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sans réplique, à quelle sorte de gouvernement l'empire des Perses doit-il la grandeur où nous le << voyons? n'est-ce pas à celle que je propose? » Tous les autres seigneurs se rangèrent de l'avis de Darius, et il fut arrêté que la monarchie serait continuée sur le même pied que Cyrus l'avait établie.

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cap. 84-87.

Il ne s'agit plus que de savoir qui d'entre eux serait Herod. 1. 3, roi, et de déterminer la manière dont on procéderait à cette élection: ils crurent devoir s'en rapporter au choix des dieux. Pour cela on convint que le lendemain ils se trouveraient à cheval au lever du soleil dans un certain endroit du faubourg de la ville qui fut marqué, et que celui-là serait roi, dont le cheval hennirait le premier; car, le soleil étant la grande divinité des Perses, ils pensèrent que de prendre cette voie, ce serait lui déférer l'honneur de l'élection. L'écuyer de Darius, ayant appris ce dont ils étaient convenus, s'avisa d'un artifice pour assurer la couronne à son maître. Il attacha la nuit d'auparavant une cavale dans 'endroit où ils devaient se rendre le lendemain matin, et il y amena le cheval de son maître. Les seigneurs s'étant trouvés le lendemain au rendez-vous, le cheval de Darius ne fut pas plus tôt dans l'endroit où il avait senti la cavale, qu'il hennit : sur quoi Darius fut salué roi par les autres, et placé sur le trône. Il était fils d'Hystaspe, Perse de nation, de la famille royale d'Achémène.

par

L'empire des Perses étant ainsi rétabli et affermi la sagesse et par la valeur de ces sept seigneurs, ils furent élevés sous le nouveau roi aux plus grandes dignités, et honorés des plus grands priviléges. Ils eurent le droit d'approcher de sa personne toutes les

Id. ibid.

fois qu'ils le voudraient, et d'opiner les premiers sur toutes les affaires de l'empire. Au lieu que tous les Perses portaient la tiare ou le turban le bout renversé en arrière, à la réserve du roi qui le portait droit, ceux-ci eurent le privilége de le porter le bout tourné en avant, en mémoire de ce que, lorsqu'ils attaquèrent les mages, ils l'avaient tourné de cette manière, afin de se mieux reconnaître dans la confusion. Depuis ce temps - là les rois de Perse de cette race ont toujours eu sept conseillers ainsi privilégiés.

Je termine ici l'histoire du royaume des Perses, réservant le reste pour les volumes suivants.

CHAPITRE IV.

MOEURS ET COUTUMES DES ASSYRIENS, DES BABYLONIENS, DES LYDIENS, DES MÈDES ET

DES PERSES.

JE joins ici ce qui regarde les mœurs et les coutumes de toutes ces nations, parce qu'elles ont ensemble une grande conformité sur plusieurs points; que je me trouverais exposé à de fréquentes redites, si je voulais les traiter séparément; et qu'à l'exception des Perses, les auteurs anciens nous apprennent peu de choses des mœurs des autres peuples. Dans ce que je me propose d'en dire, je traiterai principalement quatre chefs : le gouvernement, la les sciences et les arts, la religion; après quoi j'exposerai quelles ont été les principales causes de la décadence et de la ruine du grand empire des Perses.

guerre,

ARTICLE PREMIER.

Du gouvernement.

gou

APRÈS avoir dit un mot de la nature même du vernement qui régnait en Perse, et de la manière dont les enfants des rois y étaient élevés, je considérerai quatre choses le conseil public, où s'examinaient les affaires de l'état, l'administration de la justice, le soin des provinces, le bon ordre dans les finances.

:

§ I. État monarchique. Respect pour les rois. Manière dont leurs enfants étaient élevés.

Le gouvernement monarchique, que nous appelons royauté, est, de tous les gouvernements, le plus ancien, le plus généralement répandu, le plus propre à maintenir les peuples dans la paix et l'union, et le moins exposé aux révolutions et aux vicissitudes qui agitent les états. C'est ce qui a porté les plus sages écrivains de l'antiquité, Platon, Aristote, Plutarque, et, avant eux, Hérodote, à donner nettement la préférence à cette sorte de gouvernement sur tous les autres. C'est aussi le seul qui ait lieu dans tout l'Orient, où le gouvernement républicain était absolument in

connu 2.

Les peuples y rendaient de grands honneurs au prince régnant, parce qu'ils respectaient en lui le caractère de la Divinité dont il était l'image vivante, et dont il tenait

L.

1 Et Xénophon. Si nous en croyons Platon, le gouvernement de la Perse était dans l'origine une monarchie tempérée ou mixte: Ilépoas yàp ŐTε μèv tò μé

τριον μᾶλλον δουλείας τε καὶ ἐλευ
θερίας ἦγον ἐπὶ Κύρου, πρῶτον μὲν
αὐτὸς ἐλεύθεροι ἐγένοντο, ἔπειτα δὲ
ἄλλων πολλῶν δεσπόται. (PLATON,
Legg. III, c. 12, p. 694. ) — L.

Plut. in Themist. P. 125. Ad princ. indoct. pag. 780.

pour

la place à leur égard, étant établi sur le trône par la main du Souverain Maître, et revêtu de son autorité être envers eux le ministre de sa bonté et de sa providence. C'est ainsi que parlaient et que pensaient les Plin. in Pa- païens mêmes: Principem dat Deus, qui erga omne neg. Traj. hominum genus vice sua fungatur.

Ces sentiments sont très - louables et très-justes. Il est certain que les respects les plus profonds sont dus à la souveraineté, parce qu'elle vient de Dieu, et qu'elle est toute destinée au bien public; et il est visible en même temps qu'une autorité qui ne serait pas respectée selon toute l'etendue de son pouvoir, ou deviendrait absolument inutile, ou serait très-limitée dans les bons effets qui en doivent suivre. Mais, dans le paganisme, ces hommages, justes et légitimes, en eux-mêmes, étaient souvent portés trop loin. Il n'y a que la religion chrétienne qui sache se tenir dans de justes bornes. « Nous <«< honorons l'empereur, disait Tertullien au nom de tous << les chrétiens, mais de la manière qui nous est permise <«< et qui lui convient; c'est-à-dire comme un homme qui tient le premier rang après Dieu, de qui seul il a <«< reçu tout ce qu'il est, et qui ne voit sur la terre au<< dessus de lui que Dieu seul1. » C'est pour cela qu'il l'appelle dans un autre endroit une seconde majesté, Apolog. qui ne le cède qu'à la première : religio secundæ majestatis.

c. 35.

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Chez les Assyriens, et encore plus chez les Perses, le prince se faisait appeler le grand-roi, le roi des rois. Deux raisons purent porter ces princes à prendre ce

1 « Colimus imperatorem sic, quomodò et nobis licet, et ipsi expedit; ut hominem a Deo secundum, et

quicquid est a Deo consecutum, et solo Deo minorem. » (TERTULL. lib. ad scap.)

titre fastueux : l'une, parce que leur empire était formé par la conquête de plusieurs royaumes réunis sous une seule domination; l'autre, parce qu'ils avaient à leur cour ou dans leur dépendance plusieurs rois qui étaient leurs vassaux.

La royauté passait des pères aux fils, et pour l'ordinaire à l'aîné. Quand celui qui devait un jour monter sur le trône était venu au monde, tout l'empire en témoignait sa joie par des sacrifices, des festins, et toutes sortes de réjouissances publiques; le jour de sa naissance était dans la suite un jour de fête et de solennité pour tous les Perses.

La manière dont on élevait le futur maître de l'empire est admirée par Platon, et proposée aux Grecs comme un modèle parfait en ce genre.

Il n'était point livré totalement au pouvoir de la nourrice, qui pour l'ordinaire était une femme d'une basse et obscure condition. On choisissait parmi les eunuques, c'est-à-dire parmi les premiers officiers du palais, ceux qui avaient le plus de mérite et de probité, pour prendre soin du corps et de la santé du jeune prince, jusqu'à l'âge de sept ans, et pour commencer à former ses mœurs. Alors on le tirait d'entre leurs mains, et on le confiait à d'autres maîtres, pour continuer de veiller à son éducation, pour lui apprendre à monter à cheval dès que ses forces pouvaient le permettre, et pour l'exercer à la chasse.

A l'âge de quatorze ans, lorsque l'esprit commence à avoir plus de maturité, on lui donnait pour son instruction quatre hommes des plus vertueux et des plus sages de l'état. Le premier, dit Platon, lui apprenait la magie, c'est-à-dire, dans leur langage, le culte des dieux

Plat.

in Alcib. 1,

P. 121.

Id. ibid.

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