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communierons, il vous prendra entre ses bras, faisant en vous cette œuvre toute ouvrée.

*

II Cor., III, 5.

O qu'heureuses sont les ames qui font ainsy leur voyage et qui ne partent des bras de la divine Majesté, sinon pour marcher et faire de leur costé ce qu'elles pourront en l'exercice des vertus et des bonnes œuvres, tenant tousjours neanmoins la main de Nostre Seigneur; car il ne faut pas que nous pensions estre suffisans pour rien faire de bien de nous-mesmes *. L'Espouse le tesmoigne fort clairement au Cantique lors qu'elle Cap. 1, 3. dit à son Bien-Aymé: Tirez-moy, et nous courrons apres vous à l'odeur de vos onguens. Elle dit: Tirezmoy, pour monstrer qu'elle ne peut rien d'elle mesme si elle n'est tirée et aydée de sa faveur ; et pour monstrer qu'elle veut correspondre à ses attraits volontairement et sans estre violentée, elle adjouste nous courrons; pour peu que vous nous tendiez la main pour, nous tirer, nous ne cesserons point de courir, jusques à ce que vous nous ayez pris entre vos bras et unis à vostre Bonté.

Passons maintenant au troisiesme point qui est que nostre glorieuse Maistresse se donna et abandonna toute sans aucune reserve à la divine Majesté. C'est ainsy qu'il faut que nous nous donnions nous autres, car le Sauveur ne veut pas que nous fassions ce que luy mesme ne peut faire, qui est de se donner à nous en partie. Sa bonté est si grande qu'il se veut tout donner à nous; de mesme veut-il, et il est bien raysonnable, que nous nous donnions à luy sans restriction. Je sçay bien que les gens du monde se donnent à Dieu à leur façon, mais je ne parle pas pour eux maintenant, ains pour nous. qui luy sommes dediés et consacrés. Il faut quitter tout pour avoir le tout qui est Dieu. Il faut quitter la maison de nos peres *. Helas! est-ce si grande chose? Ps. XLIV, II. N'y a-t-il pas quelquefois plus de consolation que de mescontentement de le faire? Il faut se priver du mariage. O Dieu, tout bien consideré, qu'est-ce que nous quittons ? Le tracas du mesnage où le plus souvent les choses vont de travers et contre nostre volonté. Que

faut-il de plus quitter? Les conversations? Helas! je suis tres asseuré que l'on n'y a pour l'ordinaire que du mescontentement, car ou l'on ne nous a pas assez honnorés selon que nous le desirions, ou l'on ne nous a pas assez cheris, ou l'on a dit quelque chose qui nous a despleu; en un mot, les playsirs que l'on y a sont le plus souvent tres degoustans à nostre goust mesme.

Mais, est-ce cela tout ce qu'il faut quitter? O non, il reste le plus difficile, qui est nous mesme, nostre propre volonté : il la faut aneantir tout à fait sans aucune reserve. Je ne dis pas nostre amour propre, car nous ne le pouvons faire mourir qu'en mourant nous mesmes, il vivra tant que nous vivrons; mais il suffit qu'il ne regne pas en nous. C'est donques la propre volonté dont il se faut desfaire. Il me souvient à ce propos qu'il faut tout quitter pour estre bonne Religieuse, qu'il y eut un senateur lequel fut inspiré de Dieu d'abandonner le monde, car il pensoit que pour evader les perils des vagues de la mer de ce miserable siecle il failloit surgir au port de la vie monastique. Il prit en effect la resolution de se faire moine et se retirer dans le desert, ce qu'il executa. Mais le pauvre homme voulut emporter quant et luy quelques unes de ses hardes et emmener quelques unes de ses conversations. Or, que luy en arriva-t-il ? Le bienheureux saint Basile, qui l'aymoit grandement à cause de sa pieté et bonne vie, sçachant cela, luy escrivit une lettre qui contenoit ces mots : O pauvre homme, qu'as-tu fait ? Tu as quitté l'estat de senateur et les fonctions de ta charge, et partant tu n'es plus senateur; et Cassian., Instit., neanmoins tu n'es pas un bon moine *. Comme s'il eust dit: Considere ton nom, et tu trouveras qu'il signifie uni, seul; or, par ce mot, seul, je n'entens pas d'estre retiré et sequestré dans un desert, mais c'est à sçavoir que pour estre bon moine il ne faut avoir que Dieu pour objet en tout ce que nous faisons; et cela c'est estre seul.

1. VII, c. xix.

Voulez-vous devenir une bonne fille de la Visitation ? Il faut tout quitter, non seulement ce qui est hors de soy mais soy mesme, et estre absolument sevrée de la

propre volonté que nous aymons tendrement comme si elle estoit nostre mere. Dieu ne se contente pas de nos offrandes quand elles ne sont pas accompagnées de celle de nostre propre cœur, car il est comme l'aigle qui se repaist plus pleinement du cœur des oyseaux qu'elle prend pour sa proye que non pas des autres parties de leur corps*. De mesme la divine Majesté demande premierement nostre cœur Mon fils, donne-moy ton cœur, dit cette Bonté incomparable *, et par apres tes offrandes me seront aggreables.

*Cf. Introd.a la Vie dev., tom. III hujus

Edit., p. 201, linea

antepenult.

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Prov., xxIII, 26.

Gen., IV, 3-8.

tuag.

L'exemple de Caïn * monstre assez la verité de ce que nous disons; car ayant fait son sacrifice, il ne fut pas aggreable à la Divinité comme celuy de son frere Abel, non seulement parce qu'il avoit mal partagé *, offrant le Vide locum Sepmoindre et le pire de ses troupeaux, mais aussi parce qu'il n'avoit pas donné son cœur ; partant il n'avoit pas bien fait son sacrifice, d'autant que Dieu vouloit premierement son cœur. Ce que reconnoissant par apres, il fut si miserable qu'au lieu de se prendre à soy mesme de sa faute et de se reconnoistre, il s'en prit au pauvre Abel, l'offrande duquel avoit esté fort aggreable à la divine Bonté parce qu'il s'estoit premierement offert luy mesme, et puis son sacrifice. Caïn conceut de l'indignation contre son frere par la grande envie qu'il luy portoit. Voyez comme l'envie se fourre par tout. Dieu le reprit et luy dit : De quoy te troubles-tu? Si tu as bien offert tu n'en as pas occasion, et si ton offrande estant bonne tu ne l'as neanmoins pas faite comme il convient, repare ta faute, il y a remede en tout.

Voyla donques la façon avec laquelle nous devons faire nos sacrifices et nos offrandes à la divine Bonté : si nous voulons qu'elles luy soyent aggreables, il faut nous offrir pleinement et entierement nous mesmes. Si vous faites cela aussi parfaitement que nous venons de dire en cette journée de vos renouvellemens, à l'imitation de Nostre Dame et glorieuse Maistresse, elle vous acheminera au Ciel, en excitant vos cœurs à chanter en cette vie le Laudate Dominum omnes gentes*, invitant Ps. cxvi. un chacun à glorifier la divine Majesté. Puis vous

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adjousterez Quoniam confirmata est super nos misericordia ejus; Parce qu'il a confirmé sur nous ses misericordes, nous attirant par sa bonté à la jouissance de tant de graces et benedictions dès cette vie perissable, pour par apres, en la compaignie de nostre tres sainte Maistresse et des Bienheureux qui sont au Ciel, chanter eternellement Gloire soit au Pere, au Fils et au Saint Esprit. Amen.

XVII

SERMON DE VÊTURE

POUR LA VEILLE DE L'ÉPIPHANIE

5 janvier 1618 (1)

Il y a des festes que la sainte Eglise celebre beaucoup plus solemnellement que d'autres. Celle de l'adoration des Roys en est une, car elle ne se contente pas d'en commencer l'office à Vespres de la vigile, mais elle commence dès la Messe qui est propre à ce jour. Or en cette Messe, on lit l'Evangile qui fait mention de la fuite de Nostre Seigneur en Egypte *.

*Matt., 11, 19-23.

Gedeon estant extremement affligé pour la rude et pressante guerre que luy faisoyent ses ennemis qui l'avoyent environné de toutes parts, Dieu, dont la bonté est incomparable, en eut compassion et luy envoya un Ange pour le consoler. Cet Ange l'ayant abordé le salua disant : Je te salue, o homme le plus fort d'entre tous les hommes, le Seigneur est avec toy. Lors le pauvre Gedeon luy respondit, pressé de son affliction : S'il est vray ce que tu dis que le Seigneur est avec moy, pourquoy donques, avec luy, suis-je environné de tant de miseres *? Nous en pouvons bien dire autant Judic., vi, 12, 13. aujourd'huy. S'il est vray, comme il est, que la tres sainte Vierge et saint Joseph ont Nostre Seigneur avec eux, pourquoy donques les voyons-nous si remplis de crainte qu'ils se rendent fuyars pour l'apprehension d'un homme terrien, quoy qu'ils ayent avec eux le Dieu de

(1) Vêture des Soeurs Louise-Marie Barfelly et Françoise-Gasparde de la Grave. (Voir l'Année Sainte, tome Ier, pp. 79, 299.)

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