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ne pas savoir que les Bulgares sont dans la Thrace; ne négligez pas de l'en faire avertir.

Le jeune homme se retira bien affligé de n'avoir pas mieux réussi, et il rendit à l'empereur ce que lui avait dit Bélisaire. Justinien fit marcher quelques troupes ; et peu de jours après on l'assura que les Bulgares avaient été chassés. A présent, dit-il à Tibère, nous pouvons aller saps danger voir ce malheureux vieillard. Je passerai pour votre père; et vous aurez soin de ne rien dire qui puisse le désabuser. Une maison de plaisance, à moitié chemin de la retraite de Bélisaire, fut le lieu d'où l'empereur, se dérobant aux yeux de sa cour, alla le voir le lendemain.

CHAPITRE VII.

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VOILA donc où habite celui qui m'a rendu tant' de fois vainqueur, dit Justinien en avançant sous un vieux portique en ruine! Bélisaire, à leur arrivée, se leva pour les recevoir. L'empereur, en' voyant ce vieillard vénérable dans l'état où il l'avait mis, fut pénétré de honte et de remords. Il jeta un cri de douleur, et s'appuyant sur Tibère, il se couvrit les yeux avec ses mains, comme indigne de voir le jour que Bélisaire ne voyait plus. Quel cri viens-je d'entendre, demanda le vieillard? C'est mon père que je vous amène, dit Tibère, et que votre malheur touche sensiblement. Où est-il, reprit Bélisaire, en tendant les mains? Qu'il approche, et que je l'embrasse; car il a un fils vertueux. Justinien fut obligé de recevoir les embrassements de Bélisaire ; et se sentant pressé contre son sein, il fut si violemment ému, qu'il ne put retenir ses sanglots et ses larmes. Modérez, lui dit le héros, cet excès de compassion je ne suis peut-être pas aussi malheureux qu'il vous semble. Parlons de vous et de ce jeune homme, qui vous donnera de la consolation dans vos vieux ans. Oui, dit l'empereur, en s'interrompant à chaque mot; oui.,.. si vous daignez me permettre.... qu'il vienne recueillir les fruits

Belisaire, Chap.7.

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Il jetta un cri de douleur et s'appuiant sur Tibère,
il se couvrit les yeux avec ses mains

de vos leçons. Et que lui apprendrais-je, dit le vieillard, qu'un père sage et homme de bien n'ait pu lui apprendre avant moi? Ce que peut-être je connais le moins, dit l'empereur, c'est la cour, c'est le pays où il doit vivre; et depuis longtemps j'ai si peu communiqué avec des hommes, que le monde est pour moi presque aussi nouveau que pour lui. Mais vous, qui avez vu les choses sous tant de faces diverses, de quel secours né lui serez-vous pas, si vous voulez bien l'éclairer? S'il voulait apprendre à fixer la fortune, dit Bélisaire, il s'adresserait mal, comme vous voyez ; mais s'il ne veut être qu'un homme de bien à ses périls et risques, je puis lui être de quelque utilité. Il est bien né, c'est l'essentiel. Il est vrai, dit Justinien, que sa noblesse est ancienne. Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire; mais cela même est un avantage, pourvu quo'n n'en abuse pas. Savez-vous, jeune homme, poursuivit Bélisaire, ce que c'est que la noblesse ? Ce sont des avances que la patrie vous fait sur la parole de vos ancêtres, en attendant que vous soyez en état de faire honneur à vos garants. Et ces avances, dit l'empereur, sont quelquefois bien hasardées! N'importe, reprit le vieillard, ce n'en est pas moins une très belle institution. Je crois voir, lorsqu'un enfant de noble origine vient au monde, faible, nu, indigent, imbécille comme le fils d'un laboureur ; je crois voir la patrie qui va le recevoir, et qui lui dit : Enfant, je vous salue, vous

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