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sujet, ni aux défaillances, ni au changement. Elle est déléguée à l'union du père et de la mère, c'est-à-dire au seul pouvoir humain institué par le Décalogue, à l'autorité qui, au milieu même de la corruption, reste la plus légitime, parce qu'elle est la plus dévouée à ses sujets1. L'autorité paternelle s'impose par la nature même de l'homme et par le IV commandement du Décalogue. Elle se transmet parmi les générations successives, selon les traditions invariables des deux sortes de familles stables, et elle doit être sacrée pour tous les autres pouvoirs. Dans l'exercice de son autorité, le père prend surtout pour guides les coutumes dérivées du Décalogue; mais, dans l'application, il les modifie, selon les circonstances locales et les événements journaliers. Le séjour permanent de cette autorité au milieu des hommes et des intérêts qui lui sont soumis lui permet de constater à chaque instant la convenance de ces modifications. La vie journalière communique peu à peu aux gouvernements du foyer dömestique et de l'atelier de travail leur caractère distinctif. En résumé, même sous le régime traditionnel des races les plus simples, la méthode de la paix sociale est surtout « la méthode d'observation

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S 4.

LA MÉTHODE CHEZ LES RACES SOUFFRANTES, A EXISTENCE COMPLI QUÉE ET A FAMILLES AGGLOMÉRÉES, DE L'OCCIDENT.

Les races simples et éparses peuvent compliquer leur existence et s'agglomérer sur leur territoire, sans perdre

1. « Nous appelons le Prince père de la patrie pour qu'il n'oublie pas quo c'est la puissance des pères qui lui fut donnée puissance très douce, protectrice des enfants, et plaçant ses intérêts propres après les leurs. » (SENÈQUE : De la Clémence, livre I, ch. XIV.)

tout d'abord le bien-être fondé sur la paix sociale. Le règne du bonheur se perpétue, quand les jeunes générations gardent l'obéissance envers les parents, quand les pères restent soumis à Dieu et à sa loi, enfin quand aucune autre autorité ne vient usurper le pouvoir que ceux-ci exercent à la satisfaction de tous. Pendant mes trente années de voyages en Europe, j'ai séjourné dans beaucoup de localités où, malgré la complication des constitutions écrites, la paix se montrait inébranlable, sans autre fondement que l'autorité paternelle régie par le Décalogue. Ces localités ne sont pas rares dans l'Orient et le Nord; elles se retrouvent même encore, çà et là, dans les montagnes des Alpes, de l'Auvergne, des Pyrénées françaises ou espagnoles, et dans les autres oasis de stabilité signalées en Occident par cet ouvrage (IV, 8). La paix sociale assise uniquement sur « les deux fondements » primordiaux est plus commune dans les régions éloignées : elle existait au Japon avant qu'il fût envahi par les marchands et les légistes européens; elle subsiste sans altération depuis quarante-deux siècles, à l'abri de ce pernicieux contact, dans les campagnes de la Chine.

Cependant on ne peut citer, ni dans les temps passés, ni à l'époque actuelle, aucune race qui ait conservé complètement l'état de paix sociale, quand la complication des idées, des mœurs et des institutions a dépassé certaines limites. Lorsqu'il en est ainsi, la souffrance devient un élément habituel des constitutions sociales'. Telle est aujourd'hui la situation de l'Occident (vII, 2 à 5).

4. « L'inégalité est à peine sensible dans l'état de nature, et son influence y est presque nulle. » - Tant que les hommes se contentèrent de leurs cabanes rustiques,... tant qu'ils ne s'appliquèrent qu'à des arts qui n'avaient pas besoin du concours de plusieurs mains, ils vécurent libres, sains et heureux... et continuèrent à jouir entre eux des douceurs d'un commerce indépendant;... mais dès qu'un homme eut besoin du secours d'un autre,... l'égalité dispa

La complication est venue surtout du rapprochement des familles. Celles-ci, en s'agglomérant, ont perdu les facilités d'existence que leur offraient précédemment les productions spontanées du sol et des eaux. Dans les mêmes localités où le pasteur et le pêcheur-côtier vivaient dans l'abondance, presque sans effort, quand ils étaient épars, l'artisan et le laboureur, fortement agglomérés, ne subsistent que péniblement en consacrant au travail la totalité de leurs forces. N'ayant plus le loisir d'organiser ellesmêmes l'enseignement de la loi morale, les familles deviennent moins aptes à repousser la corruption, des mœurs. D'un autre côté, cette corruption, devenue plus fréquente, se propage plus facilement, comme les épidémies, à mesure que les populations se condensent davantage. Enfin, quand cette impulsion devient dominante, les jeunes générations commencent à se révolter contre le Décalogue et l'autorité paternelle; puis bientôt, si úne réaction énergique ne se produit pas, la discorde apparaît.

A la vue de ce danger qui, par sa nature même, tend sans relâche à s'aggraver, les sociétés, si elles persistent à se compliquer et à multiplier les familles sur leur territoire, sentent le besoin de suppléer, par deux institutions, aux défaillances de l'autorité paternelle.

Un clergé, accepté avec reconnaissance comme délégué de Dieu, se charge d'enseigner le Décalogue; et il fonde cet enseignement sur les rites d'une religion qui donne une organisation positive au III commandement

rut,... les vastes forêts se changèrent en campagnes riantes qu'il fallut arroser de la sueur des hommes, et dans lesquelles on vit bientôt l'esclavage et la misère germer et croître avec les moissons..... La métallurgie et l'agriculture furent les deux arts dont l'invention produisit cette grande révolution. Pour le poète, c'est l'or et l'argent; mais, pour le philosophe, ce sont le fer et le blé qui ont civilisé les hommes et perdu le genre humain. » (J.-J. ROUSSEAU : De l'inegalité des conditions, 2e partie.)

(v, 2). Une souveraineté, servie par des agents spéciaux, est instituée ou s'impose avec l'assentiment général, pour organiser le règne de la paix sociale. Elle agit surtout au moyen de deux services principaux : par la justice, elle prévient les conflits entre les particuliers; par la force armée, elle réprime les attentats commis contre la paix, et elle assure l'exécution des arrêts rendus par la justice. Ainsi complétée, la constitution sociale est d'autant plus efficace, d'autant moins sujette à la corruption, que les nouveaux pouvoirs sont plus enclins à respecter l'autorité paternelle, et même à prendre sur elle des points d'appui. Sous ce régime, les races compliquées concilient longtemps la richesse, la science et les autres avantages qui leur sont propres, avec la stabilité et la paix des races simples. Toutefois, pour atteindre à ce but, les classes supérieures des sociétés prospères se croient tenues de subordonner leur action dirigeante à cinq règles principales: établir, par un système judicieux de récompenses et de dotations territoriales, une hiérarchie de familles assise sur la vertu, le talent et la richesse (III, IV, 17); confier, autant que possible, aux familles les plus dignes, et sans recourir aux allocations tirées de l'impôt, les fonctions supérieures du clergé, de l'administration publique, de la justice et de la force armée; conjurer, par un ensemble de contrôles, de règlements, de contrepoids et d'institutions de toute sorte, la corruption des pouvoirs publics, leurs discordes et surtout leurs attentats contre la famille (3); rester fidèles aux traditions des meilleures races en ce qui touche la seule souveraineté instituée par le Décalogue, et, à cet effet, voir toujours le criterium de la meilleure constitution sociale dans l'étendue de l'autorité paternelle; enfin, en assurer la durée et l'indépendance par la stabilité du domaine patrimonial (xu, 5).

$ 5.

CARACTÈRES NOUVEAUX DE LA SOUFFRANCE, EN OCCIDENT,
A L'ÉPOQUE ACTUELLE.

Ces règles ont toujours été indiquées par la méthode d'observation appliquée à l'étude des races qui, en se compliquant, conservaient la prospérité. Cependant on n'a jamais vu, dans le passé, une nation riche, lettrée et puissante qui s'y soit montrée constamment fidèle. Tôt ou tard, la corruption s'est développée chez les autorités de la vie publique; puis elle s'est communiquée, de proche en proche, dans la vie privée, aux riches, aux lettrés et aux autres professions libérales. Ordinairement, le mal a eu pour cause l'abus des appétits sensuels: il n'a guère envahi les familles obligées de gagner leur pain quotidien par un labeur incessant, c'est-à-dire celles qui composent le corps même de la société; et, quand il en a été autrement, dans les villes maudites de l'antiquité par exemple, la ruine complète de la race est devenue inévitable. En général, ce désastre a pu être conjuré : la notion du Décalogue étant conservée dans les esprits, sinon dans les mœurs, quelques hommes d'élite ont pu s'appuyer sur cette force morale pour réagir contre les vices de la classe dirigeante. Quand, au contraire, les réformateurs indigènes ont fait défaut, la guérison du mal est venue de peuples étrangers possédant l'ascendant guerrier que donne la soumission aux quatre forces morales de la constitution essentielle1.

4. La prospérité qui distingua si longtemps l'ancienne Égypte, malgré les richesses créées sur le Delta et accumulées dans les villes, s'explique par les invasions successives des pasteurs qui conservaient, avec la vie simple des pâturages, la tradition du Décalogue. La même cause explique la longévité sans exemple de la Chine. Cette grande nation met en évidence, depuis quarante-deux

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