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L'AVENT

CHAPITRE PREMIER

HISTORIQUE DE L'AVENT

On donne, chez les Latins, le nom d'Avent (1), au temps destiné par l'Église à préparer les fidèles à la célébration de la fète de Noël, anniversaire de la Naissance de Jésus-Christ. Le mystère de ce grand jour méritait bien sans doute l'honneur d'un prélude de prières et de pénitence; aussi, serait-il impossible d'assigner d'une manière certaine l'institution première de ce temps de préparation qui n'a reçu que plus tard le nom d'Avent. Il paraît toutefois que cette observance aurait commencé d'abord en Occident; car il est indubitable que l'Avent n'a pu être affecté comme préparation à la fête de Noël, que depuis que cette fête a été définitivement îxée au vingt-cinq décembre : ce qui n'a eu lieu pour l'Orient que vers la fin du Ivo siècle, tandis qu'il est certain que l'Église de Rome la célébrait en ce jour longtemps auparavant.

(1) Du mot latin Adventus, qui signifie Avénement.

L'Avent doit être considéré sous deux points de vue différents comme un temps de préparation proprement dite à la Naissance du Sauveur, par les exercices de la pénitence, ou comme un corps d'Offices Ecclésiastiques organisé dans le même but. Nous trouvons, dès le ve siècle, l'usage de faire des exhortations au peuple pour le disposer à la fête de Noël ; il nous reste même sur ce sujet deux sermons de saint Maxime de Turin, sans parler de plusieurs autres, attribués autrefois à saint Ambroise et à saint Augustin, et qui paraissent être de saint Césaire d'Arles. Toutefois, ces monuments ne nous apprennent point encore la durée et les exercices de cette sainte carrière; mais nous y voyons du moins l'ancienneté de l'usage qui marque par des prédications particulières le temps de l'Avent. Saint Yves de Chartres, saint Bernard, et plusieurs autres docteurs des XIe et XIIe siècles, ont laissé des sermons spéciaux de Adventu Domini, totalement distincts des Homélies Dominicales sur les Évangiles de ce temps. Dans les Capitulaires de Charles le Chauve, de l'an 846, les Évêques représentent à ce Prince qu'il ne doit pas les retirer de leurs Églises pendant le Carême, ni pendant l'Avent, sous prétexte des affaires de l'État, ou de quelque expédition militaire, parce qu'ils ont des devoirs particuliers à remplir, et principalement celui de la prédication durant ce saint temps.

Le plus ancien document où l'on trouve le temps et les exercices de l'Avent précisés d'une manière tant soit peu claire, est un passage de saint Grégoire de Tours, au deuxième livre de son Histoire des Francs,

dans lequel il rapporte que saint Perpétuus, l'un de ses prédécesseurs, qui siégeait vers l'an 480, avait statué que les fidèles jeûneraient trois fois la semaine, depuis la fête de saint Martin jusqu'à Noël. Par ce réglement, saint Perpétuus établissait-il une observance nouvelle, ou sanctionnait-il simplement une loi établie? c'est ce qu'il est impossible de déterminer avec exactitude aujourd'hui. Remarquons du moins cet intervalle de quarante jours, ou plutôt de quarante-trois jours, désigné expressément, et consacré par la pénitence, comme un second Carême, quoique avec une moindre rigueur.

Nous trouvons ensuite le neuvième canon du premier Concile de Mâcon, tenu en 582, qui ordonne que, durant le même intervalle de la Saint-Martin à Noël, on jeûnera les lundis, mercredis et vendredis, et qu'on célébrera le Sacrifice suivant le rite Quadragésimal. Quelques années auparavant, le deuxième Concile de Tours, tenu en 567, avait enjoint aux moines de jeûner depuis le commencement du mois de décembre jusqu'à Noël. Cette pratique de pénitence s'étendit bientôt à la quarantaine toute entière pour les fidèles eux-mêmes; et on lui donna vulgairement le nom de Carême de saint Martin. Les Capitulaires de Charlemagne, au livre sixième, n'en laissent plus aucun doute; et Rhaban Maur atteste la même chose au livre second de l'Institution des Clercs. On faisait même des réjouis sances particulières à la fête de saint Martin, en la manière qu'on en fait encore aux approches du Carême et à la fête de Pâques.

L'obligation de ce Carême, qui, commençant à

poindre d'une manière presque imperceptible, s'était accrue successivement jusqu'à devenir une loi sacrée, se relâcha insensiblement; et les quarante jours de la Saint-Martin à Noël se trouvèrent réduits à quatre semaines. On a vu que la coutume de ce jeûne avait commencé en France; mais de là elle s'était répandue en Angleterre, comme nous l'apprenons par l'Histoire du vénérable Bède; en Italie, ainsi qu'il conste d'un diplôme d'Astolphe, roi des Lombards, de l'an 753; en Allemagne, en Espagne, etc., comme on en peut voir les preuves dans le grand ouvrage de Dom Martène sur les anciens Rites de l'Église. Le premier indice que nous rencontrons de la réduction de l'Avent à quatre semaines se trouve être, dès le rxe siècle, la lettre de saint Nicolas 1er aux Bulgares. Le témoignage de Rathier de Vérone, d'Abbon de Fleury, tous deux auteurs du même siècle, sert aussi à prouver que dès lors il était grandement question de diminuer d'un tiers la durée du jeûne de l'Avent. Il est vrai que saint Pierre Damien, au xre siècle, suppose encore que le jeûne de l'Avent était de quarante jours, et que saint Louis, deux siècles après, l'observait encore en cette mesure; mais peut-être ce saint roi le pratiquait-il ainsi par un mouvement de dévotion particulière.

La discipline des Églises de l'Occident, après s'être relâchée sur la durée du jeune de l'Avent, se radoucit bientôt au point de transformer ce jeûne en une simple abstinence; et encore trouve-t-on des Conciles dès le XIIe siècle, tels que ceux de Sélingstadt, en 1122, et d'Avranches, en 1172, qui semblent n'astreindre que les clercs à cette abstinence. Le Concile de Salisbury,

en 1281, paraît même n'y obliger que les moines. D'un autre côté, telle est la confusion sur cette matière, sans doute parce que les diverses Eglises d'Occident n'ont jamais eu de discipline bien uniforme sur ce point, que, dans sa lettre à l'Évêque de Brague, Innocent III atteste que l'usage de jeûner pendant tout l'Avent se conservait à Rome de son temps, et que Durand, au même XIIIe siècle, dans son Rational des divins Offices, témoigne pareillement que le jeûne était continuel en France durant tout le cours de cette sainte carrière.

Quoi qu'il en soit, cet usage tomba de plus en plus en désuétude, en sorte que tout ce que put faire, en 1362, le pape Urbain V pour en arrêter la chute complète, ce fut d'obliger tous les clercs de sa cour à garder l'abstinence de l'Avent, sans aucune mention du jeune, et sans comprendre aucunement les autres clercs, et moins encore les laïques, sous cette loi. Saint Charles Borromée chercha aussi à ressusciter l'esprit, sinon la pratique des temps anciens, chez les peuples du Milanais. Dans son quatrième Concile, il enjoignit aux curés d'exhorter les fidèles à communier au moins tous les dimanches du Carême et de l'Avent, et adressa ensuite à ses diocésains eux-mêmes une lettre pastorale, dans laquelle, après leur avoir rappelé les dispositions avec lesquelles on doit célébrer ce saint temps, il faisait instance pour les engager à jeûner au moins les lundis, les mercredis et les vendredis de chaque semaine de l'Avent. Enfin Benoît XIV, encore Archevêque de Bologne, marchant sur de si glorieuses traces, a consacré sa onzième Institution Ecclésiastique

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