Verleger (X, 582, 637, 658). - Ces amusants pataquès, qui consistent à pren dre pour des noms propres les mots courants d'une langue étrangère, ont été beaucoup multipliés par la concision et l'obscurité du style télégraphique. L'an dernier, l'Agence Havas avait reçu d'un port indien une dépêche ainsi conçue: The monsoon has just burst (le mousson vient de se lever, d'éclater). L'Agence traduisit, à l'usage des journaux français : « Le navire Monsoon vient de sauter. » Que nos lecteurs d'outre-Manche ne se hâtent pas de se moquer: on trouve mieux que cela dans leurs journaux. On se souvient d'un accident arrivé à Cambrai au cours d'une manifestation ultramontaine. L'Agence Reuter annonça, à cette occasion, que « the bishops Montès and Estrade» étaient tombés, mais n'étaient pas blessés; il s'agissait, en réalité, d'évèques « montés sur l'estrade. » Lors de la fin tragique de l'astronome Delaunay, dont le canot avait chaviré, ce fut encore la même Agence qui annonça que trois savants français, MM. Delaunay, Chaviré et Canot, s'étaient noyés dans la rade de Cherhourg. G. I. Delille et M. de La Fayette (X, 610). Est-ce que les deux vers cités : Ce doucereux blafard, ce héros ridicule, De l'astre de Cromwell pâle et froid crépuscule, ne font pas partie d'une tirade insérée dans une édition du poëme de la Pitié, publiée en Angleterre, et que l'on retrancha des éditions françaises? Il me semble qu'elle se terminait par cet autre vers: Veille pour les brigands, et dort contre son Roi. Caucus (X, 610, 661). - Le Dictionnaire de la langue anglaise de Webster (1865) donne cette explication : « Réunion préparatoire pour procéder au choix des 692 candidats à des élections politiques. Ce mot est probablement une corruption de Calkers' meeting. Le 2 mars 1770, une querelle s'éleva, à Boston, entre les soldats anglais et des cordiers, et ces derniers furent les battus. Les cordiers et les calkers (calfats) formèrent une société, et dans ses réunions, des adresses incendiaires furent délibérées contre le gouvernement anglais. Les tories, par dérision, appelèrent ces assemblées Calkers' meetings, et le mot aboutit finalement, par abréviation et contraction, à celui de « Caucus ». A. L. MAYHEU. (Oxford.) Une Comminge (X, 611, 662). - « Tomber subitement comme une Comminge, » c'est tomber comme une bombe, et c'est bien ainsi que Goethe a rendu le mot dans sa traduction du Neveu de Rameau (Leipzig, 1805, pet. in-8, p. 171). Cette traduction, faite sur le manuscrit de l'auteur, a paru seize ans avant le texte de Diderot, et l'on sait que la re édition française de cette conception philosophique si hardie n'a été qu'une traduction de la traduction de Goethe, par un M. de Saur. I C'est après le siége de Mons, en 1591, qu'à la suite d'une plaisanterie de Louis XIV on donna le nom de Comminges à de grosses bombes pesant 500 livres, qui furent lancées sur cette ville. Le roi avait pour aide de camp le comte de Comminges, colosse haut de six pieds et large en proportion. Il se mit à dire : « Ces bombes prodigieuses ressemblent bien à Comminges, il faut leur donner son nom, mais il ne me le pardonnera jamais, s'il vient à savoir que je les lui ai comparées. » Les courtisans s'empressèrent de souscrire au désir du roi, et le nom de Comminges resta à ces bombes, tant qu'on en fit usage. (Voir le Curiosités militaires, de L. Lalanne. Paris, 1855, et le tome IV des Jugements sur quelques ouvrages nouveaux (par Guyot Desfontaines, Fréron, etc.). Avignon, 1745-1746. 11 vol. in-12.) UN LISEUR. 693 d'où les Saxons arrivèrent en Angleterre. Albion, c'est le plus ancien nom de la Grande-Bretagne, que les Grecs et les Romains avaient reçu des Gaulois, et nous y reconnaissons un mot d'origine celtique. La racine, Alb ou Alp, dénote un pays montagneux. Dans le Dictionnaire de l'ancienne langue d'Ecosse, je trouve le mot Alba ou Albainn, signifiant 1° un pays de montagne. 2o Ecosse. De même, dans la langue vivante du pays de Galles, le mot Alban veut dire « un sommet. » Ainsi le nom d'Albion, et son origine nous éclaire sur les premiers habitants de l'Angleterre et confirme leur rapport avec les Gaulois. (Oxford.) H. K. Le chant de la cloche (X, 612). - Contrairement au proverbe bien connu : « Qui n'entend qu'une cloche n'entend qu'un son, » les paysans ne sont pas seuls à traduire d'une façon différente, souvent burlesque et sarcastique, le chant de la cloche. On connaît la traduction donnée de ce chant par le grand maître du sarcasme, Rabelais, à propos des projets de mariage de Panurge, passage imité par le prince du burlesque, Scarron, vers la fin de son Roman comique, et par Dreux du Radier, dans son conte: La Veuve et les Cloches, d'après le 3me sermon latin de Jean Raulin: De viduitate. C'est probablement de ces dictons qu'est provenu cet autre proverbe : << Ils sont comme les cloches, on leur fait dire tout ce qu'on veut. » Qui ne connaît le chant historique du temps de Charles VII, le carillon de Vendôme, calqué sur le chant des cloches? Le refrain seul paraissait subsister dans la mémoire des habitants du pays, lorsque Brazier crut l'avoir retrouvé en entier, tel qu'il le donne dans sa notice sur les Sociétés chantantes, à la fin de son Histoire des petits théâtres de Paris. Philipon de la Madeleine avait aussi fait la même trouvaille, qu'il reproduit dans son livre sur l'Orléanais, p. 213. Plus heureux qu'eux, pendant mon séjour en Vendômois, j'ai recueilli, d'une vieille femme de Busloup, une version qui me paraît plus complète et qu'elle chantonnait près du berceau de son petit-fils: Aujourd'hui que reste-t-il Je passe sous silence le « Carillon de Dunkerque, qui n'est que trop connu. J'indiquerai la réponse, non moins connue, d'un religieux mendiant à un riche laboureur qui lui demandait comment il pourrait gagner le ciel? Audite campanas monasterii; dicunt: DANDO, DANDO, DANDO. Et je terminerai par cette citation du poëte On a dit qu'à côté de ces hexamètres, il y en avait, anciennement, de plus analogues à l'objet de l'institution. - Ne croyez pas, du reste, que les vers ci-dessus mentionnés soient provenus soit du doyen Gilles de Trèves, soit des Jésuites qui ont tenu le collége: ce serait erreur. Ils avaient une antériorité d'au moins un siècle. Sorte de banalité, les premiers imprimeurs plaçaient ceux-là, ou d'autres du genre, fin de leurs publications; Noël d'Argonne l'affirme. Mais, au lieu de domus hæc, dans le premier vers, ces imprimeurs substituaient liber hic. »J'ai transcrit servilement. Il y a testitudo, faute évidente. H. I. la Secte des Mamillaires (X, 614, 665). -La secte des Mamillaires à pris naissance à Harlem, chez les Anabaptistes. Bayle explique ainsi l'origine de cette secte: « Je ne sais pas bien le tems où le nouveau schisme se forma; mais on donne la ville de Haerlem pour le lieu natal de cette subdivision. Elle doit son origine à la liberté qu'un jeune homme se donna de mettre la main au sein d'une fille qu'il aimoit et qu'il vouloit épouser. Cet atouchement parvint à la conoissance de l'Eglise, et là dessus on délibéra sur les peines que le délinquant devoit soufrir les uns soutinrent qu'il devoit être excommunié, les autres dirent que sa faute méritoit grâce, et ne voulurent jamais consentir à son excommunication. La dispute s'échaufa de telle sorte qu'il se forma une rupture totale entre les tenans. Ceux qui avoient témoigné de l'indulgence pour le jeune homme furent nommés Mammillaires. »> (Dict. hist. et critique, Amsterdam, 1734. In-fol., t. IV, p. 84.) A ces détails historiques Bayle ajoute quelques notes fort piquantes et fort li 695 bres sur la tolérance des casuistes espagnols, sur l'immoralité de l'illuminé Labadie et sur les basiaires ou osculaires anabaptistes. Pluquet, dans son Dictionnaire des hérésies (art. Mamillaires), et l'abbé Bertrand, dans son Dictionnaire des religions (édition Migne, in-4o, t. III, col. 473), donnent à la Secte des Mamillaires la même origine que Bayle. L'abbé Bertrand ajoute: «La dénomination de Mamillaires fut appliquée plus tard, en Italie, à des hommes qui osèrent se constituer les apologistes du vice, en s'efforçant de justifier ou d'atténuer les familiarités ou les attouchements impudiques. C'est à ces derniers sectaires qu'a fait allusion Diderot, à l'article Jésuite (Euvres choisies, édit. Génin). Le jésuite Bensi ou Benci (et non Benzi) ne fonda pas la secte, car ce fut un hommé de mœurs austères, mais ses divagations théologiques y donnèrent lieu. Bernard Benci, mort en 1760, professa longtemps la théologie morale à Venise. Ses principaux ouvrages sont: Praxis tribunalis conscientiæ (Bologne, 1742); Dissertatio de casibus reservatis (Venise, 1743). Ce dernier ouvrage fit beaucoup de bruit; l'auteur, condamné par le Saint-Office, fut obligé de se rétracter (Voir Alegambe, Bibliotheca scriptorum societatis Jesu, et Chaudon et Delandine, Dictionnaire historique). Dans le Tome V de son Histoire des Sectes religieuses, l'abbé Grégoire s'occupe longuement du père Benci et des « Mamillaires » d'Italie. D'après lui, le père Benci soutient cette doctrine, que << toucher les joues et le sein des vierges «< consacrées à Dieu ne constitue qu'un péché véniel. » La doctrine moliniste du père Benci fut réfutée par le père Concina, dominicain, dans ses Lettres théologico-morales (Venise, 1744). Le père Benci eut ses partisans. Une foule de libelles parurent en sa faveur, malgré la condamnation formelle que Benoît XIV fit de sa doctrine. Ce que Benci n'avait exposé qu'avec certaines restrictions fut généralisé. Les Mamillaires italiens en vinrent à excuser le plus scandaleux libertinage. On écrivit pour et contre. L'Ecriture sainte fut mise à réquisition, et les théories des Mamillaires eurent leur prolongement jusqu'aux premières années du XIXe siècle. En 1803, à Aixla-Chapelle, les demoiselles Affergel et Vogts inventèrent, sous le nom d'Etat de réparation, une sorte de confrérie qui fit revivre toutes les aberrations molinistes. En 1815, parut à Londres une apologie sans restriction du père Benci et de ses doctrines, et l'auteur de cette apologie était un protestant anglais nommé Dallas. Pour de plus amples détails, consulter l'Histoire des Sectes religieuses de l'abbé 696 Grégoire (nouvelle édition, dite Edition Carnot. Paris, 1829, in-8°, tome V, chap. 20, pp. 503-512). Quant à l'antagoniste de Bensi, le dominicain Daniel Concina, ce fut, au dire de César Cantu lui-même (les Hérétiques d'Italie, t. V, p. 11), un rigoriste excessif. Il soutint contre les Jésuites de la HauteItalie une guerre ardente, surtout à propos du jeûne quadragésimal et des théâtres. On donna au système de Concina le nom de Rigorisme, et à celui des Jésuites le nom de Probabilisme. La poésie s'en mêla, et, à cette occasion, Cantu signale un curieux Dialogue entre saint Ignace et saint Dominique, imprimé en 1755, avec la date de Cairsan, chez Sidam Bouvé (des noms fantaisistes). Saint Dominique se plaint de la tolérance des Jésuites. A quoi saint Ignace répond : A femme noble, On donne une nourriture Que l'on n'accorderait pas A la servante. Avec celle-là, sucre L'on emploie, et miel aussi; Et fiel amer. D'habitude ne nuisent pas; A donna nobile Con quello, zucchero E l'aer bruno Nuocer non sogliono : Saint Ignace n'en convient pas moins que « le probabilisme est la source de l'athéisme. » FIRMIN BOISSIN. Suivant J. Hubert, par suite d'une discussion de casuistique lubrique entre les RR. PP. Benzi, Foure et Turani, attaqués par les Dominicains, on leur donna le surnom de Théologiens Mamillaires (Les Jésuites, par J. Hubert, trad. en français par Alfred Marchand, 3e édit., 1877, t. II, p. 84, et dans le texte allemand, p. 303.) OL. B. 697 truire, tout supprimer, lois, religions, gouvernements, armées, propriétés, familles, etc.; mais ils se gardent bien de rien supprimer de leurs précieuses personnes. M. V. de V. confond la secte politique des Nihilistes avec la secte mystique des Belie-golubi (colombes blanches) plus connue sous le nom significatif de Skoptsi (eunuques). Ces sectaires se mutilent eux-mêmes, «afin, disent-ils, de gagner le royaume céleste. » Leur grand prêtre est le tzar Pierre III, qui n'est pas mort, comme le croit la foule, mais qui réside au milieu d'eux et les gouverne ». Ils ne boivent ni vin ni liqueurs et ne mangent pas de poisson. Les Skoptsi n'ont pas d'église, pas de chef spirituel visible. Ils ont cependant au milieu d'eux une Vierge et un Christ vivants, connus seulement d'un petit nombre d'adeptes. Quelques auteurs ont prétendu (mais il n'y a rien de prouvé) que les Skoptsi célébraient leurs Pâques par l'immolation d'un petit enfant. On trouvera des détails très-complets sur les Skoptsi dans la Russie libre d'Hepworth Dixon (ouvrage traduit de l'anglais par Emile Jouveaux. 1 vol. in-8°. Paris, Hachette, 1873). Cet auteur s'occupe aussi des autres sectes russes : les Champions du Saint-Esprit, les Buveurs de lait, les Flagellants, les Petits Chrétiens, les Mutuellistes, les Recenseurs et les Napoléoniens. C'est fort curieux. Quant aux Nihilistes, leurs tristes doctrines sont développées tout au long dans le roman: Fonctionnaires et boyards, du prince Joseph Lubomirski (Paris, Didier, 1874. 3 vol. in-12). Lire aussi, dans le Moniteur universel des mois de septembre et d'octobre 1877, une série d'articles de M. Ernest Lavigne sur les Etudiants russes qui fournissent au Nihilisme ses principales recrues. FIRMIN BOISSIN. Le mot de Nihiliste a été créé, si je ne me trompe, par M. Ivan Tourguéneff, pour désigner un homme qui n'a que des croyances négatives. C'est après l'attentat du 4/16 avril 1866 qu'une enquête, dirigée par le célèbre Mouravieff, révéla l'existence d'une vaste association politique, formée presque exclusivement de jeunes gens des deux sexes connus sous le nom de Nihilistes, et se proposant la régénération de la Société par l'abolition de la religion, de la famille et de la patrie et le massacre des membres de la famille impériale et des autorités. Ces insensés ne faisaient pas trop mystère de leurs projets, mais on n'y croyait pas, jusqu'au moment où la tentative criminelle de Karakozoff vint prouver qu'ils ne se livraient pas simplement à des rêveries extravagantes mais inoffensives. Les jeunes femmes étaient les plus exaltées et se faisaient remarquer par un costume peu gracieux: cheveux coupés courts, 698 lunettes, robes collantes (on portait alors des jupes à cage) et chapeaux masculins; d'aucunes revêtaient même la blouse grise, le pantalon et la grande botte de l'étudiant. Les Nihilistes mettaient volontiers en pratique leurs théories sur les mariages libres. C'est assez dire que l'opération subie par Abeilard et actuellement encore par les adeptes de la secte puissante des Skoptsi ne fut jamais en honneur auprès d'eux! Pour se faire une idée de ces communards russes, qui auraient singulièrement éclipsé leurs frères de Paris si on ne les avait pas arrêtés à temps, il faut parcourir les procès-verbaux de quelques-unes de leurs séances. Je crois difficilement que le cynisme puisse être poussé plus loin que dans cette réponse d'une jeune fille de seize ans à la question: Qu'est-ce que la mère? « Un logement humide pour neuf mois, à louer à celui qui y mettra le prix.» (Historique.) Parmi les nombreuses études publiées sur le Nihilisme en Russie, je recommande celle de M. Schédo-Ferroti, publiée en 1867, je crois. E. C. Nouvelle édition de Millevoye (X, 641). On ne peut qu'applaudir au projet du savant Bibliophile, de donner une nouvelle, complète et définitive édition de Millevoye. Nul n'est plus capable que lui de mener ce projet à bien. Est-il toutefois permis de lui prédire que « les excellentes « corrections et les précieuses variantes >> sur lesquelles il compte, trahiront souvent son espoir? Millevoye, trop vanté de son temps, trop dédaigné du nôtre, avait la religion, la superstition même de ses ouvrages. Il les corrigeait sans cesse, mais le plus souvent en pis, altérant par de laborieux efforts le naturel et la simplicité du premier jet. On en peut juger par les trois versions du Jeune Malade, publiées dans les Œuvres choisies, édition Charpentier. Il me semble aussi que Ch. Nodier a dit quelque chose en ce sens, dans un curieux article sur la traduction des Bucoliques de Virgile, par Millevoye, qui doit (si mes souvenirs sont exacts) se trouver dans les Mélanges tirés d'une petite Bibliothèque. L. D. L. S. - Le Bibliophile Jacob nous donne une nouvelle très-agréable, en nous annonçant qu'il s'occupe depuis longtemps d'une édition des Euvres poétiques de Millevoye et qu'il ne tardera pas à la publier. Millevoye a été le poëte privilégié de toute la jeune génération romantique de 1830. Quiconque, à cette époque, se piquait d'aimer la poésie et de s'y connaître, devait savoir par cœur les plus belles élégies de Millevoye. Ce grand poëte élégiaque était doublé d'un satirique très-mordant, très 699 spirituel et très-malicieux. Malheureusement, les éditeurs de la première édition des Euvres complètes, Charles Nodier et le vieux proviseur du collége Charlemagne Dumas, ont écarté de cette édition tout ce qui sentait trop la satire. On y trouve bien quelques épigrammes dans les Euvres inédites, mais les meilleures, les plus acerbes, les plus piquantes, sont restées sous le boisseau. Le Bibliophile saura bien les découvrir sans doute et les mettre en lumière. Il n'oubliera pas, par exemple, la Satire des romans du jour, considérés dans leur influence sur le goût et les mœurs de la nation, pièce couronnée par l'Athénée de Lyon et imprimée dans cette ville en 1803. Il faut aussi lui recommander une autre pièce satirique, anonyme et non couronnée dans une académie de province Etrennes aux sots. Paris, Capelle, 1802, in-12 de 24 pages. Je n'ai jamais vu cette satire, qui doit être trèsamusante, car Millevoye avait flagellé de main de maître les littérateurs contemporains; mais comment repêcher une perle au fond des abîmes de l'océan bibliographique? Avis aux gens d'esprit qui auraient le bonheur de mettre la main sur les Etrennes aux sots. S. D. Dans les dernières éditions de Millevoye, publiées chez Charpentier, on s'est décidé enfin à réimprimer les pièces de poésie qui furent inspirées à notre poëte par les grands événements de l'Empire, le Passage du Mont Saint-Bernard et le beau poëme de la Bataille d'Austerlitz. L'édition de Ladvocat, publiée en 1822, était dédiée au roi Louis XVIII et l'on avait dû, par convenance, en retrancher les poésies composées en l'honneur de Napoléon et de ses armées. Ces poésies sont vraiment admirables et l'on sent qu'elles émanent d'un vrai génie épique. Mais il s'agirait de retrouver une pièce de vers de Millevoye composée à l'occasion du mariage de Napoléon avec Marie-Louise, et non imprimée dans les recueils poétiques qui ont paru depuis ce mariage. Je n'ai jamais vu cette pièce de vers qui fut peutêtre insérée dans un journal, mais je me souviens de l'avoir entendu citer avec éloge. Je suis surpris de ne pas la rencontrer dans le volume intitulé: l'Hymen et la Naissance, ou Poésies en l'honneur de Leurs Majestés Impériales et Royales (Paris, Firmin Didot, 1812, in-8°). Millevoye dédia plus tard son poëme de Charlemagne à l'Impératrice, qui accepta cette dédicace et qui en fut particulièrement flattée. On sait que les poésies de Millevoye étaient très-lues et très-goûtées à la cour des Tuileries. Il ne pouvait donc se dispenser de célébrer en vers et en beaux vers le mariage de l'empereur Napoléon, ce que firent alors tous les poëtes qui ne voulaient pas se montrer hostiles au gou 700 vernement impérial. Nous n'avons que la magnifique pièce qu'il composa sur la naissance du roi de Rome le Chant de Virgile. Quant à la scène lyrique, Hermann et Thusnelda, qu'il avait proposée pour être représentée à l'Opéra pendant les fêtes du mariage de l'Empereur, ce n'est pas là certainement la pièce de vers qu'il a faite sur ce mariage et que nous ne voyons pas mentionnée parmi les poésies composées et publiées à cette occasion. Le bibliophile Jacob serait-il plus heureux que nous? Découvrira-t-il l'ode ou le dithyrambe qui signala, dit-on. le jeune poëte à l'attention et à la bienveillance de MarieLouise? P. DE N. Pour le public, Millevoye fut bien un précurseur d'André Chénier; mais en réalité, il en fut un successeur et un imitateur. Cela résulte évidemment de ses notes sur ses élégies d'Homère mendiant et de la Néréide. Il y cite l'Aveugle, la Jeune Tarentine, la Jeune Captive, etc. Une partie des ouvrages d'André Chénier étaient donc connus avant d'avoir été imprimés. Je signale, à tout hasard, et j'adresse au bibliophile Jacob quatre pièces publiées dans l'Almanach des Muses pour 1806, et que je ne trouve pas dans mon édition de Millevoye (Furne, 1833, 2 vol. in-8°). Ce sont: Absence et Souvenir; la Veille, le Jour et le Lendemain; la Fantaisie; O. D. - Epître à mon dernier écu. -L'Almanach des Muses est un recueil trop connu et d'ailleurs trop facile à trouver pour que je donne les titres des morceaux de Millevoye qui y ont été insérés. Voici seulement les dates des volumes que j'ai et où il s'en trouve: 1802, 1803, 1804, 1805, 1807, 1808, 1809, 1811, 1813 et 1814. Le Nouvel Almanach des Muses est moins commun. Je n'en ai que 7 volumes. Voici ce que j'y ai trouvé. 1804: Six jours de ma vie, ou le règne d'une coquette. 1807: A M. de Parny, en lui envoyant le poëme de l'Amour maternel. Les adieux d'une bergère. 1808: L'anniversaire. Le Voyageur. 1809: Le Tombeau du Coursier. 1810: Le rendez-vous. La différence. La Fantaisie. A mon rival. 1811: Les quatre âges de la femme. Mes adieux à l'amour. 1812: La mort de Rotrou. Les embellissements de Paris. 1813: Goffin, ou le héros de Liége.-Chansonnier des Grâces. 1808: Le noir époux de Cythéré. 1813: Arabelle. · Chansonnier de l'Amour et des Grâces. 1813: Plaintes d'Eginard.- L'Hymen et la Naissance (Paris. F. Didot, 1812): Hermann et Thusnelda. Le chant de Virgile, déjà inséré en 1811 dans les Hommages poétiques, mais avec des notes. L'Anniversaire du Roi de Rome. M. Quitard, dans son Anthologie de l'amour, a donné sept des poésies de Millevoye. Les notices de l'Almanach des Muses donnent quelques - |