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damment de lui. Après s'être ainsi soumis la Grèce, soit par la terreur des armes, soit par les sourdes menées de sa politique, il n'avait pas eu le temps de l'apprivoiser et de l'accoutumer à sa domination, mais y avait laissé toutes choses dans un grand mouvement, les esprits n'étant pas encore calmés, ni pliés à la servitude.

Dans une conjoncture si délicate, les Macédoniens conseillaient à Alexandre d'abandonner la Grèce, et de ne pas s'opiniâtrer à la retenir par force; de faire revenir par la douceur les barbares qui avaient pris les armes, et de flatter, pour ainsi dire, ces commencements de révoltes et de nouveautés en usant de ménagements, de complaisance et d'insinuations, pour gagner les esprits. Alexandre n'écouta point ces conseils timides. Au contraire, il prit le parti de tirer la sûreté et le salut de ses affaires de l'audace et de la magnanimité, persuadé que, si dans les commencements il mollissait en la moindre chose, tout le monde lui tomberait sur les bras, et que, s'il entrait en composition, il lui faudrait rendre tout ce que Philippe avait conquis, et se réduire aux bornes étroites de la Macédoine. Il se hâte donc d'arrêter les mouvements et les guerres des barbares, en menant en toute diligence son armée jusque sur les bords du Danube, qu'il traverse en une seule nuit. Il défait dans un grand combat le roi des Triballiens; met en fuite les Gètes, qui n'osent l'attendre; subjugue divers peuples barbares, les uns par la terreur de son nom, les autres par la force de ses armes; et malgré l'arrogante ré

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2 Alexandre, s'imaginant que le bruit de son nom avait jeté la ter

contr. Cte

ponse de leurs ambassadeurs, il leur apprend à connaître un péril plus prochain que la chute du ciel et des astres.

Pendant qu'Alexandre était ainsi occupé au loin contre les Barbares, toutes les villes de la Grèce, animées surtout par Démosthène, formèrent une ligue puissante contre ce prince. Un faux bruit de sa mort inspira aux Thébains une audace qui les perdit. Ils égorgèrent une partie de la garnison macédonienne AEschin. qu'ils avaient dans leur citadelle. D'un autre côté Désiph. p. 453. mosthène était tous les jours à la tribune, haranguant le peuple, et, plein de mépris pour Alexandre qu'il appelait un enfant et un jeune étourdi1; il assurait d'un ton décisif qu'on n'avait rien à craindre du nouveau roi de Macédoine, qui n'était point en état de mettre le pied hors de son royaume, et qui se trouverait trop heureux de pouvoir s'y maintenir en paix et en sûreté. En même temps il écrivait lettres sur lettres à Attale, l'un des lieutenants que Philippe avait envoyés dans l'Asie mineure, pour le porter à la révolte. Attale était oncle de Cléopatre, seconde femme de Philippe. Il était fort disposé à écouter les propositions de Démosthène. Néanmoins, comme il était devenu très suspect à Alexandre, et il savait bien que ce n'était point sans raison, pour effacer de son esprit tous les soupçons qu'il pouvait avoir conçus contre lui et pour mieux couvrir ses desseins, il envoya à ce prince les lettres

reur parmi ces peuples, demanda' à
leurs ambassadeurs ce qu'ils crai-
gnaient le plus au monde. Ils répon-
dirent fièrement qu'ils ne craignaient
rien que la chute du ciel et des astres.
Cette réponse fut faite par les

députés des Celtes qui habitaient le long de la mer Ionienne (mer Adriatique). -- L.

I

Le grec porte μαργίτης, nom auquel on donne différentes significations.

de Démosthène. Il ne put pas néanmoins si bien cacher ses intrigues, qu'il n'en transpirât encore quelque chose au-dehors. Hécatée, l'un des commandants d'Alexandre, qu'il avait envoyé exprès en Asie, le fit assassiner par son ordre. Sa mort rétablit le calme dans l'armée, et étouffa toute semence de division.

Av. J.C. 335.

[Plut. in Alex. § 11.]

Quand Alexandre eut mis son royaume en sûreté A. M. 3669. du côté des Barbares, il marcha à grandes journées vers la Grèce, et passa les Thermopyles. Il dit alors à ceux qui l'accompagnaient : Démosthène, dans ses harangues, m'a appelé enfant pendant que j'ai été en Illyrie et dans le pays des Triballes; il m'a appelé jeune homme quand j'ai été en Thessalie. Il faut donc lui montrer au pied des murailles d'Athènes que je suis homme fait. Il entra en Béotie avec tant de diligence, que les Thébains n'en croyaient qu'à peine leurs propres yeux. Quand il fut devant les murs de leur ville, il voulut leur donner le temps de se repentir, et demanda seulement qu'on lui livrât Phénix et Prothute, les deux principaux auteurs de la révolte, et fit publier à son de trompe une amnistie et une sûreté entière pour tous ceux qui reviendraient à lui. Les Thébains, comme pour lui insulter, demandèrent à leur tour qu'il leur livrât Philotas et Antipater, et firent publier de même que ceux qui voudraient contribuer à la liberté de la Grèce vinssent se joindre à

eux.

Alexandre, ne pouvant vaincre leur opiniâtreté par les propositions qu'il leur faisait, vit avec douleur qu'il en fallait venir aux mains, et décider l'affaire par la voie des armes. Il se donna une grande bataille, où les Thébains combattirent avec une ardeur et un cou

rage bien au-delà de leurs forces; car leurs ennemis. étaient plusieurs contre un. Mais, après une longue et vigoureuse résistance, ce qui était resté de la garnison macédonienne dans la citadelle en étant descendu, et les ayant chargés par derrière, alors enveloppés de tous côtés, ils furent presque tous taillés en pièces, et la ville fut prise et pillée.

On ne saurait exprimer les affreuses calamités qu'elle eut à essuyer dans ce saccagement. Il y eût des Thraces qui, ayant abattu la maison d'une dame de qualité et de vertu nommée Timocléa, pillèrent tous ses meubles et tous ses trésors; et leur capitaine l'ayant prise ellemême par force, et assouvi sa brutale passion, lui demanda si elle n'avait point de l'or et de l'argent cachés. Timocléa, animée d'un violent desir de se venger, lui ayant répondu qu'elle en avait, le mena seul dans son jardin, lui montra un puits, et lui dit que dès qu'elle avait vu la ville forcée, elle avait jeté là ellemême tout ce qu'elle avait de plus précieux. L'officier ravi s'approcha du puits, se baissa pour regarder dedans et en examiner la profondeur. Timocléa, qui était derrière, le poussant de toute sa force, le précipita dans le puits, et jeta dessus quantité de pierres dont elle l'assomma. En même temps elle fut prise par les Thraces, et on la mena à Alexandre les fers aux mains. A sa contenance et à sa démarche, Alexandre connut d'abord que c'était une femme de qualité et d'un grand courage; car elle suivait fièrement ces brutaux, sans témoigner aucun étonnement, ni faire paraître la moindre crainte. Le roi lui ayant demandé qui elle était, elle lui répondit qu'elle était sœur de Théagène, qui avait combattu contre Philippe pour la

liberté de la Grèce, et qui avait été tué à la bataille de Chéronée, où il commandait. Alexandre admira la réponse généreuse de cette dame, et encore plus l'action qu'elle avait faite, et commanda qu'on la laissât aller où elle voudrait avec ses enfants.

Alexandre alors délibéra dans son conseil sur le parti qu'il fallait prendre à l'égard de Thèbes. Les Phocéens, et ceux de Platée, de Thespies, d'Orchomène, qui étaient alliés d'Alexandre et avaient eu part à la victoire, représentèrent la manière cruelle dont les Thébains avaient traité et détruit leurs villes, et leur reprochèrent le zèle constant qu'ils avaient témoigné dans tous les temps pour les Perses contre l'intérêt des Grecs, dont ils étaient devenus l'horreur et l'exécration; et la preuve en était que tous s'étaient engagés par serment à détruire Thèbes quand on aurait vaincu les Perses.

Cléade, l'un des prisonniers, ayant eu permission de parler, essaya d'excuser en partie la rébellion des Thébains; faute, selon lui, qu'on devait plutôt imputer à une crédule et téméraire imprudence qu'à une mauvaise volonté et à une perfidie déclarée. Il remontra que, sur le faux bruit de la mort d'Alexandre, saisi avec trop d'avidité, ils s'étaient révoltés, non contre le roi, mais contre ses successeurs : que, quelle que fût leur faute, ils en avaient été rigoureusement punis par les maux extrêmes qu'ils avaient soufferts: qu'il ne restait dans la ville qu'une faible troupe de femmes, d'enfants et de vieillards, dont on n'avait rien à craindre, et qui était d'autant plus digne de compassion, qu'elle n'avait point eu de part à la révolte. Il finissait en faisant ressouvenir Alexandre que Thèbes,

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