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multitude, s'observe donc avec les gens qui pensent, et qu'il se dise à lui-même ce que diraient de lui ceux qu'il aurait reçus avec dédain, ou rebutés avec arrogance :

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Qui es-tu donc pour mépriser les hommes »tes semblables? et qui t'élève au-dessus d'eux? » Tes services, ou tes vertus? Mais combien » d'hommes obscurs, plus vertueux que toi, plus » laborieux, plus utiles? Ta naissance? On la res>>pecte: on salue en toi l'ombre de tes ancêtres ; >> mais est-ce à l'ombre à s'enorgueillir des hom>> mages rendus au corps? Tu aurais lieu de te glo» rifier, si l'on donnait ton nom à tes aïeux, » comme on donnait au père de Caton le nom » de ce fils, la lumière de Rome. (Cic. Off.) Mais quel orgueil peut t'inspirer un nom qui ne te » doit rien, et que tu ne dois qu'au hasard? La >> naissance excite l'émulation dans les grandes » ames, et l'orgueil dans les petites. Ecoute des » hommes qui pensaient noblement, et qui sa» vaient apprécier les hommes. Point de rois qui » n'aient eu pour aïeux des esclaves; point d'es» claves qui n'aient eu des rois pour aïeux. (PLAT.) » Personne n'est né pour notre gloire : ce qui fut » avant nous n'est point à nous. (SENEC.) Consultetoi, rentre en toi-même : Nudum inspice, ani» mum intuere, qualis quantusque sit alieno an suo magnus. (SENEC.)»

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Il n'y a que la véritable grandeur, nous dirat-on, qui puisse soutenir cette épreuve; la gran

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deur factice n'est imposante que par ses dehors. Eh bien, qu'elle ait un cortége fastueux, et des mœurs simples: ce qu'elle aura de dominant sera de l'état, non de la personne. Mais un grand, dont le faste est dans l'ame, nous insulte corps à corps. C'est l'homme qui dit à l'homme, Tu rampes au-dessous de moi : ce n'est pas du haut de son rang, c'est du haut de son orgueil qu'il nous regarde et nous méprise.

Mais ne faut-il pas un mérite supérieur, pour conserver des mœurs simples dans un rang élevé ? Cela peut être, et cela prouve qu'il est très dif ficile d'occuper décemment les grandes places sans les remplir, et de n'être pas ridicule partout où l'on est déplacé.

Un grand, lorsqu'il est un grand homme, n'a recours ni à cette hauteur humiliante, qui est le singe de la dignité, ni à ce faste imposant, qui est le fantôme de la gloire, et qui ruine la haute noblesse par la contagion de l'exemple et l'émulation de la vanité.

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elle

Aux yeux du peuple, aux yeux du sage, aux yeux de l'envie elle-même, il n'a qu'à se montrer tel qu'il est. Le respect le devance, la vénération l'environne; sa vertu le couvre tout entier est son cortége et sa pompe. Sa grandeur a beau se ramasser en lui-même, et se dérober à nos hommages; nos hommages vont la chercher (1).

(1) Voyez LA BRUYÈRE. Du mérite personnel.

Mais qu'il faut avoir un sentiment noble et pur de la véritable grandeur, pour ne pas craindre de l'avilir en la dépouillant de tout ce qui lui est étranger! Qui d'entre les grands de notre âge, voudrait être surpris, comme Fabrice, par les ambassadeurs de Pyrrhus, faisant cuire ses légumes?

DES GRANDS.

ON donne en général le nom de grands à ceux qui occupent les premières places de l'État, soit dans le gouvernement, soit auprès du prince.

On peut considérer les grands, ou par rapport aux mœurs de la société, ou par rapport à la constitution politique. Nous prenons ici les grands en qualité d'hommes publics.

Dans la démocratie pure il n'y a de grands que les magistrats, ou plutôt il n'y a de grand que le peuple. Les magistrats ne sont grands que par le peuple et pour le peuple; c'est son pouvoir, sa dignité, sa majesté qu'il leur confie. De là vient que dans les républiques bien constituées, on faisait un crime autrefois de chercher à acquérir une autorité personnelle. Les généraux d'armée n'étaient grands qu'à la tête des armées, leur autorité était celle de la discipline; ils la déposaient en même temps que le soldat quittait les armes, et la paix les rendait égaux.

Il est de l'essence de la démocratie que les grandeurs soient électives, et que personne n'en soit exclu par état. Dès qu'une seule classe de citoyens est condamnée à servir sans espoir de commander,

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le gouvernement est aristocratique. La moins mauvaise aristocratic est celle où l'autorité des grands se fait le moins sentir la plus vicieuse est celle où les grands sont despotes, et les peuples esclaves. Si les nobles sont des tyrans, le mal est sans remède. Un sénat ne meurt point.

Si l'aristocratie est militaire, l'autorité des grands tend à se réunir dans un seul le gouvernement touche à la monarchie, ou au despotisme. Si l'aristocratie n'a que le bouclier des lois, il faut, pour subsister, qu'elle soit le plus juste et le plus modéré de tous les gouvernements. Le peuple, pour supporter l'autorité exclusive des grands, doit être heureux comme à Venise, ou abattu comme en Pologne.

De quelle sagesse, de quelle modestie la noblesse vénitienne n'a-t-elle pas besoin, pour ménager l'obéissance du peuple! De quels moyens n'use-t-elle pas pour le consoler de l'inégalité! Les courtisanes et le carnaval de Venise sont d'institution politique. Par l'un de ces moyens, les richesses des grands refluent, sans faste et sans éclat, vers le peuple par l'autre, le peuple se trouve, six mois de l'année, au pair des grands, et oublie avec eux, sous le masque, sa dépendance et leur domination.

La liberté romaine avait chéri l'autorité des rois; elle ne put souffrir l'autorité des grands. L'esprit républicain fut indigné d'une distinction humiliante. Le peuple voulut bien s'exclure des premières

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