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ques trop fâcheux. On a vû que la guerre du Péloponnéfe,& les autres, furent toujours caufées ou entretenues par les jaloufics de Lacédémone & d'Athénes. Mais ces mêmes jaloufies qui troubloient la Gréce, la foutenoient en quelque façon, & l'empéchoient de tomber dans la dépendance de l'une ou de l'autre de ces Républiques.

Les Perfes aperçurent bientôt cet état de la Gréce. Ainfi tout le fecret de leur politique étoit d'entretenir ces jafoufies, & de fomenter ces divifions, Lacédémone, qui étoit la plus ambitieufe, fut la premiére à les faire entrer dans les querelles des Grecs. Ils y entrérent dans le deffein deferendre maîtres de toute la nation; & foigneux d'affoiblir les Grecs les uns par les autres, ils n'attendoient que le moment de les accabler tous enfemble. Déja les plas. de leg filles de Gréce ne regardoient danslib.3. Ifoerat. in leurs guerres que le Roi de Perfe, Panegyr qu'elles appelloient le grand Roi, ou le Roi par excellence, comme fi elles fe fuflent déja comptées pour fujettes. Mais il n'étoit pas poffible que l'ancien efprit de la Gréce ne fe réveillât à la veille de tomber dans la fervitude, & entre les mains des Barbares. Agéfilas, Roi de Lacédémone, fit trembler les

Perfes dans l'Afie mineure, & montra qu'on les pouvoit abbattre. Leur foibleffe parut encore davantage par le glorieux fuccès de la retraite des dix mille Grecs qui avoient fuivi le jeune Cyrus.

Toute la Gréce vit alors, plus que jamais, qu'elle nourriffoit une milice invincible à laquelle tout devoit céder, & que fes feules divifions la pouvoient foumettre à un ennemi trop foible pour lui réfifter quand elle feroit unie. Philippe, Roi de Macédoine, également habile&vaillant,ménageafibien les avantages que lui donnoit contre tant de villes & de Républiques divifées, un roiaume petit à la vérité, mais uni, & où la puiffance roiale étoit abfolue; qu'à la fin, moitié par adresse, & moitié par force, il fe rendit le plus puiffant de la Gréce,& obligea tous les Grecs à marcher fous fes étendarts contre l'ennemi commun. Il fut tué dans ces conjonctures: mais Alexandre fon fils fuccéda à fon roiaume & à fes deffeins.

Il trouva les Macédoniens, non feulement aguerris, mais encore triomphans, & devenus par tant de fuccès prefque autant fupérieurs aux autres Grecs en valeur & en difcipline, que les autres Grecs étoient au deffus des

Perfes, & de leurs femblables. Darius, qui régnoit en Perse de son tems, étoit jufte, vaillant, généreux, aimé de fes peuples, & ne manquoit ni d'efprit ni de vigueur pour exécuter fes deffeins. Mais fi on le compare avec Alexandre: fon efprit, avec ce génie perçant & fublime; fa valeur, avec la hauteur & la fermeté de ce courage invincible, qui fe fentoit animé par les obftacles; avec cette ardeur immenfe d'accroitre tous les jours fon nom, qui lui faifoit fentir au fond de fon cœur que tout lui devoit céder à un homme que fa destinée rendoit fupérieur aux autres, confiance qu'il infpiroit non seulement à ses Chefs, mais encore aux moindres de fes foldats, qu'il élevoit par ce moien au deffus des difficultés, & au dessus d'eux-mêmes, on jugera aifément auquel des deux appartenoit la victoire.

comme

Si l'on joint à ces chofes les avantages des Grecs & des Macédoniens au deffus de leurs ennemis, on avouera que la Perfe, attaquée par un tel Héros & par de telles armées, ne pouvoit plus éviter de changer de maître. Ainfi l'on découvre en même tems ce qui a ruiné l'empire des Perfes, & ce qui a élevé celui d'Alexandre.

Pour lui faciliter la victoire, il ar

riva que la Perfe perdit le feul Géné ral qu'elle pût oppofer aux Grecs: c'étoit Memnon Rhodien. Tant qu'A lexandre eut en tête un fi fameux Capitaine, il put fe glorifier d'avoir vaincu un ennemi digne de lui. Au commencement d'unediverfion quidėjainquiétoit toute laGréce, Memnon mourut, & Alexandre mit tout à fes piés.

Ce Prince fit fon entrée dans Babylone avec un éclat qui surpassoit tout ce que l'univers avoit jamais vû; & après avoir vengé la Gréce, après avoir fubjugué avecune promtitude incroiable toutes les terres de la domination Perfienne, pour affurer de tous côtés fon nouvel Empire, ou plutôt pour contenter fon ambition, & rendre fon nom plus fameux que celui de Bacchus,il entra dans les Indes, où il pouffa fes conquêtes plus loin que ce célé⚫bre Vainqueur. Mais celui que les déferts, les fleuves, & les montagnes n'étoient pas capables d'arréter, fut contraint de céder à fes foldats rebutés, qui lui demandoient du repos.

Il revint à Babylone, craint & refpecté, non pas comme un conquérant, mais comme un Dieu. Mais cet Empire formidable qu'il avoit conquis, ne dura pas plus lontems que fa ઢિ

vie,

vie, qui fut fort courte. A l'âge de 33 ans, au milieu des plus vaftes deffeins qu'un homme eût jamais conçus & avec les plus juftes efpérances d'un heureux fuccès, il mourut fans avoir eu le loifir d'établir folidement fes affaires, laiffant un frere imbécille, & des enfans en bas âge, incapables de foutenir un fi grand poids.

Mais ce qu'il y avoit de plus funefte pour fa maifon & pour fon Empire c'eft qu'il laiffoit des Capitaines à qui il avoit appris à ne refpirer que l'ambition & la guerre. Il prévit à quels excès ils fe porteroient, quand il ne feroit plus au monde. Pour les retenir, & de peur d'en être dédit, il n'ofa nommer ni fon fucceffeur, ni le tuteur de fes enfans. Il prédit feulement que fes amis célébreroient fes funérailles avec des batailles fanglantes; & il expira dans la fleur de fon âge, plein des triftes images de la confufion qui devoit fuivre fa mort.

&

En effet, la Macédoine, for ancien roiaume, tenu par fes ancêtres depuis tant de fiécles, fut envahi de tous côtés comme une fucceffion vacante; après avoir été lontems la proie du plus fort, il paffa enfin à une autre famille. Tome VI. Hb

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