S Le silence du peuple... (X, 642). ces paroles ont été prononcées par l'évêque Jean Soanen, elles n'ont pas été recueillies par l'abbé J.-B. Gaultier, dans son ouvrage anonyme, intitulé: « La vie de Messire Jean Soanen, évêque de Senez. Cologne, 1750, in-12. » — Toutefois, ce proverbe peut se trouver dans les « Lettres » de ce préiat, ajoutées à une édition in-4, que je ne connais point, de cette même « Vie », et indiquée par Quérard. H. I. La rencontre que M. E. G. P. a faite dans Chénier, il eût pu la faire, il n'y a pas bien longtemps, dans l'Intermédiaire (X, 448). Il n'est pas facile de dire qui a commis le premier la confusion; mais on se représente très-bien comment elle a pris naissance. Quelque auteur, en citant la phrase célèbre, aura ajouté: Suivant l'expression de l'évêque de Senez. Quel évêque de Senez a pu prononcer cette parole indépendante? se sera demandé un lecteur trop ingénieux. Voici un prédicateur de cour: passons. Voilà, au contraire, un prélat persécuté: ce ne peut être que lui. De là à imaginer une petite mise en scène appropriée, il n'y avait plus qu'un pas. C'est avec des à-peuprès de ce genre que certains beaux esprits bien connus se sont évertués, pendant un demi-siècle, à nous doter d'une érudition amusante, qui vaut précisément ce que valent les tours de Robert-Houdin comme expériences de physique. Arracher ce chiendent du champ de notre histoire littéraire, c'est une partie du rôle de l'Intermédiaire, et ce ne sera pas le moindre de ses bienfaits. G. I. Le premier acte de propriétaire (X, 642). La seconde partie du Contrat social commence ainsi : « Le premier qui ayant enclos un terrain s'avisa de dire Ceci est à mọi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux et comblant le fossé, eût crié à ses semblables : « Gardezvous d'écouter cet imposteur; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n'est à personne. » Mais il y a grande apparence qu'alors les choses en étaient déjà venues au point de ne pouvoir plus durer comme elles étaient; car cette idée de propriété..... ne se forma pas tout d'un coup dans l'esprit humain.»> Serait-ce ce passage que l'on aurait résumé par l'aphorisme en question? O. D. 702 Sur un M. de Bienville (X, 644). — Voici un ouvrage d'un Bienville; « Octave de l'Adorable Evcharistie, qvi décovvre les merveilles de l'Amour de Jésvs-Christ au S. Sacrement de l'Autel. Divisée en huit sermons opposez. Par le R. P. Bienville, de la C. de Jésus. A Paris, chez Sébastien Cramoisy. M. DC. LXXI, in-8, 4 ff. et 190 p. » L'auteur de la Nymphomanie, P. T. de Bienville, se nommait Thomassin de Bienville, d'après une de mes notes, prise trop à la légère, car je ne peux citer mon auteur. Ce docteur serait de la « maison »> Thomassin, qui se divise: 1o en Thomassin de Bienville, branche éteinte, en la personne de M. de Bienville, ancien député de la Haute-Marne, mort il y a quel ques années; 2° Thomassin de Juilly, en Champagne; 30 Thomassin de Montbel, M. Thomassin de Bienville tenait son nom du village de Bienville (Haute-Marne). — Rechercher le nom des seigneurs des villages de Bienville, près de Metz et de Compiègne. H. I. de Metz. Je crois que De Brémont (X, 645). c'est à l'une de ces familles qu'appartient un romancier du XVIIIe siècle, que l'on trouve nommé Brémond, de Brémond ou de Brémont. J'ai de lui un petit roman intitulé: l'Heureux Esclave, nouvelle, ornée de figures en taille-douce (Paris, Pierre Whitte, 1726). Brunet lui attribue: 1o Le double Cocu, histoire du temps, imprimée à Paris, au Couvent-Jardin, 1678, in-12. Ce petit romana reparu sous les différents titres suivants: Le Vice-roi de Catalogne, Rouen, 1679, in-12; Le Cocu content ou le véritable miroir des amoureux. Amsterd. (Rouen), 1701, in-12; Histoire galante d'un double cocu, Amsterdam (Rouen), 1703, in-12. 2o Hattigé ou les Amours du roi de Tamaran (Charles II, roi d'Angleterre, et milady Castelmane). Cologne, 1676, in-12. Si M. E. B. trouvait, dans ses recherches sur la famille de Brémont, d'autres renseignements sur cet auteur, je lui serais bien obligé de les communiquer à l'Intermédiaire. Dans le 2e supplément de Moréri, à l'article François de Brémond, M. E. B. trouvera quelques faits qui paraissent se rapporter aux familles qui l'intéressent. François de Brémond, né à Paris le 14 sept. 1713, a été de l'Académie des sciences; il est mort le 21 mars 1742. E.-G. P. No 229.] L'INTERMÉDIAIRE DES CHERCHEURS ET CURIEUX. [25 nov. 1877. 703 Trouvailles et Curiosités. La France devenue République. Parmi les nombreux journaux révolutionnaires publiés pendant la période commençant au 22 septembre 1792 pour finir au 3 brumaire an IV, le Bulletin de la Convention est sans contredit le plus curieux et le plus utile à consulter pour l'histoire de cette époque néfaste. Non-seulement on trouve dans les colonnes de ce journal des renseignements précieux pour l'histoire particulière des communes de France, mais on y rencontre aussi des curiosités poétiques que l'on chercherait vainement ailleurs. Dans le numéro du Second supplément au Bulletin, de la séance du 16 frimaire an II, a été insérée une pièce de vers signée par les ci-devant curés de Nandy et de Boissise-le-Bertrand, près Melun, intitulée: La France devenue République. Ces vers monorimes (toutes les rimes sont en ique) n'ont rien de bien saillant, mais ils méritent cependant d'être réimprimés comme un échantillon du genre. Je serais très-reconnaissant à mes coabonnés de vouloir bien me faire connaître les noms des deux auteurs de ce badinage révolutionnaire que je me permets de leur mettre sous les yeux. La France devenue République. Le pouvoir aristocratique En vain le dévot fanatique, En vain le béate mystique, « ... 704 En vain de Rome l'empirique, De la cabale monarchique L'Autriche, fine et politique, P. c. c.: P. P. Un crime capital bizarre. Le Magasin Pittoresque (1876, p. 173) parle d'instruments de musique en usage chez les naturels des bords de l'Amazone: Un instrument ressemblant à un grand basson..... Ces instruments sont faits d'écorce tortillée en spirale, avec une embouchure en feuilles..... Dès que la musique commença à se faire entendre, on ne vit plus une seule femme, ni jeune, ni vieille, car l'une des plus étranges superstitions des Indiens Uaupés est de considérer comme tellement dangereux pour les femmes de voir jamais l'un de ces instruments qu'ils en punissent de mort, et généralement par le poison, la simple vue. >> O. D. L'Intermédiaire DES CHERCHEURS ET CURIEUX (CORRESPONDANCE littéraire, NOTES and QUERIES français.) Quatre vers absents du « Parnasse Satyrique ». Quelqu'un, qui serait initié à ce mystère, pourrait-il me donner le texte exact des quatre vers relatifs à M. Victor Hugo, et qui se trouvent remplacés par quatre lignes de points, dans la pièce: l'Académie Française (25 juin1852), attribuée à Alfred de Musset, 1852, page 135, tome Ier, du Parnasse Satyrique du Dix-Neuvième Siècle (Rome [Bruxelles]. A l'Enseigne des Sept Péchés Capitaux, in-12, papier de Hollande, sans date)? UL. Picard, ta maison brûle... J'ai entendu quelquefois citer, comme une locution proverbiale, ces mots : << Picard, ta maison (ou la maison ?) brûle... » Cette phrase n'eut-elle pas un complément, que j'ai oublié ? Quel en est, au juste, le sens et quelle en est l'origine ? Est-ce qu'il y a là quelque rapport avec le Proximus ardet Ucalegon du poëte latin, qui est aussi, je crois, devenu un dicton? W. T. Radical et Radicalisme. On répète souvent « qu'il ne s'agit que de s'entendre sur les mots pour être d'accord sur les choses. » Eh bien! tâchons toujours de nous entendre sur le mot Radical. La 706 Gazette anecdotique (du 15 nov.) me dit à ce sujet : « Ouvrez le dictionnaire, »> et elle me l'ouvre elle-même. Or, j'y lis avec elle: Feuilles radicales: celles qui naissent près de la racine; Fleurs radicales: celles qui naissent si près de la racine qu'elles semblent en provenir. » Ainsi, une « fleur radicale, » c'est « la violette odorante; » elle a « les fleurs et les feuilles radicales.» (La violette, emblème du radicalisme... en botanique !) — Le Dictionnaire ajoute: « En politique, radical se dit des partisans d'une réforme démocratique complète de la Constitution et des lois.» Radical, substantif, signifie Corps simple, en chimie; en politique, c'est Celui qui demande la réforme gouvernementale et l'extirpation, jusqu'à la racine, de tous les abus. » Eh! mais, remarque la Gazette, « à prendre ainsi le mot, il est peu de gens qui ne voulussent être des radicaux ! >>> Si, d'autre part, j'ouvre le. « Vocabu<< laire des termes introduits dans la langue << depuis la Révolution française, et de ceux << dont la véritable acception a été dénatu« rée, »qui se trouve en tête de la Biographie des Contemporains, de Rabbe et Boisjolin (Paris, 1836, 5 vol. in-8), j'y lis ceci : « RADICAUX. On donne ce nom à ceux que l'on accuse de désirer le renversement de l'Etat. » A quelle date ce mot s'est-il introduit dans notre langue politique? N'est-il pas venu d'Angleterre ? A quels hommes l'at-on successivement appliqué? Est-ce que la véritable acception était déjà dénaturée à l'époque où a paru le Dictionnaire des Contemporains? J. V. 707 glorieux père de la jeune et égrillarde constitution de 1875, le célèbre papa Wallon, » cette énormité: « Rien ne manque au Sénat pour remplir son but... » Remplir un but, juste ciel ! mais, monsieur Veuillot, vous n'y pensez pas! On remplit son verre, on remplit son encrier, on remplit ses poches, on remplit son ventre, mais on ne saurait remplir un but, et s'exprimer ainsi, surtout quand on est posé comme grand écrivain de la presse, c'est prouver que le plus habile peut parfois ne pas atteindre le but. IGNOTUS. Buveurs d'eau. Barbe-roberts. Canards à la dodine. Dans l'Isle imaginaire, de Mlle de Montpensier (Paris, Renouard, an XIII, 1805), je lis, page 52 : « Les comé<< diens, c'est chose nécessaire; de Fran«çois et d'Italiens; des bateleurs, sauteurs « de corde et buveurs d'eau, sans oublier << les marionnettes et joueurs de gobe«<lets, etc...» Qu'étaient-ce que les buveurs d'eau, en tant que comédiens ou faiseurs de tours? Dans le même volume, se trouve la Princesse de Paphlagonie, roman satirique du même auteur. Un des personnages est la reine Uralinde, c'est-à-dire Mme de Monglat, de la maison de Hurault de Chiverny, s'il faut en croire la clef imprimée en suite du roman. On lui reproche d'aimer les gigots à l'ail et autres mets peu recherchés, tels que des barbe-roberts et les canards à la dodine. Le premier mot ne se trouve dans aucun de mes dictionnaires. Littré dit que dodine est un terme de cuisine, sans autre explication. Le Complément au Dictionnaire de l'Académie dit que c'était une sorte de sauce à laquelle on accommodait les canards, ce qui ne m'apprend rien. L'Intermédiaire a-t-il, parmi ses abonnés, un baron Brisse ou un Charles Monselet? C'est à eux que ma question s'adresserait de plein droit. E.-G. P. 14. Chansons de Collége. - Dans mes premiers ans de Collége (Dieu en garde mes fils !), on fredonnait encore quelques vieilles chansons universitaires; une, entre autres, moitié français, moitié latin, et qui est assez connue; je ne me souviens plus que des deux couplets suivants : Vivent les vacances Les pions intraitables, S'en iront au diable, Gaudio nostro! Un collabo, qui aurait hanté les Colléges des bords de la Loire, de 1845 à 1850, a-t-il souvenance des autres couplets? Une autre chanson, remontant, je crois, aux premiers temps de la création des ly. cées sous le premier empire, avait pour refrain: V'là c'que c'est qu' d'êt' lycéen (nous disions collégien, sous Louis-Philippe). Elle avait de 6 à 8 couplets. Je l'ai sue d'un bout à l'autre; mais il ne m'en revient aujourd'hui que des bribes; par exemple, le deuxième ou troisième couplet, qui représente le Collégien se levant au tambour, à cinq heures du matin, se terminait ainsi : Celui-ci d'un œil linotte « Ah! que je dormirais bien ! » Pourrait-on restituer cette chanson, qui, autant que je me le rappelle, ne manquait pas d'humour? Ces chants de protestation contre nos années de carcere duro nous aidaient à oublier un peu ce triste temps, que je n'ai jamais regretté pour mon compte, avec ses censeurs pédants, ses absurdes méthodes de travail et son système d'éducation plus que déplorable. L. DU VERNEY. L'accoudoir de Laurent de Médicis. Tout le monde connaît « le Penseur » de 709 Michel-Ange, et a remarqué, sans doute, que le coude de son bras gauche ne porte point directement sur le genou. Un prisme rectangulaire, décoré d'un mascaron sur la face antérieure, est interposé entre eux. Nous voyons bien quel en est le but, celui de relever le coude et l'épaule gauches, qui eussent été trop inclinés si le coude eût porté directement sur le genou. Mais qui a pu justifier, dans la pensée de Michel-Ange, l'emploi de cette «cheville »>, nécessaire pour la belle construction de son admirable figure? ALF. D. Le jaune, couleur des traîtres. Je lis, dans un vieil auteur, qu'en 1523, le connétable Charles de Bourbon ayant embrassé le parti de Charles-Quint, on barbouilla le portrait de son hôtel, à Paris, « d'ocre jaune, qui est la couleur des traîtres. » Pourquoi le jaune, qui est la couleur des maris... trahis, est-elle aussi la couleur des traîtres? JACQUES DE MONTARDIF. L'Auto-da-fé de François Ier. Dans un exemplaire que je viens d'acquérir, orné, sur le titre, d'un envoi autographique signé par l'auteur, de la Thèse pour la Licence en Droit, soutenue « le jeudi 30janvier 1846 », par M. EMILE OLLIVIER : Du Mariage considéré dans ses effets à l'égard des Epoux, des Enfants et des Parents (Paris, Imprim. Schneider et Langrand, 146 pages in-8°, 1846), je lis cette note, imprimée au bas de la page 9: «< On connaît l'histoire du fameux autoda-fé de François ler, cette procession atroce, ces six reposoirs où brûlait un homme lentement sur du charbon. Le roi tenait la torche, le cardinal de Lorraine allumait le bucher. » Quand on prend « sa Licence » on n'en saurait [trop prendre, Marat-sur-Oise. Le 14 ventôse an II, la Société populaire de Compiègne adressa à la Convention nationale une pétition ainsi conçue: « Craignant que le nom de Compiègne ne rappelle le séjour d'un tyran dont elle déteste la mémoire, et la tyrannie, qu'elle abhorre, demande que cette commune porte le nom de Maratsur-Oise. » La ville de Compiègne a-t-elle porté le nom de ce scélérat? Dans l'affirmative, je désirerais connaître la date à laquelle cette ville a repris son ancien nom. P. PONSIN. Faillibilité de l'Index. Evidemment l'infaillibilité papale ne s'étend pas à l'Index librorum prohibitorum. J'ai sous les yeux la réimpression de 1819 (Romæ. Ex typographia Rev. Camera Apostolicæ, 1819. Cum summi Pontificis privilegio). Je lis à la page 307: «< TELLIAMED. Vide Evangile du jour. » Je cherche à ce titre et je trouve, p. 308, le détail de différents écrits de Voltaire (Voir les rép. Un prédécesseur de Darwin, X, 59, 82), publiés sous divers pseudonymes, entre autres sous celui de Tilliadet, et ce nom figure à la page 312, avec le même renvoi : « Vide Evangile du jour.» Les deux noms Telliamed et Tilliadet ont évidemment été confondus. La troisième édit. du Diction. des Anonymes donne le |