur faisait de ses monstrueuses productions, étaient fort capables de consacrer les fonds de l'Etat à subventionner la publication d'immondes turpitudes. Il me reste encore d'autres notes, mais n'ai-je pas déjà donné trop de détails? A. READER. Extrait des très-charmantes lettres d'Edgar Quinet à sa mère (Paris, GermerBaillière, 2 tomes faisant partie des Euvres complètes en cours de publication) : « Le « lendemain de mon arrivée, Bayard (rien « de l'ancien ni du nouveau: il s'agit du << vaudevilliste) m'a appuyé de son crédit auprès d'un libraire qui s'est engagé 686 << avec moi pour la première partie de « Herder, qu'il me payera 600 francs, aus«sitôt le manuscrit reçu. Les trois autres « divisions de l'ouvrage, que je livrerai à «ma volonté, seront payées au même prix. Me voilà donc 2,400 francs assurés « pour les mois qui suivront; un peu d'indépendance et le temps d'achever, sans « inconvénient pour personne, le plan de « vie que tu connais. » JACQUES D. La pre Gamiani (IX, 583, 638, 668). mière édition de ce déplorable ouvrage est demeurée inconnue. La Bibliographie du comte d'I** cite comme telle celle qui porte l'indication de Bruxelles et la date de 1833, et dont le texte est lithographié. L'édition princeps est autographiée et imprimée sur papier vergé teinté, à deux colonnes, à 39 lignes à la colonne, le texte encadré d'un double filet et la pagination inscrite entre deux parenthèses, interrompant le double filet au milieu et en haut de chaque page. C'est un in-4o de deux feuilles, dont 13 pages seulement sont écrites. Le premier feuillet est en blanc, de même que le verso du dernier. Il n'y a pas de titre, le nom de Gamiani est simplement inscrit en gothique, en haut de la première page du texte. Cette édition est tout à fait distincte de celle que désigne la Bibliographie. Si l'indication de lithographiée peut, aux yeux d'un observateur inexpérimenté, se confondre avec celle d'autographiée, d'autres particularités caractérisent absolument la distinction. Telle est l'absence de date et de nom de lieu. De même aussi, l'auteur de la Bibliographie signale la première édition comme très-incorrecte, tandis que celle dont il s'agit est au contraire d'une scrupuleuse correction. Enfin, elle ne contient que la première partie qui, en effet, constituait seule, à l'origine, cet ouvrage. La seconde partie a été, comme on l'a fait observer (op. cit. t. III, p. 402), l'œuvre d'un autre écrivain, à en juger par la différence du style. Nous sommes donc en présence de la véritable édition princeps qui doit être rarissime et mérite d'être signalée au confrère Arsène. L'amateur qui possédait l'unique exemplaire que j'aie vu y avait ajouté la suite des huit lithographies de Deveria, relatives à la première partie, et quatre de la deuxième partie, d'une exécution inférieure et de différentes mains. Ces lithographies (détail à noter) ont été imprimées chacune sur une pierre spéciale, de la dimension que les lithographes appellent pierres en huitième », et non par deux ou quatre dessins à la fois. A l'égard des auteurs de ces planches, l'attribution de celles de la première partie à Deveria est incontestable et se trahit par la manière, mais il est permis de douter de l'assertion de la Biblio 687 graphie qui en donne queiques-unes à Grévedon. Sa manière ne s'y reconnaît pas, et il n'est pas à croire que le crayon qui a dessiné des têtes de femmes d'une expression si pure, si chaste, si limpide, ait pu se plaire à de pareilles œuvres. Il serait à souhaiter aussi qu'Alfred de Musset fût également purgé de l'accusation qui lui attribue Gamiani. Cette production, ignoble rapsodie d'un style plat et prétentieux, ne fait pas plus d'honneur au talent de l'écrivain qu'à son caractère et à sa moralité. STANDER. Antimoine (IX, 641, 700, 727, 758). En parcourant les Dissertations de M. Huet, ancien évêque d'Avranches, publiées par l'abbé de Tilladet, à La Haye, en 1720, je trouve (t. II, p. 116): « Antimoine. D'Alstimmi. Stimmi est le nom grec, auquel les médecins arabes ont ajouté leur article, comme en plusieurs autres mots. » Cette étymologie est communiquée par Huet à Ménage. P. CLAUER. Les fées (X, 36, 89, 114). · Voir le savant et charmant ouvrage de M. Laisnel de la Salle : « Légendes du centre de la France », t. I, p. 9, 108 et suiv. Fée dérive de fari, prophétiser, en grec paw. Gaélique Faidh, prophète, etc. Les Fées se nomment non-seulement aussi fades, fadettes, mais encore martes, merties, marses, de l'hébreu marthe, dame. Saint Martin aurait, paraît-il, tant soit peu bénéficié de cette homonymie, et on lui aurait prêté, sous le nom de miracles, plus d'une légende des « bonnes dames.» Mais n'y a-t-il pas encore un autre sens attribué au mot fée? Lorsqu'il s'applique à un objet n'apporte-t-il pas l'indication d'indestructibilité? Un objet-fée est comme qui dirait une sorte de verre incassable, ayant certaines vertus particulières, souvent celle de rendre invisible celui qui le porte. N'y aurait-il pas, de ce côté, quelques recherches à faire? LN. G. Lucina sine concubitu (X, 171, 622). La singularité physiologique du docteur Abraham Johnson, rééditée par feu Jules Assézat, est connue de tous les bibliophiles. Mais ce qui l'est moins, c'est la réponse que fit à la Lettre du Dr Johnson un autre savant de Londres, Richard Roë. La réponse de Roë a pour titre : Concubitus sine Lucinâ. C'est une contre-partie, très-originale, très-érudite et très-malicieuse. Le système de Richard Roë ne pourrait ici s'analyser qu'en latin. Disons seulement qu'il n'a rien de commun avec les théories de Malthus. Au fond, Johnson et Roë sont des pseudonymes, et il ne faut 688 voir dans leurs deux Lettres que des jeux d'esprit, ou plutôt deux satires, pour ridiculiser les doctrines extravagantes de certains physiologistes anglais du dernier siècle. Ajoutons, d'après Quérard, que les deux dissertations traduites en français, la première par Moët, la seconde par de Combes, ont paru ensemble pour la première fois en 1752. La première édition de la traduction française de Lucina sine concubitu est de 1750. Dès son apparition, elle fut brûlée, par ordre du Parlement (Quérard, Supercheries littéraires, édit. Daffis, t. II, Ire partie, col. 415). FIRMIN BOISSIN. Mulier, mollis (X, 323, 379). - L'l latin vient souvent d'un d, et l'on peut se représenter mulier comme sorti de mudies. Au thème mudie correspond le grec pʊx dans počáw, sucer, teter, mis pour μvèca, qu'on retrouve dans l'homérique èx μu -Opós. D'autres congénères sont: púdos, (poétiquement) humidité : padáw, égoutter (latin, madeo); palós=μadoós, et paotós, poitrine (latin, mamma, pour mad-ma). Mulier est donc « celle qui allaite. » (D'après Fick.) RIST. Les châteaux d'Hénonville et de Wideville (X, 487, 592, 657). Le château de Wideville, entre St-Germain et Poissy, splendide résidence élevée, en 1620, par Claude de Bullion, surintendant des finances, marquis de Bonnelles, seigneur de Davron, Crespières, Manle, etc...., existe 689 encore dans son intégrité primitive et appartient, par suite de son mariage avec la fille du duc d'Uzès, au marquis de Galard, qui en a écrit une monographie très-complète, tirée, en partie, des nombreux documents conservés dans les archives du château. Le titre de comte d'Esclimont fut porté par plusieurs descendants directs de Claude de Bullion, qui possédait cette importante seigneurie, près de Rambouillet, passée depuis, par héritage, dans la maison de La Rochefoucauld-Doudeauville. Le nom du propriétaire du château d'Hénonville, en 1742, n'est pas cité dans la correspondance du comte d'Esclimont, conservée à Wideville. *** Famille Crommelin (X, 488).- Les descendants de la famille Crommelin, qui se sont réfugiés en Hollande, sont encore très-nombreux dans ce pays. Le soussigné possède une généalogie assez volumineuse de sa famille, depuis l'année 1579. (Haarlem.) H.-A. CROMMELIN. Un mot de l'Ecriture (X, 513, 570, 595). Voici comment Mme Pilou, d'après Tallemant des Réaux, avait traduit librement ce passage de la Bible: Quand elle voit des gens qui sont quelque temps dans la mortification et qui après retournent à leur première vie : « Ils «<font, dit-elle, comme l'asnesse de ma <<<cousine Passart. Cette beste avoit un « asnon: on enferme son petit et on la «< charge de tout ce qu'il falloit pour aller « disner à demy-lieue d'ici. Elle va bien « jusqu'à la moitié du chemin; mais, se << ressouvenant de son asnon, elle fait << trois sauts et vous jette toute la provi«<sion dans la boue. Eux aussy, vont fort « bien quelque temps, puis tout d'un « coup ils jettent le froc aux orties, dès qu'ils se ressouviennent de leur asnon. » A. D. « Les mots de la place Maubert (X, 515, 658). Mais en expliquant cette expression par propos grossiers, injurieux, rend-on bien compte de ce passage de Molière? « La belle chose de faire entrer <<< aux conversations du Louvre de vieilles « équivoques ramassées parmi les boues « des Halles et de la place Maubert. » (Critique de l'Ecole des Femmes, sc. ire.) La suite prouve, en effet, qu'il s'agit là, non d'injures, mais d'un mauvais jeu de mots. Les harengères de ce temps-là cultivaient-elles donc habituellement le calembour? O. D. 690 Pamiers, lequel avait, je crois, béni le mariage du duc d'Orléans avec la princesse Hélène, et fut plus tard disgracié. L'abbé Santerre fut enveloppé dans sa chute. Il se retira dans le département de l'Oise, à Guiscard, d'où il était, je crois, originaire, C'était un homme aimable et lettré. Il avait réuni quelques autographes, la plupart provenant de la famille La Fontaine, notamment un codicille du petit-fils et des correspondances de hauts personnages à lui adressées. Il avait aussi quelques lettres de Louis Racine, dont une adressée, circonstance assez touchante, au petit-fils du grand fabuliste (1753). Peut-être avait-il possédé des pièces plus importantes, mais il ne les avait plus en 1860, époque où il m'écrivit une dernière lettre. Je crois qu'il est mort peu de temps après. Le Bulletin du Comité de la Langue, des Arts et de l'Histoire, institué près le Ministère de l'instruction publique (1857, t. IV) doit renfermer quelques indications relatives à la collection de l'abbé Santerre. L. D. L. S. Ci-gît ma femme... (X, 547, 596). Du Lorens, exposé, il est vrai, aux tracasseries de sa femme, n'aurait-il pas cependant puisé l'idée de son épigramme, si fine et si complète en sa concision, dans cette autre épigramme de l'Anthologie, que François Charpentier, son contemporain, a ainsi imitée? Reçois de moi, chère moitié, Ce tombeau, qu'aucun ne t'envie : Je dois avec raison te rendre cet honneur; Te Deum et Stabat Mater (X, 580, 636). Le Te Deum a été attribué à une foule d'auteurs, notamment à saint Ambroise, saint Augustin, saint Abond, au moine Lisebut, à saint Hilaire de Poitiers. On peut consulter, en faveur de cette dernière attribution, dans un des premiers volumes des Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, publiés à Poitiers, une intéressante dissertation de labbé Cousseau, mort depuis évêque d'Angoulême. Quant au Stabat, il est attribué, par les uns au moine Jacopone, par les autres au pape Innocent III, sans raisons jusqu'ici décisives. L. D. L. S. - L'auteur de l'hymne : « Te Deum laudamus » est inconnu. On l'avait faussement attribué à saint Ambroise, l'archevêque de Milan, et c'est pourquoi il était appelé l'hymne Ambrosien. » Mais on |