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AN. M 3649.

huit mille chevaux, occupoient dix fois autant d'efpace, c'est-à-dire dix ftades ou mille toifes, ce qui fait à peu près une demie lieue.

On peut juger, par ce qui vient d'être dit, du terrain qu'occupoit une armée fuivant le nombre d'infanterie & de cavalerie dont elle étoit compofée.

S. I I.

Guerre facrée. Suite de l'histoire de Philippe. Il tâche en vain de s'emparer des Thermopyles.

LA DISCORDE, qui tenoit comAv. J.C.355.tinuellement les Grecs dans des difpofitions prochaines à une rupture ou

verte, fe ralluma vivement à l'occa

Diod, l. 16. fion des Phocéens. Ceux-ci habitoient 425-433. les environs du temple de Delphes. Ils s'aviférent de labourer des terres confacrées à Apollon, ce qui étoit les profaner. Auffitôt les peuples d'alen tour criérent au facrilege, les uns de bonne foi, les autres pour couvrir d'un pieux prétexte leur vengeance particuliére. La guerre qui furvint à ce fujet s'appella La guerre facrée, comme entreprife par un motif de religion, & dura dix ans. Our dé

nonça les profanateurs aux Amphiayons, qui compofoient les Etats gé néraux de la Gréce. L'affaire bien dif cutée, les Phocéens furent déclarés facriléges & condannés à une grosse amende.

Philoméle, un de leurs principaux citoiens, homme audacieux & fort accrédité, ayant prouvé par des vers d'Homére qu'anciennement la fouve- Iliad. l. 2. raineté du temple de Delphes appar- v. 516. tenoit aux Phocéens, les révolte contre ce Décret, les détermine à prendre les armes, & eft déclaré Général. Il fe rend auffitôt à Sparte, pour engager les Lacédémoniens dans fon parti. Ils étoient fort mécontens d'une fentence qu'avoient porté contr'eux les Amphictyons à la follicitation des Thébains, par laquelle ils avoient été condannés auffi à une amende, pour s'être emparés par fraude & par violence de la Citadelle de Thébes. Archidamus, l'un des Rois de Sparte, reçut fort bien Philoméle. Il n'ofa pourtant pas encore fe déclarer ouvertement pour les Phocéens, mais promit de l'aider d'argent, & de lui fournir fecrettement des troupes : ce qu'il exécuta,

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Philomele de retour léve des fol+ dats, & commence par attaquer le temple de Delphes, dont il n'eut pas de peine à fe rendre maître, les habitans du pays aiant fait une foible réfistance. Les Locriens, peuple voifin de Delphes, firent d'inutiles efforts contre lui, & furent battus en plufieurs rencontres. Philoméle, animé par ces premiers fuccès, augmente de jour en jour les troupes, & fe met en état de foutenir vigoureusement fon entreprise. Il entre dans le temple, arrache des colonnes le Décret des Amphictyons qui condannoit les Phocéens, fait favoir dans tout le pays qu'il n'a pas deffein de toucher aux richeffes du temple, & qu'il ne fonge qu'à rétablir les Phocéens dans leurs anciens droits & leurs anciens priviléges. Il avoit befoin de fe fortifier de l'autorité du dieu qui préfidoit à Delphes, & d'avoir pour lui une réponfe favorable de l'Oracle. La Prétreffe refufoit de lui préter fon miniftére; mais intimidée par fes menaces, elle répond que le dieu lui permer de faire tout ce qu'il voudra : & il ne manqua pas d'en donner avis à tous les peuples voifins.

pour

L'affaire devint fort férieufe. Les AN. M 3650. Amphictyons s'étant affemblés une Av.J.C. 354 feconde fois, il fut réfolu qu'on feroit la guerre aux Phocéens. Prefque tous les peuples de la Gréce entrérent dans cette querelle, & prirent parti pour ou contre. Les Béotiens, les Locriens, les Theffaliens, & plufieurs autres peuples voisins, fe déclarérent le dieu. Sparte, Athénes, & quelques autres villes du Péloponnéfe fe joignirent aux Phocéens. Philoméle, jufques-là, n'avoit point encore touché anx tréfors du temple: mais, devenu moins fcrupuleux, il crut que les richeffes du dieu ne pouvoient être mieux employées qu'à fa défenfe car il couvroit de ce beau nom fon entreprise facrilege; & à la faveur de cette nouvelle reffource, aiant doublé la paie des foldats, il affembla un corps de troupes fort confidérable.

Il fe donna plufieurs combats, & le fuccès balança quelque tems entre les deux partis. On fait combien les guerres de religion font à craindre, & à quel excès un faux zéle, couvert de ce nom refpectable, peut fe porter. Les Thébains, dans une rencontre,

AN.M. 3651.

aiant fait plufieurs prifonniers, les condannérent tous à mort comme facriléges & excommuniés. Les Phocéens, par droit de repréfailles, en firent autant de leur côté. Ceux-ci avoient remporté d'abord quelques avantages, mais aiant été vaincus dans un grand combat, Philoméle leur Chef fe voyant pouffé fur une hauteur d'où il n'y avoit point d'iffue, après s'être lontems défendu avec un courage invincible, il se précipita la tête en bas du haut du rocher, pour éviter les tourmens aufquels il avoit fujet de s'attendre s'il étoit tombé vif entre les mains des ennemis. Onomarque fon frere lui fuccéda, & prit le commandement des troupes.

Ce nouveau Chef eut bientôt mis Av.J.C. 353 fur pié une nouvelle armée, la folde avantageule qu'il propofoit lui atti rant de tous côtés des foldats. Il gagna auffi à force d'argent plufieurs des Chefs qui étoient dans l'autre parti, & les obligea ou à fe retirer, ou à agir mollement. Par ce moien il remporta plufieurs avantages.

Dans ce mouvement général de la Gréce, armée en faveur des Phocéens ou des Thébains, Philippe avoit cru

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