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ment de ceux qui le fervent. Elle ne les rendra plus ftériles en les retenant, mais elle les répandra comme une femence féconde dans les mains des fidéles & des Miniftres de l'Evangile.

Un des deffeins de Dieu dans les prophéties que nous venons de raporter, eft de nous donner une jufte idée d'un commerce, dont l'avarice eft l'unique motif, & dont les délices, la vanité, & la corruption des mœurs font le frait. Nous regardons les villes qu'uir tel commerce enrichit, (& il en eft de même des particuliers) comme plus heureufes que les autres, comme dignes d'envie, comme méritant par leur induftrie, par leur travail, & par le fuc cès de leurs foins & de leur conduite, d'être propofées aux autres comme des modéles.MaisDieu nous les représente au contraire fous l'idée honteuse d'une

femme fans vertu & fans pudeur, qui ne pense qu'à féduire & qu'à corrompre la jeuneffe, qui ne flate que les paffions & les fens, qui eft ennemie de la modestie & de tout fentiment d'honneur, & qui effaçant de fon front tout veftige de honte, fait gloire de fon ignominie. Il ne s'enfuit pas de là que le trafic foit mauvais en lui-même, On

Plut, in A

lex. pag.681.

doit féparer du fond effentiel du cor merce, jufte & légitime quand on en ufe bien, les paffions des hommes qui s'y mêlent, & qui en pervertiffent l'ordre & la fin. Tyr, devenue chrétienne, apprend aux Négocians la conduite qu'ils doivent garder dans leur trafic, & l'ufage qu'ils doivent faire de leurs gains.

§. VII.

Secondes Lettres de Darius à Alexandre. Voiage de celui-ci à Jérusalem. Honneurs qu'il rend au grand Prêtre Jaddus. On lui montre les prophéties de Daniel qui le regardoient. Le Roi accorde de grands priviléges aux Juifs; en refufe de pareils aux Samaritains. Il affiége & prend Gaza ? entre en Egypte, & s'en rend maître: commence à y bâtir Alexan drie: paffe en Libye, vifite le temple de Jupiter - Ammon, & fe fait d'éclarer fils de ce dieu. Il retourne em Egypte.

PENDANT qu'Alexandre étoit Quint.Curt, encore occupé au fiége de Tyr, il lib. 4. cap. avoit reçu une feconde lettre de Da2. pag. 101. rius, qui enfin le traitoit de Roi, Il lui offroit dix mille talens (trentę

Arrian. lib.

millions) pour la rançon des Prin » ceffes captives, avec fa fille Statira » en mariage, & tout le pays qu'il avoit conquis jufqu'à l'Euphrate. Il » le faifoit fouvenir de l'inconftance » de la fortune, & étaloit avec pompe »les forces immenses qui lui restoient. » Croioit-il que ce fût une chofe ai» fée de paffer l'Euphrate, le Tigre; l'Araxe, & l'Hydafpe, qui étoient comme autant de remparts de fon > empire? Qu'il ne feroit pas toujours enfermé dans des rochers & des dé"filés: qu'il faloit fe voir en rafe campagne, où. Alexandre auroit honte » de paroitre devant lui avec une poi»gnée de gens. «Le Prince aiant mis l'affaire en délibération, Parménion étoit d'avis d'accepter ces offres, & dis que pour lui il le feroit, s'il étoit Alexandre. Et moi auffi, reprit Alexandre, fi j'étois Parménion. Il répondit: » Qu'il n'avoit pas befoin de l'argent » de Darius. Qu'il avoit mauvaise

grace d'offrir ce qui n'étoit plus à »lui, & de vouloir partager ce qu'il » avoit entiérement perdu. Que s'il étoit le feul qui ignorât qui d'eux étoit le Maître, il s'en pouvoit éclair cir par une bataille. Qu'il n'efpérât

» pas épouvanter par le nom de fes ,, fleuves celui qui avoit paffé tant de mers. Qu'en quelque lieu qu'il pût " s'enfuir, il fauroit bien le fuivre à »la trace. «Darius aiant reçu cette réponse, perdit toute efpérance d'accommodement, & fe prépara tout de nouveau à la guerre.

Jofeph. An- De Tyr Alexandre marcha à Jéru q. 11.8. falem, dans le deffein de ne la

pas mieux traiter que Tyr; & voici ce qui lui fit prendre cette réfolution. Les Tyriens étoient tellement occupés du commerce, qu'ils négligeoient tout-à-fait l'agriculture, & tiroient prefque tout leur blé & les autres 40,12 20. denrées de leur voifinage. La Galilée, la Samarie, & la Judée, étoient les pays qui leur en fourniffoient le plus. Quand Alexandre forma le fiége de leur ville, il fut obligé de tirer des vivres des mêmes lieux. Il envoia done desCommiffaires fommer les habitans de ces pays-là de fe foumettre, & de fournir aux befoins de fon armée. Les Juifs s'en excuférent, fur ce qu'ils avoient prété ferment de fidélité à Darius ; & perfiftérent à répondre, que tandis qu'il vivroit, ils ne pou voient pas reconnoitre d'autre maître,

Rare exemple de fidélité, & digne de Punique peuple qui connût pour lors le vrai Dieu ! LesSamaritains ne firent pas comme eux. Ils fe foumirent de bonne grace à Alexandre, & lui envoiérent même huit mille hommes, pour le fervir au fiége de Tyr, & ailleurs. Pour l'intelligence de ce qui fuit, il paroit néceffaire d'expofer ici en peu de mots l'état où étoient pour lors les Samaritains, & la caufe de l'extrême averfion qui étoit entre eux & les Juifs.

J'ai marqué ailleurs que les Samari- Tom. II.hift des AT tains ne defcendoient point des Ifraélites, mais que c'étoit une colonie de peuples idolâtres, tirés des pays au-delà de l'Euphrate, qu'Afarraddon Roi des Affyriens, après la ruine du Roiaume des dix Tribus, avoit envoiés pour habiter dans les villes de Samarie. Ces peuples, appellés Cuthéens, mêlérent le culte du Dieu d'Ifrael à celui de leurs idoles ; & fe montrérent toujours ennemis des Juifs. Cette haine éclata fur tout depuis le retour de la captivité de Babylone, avant & depuis le réta bliffement du temple. Malgré la réforme que le faint hom me Néhémie avoit établie à Jérufalem

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