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Perfe mourut auffi la même année, fehin.com Démofthene fut fecrettement averti . Crefiph de cette mort de Philippe, & pour dif

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pofer par avance les Athéniens à re-
prendre courage, il alla au Confeil
avec un vifage où la joie étoit peinte,
& dit que la nuit précédente il avoit
eu un fonge qui promettoit quelque
grand bonheur aux Athéniens. Peude
tems après on vit arriver les couriers
qui apportoient les nouvelles de la
mort de Philippe. On fe livra à des
tranfports de joie immodérés, fans
garder aucune mefute ni aucune bien-
féance, & c'étoit Démofthéne fur-
tout qui infpiroit ces fentimens. Lui-
même parut en public avec une cou-
ronne de fleurs furla tête, & vétu ma-
gnifiquement, quoique ce ne fûr que
le feptiéme jour de la mort de fa fille.
Il engagea les Athéniens à faire des fa-
crifices pour remercier les dieux d'une
fi bonne nouvelle, & par un Décret
il fit décerner une couronne à Paufa-
nias qui avoit commis le meurtre.

On ne reconnoit ici ni Démofthéne, ni les Athéniens; & l'on a peine à comprendre comment, dans un crime auffi déteftable qu'eft le meurtre d'un Roi, un peu de politique au moins›

ne les porta pas à diffimuler des fentimens, qui les deshonoroient gratuitement, & qui marquoient en eux une extinction de probité & d'honneur. §. VIII

Faits & dits mémorables de Philippe.Ca ractére de ce Prince en bien & en mal.

ILYA, dans la vie des grands hommes, certains faits & certaines paroles, plus propres fouvent à les faire connoitre que leurs actions les plus éclatantes; parce que dans celles-ci, pour l'ordinaire, ils s'étudient, fe contrefont, & fe donnent en fpectacle; au lieu que dans les autres, parlant & agillant d'après nature, ils fe montrent tels qu'ils font, fans art & fans fard. Monfieur de Tourreil a ramaflé avec affez de foin la plupart des faits & dits mémorables de Philippe, & il s'eft appliqué particuliérement à peindre le caractére de ce Prince. Il ne faut pas, dans le récit de ces actions & de ces paroles détachées, attendre beaucoup d'ordre & de liaison.

Quoique Philippe aimât les flateurs, & les récompenfat jufqu'à paier du titre de Roi en Theffalie les adulations

de Thrafidée, il aimoit par intervalles Ariftot.Epift. la vérité. Il fouffroit qu'Ariftote lui Plut in A- fit des leçons fur l'art de règner. II phth.p.177. difoit qu'il avoit l'obligation aux Ora→ teurs d'Athénes de l'avoir corrigé de

fes défauts, à force de les lui reproElian. lib. cher. Il gageoit un homme pour lui ap 15. dire tous les jours avant qu'il donnât audience: Philippe, fouviens-toi que

tu es mortel.

Senee, de lra, Il a faifoit paroître beaucoup de 3. cap. 23. modération lors même qu'on lui

parloit d'une maniére choquante & injurieufe, &, ce qui n'eft pas moins admirable, lorfqu'on lui difoit fes vérités: grande qualité,dit Sénéque, pour bien régner. A la fin d'une audience qu'il donnoit à des Ambaffadeurs 'Athénes, venus pour fe plaindre de quelque acte d'hoftilité, il leur demanda s'il pouvoit leur rendre quelque fervice. Le plus grand fervice » que tu nous pùiffe rendre, dit Démocharès, c'eft de t'aller pendre. « A ces mots, fans s'émouvoir, quoiqu'il vit tout le monde juftement indigné : Dites à vos Maîtres, répli

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a Si qua alia' in Phi- ingens inftrumentum adi lippo virtus, fuit & con- tutelam regni.. sumeliarum patientia

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qua-t-il, » que ceux qui ofent dire de pareilles infolences, font plus hau"tains & moins pacifiques, que ceux» qui favent les pardonner.

Comme il affiftoit à la vente de quelques captifs en une pofture peu décente, l'un d'eux s'approchant de fon oreille, l'avertit d'abbattre le pan de fa robe. Qu'on mette cet homme là en liberté, dit-il, je ne favois pas qu'il fut de mes amis.

Toute fa Cour le follicitant de punir l'ingratitude des Péloponnéfiens, qui l'avoient publiquement fifflé dans les Jeux Olympiques: Que ne feront ils point, répondit-il, fi je leur fais du mal puifqu'ils fe moquent de moi après en avoir reçu tant de bien?

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Ses Courtifans lui confeillant de Plur chaffer quelqu'un qui difoit du mal Apophiki de lui: Bon, bon, dit-il, afin qu'il en aille médire par tout. Une autre fois: qu'on vouloit l'obliger auffi de chaffer un honnête homme qui lui faifoit quelque reproche: Prenons garde anparavant, répondit-il, fi nous ne lui en avons point doané fujet.. Et aiant appris que cet homme vivoit mal à fon ai-fe, fans recevoir aucune gratification: de la Cour, il lui fit du bien: ce qui

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changea fes reproches en louanges, & fit dire à ce Prince un autre bon mot? Qu'il eft au pouvoir des Rois de fe faire

aimer ou haïr.

Comme on le preffoit d'aider de son crédit auprès des Juges un homme que la fentence qui alloit être prononcée contre lui décriroit abfolument: J'aime mieux, dit-ik, qu'il foir décrié que moi.

Une femme s'avifa de le prendre à la fin d'un long repas pour lui demander juftice, & pour lui expofer des raifons qu'il ne goûta pas. Il la jugea & la condanna. Elle répond de fang froid: J'en appelle. Comment, dit Philippe, de votre Roi? & à qui ? A Phi hippe à jeun, répliqua-t-elle. La maniére dont il reçut cette réponse, feroit honneur au Roi le plus fobre. Il examine l'affaire tout de nouveau reconnoit l'injustice de fon jugement, & fe condanne à la réparer.

Une pauvre femme fe préfentoit fouvent devant lui pour lui demander audience, & pour le prier de vouloir bien terminer fon procès. H lui répondoir toujours qu'il n'avoit pas le tems. Rebutée de ces refus réitérés tant de fois, elle répliqua un jour

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