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caufe de fes grands & beaux paturages, Elle fe nomme aujourd'hui Négrepont. Vell. Patere. Les Athéniens l'avoient eue fous leur lib. 1. cap. 4. Thucyd. lib. domination, & ils avoient établi des 3.pag 63 colonies dans les deux principales villes, Erétrie & Chalcide. Thucydide dit, que dans la guerre du Péloponnéfe, la révolte de l'Eubée confterna les Athéniens, parce qu'ils en retiroient plus que de l'Attique. Depuis ce temslà l'Eubée fut en proie aux factions. Demofth. pre Dans celui dont nous parlons, l'une de Creeph pag ces factions réclama le fecours de ThéEchin, contr. bes, & l'autre celui d'Athénes. Les Crefiph. pag. Thébains d'abord ne rencontrérent

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point d'obftacle, & firent fans peine triompher leur faction. A l'arrivée des Athéniens tout changea de face. Quoique fort mécontens de l'Eubée qui leur avoit fait plufieurs outrages, touchés de l'extrême danger où elle fe trouvoit,& oubliant leur reffentiment particulier, ils la fecoururent fi promtement par terre & par mer, que dans l'efpace de peu de jours ils obligérent les Thébains de fe retirer. Alors maîtres abfolus de l'Ifle, ils rendirent aux habitans leurs villes & leur liberté, * perfuadés, dit Eschine en faifant ce

2 Οὐχ ἡγόμενοι δίκαιον ἐν τῷ πιςευθῆναι.

récit, qu'en bonne juftice il ne faut point fe fouvenir des anciennes injures, quand l'offenfeur fe fie à l'offenfé. Les Athéniens, après avoir rétabli le calme dans l'Eubée, fe retirérent, fans vouloir d'autre fruit de leurs travaux que la gloire d'avoir réuffi à pacifier cette île,

Ils ne fe conduifirent pas toujours de la même forte à l'égard des autres peuples,& c'est ce qui donna lieu à la guerre des Alliés, dont j'ai parlé ailleurs. Jufqu'ici Philippe, dans les premié-AN.M. 3646, res années de fon régne, s'étoit occupé àécarter ses concurrens pour le trône, à pacifier les divifions domestiques, à repouffer les attaques des ennemis du dehors, & à les mettre hors d'état, par fes fréquentes victoires, de le venir troubler dans la poffeffion de fon

roiaume.

Il va maintenant paroitre fous un autre caractére. Sparte & Athénes, après s'être lontéms difputé l'empire de la Grèce, s'étoient affoiblies par leurs mutuelles divifions. Cet affoiblif fement avoit donné occafion à Thébes de s'élever à la premiére occafion : & Thebes, s'étant affoiblie elle-même, par les guerres contre Sparte & Athé

nes, donna lieu à Philippe d'affecter à fon tour l'Empire de la Gréce. Maintenant donc, en qualité de Politique & de Conquérant, il fonge à étendre fes frontiéres, à affujettir fes voifins, à affoiblir ceux qu'il ne peut encere domter, à entrer dans les affaires de la Gréce, à prendre part à fes querelles intestines,à chercher à s'en rendre l'arbitre, à s'unir aux uns pour accabler les autres, afin de devenir le maître de tous. Dans l'exécution de ce grand deffein,il n'épargne ni les rufes,ni la force des armes, ni les préfens, ni les promeffes. Négociations, traités, alliances, tout eft mis en œuvre. Il emploie chacun de ces moiens felon qu'il le juge le plus propre au fuccès de fon projet : l'utilité feule en régle le choix.

On le verra toujours agir, fous ce fecond caractére, dans toutes les démarches qui vont fuivre; jufqu'à ce qu'enfin il prenne un troifiéme & dernier caractére, qui eft celui de fe préparer à attaquer le grand Roi de Perse, & à fe rendre le vengeur de la Grèce, en renverfant un Empire qui l'avoit voulu fubjuguer autrefois, & qui en étoit toujours demeuré l'ennemi irréconciliable par des attaques ouvertes,.

ou par de fecrettes intrigues.
On a vû que Philippe, au commen-
cement de fon régne, s'étoit déja em-
paré d'Amphipolis, parce qu'elle étoit
fort à fa bienféance; mais qu'afin de
ne la

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pag. 2.

pas rendre aux Athéniens qui la revendiquoient comme une de leurs colonies, il l'avoit déclaré ville libre. Dans le tems où nous fommes, ne craignant plus fi fort les obftacles de la part d'Athènes, il reprit fon ancien deffein de s'emparer d'Amphipolis. Les habitans, menacés d'un promt Demofth. fiége, envoiérent aux Athéniens des Olynth. 1. Ambaffadeurs pour leur offrir de se remettre eux & leur ville fous la protection d'Athénes, & pour les prier d'accepter les clés d'Amphipolis. Ils rejettérent cette offre, de peur de rompre la paix conclue avec Philippe l'année précédente. Celui-ci ne fut AN. M. 3646. pas fi délicat. Il affiégea & prit Am-Av. J.C. 358. phipolis à la faveur des intelligences qu'il avoit dans la ville, & en fit une des plus fortes barriéres de fon roiaume. Démofthéne, dans fes harangues, reproche fouvent aux Athéniens cette nonchalance, en leur repréfentant que s'ils avoient ufé de diligence pour

Diod. p. 412

lors comme ils devoient, ils auroient fauvé une ville alliée, & fe feroient épargné à eux-mêmes bien des maux. Died. ibid. Philippe avoit promis de remettre Amphipolis entre les mains des Athéniens, & il les avoit endormis par cette promeffe: mais il ne fe piquoit pas d'exactitude à garder la parole, & la bonne foi n'étoit pas fa vertu. Loin de leur rendre cette place, il s'empare encore de * Pydne & de ** Potidée. Les Athéniens avoient une garnifon dans la derniére: il la renvoia fans la maltraiter, & céda cette ville aux Olynthiens pour fe les attacher,

Diod.p.413.

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De là il vient occuper Crénides que les Thafiens avoient bâtie depuis deux ans, & qu'il appella dès lors de fon nom Philippes. C'eft près de cette ville, célébre depuis par la défaite de Brutus & de Caffius, qu'il ouvrit & fouilla des mines d'or, qui chaque année lui raportoient plus de mille

* Pydne, ville de Ma. cédoine, fituée fur le golfe appellé anciennement finus Thermaicus, & maintenant golfo di Salonichi,

** Potidée, autre ville

de Macédoine, fur les con◄ fins de l'ancienne Thrace, Elle n'étoit éloignée d'Olynche que de 60 ftades, 916 trois lieues,

talens,

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