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Dans ce deffein, fous prétexte de paffer en Phocide, & d'y aller punir les Phocéens facriléges, il marche vers les Thermopyles pour s'emparer d'un paffage qui lui donnoit une entrée libre dans la Gréce, & furtout dans l'Attique. Les Athéniens, au bruit de cette marche qui pouvoit avoir d'étranges fuites & pour eux & pour toute la Grèce, accoururent aux Thermopyles, & fe faifirent à propos de ce paffage important, que Philippen'ofa pas même entreprendre de forcer ainfi il fut obligé de reLourner en Macédoine.

§. III.

écouté.

Demofthene, à l'occafion de Pentreprise de Philippe fur les Thermopyles, barangue les Athéniens, & les anime. contre ce Prince. Il eft pen Olynthe, à la veille d'être affiégée par Philippe, implore le fecours des Athéniens. Demofthene tâche, par fes harangues, de les tirer de leur affoupiffement. Ils n'envoient que de foibles fecours. Philippe enfin fe rend maître de la place.

COMME la fuite va nous montrer

Philippe aux prifes avec les Athéniens, & que par les vives exhortations & les fages confeils de Démofthéne ils de-. viendront fes plus grands ennemis, & les plus puiffans obftacles à fes deffeins ambitieux, il ne paroit pas hors de propos, avant que d'entrer en matiére, de tracer un portrait abrégé de l'état préfent d'Athénes, & de la difpofition actuelle de fes ci

toiens.

Il ne faut pas juger du caractére des Athéniens dans le tems dont nous parlons, par celui de leurs ancêtres du tems des batailles de Marathon & de Salamine, de la vertu defquels ils avoient extrêmement dégénéré. Ce n'étoit plus les mêmes hommes, ni les mêmes maximes, ni les mêmesmours. On n'y voioit plus le même zéle pour le bien public, la même application aux affaires, le même courage pour effuier les fatigues de la guerre fur terre & fur mer, le même foin de ménager les finances, la même docilité pour les confeils falutaires, le même difcernement dans le choix des Généraux d'armée & des Magiftrats à qui ils confioient l'admiDiftration de l'Etat. A ces difpofitions

AN.M. 3652.
Av. J.C.352.

fi utiles & fi glorieufes avoient fuccédé l'amour du repos, la nonchalance pour les affaires publiques, l'averfion des travaux militaires dont ils fe déchargeoient fur des troupes mercénaires, la diffipation du tréfor public. en jeux & en spectacles, le goût pour les flateries de leurs Orateurs, & la malheureuse facilité d'accorder les charges à la brigue & à la cabale, tous avant-coureurs ordinaires de la: ruine des Etats. Voila ce qu'étoit Athénes, lorfque le Roi de Macédoine commença à attaquer la Grèce.

Nous avons vû que Philippe, après plufieurs conquêtes,avoit fait une tentative inutile pour s'avancer jufques dans la Phocide, parce que les Athéniens, justement allarmés du péril qui les menaçoit, lui avoient fermé le paffage des Thermopyles. Démofthéne, profitant d'une fi favorable difDemofth. pofition, monte fur la Tribune aux 3. Philip. harangues, pour tracer à leurs yeux une vive image du danger prochain dont les menace l'ambition démefurée de Philippe, & pour les convaincre de l'abfolue néceffité qu'elle leur impofe d'ufer des plus promtes précautions. Or, comme le fuccès de fes

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"armes, & la rapidité de fes progrès, répandoient dans Athénes une efpéce de terreur fort approchante du défefpoir, l'Orateur, par un artifice merveilleux, s'attache d'abord à relever les courages abbattus, & rejette uniquement fur leur molleffe & fur leur nonchalance la caufe de leurs defaftres. Cat, fi jufques-là ils s'étoient acquittés exactement de leur devoir, & que malgré toute leur activité & tous leurs efforts Philippe l'eût emporté fur eux, il ne leur refteroit plus en effet de reffource ni d'efpérance. Mais, & dans ce difcours-ci, & dans ceux qui fuivront, Démofthéne infifte fortement fur cette réflexion, que la négligence des Athéniens eft l'unique caufe de l'aggrandiffement de Philippe, & que c'eft elle qui le rend hardi, entreprenant, & plein d'une infolente fierté, qui va jufqu'à infulter aux Athéniens.

» Voiez, leur dit Démofthéne en parlant de Philippe, » à quel point monte l'arrogance du perfonnage, » qui ne vous donne point le choix ou de l'action, ou du repos; mais » qui ufe de menaces, &, felon le bruit commun, tient les difcours Ciij Cij

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» les plus infolens ; & non content de fes premieres conquêtes, incapables de le fatisfaire, il fe porte chaque jour à quelque nouvelle entreprise. Vous attendez peutêtre que quelque néceffité vous force dagir. En eft-il une plus grande >>>pour des hommes libres que la honte & l'infamie? Voulez-vous donc vous promener éternellement dans la place publique, en vous demandant les uns aux autres, Diton quelque chofe de nouveau? Eh » quoi de plus nouveau, qu'un homme de Macédoine vainqueur des »Athéniens, & fouverain arbitre de la Gréce? Philippe eft mort, dit en l'un. Non, il n'est que malade, ré"pond l'autre. «(La bleffure qu'il avoir reçue à Méthone avoit donné lieu à tous ces bruits.) Mort ou

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malade, que vous importe, Athé» niens! A peine le ciel vous en au,, roit-il délivrés, qu'à vous comporter de la forte, vous vous feriez bien vîte vous-mêmes un autre Phidippe, puifque celui-ci doit fes acess croiffemens, bien moins à fa force, squ'à votre indolence.

Démofthene ne s'en tint pas à de * Libanius-parle quelque part d'une autre maladiej

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