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détours & des fouterrains, dont l'iffue feule découvre le deffein.

Polyen nous marque clairementpar Polyan, lib. quels moiens il s'affujettit la Theffalie, 4. cap. 19. ce qui lui fut d'un grand fecours pour venir à bout de fes autres deffeins.,, Il "ne fit point la guerre ouvertement "aux Theffaliens, dit-il, mais il pro»fita des divisions qui partageoient » les villes & tout le pays en différen »tes factions. Il donnoit du fecours à. » ceux qui lui en demandoient;&lorf» qu'il avoit vaincu, il ne détruisoit "point ceux qui avoient eu du defa»vantage, il ne les défarmoit point » il ne rafoit point leurs murailles, il » protégeoit les plus foibles, & s'ap»pliquoit à affoiblir & à humilier les "plus forts :en un mot, il nourrifloit "plutôt les divifions, qu'il ne les ap"paifoit, tenant par tout à fes gages nles Orateurs, vrais artifans de dif"cordes, & les boutefeux des Répu»bliques. Et ce fut par ces artifices, & » non par les armes, que Philippe fe se » rendit maître de la Theffalie.

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Demoth.

Tout cela eft un chef-d'œuvre & une merveille en fait de politique. Mais Olynth. 2. quels refforts fait-elle jouer, & quels pag. 22. moiens emploie-t'elle pour parvenir à

fes fins? La fineffe, la rufe, la fraude, le menfonge, la perfidie, le parjure. Sont-ce là les armes de la vertu? On voit dans ce Prince une ambition démefurée,conduite par un efprit adroit, infinuant, fourbe, & artificieux; mais on n'y voit point les qualités d'un homme véritablement grand. Philippe étoit fans foi & fans honneur.Tout ce qui pouvoitfervir à augmenterfa puiffance, lui paroiffoit jufte & légitime. Il donnoit des paroles qu'il étoit bien réfolu de ne point garder. Il faifoit des promeffes, qu'il auroit été bien faché de tenir. Il fe croioit habile à proportion de ce qu'il étoit perfide, & mettoit fa gloire à tromper tous Elian. lib. ceux avec qui il traitoit. En un mot, 7. cap. 12. il ne rougiffoit pas de dire, qu'on amufe les enfans avec des jouets, & les hommes avec des fermens.

Quelle honteufe diftinction pour un Prince, que celle d'être plus artificieux, plus diffimulé, plus profond en malice, plus fourbe qu'aucun autre de fon fiécle; & de laiffer de lui cette idée infamante à toute la postérité ? Que penferoit-on dans le commerce de la vie, d'un homme qui fe feroit un mérite de jouer tous les autres, & qui

mettroit au rang des vertus la mauvaife foi & la fourberie? On déteste un tel caractére dans les particuliers, comme la pefte & la ruine de la fociété. Comment peut-il devenir digne d'eftime & d'admiration dans des Princes & des Miniftres, plus obligés encore que le refte des hommes, par l'éminence de leurs places & par l'importance de leurs emplois, à refpecter la bonne foi, la fincérité, la juftiee, & furtout la fainteté des Traités & des fermens, où l'on fait intervenir le nom & la Majesté d'un Dieu, vengeur inexorable de la perfidie & de l'impiété. La fimple parole, parmi de fimples particuliers, doit être facrée & inviolable, s'ils ont quelque fentiment d'honneur: combien plus parmi des Princes? » On doit la vé»rité au prochain dès lors qu'on lui "parle, dit un célébre Ecrivain. Car >> le commerce de la parole enferme » une promeffe tacite de la vérité, la parole ne nous étant donnée que pour cela. Ce n'eft pas une convention d'un particulier avec un au»tre particulier. C'eft une conven>>tion commune de tous les homp mes entre eux, & une efpéce de

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», droit des gens: ou plutôt un droit »& une loi de la nature. Cette loi » & cette convention commune font

» violées par celui qui ment.,, Quelle énormité n'ajoute point à ce violement de la parole la fainteté du ferment, & le nom de Dieu pris à témoin, comme on le prend toujours Mezerai, dans les Traités? Si la bonne foi & la vérité étoient bannies de tout le reste de la terre, difoit Jean I Roi de France, follicité de violer un Traité, elles devroient le retrouver dans le cœur & dans la bouche des Rois.

Ce qui porte les politiques à en ufer de la forte, c'eft qu'ils font perfuadés que c'eft là le feul moien de faire réuffir une négociation. Quand cela feroit, peut-il être jamais permis d'en acheter le fuccès au prix de la probité, de Bexerai. l'honneur & de la religion? Si votre bean-pere, (Ferdinand le Catholique) difoit Louis XII à Philippe, Archiduc d'Autriche, a fait une perfidie, je ne veux pas lui reffembler ; & j'aime beaucoup mieux avoir per du un Roiaume, (le Roiaume de Naples) que je faurai bien reconquerir, que non pas l'honneur, qui ne fepeut jamais recouvrer.

Mais, en cela même, ces Politiques

fans honneur & fans religion fe trompent. Je n'ai point recours au chriftianifme, qui nous fournit des Princes & des Miniftres bien éloignés d'une telle politique. Sans fortir de notre Hif toire Grecque, combien avons-nous vû de grands hommes réuffir parfaitement dans le maniement des affaires publiques, dans les Traités de paix & de guerre, en un mot dans les négociations les plus importantes, fans jamais emploier le fecours de l'artifice & de la tromperie? un Aristide, un Cimon, un Phocion, & tant d'autres: dont quelques-uns pouffoient la délicateffe fur ce qui regarde la vérité, jufqu'à croire qu'il n'étoit pas permis d'ufer de menfonge même en riant & par maniére de jeu. Cyrus, le plus fameux des Conquérans, ne trouvoit rien de plus indigne d'un Prince, ni de plus capable de lui attirer le mépris & la haine, que de mentir & de tromper. Il doit donc demeurer pour conftant, que nul fuccès, quelque brillant qu'il foit, ne peut & ne doit couvrir la honte & l'infamie de la mauvaise foi & du parjure.

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