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radeaux, il s'avifa de diftribuer aux foldats quantité de peaux pleines de paille & d'autres matiéres féches & légéres, fur lesquelles s'étant couchés ils traverférent le fleuve, & ceux qui étoient paffés les premiers fe mettoient en bataille, pendant que les autres fuivoient. Il fit paffer de cette forte toute fon armée en fix jours.

Cependant Spitaméne, qui étoit le grand confident de Beffus, forma contre lui une confpiration avec deux autres de fes principaux Officiers. S'étant faifis de fa perfonne, ils le chargent de chaînes, lui arrachent fa tiare de la tête, mettent en piéces la robe roiale de Darius dont il étoit revétu, & le font monter fur un cheval pour le livrer à Alexandre.

Ce Prince arriva à une petite ville où habitoient les Branchides. C'étoit une famille d'habitans de Milet, que Xerxès, à fon retour de Gréce, avoit autrefois fait paffer dans la haute Asie, & qu'il y avoit richement établis, pour les récompenfer de ce qu'ils lui avoient livré les trésors du temple d'Apollon furnommé Didyméen, dont ils étoient les gardiens. Ils reçurent le Roi avec de grandes démonstrations de joie, &

Te rendirent à lui, eux & leur ville. Alexandre fit venir les Miléfiens qui étoient de fon armée, lefquels confervoient contre les Branchides une haine héréditaire à caufe de la perfidie de leurs ancêtres. Il laiffa à leur choix, ou de venger l'injure qu'ils en avoient autrefois reçue, ou de leur pardonner en confidération de leur commune origine. Etant partagés de fentimens entr'eux, & ne pouvant s'accorder, Alexandreprit fur luila décision.Lelendemain il donna ordre à fa phalange d'environner la place, &, dès qu'on en auroit donné le fignal, de faccager ce repaire de traitres, & de les faire tous paffer au fil de l'épée. Cet ordre inhumain fut exécuté avec la même barbarie qu'il avoit étédonné. Tous les citoiens, dans letems même qu'ils alloient au-devant d'Alexandre pour lui rendre leurs hommages, furent égorgés par les rues & dans leurs maifons, fans qu'on: eût aucun égard à leurs cris & à leurs: larmes, fans qu'on fit aucune diftinc-tion ni de fexe, ni d'âge. On arracha même les fondemens des murs, pour n'y laiffer aucun veftige de ville. Quel étoit donc le crime de ces malheureux habitans ? Etoient-ils refponfables de

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celui qu'avoient commis leurs peres if avoit plus de cent cinquante ans? Je ne fai fi l'histoire fournit quelqu'autre exemple d'une barbarie fi brutale & fi forcenée,

Peu de tems après on amena à Ale+ xandre Beffus, non-feulement lié & garoté, mais tout nud. Spitamene le tenoit attaché avec une chaîne qu'on lui avoit paffée au cou, & l'on n'eût fû dire à qui cet objet étoit plus agréable, aux Barbares, ou aux Macédoniens, En le préfentant au Roi, il lui dit: » Enfin je vous ai vengés, vous & Da» rius, mes Rois & mes Maîtres. Je » vous amène ce scélérat, qui a affaf» finé fon Seigneur, & qui eft traité » maintenant felon l'exemple qu'il en »a lui-même donné. Hélas, que Da»rius ne peut-il être témoin d'un tel fpectacle!« Alexandre, après avoir fort loué Spitamene, fe tournant vers Beffus lui dit: » Quelle rage de tigre » s'eft emparée de ton cœur,pour avoir »ofé charger de chaînes, puis égor"gerton Roi & ton bienfaiteur ? Reti»re-toi de devant mes yeux, monstre » de perfidie & de cruauté. » Il n'en dit pas davantage, & aiant fait venir Oxatre frere de Darius, il lui remit Bellus

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entre les mains, pour lui faire effuier toute l'ignominie qu'il méritoit, différant néanmoins fon fupplice dans la vûe de le faire juger dans l'affembléa générale des Perfes.

§. XIII.

Alexandre, après avoir pris beaucoup de villes dans la Bactriane, en bâtit une près de l'Iaxarte, à laquelle il donne fon nom. Les Scythes, allarmés de la construction de cette ville qui les bridoit, lui députent des Ambaffadeurs,. qui lui parlent avec une liberté extraordinaire. Après les avoir renvoiés, il paffe l'Iaxarie, remporte une victoire contre les Scythes, & traite favorablement les vaincus. Il punit & appaife la révolte des Sogdiens. Il envoie Beffus à Ecbatane pour y être puni. Il ferend maître de la ville de Petra, qui paroif foit imprenable

3.p.148.149.

ALEXANDRE, infatiable de vic- Arrian. lib. toires & de conquêtes, alloit toujours & lib. 4. pag. en avant, cherchant de nouveaux peu- 150-160 2. Curt lib. ples qu'il pût domter. Après avoir re7.6.6-11.cruté fa cavalerie qui avoit beaucoup fouffert dans les longues & périlleufes

marches qu'il avoit faites, il s'avança jufqu'à l'laxarte.

*

Près de là, des Barbares defcendant tout-à-coup de leurs montagnes, vinrent attaquer brufquement les troupes d'Alexandre, & aiant emmené avec eux un grand nombre de prifonniers, ils regagnérent leurs retraites, où ils étoient vingt mille hommes qui combattoient avec des arcs & des frondes. Le Roi alla en perfonne les affiéger, & étant des premiers à l'attaque, il fut bleffé d'une fléche à l'os de la jambe, & le fer demeura dans la plaie. Les Macédoniens, également affligés & allarmés, l'emportérent auffitôt, mais non pas fi fecrettement qu'ils en puffent dérober la connoiffance aux Barbares, qui du haut de la montagne voioient tout ce qui fe paffoit en bas. Ils envoiérent donc le lendemain des. Ambassadeurs au Roi, qui les fit entrer fur le champ, & ôtant le bandage & L'appareil de fa plaie, leur fit voir fa jambe fans leur témoigner la grandeur de fon mal. Ils l'aflurérent, qu'aiant

Quinte-Curce Ar-pas dans la mer Cafpiennes. rien l'appellent le Tapais: mais dans le Pont Euxin mais ils fe trompent. Le & c'est ce que nous appel Tanais eft bien plus à l'oç- | lons aujourd'hui le Dop aident, & fe décharge, non

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