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AN. M. 36-6.
Av. J.C. 328.

Macédoine que de la Grèce, des recrues assez considérables, qui montaient à plus de seize mille hommes. Avec un renfort aussi nombreux, il acheva de réduire et de soumettre tous ceux qui s'étaient soulevés. Pour les tenir en bride, il bâtit quelques places fortes dans la Margiane.

Tout était calme. Il ne restait plus qu'une place appelée Petra Oxiana, le rocher d'Oxus, que tenait Arimaze, Sogdien, avec trente mille hommes de guerre, et des munitions pour deux ans. Ce rocher, fort haut et escarpé de tous côtés, n'avait qu'un sentier taillé dans le roc par où l'on pouvait y monter. Le roi ayant reconnu la place, hésita long-temps s'il ne devait pas passer outre; mais, comme son caractère était de chercher en tout le merveilleux, et de tenter l'impossible, il se mit en tête de vaincre ici même la nature, qui semblait avoir fortifié ce rocher contre toute la puissance des hommes. Néanmoins, avant que de s'engager à ce siége, il fit parler à ces Barbares pour les engager à se rendre. Arimaze reçut avec hauteur cette proposition, et, outre plusieurs autres paroles d'insulte, il demanda si Alexandre, qui pouvait tout, pouvait aussi voler, et si la nature lui avait subitement donné des ailes.

Cette réponse insolente piqua jusqu'au vif Alexandre. Il donna ordre qu'on lui choisît dans les troupes, parmi les montagnards, trois cents jeunes hommes des plus dispos et des plus adroits qu'on pourrait trouver. Quand on les lui eut amenés, «Ç'a été avec vous, valeureuse jeunesse, leur dit-il, que j'ai forcé les places qu'on << avait cru imprenables, que j'ai franchi les monta«gnes toujours couvertes de neiges, traversé les ri

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vières, et percé les défilés de la Cilicie. Vous me connaissez, et je vous connais. Ce roc que vous voyez « n'a qu'une issue, que les Barbares gardent sans son«ger au reste. Il n'y a ni guet ni sentinelle que du côté qui regarde notre camp. Si vous cherchez bien, il « n'est pas que vous ne trouviez quelque sentier qui « vous ménera au haut du rocher. La nature n'a rien « fait de si inaccessible où la valeur ne puisse attein« dre; et ce n'est que pour avoir entrepris ce que jamais « personne n'avait espéré, que nous sommes maîtres « de l'Asie. Gagnez ce sommet; et quand vous vous en « serez saisis, élevez un étendard blanc pour signal, et « je ne manquerai pas de vous ôter l'ennemi de dessus « les bras, et de l'attirer à moi en faisant diversion. » Le roi accompagna cet ordre de magnifiques promesses; mais la plus grande récompense pour eux était de lui plaire. Pleins d'ardeur, et s'imaginant déja être au sommet, ils partent, après avoir fait provision de coins de fer pour ficher entre les pierres, de crampons et grosses cordes.

de

Le roi fit le tour de la montagne avec eux, et leur commanda de se mettre en marche à la seconde veille de la nuit par l'endroit qui semblait le moins difficile, priant les dieux de les conduire heureusement. Ils se pourvurent de vivres pour deux jours; et, n'ayant que leurs épées et leurs javelines, ils commencèrent à monter, marchant quelque temps à pied: puis, quand il fallut grimper, les uns s'accrochaient aux pierres qui avançaient, et se soulevaient eux-mêmes; les autres enfonçaient leurs crampons dans la neige qui était

Sur les 9 ou 10 heures.

gelée, pour se soutenir dans les endroits glissants; d'autres enfin, plantant leurs coins avec force, en faisaient des échelles pour s'aider à monter. Ils passèrent ainsi tout le jour pendus à cette roche, avec mille peines et mille dangers, ayant à lutter en même temps contre la neige, contre le froid, contre le vent. Néanmoins le plus fort restait à faire, et il leur semblait que le roc croissait toujours en hauteur à mesure qu'ils avançaient. Mais ce qui les étonnait le plus, c'était le triste spectacle de quelques-uns de leurs compagnons qui tombaient dans les précipices, et dont le malheur leur apprenait ce qu'ils avaient à craindre. Ils continuèrent pourtant, et firent si bien, que, malgré toutes ces difficultés, ils gagnèrent le haut du roc. Mais ils étaient tous horriblement fatigués, et quelques-uns même ne pouvaient s'aider d'une partie de leurs membres. La nuit et le sommeil les prirent en même temps; et, se couchant de côté et d'autre dans les endroits qui étaient sans neige, ils dormirent jusqu'au jour. Enfin ils se réveillèrent de ce profond sommeil; et, regardant de tous côtés pour découvrir en quel endroit un si grand nombre de gens se tenaient cachés, ils virent au-dessous d'eux de la fumée, qui leur apprit où se tenaient les ennemis. Ils élevèrent donc le signal comme on en était convenu; et, la troupe s'étant ralliée, il s'en trouva à dire trente-deux qui avaient péri

en montant.

Le roi, également touché et du desir d'emporter la place, et du danger visible où ces hommes étaient exposés, fut tout le jour sur pied à regarder ce rocher, et ne se retira point pour se reposer que la nuit ne fût fermée. Le lendemain, dès le grand matin, il fut

le premier qui aperçut le signal. Néanmoins il doutait encore si ses yeux ne le trompaient point, à cause de la fausse clarté que fait l'aube au point du jour; mais la lumière, venant à croître, le mit hors de doute. Ayant donc fait appeler Cophès, par lequel il avait d'abord sondé la volonté des Barbares, il l'envoya pour la seconde fois les exhorter de prendre au moins à cette heure un meilleur parti; et, s'ils s'opiniâtraient sur la bonté de la place, il avait ordre de leur faire voir à leur dos ceux qui tenaient le sommet du rocher. Cophès fit ce qu'il put pour résoudre Arimaze à capituler, lui représentant qu'il gagnerait les bonnes graces du roi s'il ne l'arrêtait pas davantage devant un roc au préjudice des grands desseins qui l'appelaient ailleurs. Arimaze lui parla en des termes encore plus fiers et plus insolents qu'auparavant, et lui commanda de se retirer. Cophès, le prenant par la main, le pria de sortir avec lui hors de la caverne; ce que le Barbare lui ayant accordé, il lui montra les Macédoniens logés sur sa tête, et, d'un ton railleur et insultant, Vous voyez, leur dit-il, que les soldats d'Alexandre ont des ailes. On entendait cependant de tous côtés sonner les trompettes dans le camp des Macédoniens, et toute l'armée pousser en l'air des cris d'allégresse et de victoire. Tout cela ensemble, quoique assez frivole par soi-même, jeta néanmoins, comme il arrive assez souvent, une telle alarme et un tel trouble parmi les Barbares, que, sans faire réflexion au petit nombre de ceux qui étaient montés, ils se crurent perdus. On rappela donc Cophès; et on envoya avec lui trente des principaux pour remettre la place, à condition de sortir la vie sauve. Le roi, quoiqu'il eût tout à craindre,

Q. Curt. 1.8,

cap. 1-8.

Arrian. 1. 4,

irrité de la fierté d'Arimaze, refusa de les recevoir à aucune composition. Une confiance aveugle et téméraire dans son bonheur, qui ne s'était jamais démenti, lui ôtait toute vue du danger. Arimaze, de son côté, aveuglé par la crainte, et n'envisageant point de ressource, descendit avec ses parents et la principale noblesse du pays dans le camp d'Alexandre. Ce prince, qui n'était pas maître de sa colère, oubliant ce que la bonne foi et l'humanité exigeaient de lui dans cette occasion, les fit tous battre de verges, puis attacher en croix au pied même du rocher. La multitude, qui s'était rendue, fut donnée avec tout le butin aux habitants des nouvelles villes bâties en ces quartiers-là, et Artabaze laissé gouverneur du roc et de toute la province d'alentour.

§ XIV. Mort de Clitus. Diverses Expéditions d'Alexandre. Il entreprend de se faire adorer à la manière des Perses. Mécontentement des Macédoniens. Mort du philosophe Callisthène.

Alexandre, ayant subjugué les Massagètes et les Dahes, entra dans la Bazarie. C'est une province qui p. 161-171. renferme, dans son étendue, beaucoup de grands parcs p. 693-696. remplis de bêtes fauves. Le prince y prit le plaisir de cap. 6 et 7. la chasse, qui ne fut pas pour lui sans danger. Un

Plut. în Alex.

Justin. 1. 12,

lion d'une épouvantable grandeur vint droit à lui: il le tua d'un seul coup. Quoique ce combat lui eût réussi, les Macédoniens, alarmés du péril qu'il avait couru et toute l'armée en sa personne, ordonnèrent, conformément aux coutumes de leur pays, que le roi n'irait plus à la chasse à pied, et sans avoir quelques-uns des

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