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S 6.

OBSERVATIONS COMPLÉMENTAIRES SUR LE BUDGET

DES RECETTES.

Article 1er. Distinction établie, dans les deux budgets, entre les valeurs en argent et les valeurs en nature.

Les ouvriers reçoivent, sous deux formes différentes, les revenus, les rétributions et les bénéfices provenant des quatre sources de recettes qu'on vient d'énumérer. Dans les campagnes de l'extrême Orient, le travail des ouvriers est en grande partie rétribué au moyen d'objets qui sont, pour la plupart, appliqués à la consommation des familles (II, II, 14 et 15); les deux budgets y sont donc constitués principalement par des valeurs « en nature ». Au contraire, dans les banlieues urbaines et dans les villes, on voit surtout figurer des valeurs « en argent » (VI, IX, 14 et 15). Je n'ai jamais observé en Europe une famille dont le budget n'offrit en même temps ces deux valeurs. En conséquence, deux colonnes ont toujours été consacrées à ces deux éléments fondamentaux de la recette et de la dépense. La comparaison des totaux partiels de ces colonnes offre tout d'abord une indication intéressante touchant l'organisation économique au milieu de laquelle la famille est placée. La distinction des valeurs à consigner dans la colonne intitulée: valeur des objets reçus en nature, n'entraîne aucune difficulté quand les objets et les services reçus doivent être définitivement consommés par la famille; mais il en peut être autrement lorsque la famille les emploie dans ses propres industries et les transforme plus ou moins par le travail et par l'échange.

Ainsi, lorsque l'ouvrier reçoit comme rétribution de son travail une quantité de blé d'une valeur de 10 francs

à consommer pour la nourriture du ménage, cette recette, portée dans la colonne intitulée valeur des objets reçus en nature, est balancée au budget des dépenses par une somme égale portée dans la colonne intitulée valeur des objets consommés en nature. Au contraire, si l'ouvrier reçoit comme rétribution la jouissance d'un verger ayant une valeur locative annuelle de 10 francs; s'il réalise cette valeur en argent par la vente des fruits qu'il obtient; et si, enfin, il consacre cet argent à acquérir 10 francs de blé, on devra nécessairement consigner cette dépense dans la colonne intitulée dépense en argent, mais on peut la balancer de deux manières dans le budget des recettes. Dans un premier système, on considérera que la jouissance du verger n'est qu'un moyen d'arriver à la recette en argent de 10 francs. En faisant abstraction de l'opération commerciale effectuée par la famille, on pourra donc inscrire dans la colonne intitulée : recettes en argent, la valeur de l'objet ou plutôt de l'usufruit réellement reçu en nature. Un des avantages de cette manière d'opérer consiste à établir une balance exacte, non seulement entre les totaux des deux budgets, mais encore entre les totaux partiels des deux colonnes dont chaque budget se compose. Dans un second système, on exprimera le fait tel qu'il se produit, sans tenir compte des opérations que la famille entreprend entre la première recette et la dépense définitive. On portera donc la recette de 10 francs dans la colonne consacrée aux objets reçus en nature. Il y aura toujours balance entre les totaux des deux budgets; mais les colonnes partielles ne se balanceront plus, puisqu'une recette en nature de 10 francs ne sera balancée que par une dépense en argent de pareille somme. On a définitivement adopté le premier système dans les cinquante-sept monographies des Ouvriers européens. Indépendamment de l'avantage si

gnalé ci-dessus, ce système réduit considérablement les chances d'erreur dans les calculs en simplifiant les moyens

de vérification.

Article 2.

Degré de précision qu'il est possible d'atteindre dans les évaluations des budgets.

Les budgets annuels moyens des familles décrites ont généralement pour totaux des sommes supérieures à 1,000 francs. D'un autre côté, ces sommes sont toujours complétées par un certain nombre de centimes. On pourrait donc croire, au premier aperçu, que les auteurs des monographies se flattent d'offrir des évaluations vraies à un millième près. Je dois indiquer pourquoi ces documents semblent offrir un degré d'exactitude qui, néanmoins, ne saurait être réellement atteint dans ce genre de recherches.

Les objets consommés par les familles, même par celles qui ont l'existence la plus régulière, subissent d'une année à l'autre, en ce qui concerne la quantité et le prix, des variations telles que, lorsqu'il s'agit de sommes importantes, il serait chimérique de prétendre les évaluer en tenant compte des centimes. Il semblerait donc plus opportun, au premier abord, de n'admettre dans ces évaluations que des nombres ronds de francs. Cette convenance a été souvent observée dans les monographies; mais une autre convenance plus essentielle n'a pas toujours permis d'y avoir égard. Il est souvent utile, en effet, de rapprocher de la valeur totale des objets consommés la quantité et le prix moyen de ces mêmes objets. Dès lors il y a nécessité d'établir une corrélation rigoureuse entre ces trois nombres, et l'on se trouverait ainsi amené à reporter sur le chiffre des quantités la précision exagérée qu'on voudrait éviter sur le chiffre des valeurs.

Ainsi, par exemple, si l'enquête démontre que la famille consomme une quantité de sel variant, selon les années, de 20 à 26 kilogrammes; si en outre elle apprend que cette denrée est achetée au prix invariable de 0 fr. 27, on devra évaluer la consommation moyenne annuelle au poids de 23 kilogr. et au prix total de 6 fr. 24. D'un autre côté, si, pour satisfaire à la convenance indiquée ci-dessus, on réduisait ce chiffre à la somme ronde de 6 francs, qui, au fond, n'est pas moins exacte, on devrait nécessairement évaluer le poids consommé à 22,2, et l'on retomberait ainsi sur l'inconvénient d'employer un chiffre compliqué, plus précis que ne l'est le fait constaté. Si, d'ailleurs, pour écarter cette difficulté, on se décidait, dans les cas de cette nature, à supprimer les évaluations de quantités, on ne pourrait cependant éviter les évalnations en centimes, pour les nombreux articles dont la valeur est inférieure à 1 fr. Les totaux des budgets reproduiraient donc les évaluations de centimes, à moins qu'on ne se décidât à supprimer, avec la mention de ces petites sommes, une foule d'indications utiles et même caractéristiques. De mûres réflexions et une longue pratique de la méthode conduisent, en résumé, à donner les évaluations comme l'observation les donne elle-même, en se résignant à subir les inconvénients, au surplus fort légers, qu'entraîne la précision commandée par l'arithmétique. Le lecteur est suffisamment averti qu'il ne doit attribuer aucune importance aux centimes qu'on est obligé de placer à la suite des gros chiffres consignés dans les budgets. Son bon jugement lui fera discerner aisément les cas où les évaluations en centimes sont réellement en rapport avec l'exactitude de l'observation.

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LES DÉPENSES GROUPÉES EN CINQ SECTIONS : NOURRITURE; HABITATION; VÊTEMENTS; BESOINS MORAUX, RÉCRÉATIONS ET SERVICE DE SANTÉ; INDUSTRIES DOMESTIQUES,

DETTES, IMPÔTS

ET ASSURANCES.

Pour être complet, le budget des dépenses doit à la fois signaler le mode d'existence de la famille et fournir un moyen de contrôle pour le budget des recettes. Il faut, en effet, que l'emploi de toutes les recettes en objets, en services ou en argent se trouve spécifié dans le budget des dépenses. Il est nécessaire que, sauf l'épargne réalisée pendant l'année que l'on considère, il y ait balance exacte, non seulement entre les totaux généraux, mais encore entre les totaux partiels de chaque budget (x,6). Quant au système à suivre pour le classement et la subdivision des dépenses, il doit mettre en relief la condition physique et morale de chaque famille, et faciliter les comparaisons à faire, soit entre les ouvriers d'une même localité, soit entre les populations des diverses régions.

Les recettes d'une famille sont subordonnées à la condition de l'ouvrier, à la nature des travaux et à l'organisation de la société. Ces conditions d'existence varient beaucoup selon les lieux. Il a donc failu présenter, dans le chapitre précédent, des développements assez étendus pour justi

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