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de leur droit de vainqueurs nos valeureux, mais peu courtois ancêtres '.

Dans la distribution des terres que le duc Guillaume fit en Angleterre, avec tant de largesse, à ses officiers (il donna des provinces entières à quelques-uns), il concéda le comté de Chester à Hugues d'Avranches, surnommé Hugues-le-Loup (il était son neveu, étant sorti d'une de ses sœurs, nommée Emma, et de Richard Gois); c'est lui qui fit bâtir le fort de Rhuddlan, dans ce comté 3.

L'un de ses lieutenans, Robert d'Avranches, changea son nom en celui de Rhuddlan; et, par une fantaisie contraire, Robert de Malpas ou de Maupas, gouverneur d'un autre château fort, bâti sur une colline élevée, donna son propre nom à ce lieu, qui le porte encore aujourd'hui.

L'abbé Prévost rapporte qu'il s'en fallut peu que tout le royaume d'Angleterre ne changeât de nom à cette époque, pour prendre celui de Normandie. La cour, dit-il, y pensa.

2 M. Guizot, dans sa traduction d'Ordéric Vital, dit que ce fort est situé dans le comté de Denbigh, sur la Clyde, et que l'on y voit encore quelques restes de ce château. Tome III, p. 223.

De vieux récits, ajoute l'historien Thierry, disent que, quand Hugues-le-Loup se fut installé, sous le titre de comte, dans la province de Chester, il fit venir de Normandie l'un de ses anciens amis, appelé Nigel ou Le Noir, et que Le Noir, emmena avec lui cinq frères: Houdard, Edouard, Volmar, Hersuin et Volfan. Hugues leur distribua des terres dans son comté. Il donna à Le Noir le bourg de Halton, et l'institua son connétable et son maréchal héréditaire. Lui et ses héritiers eurent, pour leur part du butin pris sur les Gallois, toutes les bêtes à quatre membres. En temps de paix ils eurent droit de justice, pour tous délits, dans le district de Halton, et firent leur profit des amendes. Leurs serviteurs jouissaient du privilége d'acheter, avant qui que ce soit, dans la ville de Chester, à moins que les serviteurs du comte ne se fussent présentés les premiers. Ils avaient l'intendance des chemins et des rues, le péage aux foires de Chester et aux marchés, sur toutes les terres de Halton, tous les animaux trouvés errans dans ce district, et enfin le droit d'étalage, ou la liberté de vendre, en toute franchise, sans taxe et sans péage, toute espèce de marchandises, excepté le sel et les chevaux.

Les cinq frères amenés par Le Noir eurent

de moindres récompenses, mais de très-grandes aussi, et à peu près de même nature'.

Tout ce qui tend à faire connaître le caractère de notre illustre Bâtard, et en même temps les mœurs de l'époque, devant piquer la curiosité du lecteur, nous avons cru devoir rapporter ici les deux anecdotes qui suivent. La première est tirée du même auteur Thierry, qui dit que le fait dont il y est question à eu lieu à Avranches ou à Bayeux, les chroniqueurs

L'abbé Prévost ne fait pas un beau portrait de Hugues d'Avranches; il dit, entr'autres, que rien n'approche des descriptions que l'on a laissées de ses débordemens. Il était prodigieusement riche. Ordéric Vital le représente aussi comme un homme livré à tous les genres de débauches. Mais M. de La Rue, dans ses Essais sur les Bardes, en rend un meilleur témoignage : il dit qu'il tenait, tantôt en Normandie, tantôt en Angleterre, une cour brillante; qu'il y réunissait l'élite de la chevalerie et des hommes de lettres de son temps; qu'on s'y entretenait sur l'histoire, et particulièrement sur les faits glorieux rapportés dans les légendes. Tome 1, p. 131.

M. Dubourg d'Isigny, dans une Notice sur l'Histoire militaire du château et de la ville de Vire, dit que Hugues d'Avranches était baron de St-Sever; et, à ce titre, propriétaire du château de Vire; que c'était un des plus braves chevaliers de l'armée normande et l'un des plus puissans. Il fournit, pour l'expédition d'Angleterre, soixante navires à Guillaume. Page 14 et 34.

Enfin, l'abbé Desroches nous apprend que c'est Hugues d'Avranches qui avait fondé l'abbaye de St-Sever.

étant indécis entre ces deux villes. D'après un passage assez curieux d'une ancienne chronique, rapporté par l'abbé Prévost, il résulterait que ce fait aurait eu lieu à Sainte-Marguerite-JouxtesJumièges.

Mais on voit dans Robert Wace, une note de M. A. Le Prévost, son savant commentateur, qui lève tout doute à cet égard : il affirme, d'après Guillaume de Poitiers, qui était à portée d'être bien informé, dit-il, que cette scène eut lieu au château de Bonneville-sur-Touques (canton de Pont-l'Évêque). Je n'y étais pas, dit Guillaume de Poitiers, qui était le chapelain et l'annaliste de Guillaume-le-Conquérant, mais des personnes qui en furent témoins me l'ont

raconté.

Voici ce fait, attesté par tous les historiens, et que l'on trouve retracé sur la Tapisserie de Bayeux :

Édouard, roi d'Angleterre, surnommé le Confesseur, par suite d'un traité qu'il avait été contraint de faire avec Godwin, un de ses plus illustres généraux, et avec les fils de ce général', tous hommes puissans et populaires, ré

'Qui étaient ses neveux, Godwin ayant épousé la sœur d'Edouard.

voltés contre lui, avait reçu en ôtage, comme garantie des promesses faites par la famille Godwin, deux jeunes gens, l'un fils et l'autre petit-fils du père Godwin.

Édouard, qui avait été élevé à la cour du duc de Normandie, et qui conserva toute sa vie, pour les Normands, une prédilection qu'il ne prenait même pas la peine de dissimuler, ce qui diminua beaucoup l'amour de sa nation pour lui, et fut la seule cause de la révolte de la famille Godwin, confia ces deux ôtages à la garde du duc Guillaume.

Godwin étant venu à mourir, Harold, l'aîné de ses fils, qui occupait déjà le premier rang parmi les hommes puissans et braves de l'Angleterre, remplaça son père dans le commandement qui était confié à celui-ci. Le temps avait adouci, dans le cœur du vieil Édouard, la haine qu'il avait conçue contre les enfans de Godwin. Harold, nouveau chef de cette famille, avait même su, par ses marques de déférence et de respect pour le roi, faire changer cette haine en amitié. Dans cette situation, Harold pensa que les raisons, qui avaient fait demander Édouard deux ôtages à Godwin, n'existant plus, ils pouvaient être rappelés, et il proposa au roi de les aller de

par

mander lui-même au prince Guillaume, au

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