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- « Le style, c'est l'homme, »> n'a jamais signifié : « D'après le style, on juge l'homme, » comme l'indique la citation banale. Buffon exprime bien qu'il a voulu dire : « Les idées sont à la portée de tous; la forme seule leur donne la vie; le style, c'est l'homme, c'est par le style seul que la personnalité s'affirme. » MAX.

Sénèque, écrivant : Talis hominibus fuit oratio qualis vita, et ailleurs: Oratio vultus animi est, établit un rapport entre le caractère de l'écrivain et son style. Buffon, disant : Ces choses sont hors de l'homme; le style est l'homme même, établit la distinction du domaine public et du domaine de l'auteur. M. Legouvé, citant par à peu près les paroles de Buffon et leur donnant le sens de celles de Sénèque, a donc fait ce que nous appelons une « combinaison, » c'est-à-dire le mélange de deux substances, lequel en produit une troisième, de qualités qui diffèrent de celles des composants. Ce n'est ni du Buffon, ni du Sénèque; c'est du Legouvé, propriété insaisissable. Le style est de l'homme et ne peut s'enlever.

CHIMICUS.

M. Legouvé, académicien, était tenu, plus qu'aucun autre, de ne point citer, avec le nom de son éminent prédécesseur, une phrase qui a été estropiée, dans la circulation, et qui est de la fausse monnaie, lorsqu'on lui attribue l'effigie de Buffon. Buffon, en déclarant : « Le style est l'homme même, » n'a pas du tout voulu dire que « le style, c'est l'homme. » Aussi, je comprends qu'un examinateur en Sorbonne ait, un jour, vertement tancé un candidat au doctorat qui avait commis cette bévue. Le Discours de Buffon est un morceau classique qu'on est tenu de connaître, de bien connaître et de bien citer. S'il faut signer ici, je dirai que je ne suis pas même ACADÉMICIEN.

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-Le 20 avril 1810, on donnait au théâtre du Vaudeville Le Petit Courrier, ou Comme les femmes se vengent, vaudeville en deux actes, par Bouilly et Moreau. Ce vaudeville eut beaucoup de succès, et deux des couplets qu'on y chantait eurent une vogue semblable à celle qu'ont aujourd'hui les morceaux les plus réussis de nos opérettes à la mode. La musique, je crois, était de Doche, chef d'orchestre du théâtre. Voici le premier de ces couplets que m'a remis en mémoire la question de M. H. E. Le premier pas se fait sans qu'on y pense; Craint-on jamais ce qu'on ne prévoit pas? Heureux celui dont la douce éloquence En badinant fit faire à l'innocence Le premier pas!

Ce couplet répond, je pense, complétement à la question. M. H. T.

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Bourreaux (X, 6). Walter Scott, qui n'était pas Welche du tout, a pourtant adopté cette opinion. Dans le chap. 14 de son roman d'Anne de Geierstein, le bourreau de La Ferette avance ainsi sa prétention: « Quand un homme de ma profession a rempli ses fonctions à l'égard de neuf individus de noble naissance, avec la même arme, et sans donner plus d'un coup à chaque patient, n'a-t-il pas droit à une exemption de toutes taxes et à des lettres de noblesse ? » Le gouverneur Hagembach ne discute pas le principe; seulement, il nie que les malheureux qu'il va livrer à son bourreau soient nobles. Mais, le jour même (ch. 16), la difficulté est tranchée

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Un poisson à face humaine (X, 6). — Voici ce que je trouve dans les Curiosités d'histoire naturelle (Paris, Passard, 1862), au sujet du capucin ou lion marin (Phoca cristata g.), lequel porte au sommet de la tête un capuchon mobile et adhérent, dont il se recouvre les yeux et la figure quand il est menacé :

« Et à propos du capucin, je vous dirai que, dans ma jeunesse (peut-être même encore à présent), il n'était pas un roman nouveau dont la lecture m'amusât davantage que celle de l'Almanach de Liége, excellent livre pour les personnes qui tiennent à se couper les ongles méthodiquement à jours fixes. Or, j'aimais l'Almanach de Liége, parce que j'y lisais, dans les plus grands détails, comme quoi des pêcheurs du Nord avaient pris dans leurs filets un homme marin, lequel n'était ni plus ni moins qu'un moine ou un évêque, moitié homme et moitié poisson. Lorsqu'on le sortit de l'eau, il poussa un profond soupir prouvant les regrets qu'il éprouvait en quittant malgré lui son élément chéri, et il fit plusieurs signes énergiques pour demander à y rentrer. On reconnut aisément que c'était un évêque ou un abbé du royaume des Ondins, à la coiffure qu'il avait sur la tête, coiffure que les uns prirent pour une mitre à la mode du pays sous-marin, les autres pour un capuchon de franciscain mais l'opinion de ces derniers ne prévalut pas, sans doute parce qu'elle se rapprochait le plus de la vérité.

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L'évêque-poisson était couché sur le rivage sans dire mot, ce qui fit que les pêcheurs s'aperçurent qu'il ne savait pas parler le suédois, et cela leur parut trèssingulier; ils pensèrent que probablement il ne connaissait à fond que le langage des poissons, comme il est dit dans son histoire. Ils voulurent le faire lever pour l'emmener à la ville, où leur dessein était de le montrer aux curieux pour de l'argent; mais la chose était difficile, car le corps de l'évêque se terminait en une queue fourchue, à la manière des marsouins, et il manquait de jambes pour marcher; on le porta donc. Tous les curieux furent édifiés de son air grave et réfléchi, et l'on crut re

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connaître quelque signe d'onction à la manière dont il tenait constamment ses mains croisées sur sa poitrine. Ce n'est pas non plus sans admiration que l'on vit comment ses cinq doigts étaient réunis par une membrane souple et mince, ce qui lui donnait une grande facilité pour

nager.

«Rondelet lui-même, célèbre naturaliste du XVIe siècle, a, du reste, figuré le moine et l'évêque, dans son Histoire entière des poissons, avec leurs pourtraits au naïf. Nous joignons ici son texte et ses pourtraits.

« De notre temps, en Nortuege on a pris << un monstre de mer, après une grande tour<< mente, lequel tous ceux qui le virent in<< continent lui donnèrent le nom de moine, « car il avoit la face d'homme, mais rus«tique et migratieuse, la teste rase et lissé, << sur les espaules, comme un capuchon de << moine, deux longs ailerons au lieu de « bras, le bout du corps finissant en une « queue large. Le pourtrait sur lequel j'ai « fait faire le présent m'a esté donné par « très-illustre dame Marguerite de Valois. << reine de Navarre, lequel elle avait eu << d'un gentilhomme qui en pourtoit un « semblable à l'empereur Charles-Quint, << estant alors en Hespagne. Le gen<< tilhomme disoit avoir veu ce monstre << tel comme son pourtrait le portoit, en « Nortuege, jeté par les flots et la tempeste « sur la plage, au lieu nommé Dièze, près «< d'une ville nommée Denelopock. J'en ai «< veu un semblable pourtrait à Rome, ne << différant en rien du mien. Entre les bêtes << marines, Pline fait mention de l'homme << marin, et de triton comme de choses non « feintes. Pausanias aussi fait mention du <<< triton. >>

« Il ajoute, à propos de l'évêque :

« J'ai veu un pourtrait d'un autre mons<< tre marin à Rome, où il avoit esté envoyé << avec lettres par lesquelles on asseuroit « pour certain que, l'an 1531, on avoit veu «< ce monstre en habit d'évesque, comme << il est pourtrait, pris en Pologne et porté << au roi dudit pays, faisant certains signes << pour monstrer qu'il avoit grand désir de << retourner en la mer, où estant amené se << jeta incontinent dedans. »

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Que vous dirai-je encore de cette naïve histoire, qui me faisait tressaillir de plaisir quand j'avais douze ans ? Alors, je ne soupçonnais pas que l'évêque marin pût être tout simplement le phoca cristata des naturalistes, et l'image qui accompagnait l'histoire, dessinée sous les mêmes inspirations que le texte, était bien loin de me faire reconnaître l'erreur des crédules pêcheurs. >>

Ne pense-t-on pas que le poisson à face humaine du marquis de Chaumont était de l'espece de ceux figurés par le naturaliste Rondelet et que sa figure d'homme n'a jamais existé que dans l'imagination du

85 narrateur. Aux pourtraits de Rondelet on peut opposer que la photographie n'était pas inventée, et ne peut-on pas dire à Chaumont: A beau mentir qui vient de loin? SAÏDNARIG.

Louis-Philippe et Mme Lafarge (X, 60). Voici la genéalogie de Mme Lafarge. telle que la donne Comberouse, dans quelques exemplaires de son Décaméron numismatique :

Philippe-Egalité eut, d'une dame belesprit morte en 1851, 1o Paméla, mariée, en décembre 1792, à lord Fitz Gérald, et, en secondes noces, à M. Pitcairn, consulgénéral des Etats-Unis; 2o Herminie

ou Henriette Compton, aïeule de MarieCapelle, veuve Lafarge, et petite-nièce d'un des meilleurs rois que la France ait BARON DE VORST.

eus.

Le Théâtre Italien (X, 8). 1o L. A.D. S. M. initiales de: Laselle. 2o L. C. D. V. initiales de: Mongin. (Catalogue de la Bibliothèque Soleinne, nos 3349 3351.) G. T.

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Paul et Virginie (X, 8, 60). La réponse se trouve, page 80 du tome III de la France littéraire de Quérard, article Favières, auteur dramatique bien connu. On lit dans la liste de ses ouvrages: « Paul «<et Virginie, comédie en 3 actes et en « prose mêlée d'ariettes. Paris, Brunet. « 1791. Nouv. édit. Paris, Bezou, 1024, « in-8°. La première édit. est anonyme, »> celle de 1791, sans aucun doute. Notre collabo Nalis, en signalant une comédie de Paul et Virginie en cinq actes par Favières, mentionnée dans le Dictionnaire des Anonymes de Barbier, se trompe, je crois, en supposant qu'il s'agit d'une autre pièce probablement. C'est bien la même, ce me semble; seulement, il y a une faute d'impression dans Barbier: cinq actes au lieu de trois. Je compléterai ces renseignements, en ajoutant que la pièce de Favières, jouée avec succès, dans l'origine, au Théâtre-Italien, fut reprise plusieurs fois au théâtre de l'Opéra-Comique et toujours avec succès. J'ai assisté à toutes ces reprises, où le rôle de Virginie fut successivement rempli par Mme Gavaudan, Mile Alexandrine Saint-Aubin, la fille de l'actrice célèbre qui, je crois, créa ce rôle, et enfin par Mule Lemercier. L'auteur de la musique est Kreutzer, qui fut depuis chef d'orchestre de l'Académie royale de musique.

Je ne veux pas finir sans relever une erreur qui s'est glissée dans le «< Calendrier des théâtres (Spectacles de Paris), année 1792. Il indique « de Jaure» comme l'auteur des paroles de Paul et Virginie. Mais, l'année suivante, 1793, il rétablit le nom

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du véritable auteur, toutefois en l'écorchant, « Favier. » Prononcez Favière, et lisez Favières. M. H. T

-Il y a eu une autre comédie lyrique intitulée: Paul et Virginie, ou le Triomphe de la vertu (par Dubreuil, musique de Lesueur), jouée à Feydeau, le 13 janv. 1794. G. T.

Ceux qui meurent jeunes... (X. 34). – Le ciel de ses élus devient-il envieux? Ou faut-il croire, hélas! ce que disaient nos [pères, Que, lorsqu'on meurt si jeune, on est aimé des [dieux ?

(MUSSET: A la Malibran, XIV.) P. c. c. O. D. L'ancien auteur de cette parole est Ménandre. Voici le texte primitif :

Ον οι Θεοὶ φιλοῦσιν, ἀποθνήσκει νέος.

Ce vers est cité par Plutarque, Consol. ad Apollonium; par le Scholiastes minor Homeri ad Odyss. O, 246; et par Eustathe, in Homer. p. MDCCLXXXI, 2 éd. Rom. Le titre de la pièce est donné par Stobée, tit. CXXI, et Cicéron Tuscul. Quæst., lib. I, c. 47 et 48. Galien semble faire allusion à cette pièce, de Nat. fac. lib. I, 17: « Quemadmodum inducti in comoediis ab optimo Menandro servi, Davi quidam Getæque, qui generosum nihil se fecisse putant, nisi ter herum fefellerint; sic hi, per multum otium, impudentia composuerunt sophismata. » Galien compare aux esclaves de la comédie les disciples d'Erasistrate et d'Asclepiade.

On retrouve cette pensée chez Passerat : La plus courte en ce siècle est la meilleure vie. Le même poëte dit encore, dans l'épitaphe du petit Alexandre de Mesmes:

Recoy, petit, ces vers funèbres,
Qui vins ici pour veoir le jour,
Et n'y voulus faire séjour,

Quand tu n'y veis rien que ténèbres. Musset a dit, dans la pièce à la Malibran (Voir plus haut.)

RISTELHUBER.

Ménandre.

Cette pensée est de Alexandre Dumas père en fit un vers alexandrin qu'il formula ainsi, à propos de Rachel, dans un article publié à la mort de l'illustre tragédienne :

Ils sont aimés des dieux, ceux-là qui meurent [jeunes, S. B.

- Voici ce qu'a dit Plutarque (Consolation à Apollonius, traduction Ricard): « J'ai dit plus haut que les hommes d'une vertu éminente recevaient de la bonté des Dieux la grâce de mourir jeunes. J'y reviens encore ici mais je m'y arrêterai peu, et je

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Pastiches (X, 34). La Bruyère s'est, à deux reprises, amusé à imiter le vieux langage, vieux relativement à lui. Dans le chapitre «< De la société et de la conversation» il y a un pastiche très-réussi de Montaigne; dans celui « De la cour » c'est une simple citation d'un vieil auteur; mais on s'accorde à penser que ce passage est de La Bruyère lui-même. V.... T.

Dans les Euvres de M. de Voiture (Paris, Bellaine, 1663) M. R. R. trouvera: o une lettre en vieux langage, par le Comte de S. Agnan, estant prisonnier, à M. le Comte de Guiche; 2o une lettre de l'autheur sur le sujet de la précédente; 3o Réponse de M. le Comte de S. Agnan à la lettre de l'autheur; 4° une lettre de Voiturio aux tres-excellens, belliqvevx invictissimes et insuperates cheualiers, le Comte Guicheus, le cheualier de l'Ile inuisible, et don Arnaldus. Boileau a écrit au duc de Vivonne et sur sa demande des lettres dans lesquelles il pastiche: 1o le style de Balzac; 2o celui de Voiture. Il est probable que ces exemples ne sont pas les seuls; mais je n'en ai pas d'autres sous la main, et je ne doute pas que l'Intermédiaire ne fournisse plusieurs réponses à la question.

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E.-G. P.

Règle de critique historique du R. P. dom Guéranger (X, 35). La maxime de dom Guéranger est-elle donc si étrange? Elle ne nous prescrit que de croire à priori, et n'interdit pas d'examiner après. Sans formuler aussi nettement la règle opposée, les adversaires du St-Siége ne l'ont-ils pas aussi mise en pratique? Et, en cela, ils ne faisaient que suivre la pente naturelle de l'esprit humain. Tous, tant

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que nous sommes, et en toutes choses, ne suivons-nous pas la règle du R. P.? Ce qui flatte nos opinions, nos intérêts, nos passions, nos goûts, n'est-il pas cru à priori? Et tout ce qui leur est contraire n'est-il pas certain d'exciter d'abord nos doutes ou notre incrédulité? Beaucoup examinent ensuite; c'est vrai: mais, même alors, et je parle des gens d'une réelle bonne foi, cet examen n'est-il pas encore influencé par nos opinions, etc.? Il faut des preuves irréfutables pour imposer à notre esprit une vérité qui nous blesse ou nous nuit. O. D.

Je crois pouvoir fournir à M. B. O. quelques explications catégoriques :

1° Dom Guéranger, autrefois abbé de Solèmes, n'est plus de ce monde.

2o M. Duruy, dans un discours au Sénat sur l'enseignement supérieur, a fait allusion, pour la combattre, à la singulière règle de critique historique avancée par dom Guéranger.

3o Cette règle se trouve formulée, sinon dans les termes, du moins dans le sens indiqué par l'auteur du Clergé de 89, dans une interminable série d'articles de dom Guéranger que l'Univers de 1857 a publiés sous ce titre : Du naturalisme dans l'histoire, et qui contenaient une critique acerbe de l'Histoire de l'Eglise et de l'Empire, du prince de Broglie, l'un des chefs, à cette époque, du parti catholique-libéral, et devenu depuis, comme l'évêque d'Orléans et tant d'autres, l'allié confus, honteux et sans conviction du parti ultramontain.

Les XXVI articles de dom Guéranger ont été réunis en un fort volume qui, après avoir encombré les magasins de Gaume, dort encore en ce moment chez un libraire de Tours. Il faudrait vérifier si cette réimpression a été conforme au texte, primitivement donné par l'Uni

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Les Fées (X, 36). « La fiction des fées est l'une des plus poétiques et des plus gracieuses du moyen âge. Les uns en font remonter l'origine aux nymphes de l'antiquité, aux génies et aux druidesses des Gaulois, enfin aux walkyries des peuples scandinaves. Suivant d autres, cette fiction n'est autre chose que celle des péris orientales. Pour nous, nous pensons que c'est un mélange de toutes ces traditions plutôt qu'une reproduction de l'une d'entre elles en particulier. » Mais le Dictionnaire de Zacobi, qui s'exprime ainsi, ne songe pas à donner l'étymologie du mot. Outre fatum, on a proposé Fatua, la même que Fauna, et qui, comme son mari ou son père Faunus, aurait été à la tête de tout une tribu de demi-déesses de son nom. D'autres ont proposé le mot persan Péri, que l'addition d'une h ferait prononcer Phéri.

O. D.

Jargon des gueux (X, 37). Si Voltaire ne s'est pas mépris sur la date du Dictionnaire du langage des gueux, dont il fait mention au mot Initiation, dnas le Diction. philos., ce ne pouvait être que la plaquette publiée à Lyon, chez Jean Jullieron, en 1596, sous le pseudonyme de Pechon de Ruby, et le titre de : « Vies des marcelots, « gueuz et boëmiens, contenant leur façon « de vivre, subtilitez et gergon : plus a été << ajousté un dictionnaire en langage blesquin, avec l'explication en vulgaire. » Cette rareté bibliographique est le seul ouvrage du genre qui ait été publié en français au XVIe siècle; elle a été réimprimée áu XVII, sous un autre titre, à Paris, à Lyon et à Troyes. V... T.

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tait un esclave, on lui passait au doigt l'anneau auquel tenait sa chaîne. Cette question frappa si vivement le spirituel. archevêque de M..., qu'il n'a pu s'empêcher de le répéter à ses amis. » Il est probable, en effet, que Mme Sophie Gay n'a placé ce mot dans son roman (Un mariage sous l'Empire, XXV) que pour l'avoir entendu répéter soit par M. de Pradt, soit par d'autres. Aug. Thierry parle plusieurs fois de l'ancien mariage des Germains par le denier et l'anneau. O. D.

Enterrements civils (X, 37).- Pourquoi << tristes manifestations?» Que M. C. M., ayant la foi, gémisse de voir des hommes vivre et mourir en dehors de l'Eglise, à la bonne heure. Est-ce pour lui un sujet d'édification de voir répandre les prières catholiques sur le cercueil de Volney, ou même sur celui de Parny, que je ne tiens pas outre mesure à lui disputer ? N'est-il pas plus correct de s'abstenir de manifester une foi qu'on a librement répudiée ? Quelle manifestation avons-nous faite en suivant le cercueil d'Assézat, d'Eug. Despois, de Fréd. Lock, par exemple, sinon d'honorer de nobles caractères, des hommes incapables d'hypocrisie et restés, dans la mort, fidèles aux convictions de leur vie entière ?

Les enterrements civils datent, en France, de la Révolution, et, pendant plusieurs années, on n'en a guère connu d'autres. Sous l'ancien régime, le clergé catholique. disposait à la fois de l'état civil et de la police des enterrements. C'est lui qui, à son gré, accordait ou refusait les cérémonies du culte, sous le contrôle des Parlements, gardiens des libertés gallicanes. Ce n'est qu'au lit de mort, quand ils restaient en possession de leurs facultés, que les incrédules pouvaient se défendre encore fallait-il souvent joindre la ruse à la décision. (Voir, pour les dernières années de l'ancien régime, les derniers moments de La Condamine, Mém. secrets, VII, pp. 126, 139; du prince de Conti, IX, 181, 186; de Voltaire, XII, 15; de Dorat, XV, 150, 166; de d'Alembert, XXIII, 226, 240, 243; de Diderot, XXVI, 129, 134). De quelque manière que se fût passée cette dernière épreuve, lê cadavre appartenait à la paroisse; si l'enterrement était civil; ce qui arrivait fréquemment pour les comédiens (je n'ai pas besoin de rappeler ici Molière, Adrienne Lecouvreur et tant d'autres), c'est que l'ordinaire l'avait trouvé bon. Le duc de Luynes, dans le volume où me renvoyait naguère notre confrère Réginald (t. XI, p. 478), expose la doctrine et fournit en même temps, à la date d'avril 1752, une espèce intéressante: « Lorsque les magistrats, la famille ou l'autorité souveraine demandent qu'un mort reçoive la sépulture ecclésiastique, il est d'usage dans

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