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core, qui répondiffent à la grandeur de la naiffance que vous tenez de Dieu, lequel vous a mis par le baptême au nombre de fes enfants.

Or, par tout ce qu'exige une naiffance Royale, jugez, SIRE, de ce que doit exiger une naiffance toute divine. Si les enfants des Rois doivent être au - deffus des autres hommes ; fi la moindre baffeffe les déshonore; fi le plus léger défaut de courage eft une tache qui flétrit tout l'éclat de leur naiffance; fi on leur fait un crime d'une fimple inégalité d'humeur, s'il faut qu'ils foient plus vaillants, plus fages, plus circonfpects, plus doux, plus affables, plus humains, plus grands que le refte des hommes; fi le monde exige tant des enfants de la terre, qu'eft-ce que Dieu ne doit pas demander des enfants du Ciel? quelle innocence? quelle pureté de defirs quelle élévation de fentiments? quelle fupériorité au deffus des fens & des paffions? quel mépris pour tout ce qui n'eft pas éternel? Qu'il faut être grand pour foutenir l'éminence d'une fi haute origine! Premier caractère de la grandeur de Jefus-Christ, une grandeur de fainteté: Hic erit magnus &Filius Altiffimi vocabitur.

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II. PARTIE.

Mais en fecond lieu, il fera grand,

parce qu'il fauvera fon peuple: Ipfe enim falvum faciet populum fuum ; fecond caractère de fa grandeur, une grandeur de miféricorde.

Il ne defcend fur la terre que pour combler les hommes de fes bienfaits. Nous étions fous la fervitude & sous la malédiction ; & il vient rompre nos chaînes, & nous mettre en liberté: nous étions ennemis de Dieu, & étrangers à fes promeffes; & il vient nous réconcilier avec lui, & nous rendre citoyens des Saints, & enfants d'une nouvelle alliance: nous vivions fans loi, fans joug, fans Dieu dans ce monde; & il vient être notre loi, notre vérité, notre justice, & répandre l'abondance de fes dons & de fes graces fur tout l'univers. En un mot, il vient renouveller toute la nature; fanctifier ce qui étoit fouillé ; fortifier ce qui étoit foible; fauver ce qui étoit perdu; réunir ce qui étoit divifé. Quelle grandeur ! car il n'y a rien de fi grand que de pouvoir être utile à tous les hom

mes.

Et telle eft la grandeur où les Prin ces & les Souverains; & tout ce qui porte le nom de Grand fur la terre,

doit afpirer: ils ne peuvent être grands qu'en fe rendant utiles aux peuples, & leur portant, comme Jefus Chrift, la liberté, la paix & l'abondance.

,

Je dis la liberté, non celle qui favorife les paffions & la licence: c'est un nouveau joug & une fervitude honteufe, que ce funefte libertinage; & la regle des mœurs eft le premier principe de la félicité & de l'affermiffement des Empires. Ce n'eft pas celle encore ou qui s'éleve contre l'autorité légitime, ou qui veut partager avec le Souverain celle qui réfide en lui feul; & fous prétexte de la modérer, l'anéantir & l'éteindre. Il n'y a de bonheur pour les peuples que dans l'ordre & dans la foumiffion: pour peu qu'ils s'écartent du point fixe de l'obéiffance, le Gouvernement n'a plus de regle chacun veut être à lui-même fa loi; la confufion, les troubles, les diffenfions, les attentats, l'impunité naiffent bien-tôt de l'indépendance; & les Souverains ne fauroient rendre leurs Sujets heureux, qu'en les tenant foumis à l'autorité, & leur rendant en mê me-tems l'affujettiffement doux & aimable.

La liberté, SIRE, que les Princes doivent à leurs Peuples, c'eft la liberté

une prérogative illuftre, à laquelle le confentement des nations a attaché de tout tems des diftinctions d'honneur & d'hommage. Mais ce n'eft qu'un titre, ce n'eft pas une vertu: c'eft un engagement à la gloire, ce n'eft pas elle qui la donne; c'est une leçon domeftique, & un motif honorable de grandeur; mais ce n'eft pas ce qui nous fait grands: c'eft une fucceffion d'honneur & de mérite; mais elle manque & s'éteint en nous, dès que nous héritons du nom fans hériter des vertus qui l'ont rendu illuftre nous commençons pour ainfi dire, une nouvelle race; nous devenons des hommes nouveaux; la nobleffe n'eft plus que pour notre nom, & la roture pour notre perfonne.

Mais fi devant le monde même la naiffance fans la vertu n'eft plus qu'un vain titre, qui nous reproche fans ceffe notre oifiveté & notre baffeffe ; qu'eft-elle devant Dieu, qui ne voit de grand & de réel en nous, que les dons de fa grace & de fon efprit qu'il y a mis lui-même.

C'est donc notre naiffance felon la Foi, qui fait le plus glorieux de tous nos titres. Nous ne fommes grands, que parce que nous fommes, comme Jefus-Chrift, enfants de Dieu; & que

nous foutenons la nobleffe & l'excellence d'une fi haute origine. C'eft elle qui éleve le Chrétien au-deflus' des Rois & des Princes de la terre: c'est par elle que nous entrons aujourdhui dans tous les droits de Jefus-Chrift; que tout eft à nous; que tout l'Univers n'eft que pour nous, que les Patriarches, & tous les Elus des fiécles paffés font nos ancêtres; que nous devenons héritiers d'un Royaume éternel, que nous jugerons les Anges & les hommes, & que nous verrons un jour à nos pieds toutes les Nations & les Puiffances du fiécle.

Telle eft, SIRE, la prérogative des enfants de Dieu. Auffi nos Rois ont mis le titre de Chrétien à la tête de tous les titres qui entourent & ennobliffent leur Couronne; & le plus Saint de vos Prédéceffeurs n'alloit pas chercher la fource & l'origine de fa grandeur dans le nombre des Villes & des Provinces foumifes à fon Empire, mais dans le lieu feul, où il avoit été mis par le baptême au nombre des enfants de Dieu.

Mais, SIRE, ce n'est pas affez, dit St. Jean, d'en porter le nom, il faut l'être en effet: Ut filii Dei nominemur & 1. Ep. S fimus. Si les enfants des Rois dégénérant de leur augufte naissance, n'avoient

Joan. 3.

1.

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