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et présentant une population de 111,257 habitans. Le nombre des communes fut d'abord de cent vingt-sept; mais plusieurs réunions, que nous indiquerons ci-après, l'ont réduit à cent vingt-trois. Son terroir est généralement bon. Les cantons de Pontorson et de SaintJames sont fertiles en grains, et tous les autres sont plus particulièrement propres aux fourrages aussi s'y fait-il beaucoup d'élèves, en bêtes à cornes surtout, qui sont fort recherchés par les marchands du Cotentin et de la vallée d'Auge. Les cultivateurs de notre arrondissement

cette entendent très-bien l'éducation de

cette espèce de bétail. Il en résulte que les foires de cette contrée prennent, chaque année, un accroissement considérable.

L'aspect du pays est celui d'une forêt, surtout dans la partie nord, tant il est couvert de bois. Les métairies ou fermes sont toutes divisées par pièces ou champs, d'une assez petite étendue en général, et qui sont entourés d'une levée de terre (appelée improprement fossé), qui est toujours couverte d'arbres ; voilà ce qui donne au pays cet aspect.

La partie nord et est de cet arrondissement fournit de très-beau bois pour la marine et les constructions civiles. Il commence à devenir rare aussi, depuis quelques années, emploiet-on en grande quantité pour la menuiserie, et

même quelquefois pour la charpente, du sapin des bords de la Baltique..

Le bois de chauffage y est à bonne composition, excepté à Granville, où il est plus rare; les côtes, battues par les vents, étant bien moins propres à la végétation des arbres.

Les céréales que l'on cultive le plus sont : le froment, l'orge, le sarrasin et l'avoine. On ne fait bientôt plus de seigle que pour en avoir la paille, meilleure que toute autre pour faire des liens.

II y a vingt ans, les paysans de cette contrée n'étaient encore nourris que de pain de seigle, qui n'était pas même bluté; aujourd'hui ils ne mangeut que du froment, mêlé avec un tiers de seigle ou d'orge, suivant les localités mais le tout est bluté et fait d'excellent pain. Il y a même des parties de l'arrondissement où l'on ne mange que du froment.

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Partout on continue la culture du sarrasin, même dans les terres tuffeuses, où il prospère beaucoup moins bien. Ce blé, originaire de l'Asic, et dont l'introduction en Europe ne date que de la fin du xv° siècle, est fort estimé des habitans de la campagne, parce qu'ils en font une partie essentielle de leur nourriture, en l'employant en galette et en bouillie, qu'ils aiment beaucoup. Il nettoie d'ailleurs parfaitement la terre, et la prépare admirablement pour recevoir toute autre culture.

Le sarrasin dit de Sibérie, est à peu près abandonné, quoique sa récolte ne périsse jamais et qu'il donne du grain en abondance; mais il est difficile d'en purger la terre, parce qu'il s'égrène facilement en lé coupant, et que, malgré l'hiver, il se reproduit l'année suivante, tant il est vivace. D'autre part la préparation, nécessaire pour ôter son amertume, exige un soin qui s'accorde peu avec les travaux de la campagne, et peut-être avec les habitudes de nos paysans. Il serait cependant à regretter qu'on le délaissât tout-à-fait ; car lorsque l'autre sarrasin manque, le Sibérie est d'une grande ressource, et offre un précieux dédommagement. La prudence conseillerait, je pense, d'en faire un peu chaque année. Il n'y aurait jamais d'inconvénient, parce qu'il est très-bon pour la nourriture des animaux'.*»!

Les assolemens ont aussi prodigieusement gagné. Il n'y a pas long-temps encore, les habitans de la campagne étaient convaincus que la terre avait besoin de repos, comme les hommes et les animaux ; en conséquence, après lui avoir fait produire, pendant trois à quatre différentes espèces de blés, assez mal combinés, ils la laissaient inculte deux à trois

ans,

Le sarrasin ordinaire ayant donné d'assez mauvaises récoltes depuis quelques années, le Sibérie a repris beatcoup de faveur.

ans au moins. Aujourd'hui, dans le plus grand nombre des communes, on ne connaît plus ce pernicieux usage. C'est un immense progrès dans l'agriculture.

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Mais un progrès plus grand encore, ce sont les prairies artificielles. N

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Chaque ferme a., en prairies naturelles, du sixième au huitième de son étendue ; mais on en fait au moins autant d'artificielles, ce qui donne le moyen de multiplier les animaux, et, par là, les engrais'.

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Il s'est aussi introduit un usage bien précieux, généralement adopté. Son origine, quoique récente, n'est pas connue, non plus que son auteur; cet usage est celui que l'on désigne, on ne sait pourquoi, sous le nom de tiers. Il consiste à tenir, dans le champ, l'animal attaché, par un pied de derrière, à une chaîne

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La France est sous ce rapport, bien loin de presque tous les autres peuples de l'Europe. La statistique a constaté que, dans ce pays, il y a un hectare seulement de pré contre 5 hectares de terre labourable. En Prusse, en Autriche, en Danemarck, les prairies naturelles sont dans la proportion d'un hectare contre 3/2 de terre cultivée à la charrue. En Wurtemberg et en Bavière, ce rapport est de un contre 2 12. En Angleterre et en Hollande, l'étendue des prairies égale, si même elle ne la dépasse, celle des terres consacrées au labourage. De là notre infériorité en production, parce que nous ne pouvons pas nourrir assez de bestiaux pour avoir assez d'engrais.

de quelques pieds de long, dont l'autre bout tient à un pieu fortement fiché en terre. A ce moyen, la bête n'a à sa disposition que la portion de nourriture que l'on veut lui abandonner. Cette méthode, qui mériterait un titre d'honneur à son inventeur, sauve une grande partie des fourrages, qui, auparavant, étaient pillés et abîmés; empêche les animaux d'aller porter leur fiente toujours au même endroit, ce qu'ils sont dans l'habitude de faire quand ils ont leur liberté, et donne à la terre, par leur piétinement, une consistance qui l'améliore.

Pour éviter les accidens, on partage la chaîne par un bâton long de six à sept pieds, et ayant environ deux pouces de diamètre.

On conçoit qu'il faut changer assez souvent le pieu de place, pour que l'animal ne manque pas de nourriture, ce qui exige de la surveillance.

On ne cultive guères dans l'arrondissement, en fait de prairies artificielles, que le trèfle et la luzerne. Depuis quelques années on a introduit le trèfle incarnat, dont on se trouve généralement bien.

C'est à la culture de ces précieux fourrages qu'est dû cet heureux changement dans les assolemens. Grâce à eux, les terres produisent sans se lasser. Tout l'art consiste dans le mode d'alterner.

Une autre culture, qui a pris aussi une grande

T. I.

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