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je l'estime et je l'aime, comme elle le mérite. Je suis ravi de tous les aimables sentiments que je vous vois pour elle, et vous devez assurément les lui continuer, puisque vous possédez son estime, ses bonnes grâces et son approbation au suprême degré.

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La reine d'Espagne est morte enfin, et la cour va être en deuil pour des temps infinis. Pour moi, quelque bonne mine que je fasse, je songe souvent et très-souvent à notre perte commune; et c'est un deuil que mon cœur ne quittera jamais. Je finis, Madame, en vous demandant la continuation de toutes vos bontés.

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lettres vous ne serez peut-être pas

de cet avis; il n'y a pas moyen cependant de pousser ma discrétion plus loin : c'est un bien qui m'est devenu nécessaire, d'avoir de vos nouvelles; et quelque inégalité qu'il y

1. La reine douairière d'Espagne, fille de l'empereur Ferdinand III, veuve de Philippe IV.

ait de votre âge au mien, j'éprouve que l'on vous aime très-solidement. Il y a des endroits dans votre cœur qui font oublier votre jeunesse, sans qu'il y en ait aucun dans votre figure qui ne présente toute la fleur de ce bel âge.

Je ne m'accoutume point à la perte que nous avons faite; et lorsque j'apprends le retour de la santé de madame votre mère, je ne puis m'empêcher d'être vivement touchée que cette joie n'ait pas été sentie par une personne qui en eût été si digne. Je vous pric, Madame, que je sois informée de la continuation de cette santé, à laquelle je prends plus d'intérêt que je ne puis vous le dire.

Je vis, avant-hier, M. de Coulanges dans la belle maison de Choisy; madame de Louvois et lui y sont établis pour tout l'été; on est obligé, tous les jours, d'y avoir deux tables, par la quantité de monde qui s'y trouve; un lansquenet ensuite et puis des promenades délicieuses. Joignez à tout cela les plaisirs qui suivent l'abondance, et vous trouverez que Choisy est un séjour enchanté. Il y a trop de ces plaisirs pour moi, et je ne saurois me résoudre à y passer plusieurs jours; mon goût augmente pour la solitude, ou du moins pour une très-petite compagnie. Madame de Mornai ne quitte plus madame de

Maintenon; elle va à Marly; enfin, Madame, je ne trouve rien de si extraordinaire que de la voir dans tous les plaisirs, pendant que vous êtes éloignée du monde et du bruit; il est vrai que vous avez de grandes ressources dans vousmême. Adieu, Madame, je vous demande en grâce de ne pas négliger l'occasion de dire à M. le comte de Grignan combien je l'honore; mais surtout, rendez-moi de bons offices auprès de vous, je vous en supplie.

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A La Garde, ce 15 juillet 1696.

ous connoissez, Monsieur, dans toute son étendue le malheur qui m'est arrivé; vous savez quel ten

dre attachement, quelle intime union, quels liens ont été brisés : il ne se peut sentir de plus cruelle séparation; elle m'étonne comme le premier jour et me paroît, s'il se peut, plus dure, plus amère. Mon esprit appuie présentement davantage sur chaque circonstance, et il semble que les pointes de la douleur me pénètrent plus vivement. Une perte si complète et si irréparable ne porte pas à

chercher de soulagement, que dans les larmes et les regrets. Je n'ai point la force de lever les yeux assez haut pour trouver de plus solides consolations. Je ne puis encore tourner mes regards qu'autour de moi et m'occuper de ce que je n'y vois plus. Et comment s'accoutumer à la privation d'une personne à qui je dois tout, qui m'a comblée de biens, dont je recevois tous les jours de nouvelles marques de tendresse dans l'agrément de sa société, et qui réunissoit en elle tous les différents caractères qui pouvoient me la rendre plus chère et plus précieuse? Vous sentez, Monsieur, la peine d'être privé du commerce et de la fidèle amitié d'une amie si estimable; jugez, par vos sentiments, quels doivent être les miens et combien je mérite votre pitié. Je suis, Monsieur, avec une parfaite estime et un sincère respect, votre très-humble et très-obéissante

servante.

LA COMTESSE de Grignan.

1395.

DE MADAME DE COULANGES

A MADAME DE SIMIANE.

A Paris, ce 20 juillet 1696.

Ly a longtemps, Madame, que je n'ai eu l'honneur de vous écrire; mais ne suis-je point seule à m'en apercevoir? En vérité, c'est pure discrétion qui m'empêche de vous dire plus souvent ce que je sais penser de vous; il y a une telle disproportion de votre âge au mien, qu'il me paroît de la cruauté à moi de vous aimer comme je fais et surtout de vous en entretenir. Je suis très-persuadée que vous n'enviez point les extrêmes distinctions dont jouit madame de Mornai mais, Madame, n'est-ce point être trop avancée pour votre âge, de vous savoir passer du monde et de la cour? Il me semble qu'il n'y a que l'expérience qui en puisse détromper; et voilà ce que vous n'avez pas jusqu'à présent.

Madame de Mornai est de tous les voyages de Marly, sans être nommée, de toutes les promenades du roi; en un mot, madame de Maintenon la traite comme sa fille; et pensez-vous qu'on puisse être insensible à ces honneurs? Ma nièce de Bagnols voit tout cela d'un grand

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