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Immensasque trahi nubes, jamque arbore summa
Confluere, et lentis uvam demittere ramis.

Haec super arvorum cultu pecorumque canebam
Et super arboribus, Caesar dum magnus ad altum
Fulminat Euphraten bello, victorque volentes
Per populos dat jura, viamque affectat Olympo.
Illo Vergilium me tempore dulcis alebat
Parthenope studiis florentem ignobilis oti,
Carmina qui lusi pastorum, audaxque juventa,
Tityre, te patulae cecini sub tegmine fagi.

556. Nubes rappelle la description qui se trouve au début de ce chant (voy. vers 60.) 558. Cet épilogue n'est pas d'une authenticité certaine, mais il est sûrement fort ancien tous les manuscrits le donnent, et tous les scoliastes le commentent. Canebam et non cano, parce que le poète se transporte au moment où on lira son œuvre. 560. L'Euphrate était

560

565

561.

alors la limite entre l'Empire ro-
main et les Parthes.
Olympo, poétique pour ad Olym-
pum Gr., 73.
563. Parthenope
est le nom archaïque de Naples.

564. Lusi, pour luseram: il s'agit des Bucoliques, comme le prouve le vers suivant; du reste les bergers et les laboureurs ne sont jamais confondus dans la poésie latine.

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VIRGILE. (Fac-similé d'une gravure du Virgile du Vatican.)

CHAPITRE IV

La Composition de l'Énéide.

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Comment Virgile a été amené à écrire l'Énéide. Il n'est pas probable que les Géorgiques aient eu tout l'effet qu'en attendaient le poète et ses inspirateurs: il n'était pas au pouvoir d'un chef-d'œuvre d'art, pas plus que d'un décret ou d'une loi, de changer le mouvement général des mœurs et de remettre en honneur la vie rustique trop dédaignée. Mais si les Géorgiques n'ont pu faire que peu de chose pour l'agriculture latine, elles ont fait beaucoup pour la gloire de Virgile, et cela de son vivant même. Elles l'ont désigné, plus nettement encore que les Bucoliques, comme le grand poète national; elles ont resserré les liens qui l'unissaient au peuple romain tout entier et à soh gouvernement, et l'esprit civique dont il y paraît si fortement pénétré a fait pressentir en lui l'auteur de l'épopée romaine par excellence.

Pour l'Énéide comme pour les Géorgiques la question se pose de savoir jusqu'à quel point le poète a subi l'influence des chefs de l'État ou a suivi sa propre tendance; elle peut du reste, ce

nous semble, recevoir, cette fois encore, une solution également éloignée de toutes les opinions extrêmes. Pour les commentateurs anciens, pour Servius par exemple, les choses se seraient passées d'une façon bien simple : le sujet de l'Énéide aurait été << proposé » à Virgile par Auguste, comme celui des Géorgiques par Mécène, et celui des Bucoliques par Pollion. Cette symétrie est trop ingénieuse pour ne pas mettre en défiance. En réalité, l'Énéide est née à la fois des désirs personnels du poète et des conseils qu'il a reçus. Depuis longtemps il était tenté par l'idée de composer un grand poème : l'églogue VI le montrait déjà s'essayant à chanter «<les rois et les combats » ; et, à supposer qu'il n'y eût là qu'une velléité très vague, en tout cas le prologue du III livre des Géorgiques offrait l'indice d'un dessein plus. précis. Là, en effet, Virgile décrit allégoriquement l'œuvre qu'il se propose de consacrer à la gloire d'Auguste : c'est un temple magnifique, où sont retracés à la fois les exploits de l'empereur, les souvenirs de sa famille (en remontant jusqu'aux origines troyennes), et les scènes du monde infernal. C'est bien, sous une forme symbolique, l'esquisse de l'Énéide. On peut donc affirmer que Virgile y a songé longtemps avant de l'entreprendre, et rien ne serait plus faux que de se le figurer se mettant à l'ouvrage tout de suite après avoir reçu une « commande » du gouvernement.

Mais il n'en est pas moins vrai que le prince et son entourage sont pour beaucoup dans l'exécution de son projet. D'abord le poète ne l'aurait certainement pas conçu, au moins tel qu'il est, sans l'admiration et la reconnaissance qu'il éprouvait pour l'empereur. De plus, on peut être certain qu'Auguste reçut de très bonne heure l'aveu des ambitions épiques de son écrivain favori. Il les encouragea, les tourna peut-être de préférence vers l'histoire d'Enée, les défendit contre les défaillances toujours possibles chez une nature faible et timide comme celle de Virgile, les fortifia en montrant au poète quelle grande tâche nationale et dynastique il allait accomplir, et quelle gloire il allait atteindre. Dans cette mesure, il est vrai de dire que l'Énéide, tout en restant la création personnelle de Virgile, doit le jour aussi à la protection d'Auguste et de Mécène. Elle est même, en un sens, l'œuvre de la société romaine tout entière. L'époque d'Auguste, on le sait, est celle où le peupleroi a eu au plus haut degré conscience de sa grandeur. Or, c'est précisément cette grandeur que Virgile veut montrer, tantòt par des allusions directes aux événements contemporains, tantôt en projetant dans un lointain passé l'idée de la toute-puissance romaine. Les pages les plus belles sont celles où il ne veut être que l'interprète de l'orgueil national, celles où il donne, aux sentiments communs à tous, une expression extrêmement oriinale et vigoureuse.

Le sujet de l'Énéide.

Virgile paraît avoir hésité entre plusieurs sujets d'épopée ; il avait songé à écrire des poèmes sur les rois d'Albe, sur les guerres civiles, sur Auguste, avant de s'arrêter à l'histoire d'Énée. Celle-ci n'était pas nouvelle pour les Romains. La légende de leurs origines troyennes avait été inventée peut-être par les grammairiens grecs qui professaient à Rome, et qui voulaient flatter l'amour-propre de leurs maîtres en leur fabriquant une illustre généalogie: mais en tout cas, elle avait assez vite conquis droit de cité dans le public latin. La prédiction attribuée au vieux devin Marcius (prédiction apocryphe, máis de date assez ancienne) appelait le peuple romain Trojugena. Naevius, dans son épopée, avait donné une place à l'histoire d'Enée, et peut-être à ses amours avec Didon. Une tragédie prétexte d'Attius était intitulée Aeneadae seu Decius. Virgile, en traitant un pareil sujet, n'innovait donc pas autant qu'on l'a cru quelquefois : si la légende choisie par lui pour matière ne sortait pas spontanément des entrailles mêmes de l'imagination populaire, elle était du moins acceptée couramment par la tradition nationale, et, en l'adoptant, le poète ne risquait ni de dérouter ni de choquer ses concitoyens. Par ailleurs, ce sujet offrait, avec quelques difficultés, des avantages qui devaient lui assurer la préférence de Virgile. Il était, si l'on peut dire, limitrophe entre deux mondes, le monde grec et le monde latin ou italien, et entre deux genres littéraires, l'épopée mythologique et l'épopée historique. Dans les premiers siècles de la littérature latine, les poètes épiques avaient demandé leur matière à l'histoire seule, et à l'histoire de leur pays, Naevius dans ses Punica et Ennius dans ses Annales. Plus tard, au temps de la mode alexandrine, on s'était jeté sur la mythologie grecque, mais l'épopée historique et romaine n'avait pas cessé pour autant d'exister. C'est ainsi que, à la même date, nous voyons Calvus écrire un poème sur l'aventure de Myrrha ou Zmyrna, et Hostius célébrer la guerre d'Istrie; c'est ainsi que, dans l'œuvre d'un même poète, Furius Bibaculus, nous trouvons une épopée sur les Argonautes et une autre sur la guerre des Séquanes. Virgile, au moins depuis quelques années, était assez hostile aux sujets purement mythologiques, qu'il avait raillés au début du le livre des Géorgiques. Pourtant, il comprenait ce qu'il y avait de séduisant dans l'évocation des belles légendes grecques; il avait subi le prestige des fables homériques, et ne voulait pas en priver son poème. Il savait aussi combien une épopée purement historique, sur un sujet trop proche, était difficile à rendre poétique; l'exemple de Naevius et d'Ennius, qui, en retraçant les grands faits des annales romaines, étaient si souvent tombés dans un sec et lourd prosaïsme, l'avertissait des dangers de ce genre. Le sujet de l'Énéide, mythologique en lui-même, mais prolongé

par toutes sortes d'allusions jusqu'à la réalité contemporaine, lui parut éviter tous les écueils. Énée, parent de Priam et d'Hec tor, fils de Vénus, ennemi d'Achille et des Atrides, transportait l'esprit des lecteurs dans le monde surhumain de la guerre de Troie; mais Énée, père d'Iule, gendre de Latinus, ami d'Évandre, aïeul de Romulus, de César et d'Auguste, fondateur de la ville d'où sortira Rome, appartenait bien aux traditions nationales, touchait même aux préoccupations actuelles. Ainsi pouvaient s'allier, dans un même ouvrage, les deux genres entre lesquels, depuis un certain temps, hésitait l'épopée latine. A vrai dire, cette union ne dura pas très longtemps. Après Virgile, les deux courants,un moment confondus grâce à son génie, se séparèrent de nouveau: on eut de nouveau, des épopées mythologiques sans aucun intérêt national, les Argonautiques de Valerius Flaccus, la Thébaïde de Stace, et des épopées historiques le plus souvent dépourvues de ce charme poétique spécial qui tient au recul, au surnaturel, au mystère, comme la Pharsale de Lucain et la Guerre Punique de Silius Italicus (encore que celle-ci soit assez souvent une contrefaçon consciencieuse et peu adroite des procédés virgiliens). Mais la fusion intime, la pénétration réciproque de la poésie homérique et de l'histoire romaine n'a été réalisée pleinement que dans l'Énéide.

Les sources de l'Énéide: Homère. Pour y arriver, Virgile s'est profondément imprégné de son modèle grec. Il s'est inspiré d'Homère autant qu'il l'avait fait de Théocrite dans les Bucoliques, beaucoup plus qu'il ne l'avait fait d'Hésiode dans les Géorgiques.

Il lui a emprunté, en premier lieu, le plan général de son ouvrage. Les six premiers livres de l'Énéide sont en effet une réplique ou plutôt un résumé de l'Odyssée : les voyages d'Énée rappellent ceux d'Ulysse, avec toutes sortes d'aventures sur terre et sur mer, des tempêtes, des séjours en des pays extraordinaires, un épisode d'amour (quelle que soit d'ailleurs la différence entre Didon et Calypso), une visite au monde infernal, etc. Les six derniers livres, remplis de combats et de duels, ressemblent plutôt à l'Iliade. Ainsi Virgile, fidèle à une habitude essentiellement romaine, a fait une « contamination » des deux épopées homériques.

Dans le détail, beaucoup d'épisodes lui ont été suggérés par des réminiscences d'Homère. Pour n'en citer qu'un exemple, s'il imagine qu'Enée, en passant près de la côte italienne, recueille le grec Achéménide, échappé de l'antre des Cyclopes, c'est pour avoir un prétexte de faire raconter par celui-ci une des aventures les plus surprenantes de l'Odyssée.

Plus dans le détail encore, son style est tout rempli d'imitations homériques: les périphrases, les épithètes de nature, les

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