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14 août 639, par hommes sages et discrets, M. Arnoult, évêque de Metz, et M. Gombert, évêque de Cologne, ainsi que iceux fondateurs ont présentement montré et fait apparoir par leurs droits et titres audit college d'icelle église d'Avranches.

Et au moyen d'icelle donation et osmône, et de toutes les choses ainsi osmônées, etc. (suivent les conditions, qui n'ont rien de remarquable, sous lesquelles cette donation est faite, puis la mention de la remise des titres par les donateurs.)

Au-dessous de cet acte est écrit:

Collation a été faite sur l'original de la présente chartre, écrit sur vieil parchemin et antienne escriture, de mot après mot, par moi Jean de Heurville, commissaire envoyé par M. Jean de Vallois, duc de Normandie; et laquelle chartre nous a été représentée par hommes sages et discrets, messieurs Jean Maurice et Pierre Blandrat, clercs et gardes des chartres de ladite église et collége d'Avranches, à la prière de messire Henri Regnault, seigneur des Regnaudières, Rouvyre et du manoir de St-Gervais, fils de feu Sanson Regnault, capitaine de Baycux, et icelle collation a été par moi faite en la présence des hommes sages et discrets (suivent plusieurs noms, etc.)

Dont ledit Henri Regnault m'a requis le présent, lequel lui a été déclaré valoir pour ori

ginal, pour la conservation de ses droits, priviléges et libertés, etc., et après icelle collation faite, ladite chartre a été présentement rendue auxdits gardes dudit collège de ladite église d'Avranches, présence de tous les dessus dits. Fait à Avranches, le sixième jour de mai, l'an de grace 1335.

Suivent trois autres collations de la même pièce, l'une du 20 juillet 1657; la deuxième du 9 mars 1698; et la troisième du 28 février 1702.

L'autre titre est un procès-verbal de l'état de cette chapelle, dressé le 4 mai 1334, par messire Hugues de Cussi, chevalier et président en parlement, et Jean de Heurville, commissaires envoyés en la duché de Normandie, à la requête de messire Henri Regnault, seigneur des Regnaudières, de Rouvyre et du manoir de St-Gervais, assis en la cité d'Avranches, fils de feu Sanson Regnault, capitaine de Bayeux, seigneur des Regnaudières et de Rochefort, et de demoiselle Anne de Tréville, en présence d'un grand nombre de personnes, dénommées au procès-verbal, ainsi que du recteur de ladite chapelle et de son vicaire.

Ce procès-verbal avait particulièrement pour but la description d'une vitre qui existait au haut du chancel de ladite chapelle.

Voici la description de cette vitre :

On voyait au haut les noms et écussons dudit Regnault (suit le détail de l'écusson.)

Au milieu était la passion de Notre-Seigneur, ayant d'un côté la vierge Marie, sa mère, et de l'autre M. saint Jean.

Au-dessous de la croix se trouvait un écusson d'alliance écartelé, etc., (suit la description.)

Du côté dextre se voyait la figure et ressemblance de M. saint Gervais, et du côté sénestre la figure de M. saint Protais, ainsi qu'il est écrit au bas desdites figures.

Entre ces figures, au-dessous dudit crucifiement, sont écrits, en lettres d'or, ces mots :

L'an de grace 639, le 3 août, j'ai été fait >> faire par messire Gervais Regnault, chevalier, › capitaine d'Avranches, et Protais Regnault, » chevalier, capitaine de Nantes, sous Judicaël, » roi de Bretagne, fondateurs de céans, enfans ⚫ de feu Charles Regnault, capitaine de Chartres, seigneur des Regnaudières et de Gobehan, > et de Mme Louise de La Boussaye, dame de Vennes, sœur de Juthaël, roi de Bretagne père dudit Judicaël. »

»

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Au bas de la vitre se voyaient les figures et ressemblances dudit Charles Regnault, et de ladite Louise de La Boussaye, tous à genoux, les mains jointes, regardant le crucifiement.

Le premier de ces titres, dont l'authenticité ne me semble pas contestable, est de la plus haute importance pour prouver l'ancienneté de l'église de St-Gervais. La donation qu'il contient établit clairement que cet édifice existait

dès 1082. Il faut croire même qu'à cette époque, il devait déjà être ancien, autrement les donateurs et les rédacteurs de l'acte auraient-ils osé dire que cette chapelle avait été de longtemps jadis, en premier lieu, fondée et édifiée l'an de grace 638? Il me paraît donc trèscroyable que l'église St-Gervais a réellement la date que lui attribue ce titre, ou au moins une qui s'en rapprocherait.

Quant au procès-verbal, la vérité de son existencé ne peut pas plus être mise en doute, en raison des nombreux détails qu'il contient, du nom des commissaires qui l'ont rédigé, et du nombre et de la qualité des personnes en présence desquelles cette rédaction a eu licu. Nous regardons donc cette pièce comme authentique.

Mais peut-on en dire autant de la date de la vitre? c'est ce qui est fort douteux. On y voit qu'elle a été peinte le 3 août 639. Or, à cette époque, il était extrêmement rare que l'on fit usage du verre, même pour les églises, qui ont devancé de beaucoup les particuliers à cet égard; et si l'on en faisait usage, par quelques exceptions, il est certain que l'on n'y voyait aucune figure. On a peint long-temps les vitres avant d'y faire entrer des personnages. Cet usage ne date que du xır siècle. Il est donc démontré que ce vitrail ne peut avoir été fait à la date qu'il porte; il est même probable que

sa confection n'aura pas devancé de beaucoup le temps où a été fait le procès-verbal en question'.

Il est à regretter que les rédacteurs de ce procès-verbal n'aient pas constaté l'espèce de chiffres employés pour la date de la vitre,

'On ne connaît pas au juste l'époque à laquelle a commencé l'usage du verre pour les églises. Le roi d'Angleterre Alfred-le-Grand, qui régnait dans la fin du Ixe siècle, reçut de grands éloges pour avoir inventé des lanternes qui empêchaient les cierges de s'éteindre. Cependant, il y avait déjà long-temps que l'usage du verre était connu en France. M. de Saint-Foix rapporte que Childebert, fils de Clovis, fit mettre, en 522, des vitres à l'église de Saint-Etienne, qu'il venait de faire construire, la seule qui existât alors dans l'enceinte de Paris. 1er vol., p. 230.

Fortunat, évêque de Poitiers, dans l'éloge qu'il fait de cette église, parle en effet des vitres que le prince y fit placer. Grégoire de Tours fait aussi mention des vitres dans deux de ses ouvrages, composés vers l'an 573.

Mais ce ne sont ici que des exceptions, auxquelles sans doute St-Gervais ne pouvait prétendre. Puis ces vitres ne représentaient aucunes figures, et n'étaient probablement pas même peintes.

Nous voyons dans Winkleman que l'usage du verre appliqué aux maisons, était encore fort rare au XIIe siècle. Dans le xive, les fenêtres de la plupart des maisons particulières n'étaient fermées que par des volets de bois et quelques carreaux de papier, ou du canevas. Les vitres ne se voyaient que dans les habitations des riches.

Les premières vitres employées étaient rondes, petites et liées avec des morceaux de plomb.

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