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de Syracuse, ayant épousé Lanassa, fille d'Agathocle, dont il avoit eu un fils nommé Alexandre. Il partit enfin de Tarente, passa le détroit, et entra en Sicile. Ses conquêtes d'abord y furent si rapides, qu'il ne resta dans toute l'île, aux Carthaginois, qu'une seule ville, qui étoit Lilybée. Il en forma le siége; mais il fut bientôt obligé de le lever, tant il y trouva de résistance; et d'ailleurs on le pressoit de retourner en Italie, où sa présence étoit absolument nécessaire. Elle ne l'étoit pas moins en Sicile; et dès qu'il en fut sorti, elle retourna à ses anciens maîtres. Ainsi il perdit cette île avec autant de rapidité qu'il l'avoit conquise. Quand il se fut embarqué, tournant les yeux vers la Sicile: Plut. in 1 Oh! le beau champ de bataille, dit-il à ceux qui étoient autour de lui, que nous laissons-là aux Carthaginois et aux Romains ! Et sa prédiction se vérifia bientôt.

Après son départ, la première magistrature de Syracuse fut déférée à Hiéron; et dans la suite on lui accorda d'un commun consentement le nom et l'autorité de roi, tant on se trouvoit bien sous son gouvernement. Il fut chargé de la guerre contre les Carthaginois, et remporta sur eux plusieurs avantages; mais des intérêts communs réunirent les Carthaginois et les Syracusains contre un nouvel ennemi qui commençoit à paroître en Sicile et qui leur donnoit aux uns et aux autres de vives et de justes alarmes : c'étoient les Romains, qui, débarrassés de tous les ennemis qu'ils avoient eus à combattre jusque-là dans l'Italie même, se virent enfin en état de porter leurs armes au-dehors, et d'y jeter les fondemens de cette vaste domination, dont il est vraisemblable que dès-lors ils avoient conçu l'idée et formé le projet. La Sicile étoit trop à leur bienséance pour ne pas songer à s'y établir. Ils saisirent avidement une occasion favorable d'y passer qui se présenta pour lors à eux, et qui cansa leur rupture avec les Carthaginois, et donna lieu à la première guerre punique. C'est ce que nous exposerons plus au long en rapportant les causes de cette guerre.

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Pyrrh. pag.

398.

CHAPITRE SECOND.

Histoire de Carthage depuis la première guerre punique jusqu'à sa destruction.

Le plan que je me suis proposé ne me permet pas d'entrer dans un détail exact des guerres entre Rome et Carthage, ce qui appartient plutôt à l'histoire romaine, à laquelle je n'ai point dessein de toucher, si ce n'est en passant, et par occasion. Je n'en rapporterai donc que ce qui me paroîtra le plus propre à donner une juste idée de la république dont j'entreprends de parler, en m'arrêtant principalement sur ce qui regarde les Carthaginois mêmes, et sur ce qui s'est passé de plus important en Sicile, en Espagne et en Afrique; ce qui ne laisse pas d'avoir une assez grande étendue.

J'ai déjà remarqué que, depuis la première guerre punique jusqu'à la destruction de Carthage, il s'étoit écoulé cent dix-huit ans. Tout ce temps peut se diviser en cinq parties, ou cinq intervalles.

I. La première guerre punique dure vingt-quatre

ans.

II. L'intervalle entre la première et la seconde guerre punique est aussi de vingt-quatre ans.

24.

24.

III. La seconde guerre punique dure dix-sept ans. 17. IV. L'intervalle entre la seconde et la troisième est de quarante-neuf ans,

49.

V. La troisième guerre punique, terminée par la destruction de Carthage, ne dure que quatre ans et quelques mois.

4.

118.

ARTICLE PREMIER.

Première guerre punique.

ROME. 468.

Voici quelle fut l'occasion de la première guerre pu- Polyb. lib. nique. Des soldats campaniens, qui étoient à la solde d'A-, pag. 5. gathocle, tyran de Sicile, étant entrés comme amis dans la ville de Messine, égorgèrent bientôt après une partie des citoyens, chassèrent les autres, épousèrent leurs femmes, envahirent tous leurs biens, et demeurèrent seuls maîtres de cette place, qui étoit fort importante. Ils prirent le nom de Mamertins. A leur exemple, et par leur secours, une A. M. 3724. légion romaine traita de la même sorte la ville de Rhége, Av. J.C.280. située vis-à-vis de Messine, à l'autre côté du détroit; et ces deux villes perfides, se soutenant mutuellement dans la suite, se rendirent formidables à leurs voisins, surtout celle de Messine, qui devint fort puissante, et causa beaucoup d'inquiétude, tant aux Syracusains qu'aux Carthaginois, qui étoient maîtres d'une partie de la Sicile. Dès que les Romains se virent délivrés des ennemis qu'ils avoient eus jusque-là sur les bras, et surtout de Pyrrhus, ils songèrent à punir le crime de leurs citoyens, qui s'étoient établis à Rhége d'une manière si injuste et si cruelle depuis près de dix ans. Ils prirent la ville, et tuèrent pendant l'attaque la plus grande partie des habitans, que le désespoir avoit fait combattre jusqu'à la mort. Il n'en resta que trois cents, qui furent conduits à Rome, et qui, après avoir été battus de verges dans la place publique, furent tous décapités. La vue des Romains, dans cette exécution sanglante, étoit de justifier auprès des alliés leur bonne foi et leur innocence. Rhége, sur-le-champ, fut restituée à ses véritables maîtres. Les Mamertins, considérablement affoiblis, tant par la chute de leurs alliés que par les échecs qu'ils avoient soufferts de la part des Syracusains, qui venoient de choisir Hiéron pour leur roi, crurent devoir songer à leur sûreté; mais la division se mit parmi les habitans. Les uns livrèrent la citadelle aux Carthaginois, les autres appelèrent à leur secours les Romains, résolus de leur livrer la ville.

Polyb. lib.

1, pag. 9-11.

L'affaire fut mise en délibération dans le sénat romain, qui, en l'envisageant par ses différentes faces, y trouva de la difficulté. D'un côté il paroissoit honteux et indigne de la vertu romaine de prendre ouvertement la défense de traîtres et de perfides, qui étoient précisément dans le même cas que ceux de Rhége, qu'on venoit de punir si sévèrement. D'un autre côté il étoit de la dernière importance d'arrêter les progrès des Carthaginois, qui, non contens des conquêtes qu'ils avoient faites en Afrique et en Espagne, s'étoient encore rendus maîtres de presque toutes les îles de la mer de Sardaigne et d'Etrurie, et le deviendroient bientôt certainement de la Sicile entière, si on leur abandonnoit Messine: or, de là en Italie la distance n'étoit pas grande, et c'étoit en quelque sorte inviter un ennemi și puissant à y passer que de lui en ouvrir ainsi l'entrée. Ces raisons, quelque fortes qu'elles fussent, ne purent déterminer le sénat à se déclarer pour les Mamertins, et les motifs d'honneur et de justice l'emportèrent ici sur ceux de l'intérêt et de la politique. Mais le peuple ne fut pas AN. M. 3-41. si délicat; dans l'assemblée qui se tint à ce sujet, il fut réCARTH. 583 solu qu'on secourroit les Mamertins. Le consul Appius Av. J.C.263. Claudius partit sur-le-champ avec son armée, et traversa Front, hardiment le détroit, après avoir trompé par une ingé

ROME, 485.

nieuse ruse la vigilance du général des Carthaginois. Ceux-ci, moitié par ruse, moitié par force, furent chassés de la citadelle, et la ville aussitôt fut remise entre les mains du consul. Les Carthaginois firent pendre leur chef pour avoir livré si facilement la citadelle, et ils se préparèrent à assiéger la ville avec toutes leurs troupes. Hiéron y joignit les siennes; mais le consul, les ayant battus séparément, fit lever le siége et ravagea impunément tout le pays voisin, les ennemis n'osant plus paroître devant lui. Ce fut là la première expédition des Romains hors de

l'Italie.

On doute si les motifs qui portèrent les Romains à passer en Sicile étoient bien purs et bien conformes à la

• M. le chevalier Folard examine cette question dans ses Remarques sur Polybe. Liv. 1, pag. 16.

justice. Quoi qu'il en soit, leur passage en Sicile, et le secours donné à ceux de Messine, est comme le premier pas qui devoit les conduire un jour à ce haut point de gloire

et de grandeur où ils parvinrent dans la suite.

Hiéron s'étant accommodé avec les Romains, et ayant Polyb. lib. 1, p. 15-19. fait alliance avec eux, les Carthaginois tournèrent tous leurs soins sur la Sicile, et y envoyèrent de nombreuses armées. Ils choisirent pour place d'armes Agrigente. Les A. M. 3743. Romains les y attaquèrent, et, après un siége de sept mois ROME, 487. et le gain d'une bataille, ils se rendirent maîtres de la ville. Quelque avantageuses que fussent cette victoire et la Pag. 20. conquête d'une place si importante, ils sentirent bien que, tant que les Carthaginois demeureroient maîtres de la mer, les villes maritimes de l'île se déclareroient toujours pour eux, et que jamais ils ne pourroient venir à bout de les en chasser. D'ailleurs, ils souffroient avec peine que l'Afrique demeurât paisible et tranquille pendant que l'Italie étoit infestée par les fréquentes incursions de l'ennemi. Ils songèrent donc pour la première fois à bâtir une flotte et à disputer l'empire de la mer aux Carthaginois. L'entreprise étoit hardie, et pouvoit sembler téméraire; mais elle montre quel étoit le courage et la grandeur d'âme des Romains. Ils n'avoient pas alors une seule felouque en propre; et, pour passer d'Italie en Sicile, ils avoient été obligés d'emprunter des vaisseaux de leurs voisins. Ils n'a-` voient aucun usage de la marine; ils n'avoient point d'ouvriers qui sussent construire des bâtimens; ils ne connoissoient pas même la forme des quinquérèmes, c'est-à-dire, les galères à cinq rangs de rames, qui faisoient alors la force principale des flottes. Mais heureusement, l'année précédente, ils en avoient pris une, qui leur servit de modèle. Ils se mirent donc, avec une ardeur et une industrie incroyables, à en bâtir de pareilles; et pendant qu'ils étoient occupés à ce travail, d'un autre côté on amassoit des rameurs, on les formoit à une manœuvre qui jusque-là leur avoit été absolument inconnue; et, assis sur des bancs au bord de la mer, dans le même ordre qu'on l'est dans les vaisseaux, on les accoutumoit, comme s'ils eussent été

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