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qui tarde à paraître. Elle gémit sur la montagne comme la tourterelle, jusqu'à ce que la voix se fasse entendre qui dira: Viens du Liban, mon Épouse; viens pour être couronnée, car tu as blessé mon cœur (1).

Pendant l'Avent, l'Eglise suspend aussi, excepté aux Fêtes des Saints, l'usage du Cantique Angélique: Gloria in excelsis Deo, et in terrą pax hominibus bonæ voluntatis. En effet, ce chant merveilleux ne s'est fait entendre qu'en Bethlehem sur la crèche de l'enfant divin; la langue des Anges n'est donc pas déliée encore; la Vierge n'a pas déposé son divin fardeau ; il n'est pas temps de chanter, il n'est pas encore vrai de dire: Gloire à Dieu au plus haut des Cieux! sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté !

De même, à la fin du Sacrifice, la voix du Diacre ne fait plus entendre ces paroles solennelles qui congédient l'assemblée des fidèles : Ite, Missa est. Il les remplace par cette exclamation ordinaire: Benedicamus Domino; comme si l'Église craignait d'interrompre les prières du peuple, qui ne sauraient être trop prolongées en ces jours d'attente.

A l'Office de la Nuit, la sainte Église retranche aussi, dans les mêmes jours, l'Hymne de jubilation, Te Deum laudamus. C'est dans l'humilité qu'elle attend le bienfait souverain; et durant cette attente, elle ne peut que demander, supplier, espérer. Mais à l'heure solennelle, quand au milieu des ombres les plus épaisses, le Soleil de justice viendra à se lever tout à coup, elle retrouvera sa voix d'action de grâces; et le silence de

(1) Cant. IV. 8.

la nuit fera place, par toute la terre, à ce cri d'enthousiasme Nous vous louons, ô Dieu! Seigneur, nous vous célébrons! O Christ! Roi de gloire, Fils éternel du Père! pour la délivrance de l'homme, vous n'avez point eu horreur du sein d'une faible Vierge.

Dans les jours de Férie, avant de conclure chaque heure de l'Office, les Rubriques de l'Avent prescrivent des prières particulières qui doivent se faire à genoux; le chœur doit aussi se tenir dans la même posture, aux mêmes jours, durant une partie considérable de la Messe. Sous ce rapport, les usages de l'Avent sont totalement identiques à ceux du Carême.

Toutefois, il est un trait spécial qui distingue ces deux temps; c'est que le chant de l'allégresse, le joyeux alleluia n'est pas suspendu durant l'Avent, si ce n'est aux jours de Férie. A la Messe des quatre dimanches, on continue de le chanter; et il forme contraste avec la couleur sombre des ornements. Il est même un de ces dimanches, le troisième, où l'orgue retrouve sa grande et mélodieuse voix, et où la triste parure violette peut un moment faire place à la couleur rose. Ce souvenir des joies passées qui se retrouve ainsi au fond des saintes tristesses de l'Église, dit assez que, tout en s'unissant à l'ancien peuple pour implorer la venue du Messie, et payer ainsi la grande dette de l'humanité envers la justice et la clémence de Dieu, elle n'oublie cependant pas que l'Emmanuel est déjà venu pour elle, qu'il est en elle, et qu'avant même qu'elle ait ouvert la bouche pour demander le salut, elle est déjà rachetée et marquée

pour l'union éternelle. Voilà pourquoi l'Alleluia se mêle à ses soupirs, pourquoi sont empreintes en elle toutes les joies et toutes les tristesses, en attendant que la joie surabonde à la douleur, en cette nuit sacrée qui sera plus radieuse que le plus brillant des jours.

CHAPITRE III

PRATIQUE DE L'AVENT

Si la sainte Église notre mère passe le temps de l'Avent dans cette solennelle préparation au triple Avénement de Jésus-Christ; si, à l'exemple des vierges sages, elle tient sa lampe allumée pour l'arrivée de l'Époux ; nous qui sommes ses membres et ses enfants, nous devons participer aux sentiments qui l'animent, et prendre pour nous cet avertissement du Sauveur : Que vos reins soient ceints d'une ceinture comme ceux des voyageurs; que des flambeaux allumés brillent dans vos mains; et soyez semblables à des serviteurs qui attendent leur maître (4). En effet, les destinées de l'Église sont les nôtres ; chacune de nos âmes est, de la part de Dieu, l'objet d'une miséricorde, d'une prévenance, semblables à celles dont il use à l'égard de l'Église elle-même. Elle n'est le temple de Dieu, que parce qu'elle est composée de pierres vivantes; elle n'est l'Épouse, que parce qu'elle est formée de toutes les âmes qui sont conviées à l'éternelle union. S'il est écrit que le Sauveur s'est acquis l'Église par son sang (2), chacun de nous peut dire, en parlant de soi-même, comme saint Paul Le Christ m'a aimé et s'est livré pour moi (3). Les destinées étant donc les mêmes, nous devons nous

(1) Luc XII. 35.- (2) Act. xx. 28.

(3) Gal. 11. 20.

efforcer, durant l'Avent, d'entrer dans les sentiments de préparation dont nous venons de voir que l'Église est remplie.

Et d'abord, c'est pour nous un devoir de nous joindre aux Saints de l'ancienne Loi pour demander le Messie, et d'accomplir ainsi cette dette du genre humain tout entier envers la divine miséricorde. Afin de nous animer à remplir ce devoir, transportons-nous par la pensée dans le cours de ces quatre mille ans représentés par les quatre semaines de l'Avent, et songeons à ces ténèbres, à ces crimes de tout genre au milieu desquels l'ancien monde s'agitait. Que notre cœur sente vivement la reconnaissance qu'il doit à celui qui a sauvé sa créature de la mort, et qui est descendu pour voir de plus près et partager toutes nos misères, hors le péché. Qu'il crie avec l'accent de la détresse et de la confiance vers celui qui voulut sauver l'œuvre de ses mains, mais qui veut aussi que l'homme demande et implore son salut. Que nos désirs et notre espérance s'épanchent donc dans ces ardentes supplications des anciens Prophètes, que l'Église nous met à la bouche en ces jours d'attente; prêtons nos cœurs, dans toute leur étendue, aux sentiments qu'ils expriment.

Ce premier devoir étant rempli, nous songerons à l'Avénement que le Sauveur veut faire en notre cœur, Avénement, comme nous avons vu, plein de douceur et de mystère, et qui est la suite du premier; puisque le bon Pasteur ne vient pas seulement visiter le troupeau en général, mais qu'il étend sa sollicitude à chacune des brebis, même à la centième qui s'était

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