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„respondent aux nouueaux entrez esdictes Offices, à ce qu'ilz leur ,,vouldront demander de leurs meffaictz, et de leurs plaintes."

Par lesquels establissemens cy-dessus le Roy amenda grandement son Royaume, et tellement que chascun viuoit en paix et en tranquilité. Et saichez, que ou temps passé l'Office de la Preuosté de Paris se vendoit au plus offrant. Dont il aduenoit, que plusieurs pilleries et malefices s'en faisoient; et estoit totallement justice corrompuë par faueurs d'amys, et par dons et promesses. Dont le commun ne ouzoit habiter ou Royaume de France, et estoit lors presque vague. Et souuentesfoiz n'auoit-il aux pletz de la Preuosté de Paris, quant le Preuost tenoit ses assises, que dix personnes au plus: pour les injustices et abusions qui se y faisoient. Pourtant ne voulut -il plus que la Preuosté fut vendue, ains estoit Office, qu'il donnoit à quelque grant sage homme, auecques bons gaiges et grans. Et fist abolir toutes mauuaises coustumes, dont le pouure peuple estoit greué auparauant. Et fist enquerir par tout le païs, là où il trouueroit quelque grant sage homme, qui fust bon justicier, et qui pugnist estroictement les malfaicteurs, sans auoir esgard au riche plus que au pouure. Et luy fut amené ung, qu'on appelait Estienne Boyleauë, auquel il donna l'Office de Preuost de Paris: lequel depuis fist merueilles de soy maintenir oudit Office. Tellement que desormais n'y avoit larron, murtrier, ne autre mal-faicteur, qui ozast demourer à Paris, que tantoust qu'il en auoit cognoissance, qui ne fust pendu, ou pugny à rigueur de juztice, selon la quantité du mal-faict. Et n'y auoit faueur de parenté, ne d'amys, ne or, ne argent, qui l'en eust peu garentir: et grandement fist bonne justice. Et finablement par laps de temps le Royaume de France se multiplia tellement, pour la bonne justice et droicture qui y regnoit; que le dommaine, ceneifz, rentes, et reuenuz du Royaume croissoit d'an en an de moitié, et en amenda moult le Royaume de France.

Dés le temps de son jeune eage fut-il piteux des pouures et des souffreteux: et tellement se y accoustuma, que quant il fut en son regne il auoit tousjours communément six - vingt pouures qui estoient repeuz') chascun jour en sa Maison, quelque part qu'il fust. Et en Karesme le nombre des pouures croissoit. Et souuentesfoiz les luy ai veu seruir lui mesmes: et leur faisoit donner de ses propres viandes. Et quant ce venoit aux festes annuelles, le jour des vigiles, auant qu'il beust ne mengeast, il les seruoit. Et quant ilz estoient repeuz, ilz emportoient tous certaine somme le deniers, Et à bref dire, faisoit le Roy saint Loys tant d'aumosnes, et de si grandes, que à paine les pourroit - on toutes dire et declairer. Dont

1) Das lateinische repleti.

y eut aucuns de ses familiers, qui murmuroient de ce qu'il faisoit si grans dons et aumosnes: et disoient, qu'il y despendoit moult. Mais le bon Roy respondoit, qu'il aimoit mieulx faire grans despens à faire aumosnes, que en boubans ') et vanitez. Ne pour quelque grans aumosnes qu'il feist, ne laissoit-il à faire grant despence et large en sa Maison, et telle qu'il appartenoit à tel Prince. Car il estoit fort liberal. Et aux Parlemens et Estatz, qu'il tint à faire ses nouueaux establissemens, il faisoit tous seruir à sa Cour les Seigneurs, Cheualiers, et autres, en plus grant habondance, et plus haultement, que jamais n'auoient fait ses predecesseurs. Il aymoit moult toutes manieres de gens, qui se mectoient au seruice de Dieu. Dont il a depuis fondé et fait plusieurs beaux Monasteres et Maisons de Religion par tout son Royaume. Et mesmement enuironna-il toute la ville de Paris de gens de Religion, qu'il y ordonna, logea, et fondea à ses deniers.

Enseignemens que Louis IX, au lit de mort, donna à son fils Philippe 2).

Beau

beau filz, la premiere chose que je t'enseigne et commande à garder, si est, que de tout mon cueur, et sur toute rien, tu aymes Dieu. Car sans ce nul homme ne peult estre sauué. Et te garde bien de faire chose, qui lui desplaise: c'est assauoir pechié. Car tá deuerois plustost desirer à souffrir toutes manieres de tourmens, que de pecher mortellement. Si Dieu t'enuoie adversité, reçoyla benignement, et lui en rends graces: et pense, que tu l'as bien desseruy, et que le tout te tournera à ton preu 3). S'il te donne prosperité, si l'en remercie tres-humblement, et gardes que pour ce tu n'en soies pas pire par orgueil, ne autrement. Car l'on ne doit pas guerroier Dieu de ses dons, qu'il nous fait. Confesse toy souuent, et eslis Confesseur ydone 4), qui preudomme soit, et qui te puisse seurement enseigner à faire les chouses qui sont necessaires pour le salut de ton ame, et aussi les choses dont tu te dois garder: et que lu soies tel, que tes Confesseurs, tes parens et familiers te puissent hardiement reprandre de ton mal, que tu auras fait, et aussi à t'enscigner tes faitz. Escoute le seruice de Dieu et de nostre mere sainte Eglise, deuotement, de cueur et de bouche; et par especial à la Messe, depuis que la consecracion du corps nostre Seigneur sera, sans bourder 3), ne truffer 6) auecques autrui. Aies le cueur doulx

neus.

1) Faste: pompa.
2) Ebendas. p. 126-128. 3) gain; profit. 4) ido-
5) railler, plaisanter.

6) calomnier, médire.

et piteux aux poures, et les conforte et aide en ce que pourras. Maintien les bonnes coustumes de ton Royaume, et abbaisse et corrige les mauuaises. Garde-toy de trop grant conuoitisé, ne ne boute pas sus trop grans tailles ne subcides à ton peuple; si ce n'est par trop grant necessité, pour ton Royaume deffendre. Si tu as en ton eueur aucun malaise, dy-le incontinent à ton Confesseur, ou à aucune bonne personne, qui ne soit pas plain de villaines parolles. Et ainsi legerement pourras pourter ton mal, par le reconfort qu'il te donnera. Prens toy bien garde, que tu aies en ta compaignie preudes gens et loiaux, qui ne soient point plains de conuoitise: soient gens d'Eglise, de Religion, seculiers, ou autres. Fuy la compaignie des mauuais, et t'efforce d'escouter les parolles de Dieu, et les retien en ton cueur, Pourchasse continuellement prieres, oraisons et pardons. Ame ton honneur. Gardes toy de souffrir autruy, qui soit si hardy de dire deuant toi aucune parolle, qui soit commencement d'esmouuoir nully à peché: ne qui mesdie d'autrui darrieres, ou deuant, par detraction. Ne ne souffre aucune villaine chose dire de Dieu, de sa digne Mere, ne de Saint ou Saincte Souuent regracie Dieu les biens, et de la prosperité qu'il te donnera. Aussi fais droicture, et justice à chascun, tant au pouure comme au riche. Et à tes seruiteurs sois loial, liberal et roide de parolle; ad ce qu'ilz te craignent, et ayment comme leur Maistre. Et si aucune controversité ou action se meut, enquiers toy jusques à la verité, soit tant pour toy que contre toy. Si tu es aduerti d'auoir aucune chose de l'autrui, qui soit certaine, soit par toy, ou par tes predecesseurs; fay la rendre incontiuant. Regarde o toute diligence, comment les gens et subgetz viuent en paix et en droicture dessoubz toy, par especial és bonnés villes et citez, et ailleurs. Maintien les franchises et libertez, esquelles tes anxiens') les ont maintenuz et gardez, et les tiens faueur et amour. Car par la richesse et puissance de tes bonnes villes, tes annemys et aduersaires doubteront de te assaillir, et de mesprandre enuers toy, par especial tes pareilz, et tes Barons, et autres semblables. Ayme et honnoure toutes gens d'Eglise et de Religion, et garde bien qu'on ne leur tollisse leurs reuenuz, dons, et aumosnes, que tes anxiens et dauanciers leur ont lessez et donnez. On racompte du Roy Phelippes mon ayeul, que vne foiz l'vn de ses Conseillers lui dist, que les gens d'Eglise lui faisoient perdre et amenuser les droiz et libertez, mesmement ses justices; et que c'estoit grant merueille, comment il le souffroit ainsi. Et le Roy mon ayeul lui respondit, qu'il le croioit bien: mais que Dieu lui auoit tant fait de biens et de gratuitez, que il aimoit mieulx lesser aller son bien,

1) Ancêtres.

Ideler Altfranz. Lit. Gesch.

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que d'auoir debat ne contens aux gens de sainte Eglise. A ton pere et à ta mere pourte honneur et reverence, et garde de les courousser par desobeissance de leurs bons commandemens. Donne les benefices, qui te appartiendront, à bonnes persones et de nette vie: si le fay par le conseil de preudes gens et sages: Gardes toy d'esmouuoir guerre contre homme Chrestien sans grant conseil, et que autre`ment tu n'y puisses obuier. Et si aucune guerre y as, si garde les gens d'Eglise, et ceulx qui en riens ne t'auront meffait. Si guerre

ras.

et debat y a entre tes subgetz, appaise les au plustot que tu pourPrent garde souuent à tes Baillifz, Preuostz, et autres tes Officiers, et t'enquiers de leur gouuernement: affin que si chose y a en eulx à reprandre, que tu le faces. Et garde, que quelque villain peché ne regne en ton Royaume, mesmement blapheme ne heresie: et si aucun en y a, fay- le tollir et ouster. Et garde toy bien, que tu faces en ta maison despence raisonnable, et de mesure. Et te supply mon enfant, que en ma fin tu aies de moy souuenance, et de ma poure ame: et me secoures par Messes, oraisons, prieres, aumosnes et biens faiz, par tout ton Royaume. Et me octroie part et porcion en tous tes biensfaiz, que tu feras. Et je te donne toute benediction, que jamais pere peut donner à enfant Priant à toute la Trinité de Paradis, le Pere, le Filz, et le saint Esperit, qu'il te garde, et deffende de tous maulx, par especial de mourir en pechié mortel. Ad ce que nous puissons vne foiz, aprés ceste mortelle vie, estre deuant Dieu ensemble, à lui rendre graces et loüenges sans fin en son Royaume de Paradis, amen.

FRAGMENS DES MÉMOIRES DE PHILIPPE DE COMINES.

1.

Prologue à M. l'archevesque de Vienne ').

Monseigneur l'archevesque de Vienne, pour satisfaire à la requeste qu'il vous a pleu me faire de vous escrire, et mettre par memoire ce que j'ai sceu, et connu des faits du feu roy Louis onziesme, à qui Dieu face pardon, nostre maistre et bienfaicteur, et prince digne

1) Cette archevêque de Vienne était Angelo Catto. Né à Tarente, dans le royaume de Naples, il avait embrassé le parti de la maison d'Aniou, et avait été obligé de s'expatrier avec elle. Lorsque le duc de Calabre eut l'espoir d'épouser Marie, fille de Charles-le- Téméraire, il fut chargé de suivre les négociations à la cour de Bourgogne. Après la mort du duc de Calabre, Charles, qui avait été frappé du mérite d'Angelo Catto, le retint à son service, et lui fit une pension; ce fut alors qu'il se lia d'amitié avec Philippe de Comines.

de tres-excellente memoire, je l'ay fait le plus prés de la vérité que j'ay pu et sceu avoir la souvenance.

Du temps de sa jeunesse ne sçauroye parler, sinon pour ce que je luy en aye ouy parler et dire: mais depuis le temps que je vins en son service, jusques à l'heure de son trespas, où j'estoye present, ay fait plus continuelle residence avec luy, que nul autre de l'estat à quoy je le servoye: qui pour le moins ay tousjours esté des chambellans, ou occupé en ses grandes affaires. En luy et en tous autres princes, que j'ay connu ou servy, ay connu du bien et du mal: car ils sont hommes comme nous. A Dieu seul appartient la perfection. Mais, quand en un prince la vertu et bonnes conditions precedent ') les vices, il est digne de grand' memoire de loüange: veu que tels personnages sont plus enclins en choses volontaires qu'autres hommes, tant pour nourriture et petit chastoy qu'ils ont eu en leur jeunesse, que pour ce que venans en l'aage d'homme, la pluspart des gens tachent à leur complaire, et à leurs complexions et conditions.

Et pour ce que je ne voudroye point mentir, se pourroit faire qu'en quelque endroit de cet escrit, se pourroit trouver quelque chose, qui du tout ne seroit à sa louange: mais j'ay esperance que ceux qui liront, consideront les raisons dessus dites Et tant osayje bien dire de luy à son loz, qu'il ne me semble pas que jamais j'aye connu nul prince, où il y eust moins qu'en luy, à regarder le tout. Si ay-je eu autant de connoissance des grands princes, et autant de communication avec eux, que nul homme qui ait esté en France de mon temps, tant de ceux qui ont regné en ce royaume, que en Bretagne, en ces parties de Flandres, Allemagne, Angleterre, Espagne, Portugal et Italie, tant seigneurs spirituels que temporels, que de plusieurs autres dont je n'aye eu la vuë, mais connoissance par communication de leurs ambassades, par lettres, et par leurs instructions. Parquoy on peut assez avoir d'information de leurs natures et conditions. Toutesfois je ne pretends en rien, en le louant en cet endroit, diminuer l'honneur et bonne renommée des autres: mais vous envoye ce dont promptement m'est souvenu, esperant que vous le demandez pour le mettre en quelque oeuvre, que vous avez intention de faire en langue latine, dont vous estes bien usité. Par laquelle oeuvre se pourra connoistre la grandeur du prince dont vous parleray, et aussi de vostre entendement. Et là où je faudroye, vous trouverez monseigneur du Bouchage et autres, qui mieux vous en sçauroient parler que moy, et le coucher en meilleur langage. Mais pour obligation d'honneur, et grandes privautez et bienfaitz, sans jamais entrerompre, jusques à la mort, que l'un ou l'autre n'y fust,

1) L'emportent sur ....

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